lundi 26 novembre 2012

Le M23 va-t-il se retirer de Goma?

Le M23 est appelé à se retirer de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, qu’il occupe depuis le 20 novembre dernier. C’est ce que lui demandent les chefs d’Etats réunis, samedi 24 novembre, à Kampala (Ouganda) dans le cadre des négociations entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et les rebelles du M23.

Sur un ton menaçant, les chefs d’Etats ont demandé aux rebelles de cesser les hostilités et de se retirer de Goma d’ici 48 heures. Depuis samedi qu’ils l’ont dit, les 48 heures vont s’écouler dans très peu de temps ce lundi 26 novembre. Et si les rebelles ne retirent pas, qu’adviendra-t-il? Dans l’idéal rien ou bien d’autres négociations. Si non, il y aura probablement des appuis militaires pour contraindre le M23 à se retirer. Déjà que l’usage des drones a été évoqué très récemment. Des drones qui risquent de se perdre dans les montagnes congolaises. C’est aussi un processus qui peut prendre plus de temps pour se mettre en place.

Retrait de Goma comme résultat des négociations

Dans ces négociations avec les rebelles du M23, le gouvernement de la RD Congo qui, au départ, ne voulait pas discuter avec eux pose aussi la même condition: leur retrait de la ville de Goma.

Peuvent-ils vraiment se retirer de Goma? Une condition difficile lorsqu’on sait comment cette ville est tombée entre les mains des rebelles. De toute évidence, le retrait des rebelles de la ville de Goma ne peut pas être une condition avant les négociations, mais plutôt le résultat des négociations, a estimé Runiga Kugerero, chef politique du M23.

Malgré les pressions internationales du Secrétaire général de l’Onu, celles de l’Union africaine, etc., il est peu probable que le M23 se retire de cette ville acquise au prix des combats contre les Forces armées de la République démocratique du Congo.

Pendant ce temps, les rebelles du M23 consolident, d’une certaine manière, leurs positions sur terrain tout en demandant des négociations. Parce que logiquement, il est plus avantageux de négocier en position de force qu’en position de faiblesse, surtout lorsqu’on perd du terrain sur le plan militaire.

Fight and talking

Dans l’histoire des rébellions qui ont apporté récemment certains présidents africains au pouvoir, la négociation a été un autre terrain de combat en plus des affrontements de leurs hommes au front. Ce principe est connu sous le nom de fight and talking. On discute en continuant à faire la guerre.

Et si les rebelles se retirent de Goma, quelles forces viendront occuper la ville? Les casques bleus de la Monusco qui ont soutenu l’armée congolaise sans empêcher que cette ville ne tombe entre les mains des rebelles? A quoi alors auront servi les affrontements pour le contrôle de cette ville?

Pour le M23, Goma est un précieux cadeau qui leur a permis d’infléchir sur le gouvernement congolais qui ne voulait pas négocier avec eux. S’ils sont aujourd’hui autour des négociations c’est parce qu’ils ont pris le contrôle de cette ville. Un fromage qu’ils ne peuvent pas laisser tomber aussi facilement, comme dans la fable de la Fontaine: le corbeau et le renard

Les différentes pressions qui se font sur les rebelles, en leur demandant de quitter la ville de Goma, ressemblent plus à des ordres qu’on donne à un enfant docile, un enfant de cœur, pas vraiment à des rebelles qui ont d’autres langages qu’ils comprennent mieux.

Si en face, le M23 ne trouve pas une force de résistance qui le contraigne à reculer, à quitter Goma, il est probable que ces rebelles vont continuer à gagner du terrain et étendre leur sphère d’influence. Plus il gagnera du terrain, son appétit pour atteindre le pouvoir central de Kinshasa va aussi croître. Une menace prise au sérieux.

Déclarations et communiqués des rencontres ne changeront pas grand-chose sur le terrain si les rebelles n’obtiennent pas gain de cause à leurs revendications. Si non, il faudra que les Fardc arrivent à les repousser le plus loin possible. Une hypothèse qui peut donner plus de poids à la partie congolaise dans les négociations. Sans cela, c’est plus vers une impasse que les négociations entre vont se diriger.

Jacques Matand’
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