mardi 27 novembre 2012

Les rebelles du M23 s'engagent à quitter Goma d'ici vendredi


(Le Figaro 27/11/2012)

Le chef militaire des rebelles du M23 a affirmé mardi que ses troupes auront quitté «au plus tard dans trois jours» la ville stratégique de l'est de la République démocratique du Congo qu'elles occupet depuis une semaine.

Mardi matin, quelques heures après la fin de l'ultimatum imposée par les pays voisins et l'ONU aux rebelles du M23 pour quitter Goma, la vie reprenait doucement. Depuis lundi, les écoles ont rouvert et petit à petit, les enfants retrouvent leur classe. Pour le moment, ils sont encore peu nombreux. Les parents sont encore inquiets et attendent de mesurer l'évolution de la situation. Dimanche pourtant, les nouvelles autorités en place ont exhorté la population à reprendre le travail et les élèves à retourner à l'école. Les déplacés qui avaient trouvé refuge dans certains établissements ont été priés de trouver un autre abri.

Dans les administrations, le retour à la normale est timide. Quelques fonctionnaires ont repris le chemin du travail, mais beaucoup s'interrogent. Qui va les payer? «Je suis venu, mais je ne sais pas comment cela va se passer. Est-ce que l'on va recevoir de l'argent de Kinshasa malgré la nouvelle force aux commandes de la région? Tout cela n'est pas très clair», s'inquiète un enseignant du centre-ville.

Malgré tous les discours apaisants du M23, la peur et les mauvais souvenirs hantent encore les habitants de Goma. Les violences entre Hutus et Tutsis restent dans les mémoires.

Seules quelques patrouilles, bien armées, d'hommes du M23 circulent encore. Par contre, à chaque coin de rue presque, les soldats de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC), la Monusco, veillent. Mais ils ne sont plus vraiment les bienvenus à Goma. «Ils sont là depuis bien trop longtemps. Et pour quoi faire? Ils ne nous ont pas protégés au moment des combats», s'emporte un homme devant sa boutique de téléphone.

«Impossible de se retirer après avoir pris l'avantage»

Conscients d'avoir franchi un pas décisif, les chefs du M23 ne semblaient pas prêts à lâcher Goma facilement. «Se retirer alors qu'on a réussi à prendre l'avantage, c'est impossible. Pourquoi on lâcherait du terrain alors qu'en face, le président congolais ne fait aucun geste de bonne volonté», s'emporte un représentant de la rébellion. Plus tard dans la journée, le chef militaire du M 23, le général Sultani Makenga annoncera pourtant que «demain ou après demain ou au plus tard dans trois jours», ses troupes auraient «quitté Goma».

«On nous a demandé de nous retirer à 20km et nous allons le faire, il n'y a pas de problème», assure le général Sultani Makenga, en faisant référence au sommet de Kampala samedi. Les présidents de plusieurs pays de la région des Grands Lacs y avaient arrêté un plan pour ramener la paix qui prévoyait un retrait des rebelles de Goma, et un engagement du président congolais Joseph Kabila à étudier leurs revendications.

Sur le terrain, les combats continuent de façon sporadique dans le Masisi, à l'ouest de Goma. Au sud, les FARDC, les forces armées congolaises sont en train de concentrer des troupes ainsi que des armes dans la ville de Minova. Ils espèrent bloquer l'avancée des soldats du M23 qui progresseraient toujours vers le sud et Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. Le chef de l'armée de terre congolaise, le général François Olenga, s'est dit prêt à «contre-attaquer».




Par Edith Bouvier


Envoyée spéciale à Goma
Par Edith Bouvier Mis à jour le 27/11/2012 à 15:34 | publié le 27/11/2012 à 09:20



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