(Le Potentiel
26/11/2012)
"C'est d'abord les deux têtes ci-contre qui doivent tomber. ceux là même qui commendent tous et mettent en marche une mégestion nationale, qui mettent notre nation à génoux, traitres et énnemis du peuple."
De grossières erreurs enregistrées jusque-là dans la gestion
de la guerre dans l’Est du pays ne devront pas rester impunies. Les auteurs
d’une stratégie contre-productive pour la République n’ont plus de raison de
continuer à conduire les affaires de l’Etat. Les traîtrises, les compromissions
et les détournements des soldes de militaires, tout comme les ventes d’armes aux
groupes armés ont bénéficié de multiples complicités. Le chef de l’Etat doit
s’armer de beaucoup de courage pour user de la « guillotine ».
Le
nettoyage des écuries s’impose au sein des institutions de la République. Le
chef de l’Etat, qui a expérimenté le degré d’engagement de certains de ses
collaborateurs, se trouve confronter à la contrainte de se débarrasser des
collaborateurs affairistes et véreux. Des cas comme celui du général Gabriel
Amisi dit Tango Four sont légion. Au sein des institutions, nombreux sont ceux
qui flirtent avec les agresseurs et des forces négatives pour des raisons
multiples.
Au-delà du simple flirt, des louches relations d’affaires sont
nouées au point de rabattre l’intérêt supérieur de la nation en seconde
position. Dans ces conditions, rendre les écuries propres devient une urgence
nationale. D’autres « Tango Four » sont tapis à l’ombre dans les institutions et
pourraient causer des torts plus importants à la nation.
Lorsque le pays
est en danger, il ne sert à rien d’y aller de main morte, soutient un analyste
congolais. Des mesures drastiques doivent se prendre en vue de sauver ce qui
peut l’être encore. D’abord, stopper l’avancée du M23 qui induit la
consolidation les lignes encore sous contrôle du gouvernement de la République.
Une réorganisation dans les rangs passe par un passage au tamis de tous ceux qui
détiennent une parcelle de responsabilité dans la gestion de la guerre. Ceux qui
ont failli ne devraient plus se prélasser au sein des institutions, narguant
tout un peuple humilié dans son amour-propre.
A l’unisson
De la
même manière qu’il faut prendre le taureau par les cornes, à travers des
sanctions à l’encontre des dirigeants défaillants. De la même manière qu’il
revient au chef de l’Etat de construire un bloc intérieur avec l’ensemble des
forces significatives du pays. A défaut d’une table rase constructive, la
réconciliation reste la voie qui peut conduire à la requalification de la
stratégie de lutte contre l’agression.
La classe politique, Majorité et
Opposition, la Société civile et toutes les forces vives du pays peuvent se
retrouver autour du président de la République pour des cogitations sur la
question. Cela induit-il une refonte des institutions et une redistribution des
cartes ? Serait-ce le prix qu’il faille payer pour que le pays retrouve son
intégrité territoriale sans trop de casse et de frais ? La réponse est dans ce
dicton populaire : « On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs ». Mise
ensemble, la nation, à travers ses représentants à divers niveaux, peut trouver
des réponses.
« Aux grands maux, de grands remèdes», dit le sage. Rien
ne sert à recourir aux demi-mesures qui, au final, n’apportent pas de solution
durable. C’est le cas, notamment de cette hypothèse d’une négociation voire de
simples contacts avec le M23, tout en se refusant de prendre langue avec la
classe politique dans son ensemble.
Le pays gagnerait beaucoup à noyer
les revendications du M23 dans une flopée de frustrations enregistrées de part
et d’autre. La crise électorale du 28 novembre 2011, la composition du
gouvernement Matata 1 et tant d’autres malaises méritent une attention
particulière de la part du chef de l’Etat, le garant du bon fonctionnement des
institutions de la République. Face à la menace de la partition du pays, une
main de fer est nécessaire pour la reprise de la situation en infléchissant la
tendance à la dérive totale pouvant conduire à une disparition intégrale des
acquis importants. Tous les regards sont tournés vers le président de la
République qui est rentré au pays dimanche en fin de journée, en provenance de
Kampala où son agenda prévoyait de prendre contact avec le M23.
Encadré
On tourne en rond
Kinshasa continue toujours à croire à l’option
diplomatique, en œuvre au sein de la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs (CIRGL), pour la sortie de crise dans l’Est. Pour la cinquième fois
consécutive, la RDC a répondu présente à Kampala, capitale de l’Ouganda, au 5ème
Sommet de la CIRGL organisé sous l’égide du président Yoweri Museveni.
A
la différence du précédent, le 5ème Sommet de la CIRGL traitant de la situation
sécuritaire dans le Kivu s’est tenu dans un contexte tout à fait particulier,
marqué notamment par la chute le mardi 20 novembre 2012 de la ville stratégique
de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
La prise de Goma a été
un coup dur dans la stratégie déployée par Kinshasa pour contenir la pression de
la guerre dans l’Est du territoire national. Ce qui n’a pas été le cas pour le
M23 qui, fort de ce succès militaire, est plus que jamais déterminé à faire
plier Kinshasa. C’était évidemment le cas au dernier sommet de Kinshasa.
Pris en étau, Kinshasa n’a pas pu résister à la pression - ses digues
ayant presque cédé avec la chute fatidique de Goma. Contre toute attente,
Kinshasa a finalement accepté de négocier avec les rebelles du M23. Décision
prise par les chefs d’Etat conviés au 5ème Sommet de Kampala qui a, en outre,
sommé le M23 de quitter la ville de Goma qu’il occupe depuis une semaine.
De son côté, le M23 n’est pas prêt à se détacher de ce qui fait
aujourd’hui sa force, c’est-à-dire l’emprise sur la ville de Goma. Il
conditionne donc tout arrêt de sa progression à l’intérieur de la RDC aux
négociations directes avec Kinshasa. Si les points de négociations n’ont pas
encore été clairement fixés – le M23 ayant sérieusement revu ses ambitions au
fil de ses succès militaires – Kinshasa part avec un sérieux handicap. Affaibli
sur le plan miliaire, on voit mal Kinshasa arriver à imposer son point de vue
dans ces négociations à sens unique.
Au sein de la CIRGL, non seulement
qu’on tourne en rond depuis le 1er sommet sur la situation sécuritaire dans
l’Est de la RDC, mais c’est Kinshasa qui est une fois de plus tourné en
bourrique. Il a longtemps évité les négociations directes avec le M23, espérant
trouver gain de cause au sein de la CIRGL. Il n’a pas trouvé d’autres issues que
se soumettre. C’est malheureux ! Qu’importe ! C’est le prix à payer quand on se
sent faible. En fait, depuis le début, la CIRGL a cherché par différents
stratagèmes à amener Kinshasa à négocier avec le M23. Ce qui devait,
espérait-elle, disculper des pays tels que le Rwanda et l’Ouganda de toute
implication dans la rébellion cette émanation du CNDP.
Elle a gagné son
pari. Avec elle, Kagame et Museveni, cités par l’ONU comme principal soutien du
M23, se trouvent dédouanés. Autrement dit, ils ne mériteraient plus de sanctions
de la part des Nations unies. Dans tous les cas, il faut craindre que des
négociations avec le M23 n’affaiblissent davantage Kinshasa, au regard de
l’évolution de la situation sur le terrain. A tout prendre, la RDC serait mal
partie pour sortir gagnante de ces négociations. A moins d’un miracle !
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