Craignant l’effet de contagion dans la sous-région: Le démembrement de la
République démocratique du Congo n’enchante pas ses voisins. Puissance
économique et militaire de la sous-région, l’Angola s’est exprimé clairement par
la bouche de son ambassadeur à Kinshasa. Toucher à la moindre portion de la RDC
équivaudrait à ouvrir la voie à toutes sortes d’abus. Le pays de Dos Santos qui
se considère comme le prochain sur la liste n’entend pas voir ce projet
machiavélique se réaliser afin de garder les équilibres dans la
sous-région.
A l’occasion de la célébration du 37ème anniversaire de son accession à
l’indépendance le 11 novembre, l’ambassadeur angolais Emilio Guerra en a profité
pour fixer l’opinion congolaise sur la position de son gouvernement sur la
guerre dans l’Est de la RDC. A ce sujet, la position de l’Angola est sans
équivoque. « L’Angola n’acceptera jamais le démembrement de la RDC », déclare
Emilio Guerra. Mettant de côté tous les différends qui existeraient entre lui et
Kinshasa, Luanda privilégie l’essentiel dans les rapports entre voisins sur le
continent. Sans éviter des questions qui fâchent, le diplomate angolais a eu un
langage de vérité devant les médias congolais.
Pour l’Angola, il ne sert à rien de se hasarder dans la voie de
l’acceptation de l’implosion de la RDC dans ses frontières héritées de la
colonisation. Tranchant, le diplomate angolais martèle : « S’agissant
particulièrement de la situation à l’Est de ce pays, la position de l’Angola est
claire et sans équivoque : l’Angola défend l’intangibilité des frontières de la
République démocratique du Congo telles que héritées de la colonisation, car cautionner le
démembrement de la RDC ou d’un autre Etat africain serait un mauvais précédent
qui n’apporterait pas du bonheur aux peuples africains ».
Luanda n’entrevoit pas l’éventualité d’une partition de la RDC : « l’Angola
ne la cautionnera jamais ». Pour cause, ouvrir la voie au démembrement des Etats
africains équivaudrait à ouvrir une brèche qui ne se refermera plus jamais. En
effet, si rien n’est fait pour stopper pareilles velléités expansionnistes des
voisins, téléguidés par des puissances occidentales, le prochain sur la liste
après la RDC risque d’être l’Angola.
Des stratèges de la sous-région sont formels à ce sujet. Les Angolais
eux-mêmes doivent avoir fait une analyse similaire. En clair, cette voie
répandrait le virus de la déstabilisation de l’ensemble du continent. L’Angola
ne serait donc pas partie prenante à une autodestruction par passivité du
continent africain.
Quant à la présence de l’armée angolaise à l’intérieur des frontières
congolaises à Tshela précisément, Emilio Guerra se défend de voir accréditer la
thèse que l’Angola nourrirait des velléités expansionnistes sur le territoire
congolais. Aussi, justifie-t-il la présence des militaires angolais à Tshela,
dans le but d’exercer le droit de poursuite contre les rebelles du Flec, dont
les bases arrières sont établies sur le territoire congolais.
Dans un langage de franchise, il s’est interrogé : « Comment expliquer
qu’un pays ami puisse abriter une armée rebelle sur son territoire pour attaquer
un pays voisin ? » Toutefois, note l’ambassadeur Emilio Guerra, « en ce qui
concerne les relations avec la République démocratique du Congo, nous les
considérons bonnes et fraternelles, malgré quelques incidents ».
Des « incidents » qui ne peuvent effacer tous les sacrifices consentis par
les deux peuples dans la consolidation de leurs liens séculiers. Les preuves
abondent à ce sujet : en 1998, lors de l’invasion rwandaise à Kitona,
l’intervention de l’armée angolaise était décisive pour stopper l’avancée des
mercenaires venus de Kigali et les rebelles du RCD.
Même s’il n’est pas acquis que l’armée angolaise pourrait intervenir dans
l’Est contre le M23 et ses soutiens, la dynamique sur le terrain des opérations
pourraient conduire à des changements décisifs dans les positions des uns et
des autres au regard de leurs prédispositions et sensibilités respectives face à
cet épineux dossier.
Sur un autre registre, les déclarations sur l’acceptation du versement de
600 millions USD d’appui budgétaire par l’Angola est un lointain souvenir qui ne
cadrait pas avec la réalité. L’Angola n’aurait jamais formulé pareille
proposition en résolution de la crise sur la Zone d’intérêt commun (zic) sur le
pétrole querellé du plateau continental. Ces différends sont à classer dans la
corbeille des humeurs dans les rapports humains voire des Etats, sans
compromettre l’essentiel pour les deux pays. Le plus important est d’assurer la
prospérité de deux peuples ainsi que leur bien-être, dans la paix et la
stabilité.
« En ce qui concerne sa politique extérieure, les actions de l’Angola
seront toujours basées sur le respect mutuel et des avantages réciproques, sur
le bon voisinage et sur l’accélération du processus d’intégration économique
régionale au niveau de la SADC, de la CPLP et de la CEAC. Membre de l’ONU et de
l’UA, l’Angola continuera à respecter tous les engagements, internationaux et à
appliquer toutes les normes des traités internationaux auxquels il fait partie
ou auxquels il a adhéré», a conclu le diplomate angolais.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire