Un rebelle du M23 prend la parole pour expliquer les motivations du mouvement.
Depuis mardi, le M23 contrôle Goma, la capitale du Nord-Kivu, et tente de rassurer la population. Les rebelles ont lancé une opération de communication visant d’une part à convaincre la jeunesse de rejoindre leur mouvement et d’autre part à rassurer la population sur leurs intentions.
Meetings populaires, conférences de presse et journées de formation "idéologique"… Les rebelles du M23 ont mis en place une stratégie de communication complète pour tenter de faire adhérer la population congolaise à leurs idées.
Après avoir envoyé mercredi matin des policiers et des soldats dans le camp de Mubambiro, c’est à la "jeunesse" de Goma que les rebelles se sont adressés jeudi matin dans la salle de conférence de la Banque de développement des Grands Lacs (BDGL).
Les représentants du M23 réunis dans la salle de la BDGL de Goma.
Contributeurs
"L’intervention des rebelles était très structurée, mais il n’y avait pas de réponse aux préoccupations principales des habitants"
Zinkara (pseudonyme) est étudiant à l’université de Goma. Il a assisté à la conférence organisée par le M23.
Les représentants du M23, habillés en civils, ont commencé avec un historique du mouvement pour rappeler quelles étaient leurs valeurs en quatre points : la serviabilité, la disponibilité, la stabilité et l’esprit d’équipe. Ils ont ensuite exhorté la jeunesse de Goma à rejoindre leur mouvement. Selon eux, c’est la condition sine qua non pour que le M23 puisse atteindre Kinshasa et chasser le gouvernement en place. Dans la salle, il y avait d’autres membres du M23 en uniforme de soldats et avec des armes.
Ils ont annoncé de nouvelles mesures à effet immédiat, par exemple l’interdiction des militaires de côtoyer les civils dans le centre-ville de Goma pour éviter les pillages ou les règlements de comptes sanglants. Les taxis-motos ont été autorisés à circuler après 18h30, ce qui avait été interdit par le gouvernement. Ils ont tenu à prendre ces mesures symboliques pour marquer une rupture avec la politique du président Kabila.
La salle était remplie d'habitants de Goma venus écouter le message du M23.
"Leur argument principal était de critiquer la politique de Kabila et la corruption de l’armée"
Les rebelles étaient très structurés dans la forme de leur présentation, ils ont abordé trois grands thèmes : la sécurité, l’emploi et la liberté d’expression [Les rebelles ont suspendu mardi les signaux de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC), de la Digital Congo et de la radio-télévision Groupe Avenir (RTG@), jugés trop proches du pouvoir central, ndlr.]
Mais dans le fond, ils n’avaient pas de réponses aux questions précises des habitants de Goma. Ils ne savent pas quand l’électricité et l’eau potable reviendront. Ils ne peuvent pas dire aux étudiants quand les cours reprendront.
Une femme a posé une question personnelle : depuis l’entrée du M23 dans la ville, elle n’a plus accès à sa maison qui se situe à côté du camp de Katindo qui a été réquisitionné par les rebelles. Depuis, elle vit chez ses voisins. Ils lui ont répondu qu’ils ne pouvaient pas la croire sur parole, et qu’il allait falloir du temps pour savoir qui dit vrai et qui dit faux, que tout le monde était sur le même pied d’égalité.
La conférence était encadrée par des soldats du M23 en uniforme militaire.
" Les gens avaient besoin d’être rassurés, d’entendre un nouveau discours"
Les habitants de Goma n’ont rien à faire pendant toute la journée. La plupart des personnes sont allées à cette conférence par curiosité et pour s’occuper, mais la salle était beaucoup trop petite pour accueillir tout le monde.
Leur message principal était de critiquer les failles du gouvernement et la corruption des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
L’exaspération est tellement importante que les gens avaient besoin d’être rassurés, d’entendre un discours différent de celui du gouvernement. On espère que les promesses seront cette fois tenues et que notre situation va s’améliorer dans les jours à venir.
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