vendredi 9 novembre 2012

PROCES CHEBEYA EN RDC: le coup de gueule des sans-voix contre l’impunité

 
(Le Pays 09/11/2012)


L’ONG de défense des droits humains en RD Congo, « La voix des sans-voix », vient de trancher. En effet, elle s’est retirée du procès de son fondateur, Floribert Chebeya, tué dans des circonstances qui rappellent, tristement, l’époque ténébreuse de la barbarie. Au fait, comment peut-on s’empêcher de penser à un crime des plus stupides, commis en ce 21e siècle où le monde se civilise ? Car, jusqu’à ce que le pouvoir de Kinshasa prouve le contraire, c’est sous ses ordres que Chebeya a été enlevé, déporté dans les locaux de la police puis torturé à mort.

Mais, à une parodie de justice dont le verdict est connu d’avance, l’ONG a préféré la politique de la chaise vide. Faut-il vraiment en vouloir à « La voix des sans-voix » pour avoir adopté cette posture face à une justice aux ordres de Kabila ? La réponse nous semble négative. De quoi le pouvoir de Kinshasa a-t-il donc peur en refusant la comparution du suspect n°1 de ce crime crapuleux, le général John Numbi, dont on dit aussi qu’il a exécuté la sale besogne sur son instruction ? Kabila renforce ainsi le doute sur sa responsabilité dans l’affaire Chebeya. C’est avec ce refus cinglant de la comparution du général Numbi que l’on comprend aisément pourquoi ce procès, qui devait se tenir quelques jours avant le sommet de la Francophonie, a été renvoyé aux calendes grecques.

Au fait, les autorités de Kinshasa savaient ce qu’elles voulaient. Elles craignaient que les projecteurs internationaux n’éclairassent les lanternes du mensonge et du flou artistiquement entretenu sur ce crime. Kinshasa savait surtout qu’après ce sommet international, les pistes suspectes de cette barbarie humaine seront brouillées à dessein. Et à jamais ? Car si l’affaire Chebeya trouble le sommeil de ses bourreaux, c’est sans doute parce que la victime n’est pas n’importe qui.

En effet, combien de personnes, à l’image du « lapideur » du cortège de Kabila, ont souffert avant de mourir, dans le silence absolu, entre les griffes acérées de la soldatesque congolaise ? « La voix des sans-voix » et les parents des victimes Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana entendent saisir la justice internationale. On attend de voir l’issue d’une telle démarche. Mais il est fort à parier que Kinshasa criera encore à l’ingérence et fera montre de sa fibre patriotique de très mauvais aloi. Car, c’est ainsi que s’agitent les républiques bananières sous les tropiques africains, surtout quand elles sont acculées après avoir fui leurs responsabilités.



Boulkindi COULDIATI



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