dimanche 4 novembre 2012

Quel Hommage à BAVO MARIE-MARIE

"AUTANT EN EMPORTE LE VENT"

"BAVON MARIE-MARIE" (3)

(En mémoire à Flujos et Djeskain

Okitadihunga tous de Négro Succès)



(Cliquez "Bavon Marie-Marie" Rochereau, 1970)


PRÉAMBULE


En Occident on voue un culte de dieux grecs à Jimi Hendrix et on le qualifie de plus grand guitariste de tous les temps au niveau de la musique pop. Cela paraît vrai quand on ne sait pas jouer de la guitare et que l'on ne connaisse pas les sons dans leurs structures et leurs modulations tonale. À la vérité, la grandeur de Jimi Hendrix, c'est la forte connaissance de l'électronique apprise dans l'Armée américaine et les audaces artistiques d'oser jouer de son instrument avec les dents. Pour le reste, ce guitariste venu de Californie n'est pas plus grand que Bavon Marie-Marie, Manuaku Waku, Michelino Mavatiku, Papa Noël, Dizzy Mandjeku et tous les anciens musiciens de l'École de Kabaselle et Franco. J'avoue, ici, que Bavon Marie-Marie était un grand guitariste, j'ai vu sa dernière prestation et l'étonnement qu'il a fait à Claude François au Bonbon Sucré. Comme quoi, dans le monde, lorsqu'on recense les guitaristes, il faut compter avec les Congolais, ce n'est pas faux, ce n'est que vérité et raison. Source : Djamba Yohé, mémoire tournée vers Bavon Marie-Marie.


I. LUCIE TOZONGANA,

YO JEAN KEMBO


(cliquez "Lucie" chanté par Zozo)


Bavon Marie-Marie avec une copine '70

Le plus grand souci que Bavon Marie-Marie a vécu, c'est le départ de sa copine Lucie qu'il a aimé plus que tout. Cette histoire a pour explication une infidélité de Bavon Marie-Marie. Celui-ci aurait commis un impair, celui de faire la cour à la petite sœur de cette dernière. D'ailleurs dans la chanson intitulée Lucie, Bavon Marie-Marie s'en confesse. Était-ce une raison sérieuse ou bien un exutoire pour "Lucie" de quitter Bavon en vue de se trouver une liberté de convoler avec un rival ailleurs ? Tout a bien l'air d'avoir été les deux causes, d'une part, la colère d'avoir été déçue et d'autre part, le besoin d'être maître de ses initiatives face à un amour que l'on ne veut plus assumer et supporter. En tout cas, la vérité de cette histoire que nous ne connaissons pas est chez Lucie et Feu Bavon Marie-Marie. En amour, celui ou celle que l'on supplie préfère souvent ne pas partir parce que réussir à mettre à genou son bien-aimé, cela est pour beaucoup la garantie d'une jalousie qui a conquis sur la faiblesse de l'autre. Et ce faisant, la relation va dure encore plus longtemps. Mais "Lucie" est partie, voilà ...


2.1 LES GRANDS JOURNAUX ET CHRONIQUEURS


Et au-delà de toutes les spéculations hypothétiques et quel que peu vraie de l'opinion publique, ce qu'il y a d'évident, Bavon Marie-Marie avait un rival dont on ne doit pas se éprendre. Cet homme, qui n'est pas une figure de l'ombre, a beaucoup de succès, c'est un footballeur de notoriété nationale. À l'époque, il est buteur l'un des meilleurs à une dans le V. Club de Kinshasa, laquelle équipe est aussi championne du Congo ou en voie de l'être. Ce n'Est pas tout, ce joueur de football est également dans l'équipe nationale le "Léopard" de 1968, c'est-à-dire Championne d'Afrique en titre pour deux prochaines années, donc en 1970. Devinons qui c'est ? C'est "Jean Kembo" dit Uba. Dès lors que Lucie quitte Bavon Marie Marie, c'est vers cet artiste du ballon rond se dirige cette femme que toute l'actualité de la chronique musicale et sportive suit. Dans cette turbulence des émotions à fleur de peau, les Congolais ne sont pas de moindre à faire le paparazzi. La presse people existe depuis longtemps à Kinshasa.


Qui peut nier cela, "L'Étoile du Congo", malgré son côté sérieux, est aussi une presse people. Les Congolais sont tous les jours aux kiosques pour acheter ce journal ou pour lire l'échantillon à la portée de tous par la dernière page pour les Sports et par la première page pour les croustilles amoureuses et les miettes judiciaires. À côté des Italiens, les Congolais ont inventé leur façon de faire de ce journalisme. Car, c'est à partir d'eux que la nation toute entière a appris les dessus et dessous des histoires de "Bavon" et "Lucie" dans tous les contours de leur récit. Il n'y a pas qu'eux d'ailleurs, les histoires de Kallé, de Franco et de Rochereau sont aussi mis à nu devant tous. Cette fois-ci, lorsque je serai en face du "Grand Nzita Mabiala", je vais lui poser bien des questions pour me faire renseigner sur la presse people de la RDC. Lui, Nzita Mabiala, me dira bien des choses car il tenait rubrique à Elima dans "Elima Dimanche". Voilà là un Congolais qui est capable de compléter ce que je rapporte vers l'au-delà de mes limites dans la vie publique et intime permises des notoriétés congolaises.


Pour mémoire, je m'autorise à mettre à vue les logos des journaux à l'époque de Bavon Marie-Marie. Certes, d'Elima ou d'Elima dimanche il n'y en avait pas, les journalistes qui produisaient cette presse-là Bavon les connaissait, car ces nouveautés d'appeler les journaux par des noms authentiques ne sont arrivés qu'une année après la mort de Siongo Bavon Marie-Marie, soit le 27 octobre 1971. Je tiens à faire savoir que c'est le journal "Le Courrier d'Afrique" qui est devenu Elima. Il vaut mieux dans ce cas-ci mettre toutes les bouché double pour carrément présenter les grandes figures des faciales des journaux qui ont fait la pluie et le beau temps à l'époque. Je ne m'empêche pas de dire en passant que la journaliste qui enjolivait le marketing des musiciens et d'un n'importe qui de la jet set à l'époque, soit des années '70 à '74, c'est Nzita Mabiala, Kukabana Diawaya (Rubrique culture) et chez les jeunes montants, politique, culture et divertissement, ce sont ces noms :

  1. Lilo Miango ;
  2. Lusende ;
  3. Elonga Adjadje ;
  4. Mbiya Tshikala ;
  5. Nesba en photographie, etc.

Ces journalistes étaient très bons, ces sont les plumes d'or du "Journal "Elima". Évidemment, il faut aussi compter ceux de la voix du Zaïre comme Simon Lungela, Lukezo Lua N'si, Nzazi Mabidi, Jim Jacob Nzau, Basunga Nzinga, Ngbanzo La Mangale, Sumbu Makonko, Josphine Luzolo, etc. Que l'on ne m'en veuille pas, la plupart de ces journalistes cités sont du temps de Bavon Marie-Marie. Les plus jeunes d'entre-eux ces chevaliers de la plume, comme Lilo Miango, Elonga Adjadje, Lusende ce sont des jeunes premiers dans la jet set de la jeunesse que nous formions et qui s'étaient approché de Bavon d'une manière ou d'une autre et qui ont également connu Lucie et danser le "Bouché". Je certifie ces propos parce que ces personnes sont mes amis et je les connais dans le passé qui nous a mis ensemble quand nous grandissions dans Léopoldville et Kinshasa advenant.


2.2 JEAN KEMBO


Feu Jean Kembo ce grand rival
Bavon Marie-Marie l'a détesté
Sur le terrain de football, ce jeune-homme, "Kembo Uba Kembo" venu de Kisantu, lui, et Raoul Kidumu, dans la deuxième moitié des années '68, avait la réputation d'être reconnu comme chargeur des goals-keepers. En football quand on dit chargeur, on dit tout simplement que c'est le genre d'attaquant qui ne s'empêche pas d'être brutal subtilement avec le gardien de but pour l'empêcher d'attraper la balle. Au sein de l'équipe nationale de Léopard, Kembo a rendu d'énormes services aux buteurs comme "Ndaye Mutumbula" parce qu'il savait comment désillusionner les keepers. En dehors de l'équipe nationale, ce joueur était un bon attaquant qui permettait à Kibonge "Jento" d'être toujours le meilleur buteur de l'équipe. Or, être cela dans l'équipe de V. Club, c'est être "Prince", car c'est cette équipe-là qui a le plus de fanatiques à Kinshasa et peut-être même dans toute la RDC. En tout cas, dans le palmarès des championnat kinois, c'est le V. Club qui a le plus de trophée et elle a déjà été une fois championne d'Afrique, en 1974.


Lucie qui quitte Bavon Marie-Marie ne va nulle part ailleurs que vers Kembo. Cette séparation ne passe pas inaperçu, le public du football rond et les mélomanes connaissent cette femme, les bruits courent vite dans la capitale et dans le pays alléguant que "Kembo abotoli Bavon momie". Cette colportation du bruit n'est pas pour faire plaisir à Bavon, car dans l'entre-temps, Kembo se rend au stade très souvent accompagné de la célèbre Lucie qui a rompu avec le jeune frère de Franco "De Mi AMor". Visiblement, celui-ci, Ya Fuala (Franco) est mal à l'aise, car c'est lui le "Président de V. Club", si ce n'est pas le cas, il est l'une des plus grandes figures à côté de Kimpedi, Moyi Wabu, Verckys même Joseph Mobutu dans le secret de l'alcôve des victoriens et du Comité de recherche, comprenez-là, "Labo".


Soit dit en passant, Kembo Uba Kembo ou encore Jean Kembo est mort en 2007, voilà un extrait du journal diffusé ce jour là :


L’ancien attaquant de l’AS V. Club et des Léopards, Jean Kembo Uba Kembo décédé le lundi 26 mars, sera inhumé ce samedi au cimetière de Kinkole. Selon le programme élaboré par l’association des anciennes gloires du football congolais, la levée du corps à la morgue de l’hôpital général de Kinshasa devait avoir lieu hier vendredi. Le corps de Jean Kembo devait ensuite être exposé à la gare ferroviaire de Matete pour les derniers hommages. Kembo Uba Kembo fait partie des footballeurs qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire du football de la République démocratique du Congo. Il a été de tous les grands rendez-vous avec le onze national depuis 1968. Vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations avec les Léopards en 1968 à Addis Abeba en Ethiopie, Jean Kembo fut encore de l’expédition victorieuse en 1974 au Caire, en Egypte.


Jean Kembo fut surtout un attaquant très efficace devant les buts adverses. Son sens de but lui avait valu le sobriquet de « Monsieur but ». L’histoire retiendra surtout que c’est Jean Kembo qui avait ouvert le score contre les Lions de l’Atlas du Maroc dans le dernier match des éliminatoires de la Coupe du monde 1974. Les Léopards s’étaient imposés par 3 - 0. Le match retour ne s’était pas joué, le Maroc ayant déclaré forfait. C’est ainsi que la RDC a représenté le continent africain au mondial allemand en 1974, l’unique participation congolaise. Avec l’AS V.Club, il avait été dans l’équipe ayant remporté la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1973. C’est d’ailleurs l’unique titre africain que détient V.Club. Jean Kembo s’en va, mais laisse quand même un héritage au football. L’un de ses fils, Jirès Kembo Ekoko, a également choisi le football. Il joue déjà comme professionnel au Stade rennais, en ligue 1 française. Source : Aimé K/Le Potentiel, le 31 mars 2007.


Revenons au sujet. Ainsi, à partir de 1968, le "Négro-Succès" lance des chansons à grand succès, mais la personne au centre de ces nouveauté, de la part de "Bavon Marie-Marie", c'est "Jean Kembo". L'un des morceaux les plus accrochant à l'époque était explice, les chanteurs citaient nommément Kembo par son prénom. Cette chanson est l'une de celles-là :


Yo "Jean pierre" osi obomi mboka

Likolo ya songi songo oo,

Olingi ozua loposo na gai ya nzoto

po osala mbonda kasi olonga te ...


V. Club, on voit Jean Kembo à l'extrême droite

à Accra, en 1973, Ndaye Mutumbula et Mayanga

Ceci n'est qu'un extrait. Ces jérémiades ne suffiront pas, Lucie sera partie et Bavon Marie-Marie se résoudra à trouver une femme pour continuer à vivre normalement. C'et cela qui arrive en 1969, notre guitariste illustre rencontre une belle demoiselle de Bandalungwa, "Marie José Simplice" résidente de la rue Mbanza-Boma, presqu'au croisement de l'Avenue Inga et la rue "M'Siri de IGAZI". C'est avec cette dernière, que Bavon Marie-Marie va vivre ses dernières années, soit tout simplement une année de romance avec MJ. Toutefois, cet amour-là était intense et vrai. Bavon avait besoin de quelqu'une qui comprend son art de vivre et qui saisi les étincelles de ses envolées lyriques, car c'est en regardant une femme avec une attention de poète que le jeune Siongo MM créait des chansons à succès. Les plus beaux souvenirs de Bavon, en dehors de ses lieux de fréquentation régulières furent Kintambo, avec les guitaristes de cette commune-là et Bandalungwa à cause du "Bar David", endroit qu'il affectionnait tant pour son plein air reposant.


Pour Kembo, c'est un succès, Bavon dans ses colère pour ramener Lucie à lui compose des chansons qui critiquent ouvertement Kembo. Au dommage que cela devait supposément provoquer, Kembo en profita énormément en publicité au Stade Tata Raphaël comme à la cité d'ailleurs. Les mélomanes et le public ordinaire avaient l'habitude d'apprendre de Lucie des histoires liées à Bavon Marie-Marie en provenance du milieu musical, mais ce milieu a fait une mutation. Chez les joueurs et les "fanatiques des Verts Noirs", les nouvelles arrivent d'elles-mêmes. Le Stade Tata Raphaël est devenu du coup un autre lieu des potins musicaux. C'est dans le pourtour appelé "Moscou" qu'il s'en entend de toutes sorte sur Bavon Marie-Marie, Kembo et Lucie dans ce triangle amoureux. Les vrais Kinois savent de quoi je parle quand j'évoque "Moscou". Je laisse aux lecteurs de chercher pourquoi une zone du stade avait ce nom-là dans un de ses pourtours. Toutefois, je soupire : Lucie est une histoire d'amour et des larmes, voilà.


III. CLAUDE FRANÇOIS, LE NÉGRO-SUCCÈS

LES CLAUDETTES ET BAVON MARIE-MARIE


(Cliquez "Dona Dona" Claude François)


L'apogée de l'orchestre Négro-Succès est sans conteste, l'année 1968. Bien le face à face des "Bana 15 ans" avec Cloclo, l'orchestre Négro Succès avait popularisé une chanson de Claude François sans jamais imaginer un jour le rencontrer. Dans le répertoire de musique des variétés ( en lingala musique ya ba mindele) du Négro Succès, on jouait régulièrement deux chansons à succès en France et en Europe Francophone, c'était :

  1. Dona Dona de Claude François, chanson à l'origine chanté en Yiddish (hébreu d'Europe) et en anglais avant d'être traduite en français ;
  2. Inch Allah de Salvator Adamo.

Mais de toutes ces chansons, celles qui a le plus marqué Bavon Marie-Marie, c'est Dona Dona. C'est "Didi Kalombo" qui la chantait pendant que Bavon Marie-Marie l'accompagnait à la guitare. Cette œuvre est très belle, mais pas assez pour accrocher l'intérêt d'un Congolais, d'alors qui écoute Franco, à mois que ce fut "Jean-Louis Tshimbalanga" pour y prêter attention. Et pourtant, c'est bien "Dona Dona" qui était la plus belle émotion de "BMM" à tous les concerts durant la première heure consacrée aux variétés étrangères. Passons ...


Ceci est autre histoire, mais en ligne droite avec la vie artistique de la RDC au niveau de la rencontre des grands artistes de renom. "Claude François" qui n'était pas aligné à rencontrer le Négro-Succès arrive à Kinshasa en 1968, il y a avait comme de la part de la France, un sentiment de réparer le contact manqué entre Johnny Hallyday et le public kinois. Une année plus tard, l'Ambassade française et son Centre Culturel de Kinshasa se firent un devoir, avec le milieu du spectacle de la capitale congolaise, de faire évoluer un musicien français de grande notoriété pour remettre en scène ce qui n'a pas marché en 1967 avec Johnny.


Claude François était invité dans le cadre d'une tournée des Festivals d'été, encore moins connu en RDC à l'époque, mais ce périple était aussi une occasion pour ce chanteur de nouer des relations commerciales avec les disquaires de Kinshasa qui vendaient beaucoup des musiques de France, de l'Europe Francophone et des États-Unis. 1968 proliférait en orchestre Pop avec des vedettes comme :

  • Sawa ;
  • Vince des Mustangs ;
  • Gérard Kazembe ;
  • Bovic ;
  • Thu Zaïna aile pop avec James Moto ;
  • Yss Boys avec Bony Tshimpaka ;
  • Tous les orchestres kinois avaient une aile pop, etc.

Donc le terrain était propice pour introduire Claude François puisqu'aux émissions de variétés de tous les samedis, la RTNC faisait sa promotion naturellement pour varier ses émissions au grand plaisir des Congolaises et Congolais. Saisissant la balle au bond, l'Ambassade de France fit venir Claude François. Ce musicien fit une très bonne impression sur le public après son concert au Ciné Albertum. À l'inverse, lui aussi était ému par l'accueil de sa personne et de sa musique par son auditoire et il a écouté plusieurs ses disques à la radio-télévision congolaise. À la fin de son concert, soit un jour plus tard, Claude François n'a pas voulu retourner en France ou aller vers où il devait aller, il est resté à Kinshasa.


De cette prolongation de séjour, ceux qui étaient chargés d'accompagner Claude François sur le sol congolais l'amenèrent au concert de l'orchestre Négro Succès. C'est une surprise qui l'y attend. Pendant la partie de réchauffement qui est celle de la musique de variété, Didi Kalombo et Bavon Marie-Marie se mettent à jouer naturellement les chansons de leur répertoire. Puis, tout à coup, Claude François ne s'y attendait pas, entend chanter Dona Dona, il ému et remue quelques mots à ses hôtes. Dès lors, au cours de la soirée, il ne s'empêche plus d'avoir des libertés qu'il se serait réservé de déployer. Pendant ce temps, Bavon continue de jouer de la guitare en accompagnant des chansons du répertoire étranger composé des pièces de Musique pop et du Jazz pur.


Tout à coup, Claude François se lève, il se met à danser, il va rester sur la piste pendant près de deux heures avec les Claudettes qui s'amusent à leur tour. Ceux qui ont pensé que ce musicien resterait amusé juste le temps de variétés ont déchanté. Claude François a découvert un jeune guitariste, avec qui sans doute, il aurait voulu être ami, c'est Bavon Marie-Marie. Ce que le musicien français ne réalise pas, il ne s'aperçoit pas qu'au "Bar Bonbon sucré", il est filmé par une équipe de "Benoît Lukunku" pour des séries d'émissions à produire le samedi de toutes les semaines. À la fin du concert, Claude François n'était pas fatigué, il a exprimé avec une sincère adresse le plaisir qu'il a eu au concert de Négro-Succès et la joie de vivre les moments exceptionnels que Bavon Marie-Marie et Bolhen lui ont réservé dans l'Exécution des chansons de son répertoire.


Cet instant-là marquera profondément Claude François qui va désormais regarder les musiciens congolais d'un nouvel œil. Au passage de Rochereau à l'Olympia, deux années plus tard, Claude François fera une surprise à l'idole d'Ébène, il va être au Music Hall français à plus d'une reprise s'avançant droit vers la scène pour féliciter Tabu Ley. L'intérêt de Claude François pour Bavon Marie-Marie et pour "Tabu Ley" peut s'expliquer de plusieurs manières, cet artiste n'est pas un chanteur immobile sur scène, c'est un acrobate, il se trémousse à tout moment, la musique l'agite. Or, la musique congolais n'est pas un boléro, mais une java. Et à part ce regard-là, Claude François est né en Afrique, en Égypte, lui et Dalida. Cela résume la sensibilité très accentuée pour le rythme dépassant celle de Johnny Hallyday même si le Rock est aussi rythmé, mais la cadence infuse, Johnny pouvait ne pas l'avoir. Tout compte fait, c'est d'abord le talent de Bavon Marie-Marie qui a séduit Claude François et qu'il devait sans doute revoir une autrefois.


Depuis cet instant-là, on vit descendre plusieurs européens au "Bonbon sucré" pour des concerts donnés par le Négro-Succès. Cette fulgurance marqua l'apogée du Négro-Succès, mais elle annonçait aussi une certaine fatigue subtile dans la personne intime de "Bavon Marie-Marie", car malgré ses victoires sur le public, il ne s'était pas remis du départ de Lucie. Au fond de sa personne, le petit Franco de Franco souffrait oujours, ceux qui étaient autour de lui pouvait percevoir cela.


IV. LES CONTEMPORAINS DE BAVON MARIE-MARIE

ET LE POINT D'ORGUE


Moreau Maurice musicien du

Négro-Succès avec Bavon

Ce que l'on peut dire là-dessus, c'est un constat clair et précis, sinon dans l'ordre de l'échiquier du temps. À ce que je sache, Bavon Marie-Marie arrive à la musique en même temps que les célèbres guitaristes et artistes-chanteurs de son époque, mais dans un décors spécifiques à chacun, ce sont :

  • Guvano Mwana Ya Vangu ;
  • Michelino Mavatiku ;
  • Yossa Jossart Taluki ;
  • Jean-Bosco de Révolution et Bella Bella ;
  • Dalienst Ntesa ;
  • Souza Kaseyo ;
  • Bovic Yhe Bondo
  • Ray Lema ;
  • Trouet Lusamba, etc ...

Comme chacun avait sa fenêtre d'éclosion, l'avènement d'un chacun a paru éloigné et lointain par rapport au succès advenu pour ces artistes. Dans les années '70, on sentait une lourdeur pour Bavon Marie-Marie de supporter de rester longtemps dans le Négro-Succès, mais cette crise-là, "Franco Luambo" et "Vicky Longomba" l'auraient résolu et les deux amis ne se seraient probablement pas séparés.


La fin de vie de Bavon Marie-Marie commence à végéter dans l'air quand celui-ci commence à composer des chansons très pessimistes parmi lesquels, "Libanga na libumu, Maseke ya meme, Mokolo na kufa bandeko nayebi te bandumba nioso na matoko". Évidemment, si quelqu'un dit qu'il a compris que c'était là l'annonce d'une mort appréhendée, plusieurs contemporains le contesteront, car ces chansons, mêmes pessimistes, elles étaient d'abord entendues comme le fruit d'un répertoire du Négro-Succès et non le signe d'une fin de vie proprement dite. Car, si cela était su avec précision, Franco et tous les insiders auraient tout fait pour empêcher que n'arriva ce malheur.


La mort de Bavon Marie-Marie aura été une immense perte pour la "Musique Congolaise Moderne". L'annonce de cette nouvelle avait bouleversé toute la RDC et le Congo-Brazzaville, pays avec lequel nous partageons la même musique et la même langue. Bavon est mort quand les deux frontières furent fermées. Une année auparavant, Mobutu a exécuté "Pierre Mulele" en provenance de Brazzaville. Cette condamnation à mort à poussé le Président du Congo-Brazzaville, le "Commandant Marien N'Gouabi" à rompre les relations diplomatiques. Pour les musiciens de l'autre rive, cela n'était pas une raison suffisante pour qu'ils ne puisse pas venir au deuil à Kinshasa.


Didi Kalombo-Bavon Marie-Marie

Les musiciens s'amenèrent nombreux au Beach pour qu'on leur laissa passer, mais à Brazzaville comme à Kinshasa, il ne fut pas question d'ouvrir les frontières à cause de la mort de Bavon. Alors, les musiciens séniors de Brazzaville passèrent par Paris pour arriver à Kinshasa avec des visas arrangés dans les anti-chambres de la diplomaties parallèles. Bavon est mort, Franco est resté inconsolable. Bavon est mort, le public des mélomanes est resté médusés en se sentant coupable pour n'avoir pas vu ce qui arrivait. Bavon Marie-Marie est mort, il a laissé triste beaucoup de jeunes, dont "Djamba Yohé" qui croyait que l'on a volé la vie d'un jeune artiste qui avait un avenir et bien des choses à apprendre à ses cadets. Mais, ceux que j'ai vu plus triste que moi, c'était Simaro, Verckys et Denewade. Mais Bavon Marie-Marie mort, c'était un grain du progrès de la "Musique Congolaise Moderne" semée dans le sol congolais. Cliquez "Libanga na libumu" de Bavon M-M. http://www.youtube.com/watch?v=Zbt_r31e7Zs


Désormais, le soliste qui remplace Bavon Marie-Marie, c'est "Mandiangu Dercy", c'est un très bon guitariste, il arrive avec la même fougue que le musicien défunt qu'il remplace. Avec lui et les Beya Maduna, un autre saxophoniste, le Négro-Succès fera encore quelques beaux jours qui ne dureront pas plus d'une année, on se souviendra de la danse survenu après la mort de Bavon Marie-Marie, celle nommée : "Danse makolo pente". Mon récit s'arrête là.


PS : pour mieux comprendre cette histoire vous avez des aînés, à l'instar de :

  1. Michelino Mavatiku ;
  2. Dino Vangu ;
  3. Guivano ;
  4. Ray Lema ;
  5. Papa Simaro, etc.

Moi j'ai essyé de communiquer ce que je sais pour ne pas voir sombrer dans l'oubli un grand frère que j'aimais bien et que tous les Congolais ont aimé. Ce sont d'abord mes souvenirs avec des repères justes qui peuvent être teintés d'oubli involontaires, car j'avais 17 ans, à la mort de "Bavon Marie-Marie". Je ne connais pas tout et je n'ambitionne pas cela.


Djamba Yohé,

Gaston-Marie F.

Le Congolais de l'Atlantique Nord,

Ottawa, le 3 novembre 2012,

Canada.

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