"AUTANT EN EMPORTE LE
VENT"
(En mémoire à Flujos
et
Djeskain
Okitadihunga tous de Négro
Succès)
(Cliquez "Bavon Marie-Marie" Rochereau, 1970)
PRÉAMBULE
En Occident on
voue un culte de dieux grecs à Jimi Hendrix et on le qualifie de plus grand
guitariste de tous les temps au niveau de la musique pop. Cela paraît vrai quand
on ne sait pas jouer de la guitare et que l'on ne connaisse pas les sons dans
leurs structures et leurs modulations tonale. À la vérité, la grandeur de Jimi
Hendrix, c'est la forte connaissance de l'électronique apprise dans l'Armée
américaine et les audaces artistiques d'oser jouer de son instrument avec les
dents. Pour le reste, ce guitariste venu de Californie n'est pas plus grand que
Bavon Marie-Marie, Manuaku Waku, Michelino Mavatiku, Papa Noël, Dizzy Mandjeku
et tous les anciens musiciens de l'École de Kabaselle et Franco. J'avoue, ici,
que Bavon Marie-Marie était un grand guitariste, j'ai vu sa dernière prestation
et l'étonnement qu'il a fait à Claude François au Bonbon Sucré. Comme quoi, dans
le monde, lorsqu'on récense les guitaristes, il faut compter avec les Congolais,
ce n'est pas faux, ce n'est que vérité et raison. Source : Djamba Yohé, mémoire tournée vers Bavon
Marie-Marie.
I. MWANA QUINZE
ANS
Les grands titres des succès de Bavon
Marie-Marie
Conception infographique "Babi Éditions", S. Luambo
Avant d'aborder ce thème, il est important que je signale, dans le cadre de
démontrer la virtuosité de Bavon Marie-Marie à la guitare, que la position de
ses doigts sur cette photo n'est pas fortuite. Les doigts sur le manche de son
instrument ne sont pas au repos. Bavon joue par dessus-le manche et produit un
son juste sans bémol ni dièse et avec une dextérité de maître. Notons en
passant que pour la guitare, le mot manche au genre masculin. En somme, celui
que j'ai vu jouer comme ça sans faute, c'est le soliste de l'Orchestre
Zembe Zembe de Kisantu, le "guitariste Nshui" ou "Sui" dépendamment de qui l'appelle. Pour Sui, on
comprend que c'est un effort qu'il fait au-dessus toutes ses forces, car ce
dernier est en chaise roulante. Mais pour Siongo
Bavon Marie-Marie, tel n'est pas le cas. En fait, il s'amuse,
c'est une complaisance d'une maîtrise instrumentale acquise avec la suffisance
d'un géogrpahe des doigts qui connaît les reliefs de la tablature et des
contours escarpés de la guitare.
Revenons à l'orchestre des "Bana quinze ans". Le Négro
Succès, bien que sous l'autorité directrice de Bombolo Léon
dit "Bolhen" ou Bombolo Wa Lokole,
est d'abord une marque musicale qui exhume au son du prononcé de son mom, la
mémoire de Bavon Marie-Marie. Ce nom est indissociable de
l'essor du Négro Succès dans les arcanes du succès dans la constellation des
orchestres de Kinshasa et des deux Congo des années '60. On peut donc dire que
dans la deuxième moitié des années '60, à l'approche surtout de 1970, le
Négro succès est d'abord une
polarité singulière qui affiche "Bavon
Marie-Marie" en vedette. En accueillant ce
jeune guitariste dans son ensemble, Bolhen a reçu de Franco et de Vicky Longomba un
véritable "Alter ego" au niveau de
sa profession de musicien.
Roxy Tshimpaka
de Thu Zaïna Lok.
Dans le fond, Bavon dans le Négro-Succès, Bolhen a fini par se
consoler du départ de Vicky Longomba. Cet orchestre n'était plus nécessairement
une ensemble musical marqué par les chanteurs, quoi que ceux-ci furent des bons
ténors, mais le Négro-Succès était aussi un orchetre des guitaristes, c'est lui
qui inspire l'orchestre "Tout Zaïna"
à sa naissance et Tshimpaka Roxy a un modèle pour la guitare
solo, c'est Bavon Marie-Marie. Effectivement, cela va se vérifier à la mort de
Bavon. Peu après, quand tout ce qui est deuil est devenu mémoire sans ramener
Bavon Marie-Marie à l'oubli, "Roxy
Tshimpaka" éclate comme étant le successeur extérieur de Bavon
dans les jeunes ensembles. De toutes les façons, même avant la mort de ce
dernier, les chansons comme ba Patron na bango et toute le répertoire de la
série d'après l'atteste. http://www.youtube.com/watch?v=Zw6ry1XqtXY .
Cliquez sur ce lien ci-avant pour écouter ba Patron na ba Mbongo de Thu
Zaïna.
L'Orchestre Négro-Succès commence à se
sortir du lot des autres ensembles musicaux de Kinshasa et de la RDC dans la
deuxième moitié des années '60. Entre 1960 et 1965, le Négro-Succès est un
petit orchestre qui joue un peu partout dans les invitations sans plus. Le
prestige de l'orchestre prend de son envol à partir de l'année 1967, c'est
la chanson "Baka yau" qui lance ce
succès qui s'accroître en mode de palier ascendant. L'époque est celle de la
dans "Bouché". Le Négro-Succès,
dans la semaine, voire quelques week-end jouait à Bandlaungwa, au "David Bar", la propriété du père de "Maurice Toko" le cousin de Salomon
Valaka. Tous les petits des alentours connaissaient presque la chanson
"Baka yau" et attendait cette animation pour secouer la hanche
au moment de l'instant de la cadence rythmique qui ressortait ce mot
"Baka yau" après quelques rafales
de sacade mêlant la tumba, les guitares et les maracas joué par Gaspy, un
chanteur célèbre du groupe et producteur des disques du Négro-Succès aux Éditions Tcheza, si mes souvenirs sont bons.
Le Succès du Negro-Succès, c'est au fond l'idée d'être parti du
concept "Mwana quinze ans". En tout
cas, c'est la locution providentielle qui a révélé l'orchestre Negro-Succès
comme un phénomène nouveau. Plusieurs mélomanes ont chois d'aller aux concert
de cet orchestre parce qu'entendre "Mwana quinze
ans" était comme un "Elixir de
jouvance". Même mon grand frère "Docta Malonga Miatudila" qui habitera de l'autre
côté de la maison de mes parents, séparée par une zone des ligne haute tension,
le long de la "Rue Balari", près de
la résidence de "Mobhe Jhomos
Yisuku", fondateur de "Thu
Zaïna" s'est senti encore plus frais que sa jeunesse de jeune
presque finissant de Lovanium. Lui seul bien sûr pourra en dire plus, mais
aubout de Balari, il y avait une boîte à musique qu'il a longtemps connu pour
l'achat des disques en nouveauté de tout genre. En un mot, on peut dire par une
conclusion spéculative que c'est donc lla locution "Mwana quinze ans" qui explique tout du succès de
l'orchestre Négro-Succès
1.1 BAVON C'EST MON
PETIT FRÈRE
(Cliquez "Dies Irae" de Mozart-Toussaint)
À partir de la trame de la série commencée avec "Baka yau",
l'orchestre Négro-Succès inaugure une flopée de succès qui s'en vont déferler au
hit-parade et dans le box office des discothèque. Les chansons de Négro succès
sont intégralement belle, elles jouissent d'une bonne instrumentation et d'une
cohésion du choeur des chanteurs et instrumentistes que sont :
-
Didi Kalombo ;
-
Zozo ;
-
Flujos ;
-
Rocky ;
-
Gaspy ;
-
Parfois Djeskain devenu senior ;
-
Empompo Deyesse, saxoponiste, etc.
Ces jeunes en l'air sont bien habillés et
chic et prudents. L'orchestre Négro-Succès sait dès par son expérience le
dicton du grillon, celui de la fable de Florian qui sit : "Pour vivre heureux, vivons caché". En somme,
Bolhen, le doyen du groupe avait
compris qu'il ne fallait pas s'afficher très fort sur la place publique, la
virulence concurrentielle de la scène kinoise est très dangereuse, elle défait
les orchestres comme cire au soleil. Car, disons-le sans ambages. Entre 1966
et 1968, l'orchestre OK Jazz s'enlise et ne produit plus des
chansons qui font la rénommée de sa facture. Pendant ce temps, les autres
grands orchestres et noms musicaux se recherchent pour se replacer dans le giron
des grands.
En effet, il y a un problème sérieux dans
les relations des patrons d'orchestres et leurs musiciens. Quand ce n'est pas
cela, c'est le gouvernement qui défait les orchestres derrière des personnalités
illustres et anonymes de son giron. L'African Jazz de
Joseph Kabaselle, en 1967 a commencé
à se gripper, Bombenga, le deuxième patron de cet ensemble a
quitté l'orchestre pour aller fonder le Vox Africa qui va faire
sa sortie en 1968 avec Papa Noël,
l'African Fiesta de Nico, malgré la présence de Micky, un chanteur pianiste qu'il a engagé depuis
Kisangani n'était pas encore ce que voulait Nicolas
Kasanda jusqu'à ce que Chantal et Bovic joignent son orchestre.
Les grands de la Musique Congolaise Moderne
sont malménés de tout côté. En 1967, Rochereau, après le séjour au Canada à
l'Expo '67 de Montréal, est frappé d'une suspension de trois
mois par la Présidence de la République. Cette punition n'arrange pas les
choses pour le "Maréchal Tabu
Pascal", les musiciens de son État-major de base s'en vont pour
aller créer à leur propre compte, l'orchestre le "Festival des Maquisards", ce sont :
-
Sam Moreno Mangwana, grand chanteur ;
-
Guvano Vangu, soliste de la trempe du Docteur Nico ;
- Armando Grazzi ;
-
Jean Trompette à la frontière, etc.
Partant, aucun grand nom ne brille, mais
chercher à prendre leur place au vu et au su de leur visibilité n'est pas de
bonne augure. Le Négro-Succès n'ambitionne pas d'être
premier. Dans l'anti-chambre du succès des orchestres, ceux qui règne en maître
sans le revendiquer, mais s'affirme, ce sont les orchestres :
-
Co-Bantou d'Ebengo Dewayo ;
-
Le Conga Succès de Bokelo.
Disons en passant que Dewayon Ebengo et Johnny Bokelo sont frères, c'est-à-dire petit
frère et grand frère. Les deux constituent une force que redoutent les autres
musiciens de la place, en particulier Franco, car c'est "Dewayon", le frère de Bokelo qui appris à ce
dernier à jouer de la guitare. Il y avait d'une part du respect pour Dewayon et
d'autre part, la crainte de voir le retournement de positionnement de prestige
et de notoriété de l'OK Jazz. Car, il y avait la possibilité de voir
"Franco" et "Vicky" sombrer dans les méandres de deuxième
division, c'est-à-dire la zonne de cafouilli des orchestres de deuxième
rang.
Luwowo Mutshokela dit
Gaspy
Musicien et Éditeur du N.
Succès
Face à la turbulence du terrain, Bolhen, Bavon
Marie-Marie et le Negro-Succès n'ont pas voulu être ceux qui
cherchent à éliminer les aînés, ils ont laissé évoluer leur orchestre au fil du
succès sans perturber le désordre de l'espace des adultes dans le brouillard des
phénomènes du hit-parade. Fort heureusement, cette attitude fut payante et
aucun des grands de la place n'avait envie de chercher noise au
Négro-Succès, on pouvait voir Franco, Verckys (intéressé à Bavon), Dr Nico se rendre au concert de l'orchestre de
Bolhen. Et quand l'année '68
arrive, le succès contenu du Négro-Succès cesse d'être discret, il tombe à la
consécration de tous. C'est Bavon Marie-Marie et Bolhen qui en sont des
instigateurs.
En effet, leurs jeux synchronisés de guitare
fait parler tout "Kinshasa" et
"Brazzaville" d'un phénomène nouveau
avec le Négro-Succès. À côté de cette envolée, il y a la danse
"Soukous" que ces deux virtuoses
viennent de lancer comme recette pour bien vivre l'instant sur la piste. Disons
tout de suite que le mot "soukous"
est congolais, il signifie "feinte"
en lingala des enfants. Ce sont les feintes ajoutés à la danse "Bouché" qui font soukous. Lorsque Manu
Dibango utilise ce terme, c'est par effet de mode, il n'a pas le droit
d'en revendiquer la paternité. En clair, ce terme est une propriété
intellectuelle congolaise crée en 1968. Il y a avait même un jouer au
Stade du 20 mai (Tata Raphaël) qui s'appelait "Soukous", c'est le père du joueur français des
"Bleus" d'origine congolaise, lui
aussi nommé "Makelele". En fait, le
succès de Négro Succès part de ces
deux chansons :
-
Mwana quinze ans http://www.youtube.com/watch?v=mu6JAF6XZWE ;
-
Etabe ya mofude http://www.youtube.com/watch?v=gQnlP33vyuM
C'est ces deux chansons, spécifiquement, que
le Négro-Succès entre dans la "Cour
des Grands". Aucun sénior ne peut en vouloir à Bolhen ni à
Bavon Marie-Marie, voir au Négro-Succès d'avoir fait un "Dumping" contre quiconque de l'espace musique.
Franco, fier de son petit frère, dit pârtout à quiconque veut l'entendre quand
on parle de Bavon que ce dernier est son petit frère. Le temps de punition et
de coercition contre ce cadet amoureux de la guitare s'est éloigné. Franco
était très emballé de ce que l'on disait de Bavon
Marie-Marie son petit frère. Pour le récompenser, "Yorgho Ya Fwala Pene Lwa Ndjo" offre une
Renault 16 à Bavon au début de
1970. Nul ne pouvait être distrait, parmi les jeunes que nous fûmes lorsque
Bavon Marie-Marie arrivait, sa voiture avait un klaxon unique qui faisait dire
au son que le soliste de Négro Succès est là. Les enfants quant à eux criaient
à l'écoute du kalaxon : "Bavon". Et
tant et tant que ce dernier klaxonnait, les enfants répétaient en choeur
"Bavon Marie-Marie" à chaque
sonnerie.
1.2 LE RÉPERTOIRE DE BAVON
MARIE-MARIE
Empompo Loway le saxo
d'or
du Négro Succès Bana 15
ans
Toutes les chansons de Bavon
Marie-Marie dans "Négro-Succès" sont toutes des
succès, il n'y a pas une seule, à partir de 1968 qui a trainé la queue au
hit-parade. Bavon n'est pas gonflé, mais il songe toujours sur la façon
d'innover dans le jeu de la guitare sans s'écarter du goût du public. Ici, je
souligne un fait que d'aucuns devraient savoir. Les guitaristes congolais et
les instrumentistes de première ligne ne jouent pas les notes à leur
complaisance, ils respectent une ligne mélodique et les règles des arrangements,
car faire autrement, la "Musique Congolaise
Moderne" devient étrangère. C'est à ce point-là que bon nombre
des Congolais pensent que les guitaristes étrangers de notorité jouent mieux que
les Rdéciens.
Récapitulons par la généralité les grandes
oeuvres musicales de Bavon-Marie-Marie. Il me vient à la mémoire et par
quelques référence que je dispose comme la photo ci-haut de mentionner ces
titres :
-
Malou ;
-
Chouchou ;
-
Kobokolo mwana pasi ;
-
Béa ;
-
Bijou ;
-
Mobali atulaka te ;
-
Nazali maçon nazanga ndako ;
-
Tuna Andele maboke ;
-
Albertine Mwana ya ndeke ;
-
Mabe ya mbila ;
-
Na regretter nzotu ;
-
Bakutukulu ;
-
Maïka Gigi ;
-
Fifi mwasi ya libala ;
-
Owuti wapi ;
-
Moyeke ya chérie ;
-
Bongisa ndako ;
-
Libanga na libumu ;
-
Maseke ya meme ;
-
Mokolo na nakoufa basi nioso na matoko, etc.
Ce ne sont pas là toutes les chansons de
"Bavon Marie-Marie", mais une bonne
référence pour souligner la taille de son talent de compositeur. Toutes ces
chansons ont marqué la deuxième moitié des années '60 à '70. Plusieurs chansons
se démarquent par leurs thèmes. En matière d'amour, "Malou, Chouchou, Béa, Bijou, Albertine mwana ya ndeke, Fifi mwasi
ya libala" auront été des grands tubes et des classiques
immortels. Au plan social et de l'éducation morale, Bavon Marie-Marie a écrit
des chefs-d'oeuvres dont ces deux titres suffisent d'être nommé pour leurs
contributions à la communication sociale dans les émissions de "Théâtre Maboke" de la RTNC. "Kobota elingi kobokolo pasi". Cette chanson a
été exploitée par le "Maboke", par
l'Église catholique pour les sermons du dimanche et par les enseignants au cours
des séances de disco-forum, dont "José
Mpundu" qui reprenait l'exercice scolaire de ces écoutes pour le
"Cercle des Étudiants de
Bandalungwa", en sigle CEBA, dont il était
Président.
Pour combattre l'égoïsme, la chanson
"Andele Maboke" a été un sommet de
communication sociale à Kinshasa, à Brazzaville et dans toute la RDC. Cette
chanson commence par un refrain qui exprime ces mots : "Zela ngai na salon mpo tosolola soki oti tembe tuna Andele
Maboke". Il s'agit des visiteurs qui arrivent à l'improviste et
que l'on évite pas pour inviter à table. Alors, certains congolais, dans ces
conditions-là ont choisi de donner un journal au visiteur pendant qu'ils sont à
table. Pendant le sketch, Andele Maboke, Molangi ya
pembe, Ewaso Katalina, Impala, Brigadier Molangi, Eboma font
voir les conséquences qu'engendrent l'égoïsme mais également celles d'une
libéralité sans limite laissant au dépourvu celui qui invite à sa table.
En somme, "Bavon
Marie-Marie" a ressorti cet aspet dans la chanson "Andele Maboke" le visage sociale d'une société en
crise. En fait, ce musicien dépeignait le Congo de "Tokufa nzala
likambo te, ebongi tozala pauvre na liberté toboyi kozala riche na
boumbu". Il était laissé à la liberté d'un chacun d'interpréter ce
sort du discours de Mobutu à Kinkole, le 24 juin 1967 à la création du Zaïre
monnaie. Les Congolais que nous sommes, à la lumière de tout ce qu'aura été le
régime de "Mobutu de 32 ans", n'ont
jamais été gratifiés de la promesse leur faite. Bavon Marie-Marie a été
prophétique et aujourd'hui, avec le recul critique, nos musiciens, comme Bavon
sont des visionnaires et des êtres d'exceptions, car leurs oeuvres font souvent
valoir la vérité de la réalité sociale en crise.
Alors quand Franco a appris
que son petit frère était tué dans un accident d'auto, celui-ci s'est retiré de
la vie publique pour pleurer son petit frère comme le "Roi David" avait pleuré son premier fils, celui
qu'il a eu avec Betséba, la femme prise à Uri, son officier hittite. Franco a
parlé comme un ancien de l'"Ancien
Testament" à l'enterrement de Bavon Marie-Marie, il a évoqué sa
vie, les efforts qu'il a faits pour devenir ce musicien de rénommée qu'il était
et les sinueux parcours mettant en péril sa sécurité. Je croyais entendre
parler un prêtre au cours d'une célébration, ce sont ces propos de "Saint Ambroise" à la lecture de la "Toussain" qui me passaient à l'esprit :
"L'âme a donc le
pouvoir de quitter le labyrinthe de cette vie et la fange de ce corps, et de
tendre vers l'assemblée du ciel, bien qu'il soit réservé aux saints d'y
parvenir; elle peut chanter la louange de Dieu dont le texte prophétique nous
apprend qu'elle est chantée par des musiciens : Grandes et merveilleuses
sont tes oeuvres, Seigneur, Dieu Tout-Puissant : justes et véritables sont tes
chemins, Roi des Nations. Qui te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton
Nom ? Car toi seul est Saint. Toute les nations viendront se prosterner à
toi. Source : Liturgie des Heures IV, Cerf-Desclée De
Brouwer 1980, AELF, Paris.
Bavon
Marie-Marie sur son lit de mort comme il l'avait
prédit "Mokolo na
kokufa basi nioso na matoko bakolela"
Après l'enterrement de Bavon
Marie-Marie à Gombe, Franco n'était plus le même homme que l'on
connaissait, il était absent de son être et distrait plus souvent quand on lui
parlait des affaires quotidiennes normales. Néanmoins, celui-ci était bien
entouré par sa famille, les amis et les mélomanes. Ce sont ces derniers qui ont
inventé la nouvelle façon d'attirer son attention sur ce qui se passe autour de
lui. Simaro était très abattu, comme Franco, lui aussi avait besoin de soutien,
car "Simaro" pour Bavon était un
mentor et quelqu'un qui lui a expliqué la guitare loin de Yorgho dans les années
de jeunesse du jeune prodige.
Être Franco est un
fardeau quand survient un deuil, ce n'est pas n'importe qui fut capable de
consoler ce grand homme au coeur beinveillant et chaud. Cependant, des grands
esprits étaient oujours-là. "Vicky
Longomba" a soutenu "Franco" de toutes ses forces malgé les
brouillards qui montaient progressivement dans leurs relations. "Verckys" qui était déjà parti de l'OK Jazz sans
démissionner de cet orchestre a été d'un grand secours. Et au-delà, tous les
anciens de "Loningisa" comme
Bokelo, Dewayon et le groupe de nos
parents qui ont joué un rôle décapant pour ramener Franco à comprendre que les
lois de la vie n'étaient pas du ressort de l'homme, mais de Dieu, les Kinois ont
formé cette famille d'une solidarité sans de toute avenance.
Depuis le décès de "Bavon Marie-Marie", l'OK Jazz n'était plus le
même, il va devoir être un orchestre d'une autre génération, celle des adultes
des années '60, je veux dire, les Josky, les Wuta
Mayi, les Sam Mangwana, les Thierry
et les Decca ...
II. HISTOIRE DU NÉGRO
SUCCÈS
(Cliquez "Fifi mwasi ya libala" Bavon
Marie-Marie)
Papa Vicky Longomba en
1960
Photo de concert prise à Bruxelles
Au retour de l'"African Jazz" de la
"Table-Ronde" de Bruxelles et le
"Bal de l'indépdnance Cha Cha",
l'articte-musicien vedette, Vicky Longomba a 28 ans.
L'indépendance et les aléas de ses promesses le mettent en situation de
réflexion profonde. "Joseph
Kabaselle" et "Vicky
Longomba" sont des amis de longue date, ils sont des amis
proches de "Patrice Emery Lumumba"
et font partie des Associations diverses de politiciens, d'intellectuels et des
anciens des écoles catholiques de :
-
Léopolville ;
-
Luluabourg ;
-
Élisabethville ;
-
Stanleyville ;
-
Coquilathville ;
-
Constermansville (actuel Bukavu).
Comme Kallé et
Vicky sont au sommet de la
notorieté, surtout avec "Indépendance Cha
Cha", l'un et l'autre ont des projets à la hauteur de ce qu'ils
sont. Mais à ces à côtés là, il y a aussi des pressions des politiques et des
culturels qui veulent avoir tout à eux ces personnages dans leur camp.
Il faut signaler ici que Kallé et Vicky étaient promu à des fonctions
politiques dans le "Ministère de la Culture et des
Affaires coutumières" du gouvernement Lumumba. Par la manière
dont ces derniers ont dirigé les événements de la préparation et la célébration
de l'indépendance, Kallé et Vicky méritaient effectivement d'être des
hauts-cadres politiques tout en restant musiciens comme ils l'avaient souhaité.
Notons qu'après le Bal de l'indépendance Cha Cha, à Bruxelles, Kallé, Vicky et
l'African Jazz avant de revenir à Léopoldville ont animé plusieurs rencontres
négro-africaine en Europe, je veux dire en Belgique et en France, ils ont
successivement joué :
-
À Bruxelles au Bal de la Table-Ronde ;
-
À Liège devant les Congolais et Africains étudiants ;
-
À Louvain devant les Congolais et les anciens du Congo-Belge ;
-
Au XVI arrondissement de la Mairie de Paris devant les Français, les Africains, les Noirs Américains et les Antillais, etc.
En partant pour la Belgique à l'occasion des Accords de l'indépendance
prochaine à Léopoldville, Vicky aurait fait entendre dans le cercle des amis
qu'il ne reprendra plus sa place dans l'OK Jazz, mais qu'il allait monter son
propre orchestre pour s'affirmer et se propulser sans contrainte équivoque, s'il
y en avait ou s'il y en aura. Franco était au courant, mais Franco face à Kallé
et à Vicky, en 1960 est un très jeune musicien, car le Grand Kallé est de dix
années plus grand que lui et Vicky de huit années son aîné. Franco a peur, il
demande à Vicky de revenir. À ces demandes auxquelles Vicky ne répond pas tout
de suite, dès avant de partir en Belgique, il prend soin tout de même de montrer
à Franco son attachement en lui dédiant une chanson très amicale, "Sentiment emonani" dont je mets à l'intention des
lectuers le lien pour écoute : http://www.youtube.com/watch?v=Knh1YpVKIqg (Cette
chanson était en fait pour dire à Franco, je ne suis pas encore parti, tu es
toujours mon ami, il faut bien écouter son message).
Dans cette chanson "Sentiment emonani", il faut
également y découvrir comment la Voix de Grand
Kallé et de Vicky
Longomba se mariaient avec une concordance allègre. Je n'écris
pas uniquement pour rpporter les histoires, mais de faire quelques remarques et
anotations musicologiques quand il y lieu. C'est pourquoi, je me permets de
souligner cette caractéristiques de la Voix de Grand Kallé avec Vicky Longomba.
Ce fut pareil avec les voix de Rochereau dans Kellya, avec Mujos dans Mama
Maria http://www.youtube.com/watch?v=o2fuTQWVBdY&feature=related .
Mulamba c'est Mujos dont le nom véritable est "Mulamba Joseph" et ce faisant : Mujos. Le
message de Sentiment emonani est en soi une adresse qui signale à ceux qui
savent comprendre dans la structure des mots que les relations entre Franco et
Vicky ne sont pas au beau fixe.
Ce contexte-là va pousser "Vicky
Longomba" à créer le "Négro
Succès" avec les dissidents de l'OK Jazz que
sont à cette époque-là :
-
Bolhen Bombolo wa Lokole, soliste ;
-
Brazzos, contrebassiste ;
-
Djeskain Okitadihunga chanteur venant de l'OK Jazz, etc.
Bolhen Bombolo Léon, 1960
soliste Négro-Succès, à Léo.
Je donnerai tous ces noms quand j'écrirai sur "Vicky
Longomba" singulièrement sur sa vie. Cela étant, de mémoire de
Kinois, c'est "Joseph Kabaselle" qui
a agi sur "Vicky Longomba" pour
revenir dans l'OK Jazz. En effet, ces deux hommes devaient se tenir coude à
coude. En 1960, Vicky ne voulait pas changer d'option, mais en 1961, celui-ci a
compris que Joseph Kabaselle et lui ne sont pas en sécurité nulle part, même
quand ils jouaient des concerts en tout quiétude, leus amis politiques étaient
tous du MNC, Lumumba venait de mourir. De l'autre côté, Franco ne sera pas en
sécurité non plus, car lui aussi était de la mouvance MNC et il sera le premier
musicien condamné à mort lorsqu'il a chanté "Ba nationaliste ba lati
pili". Voici la chanson http://www.youtube.com/watch?v=pUpEa3PKqNo .
Cette chanson qui commence avec le "Kyrie
eleison" latin fit arrêter Franco et condamné à mort. L'African
Jazz avait pouir adversaire Mobutu et c'est le groupe de Binza qui va dissoudre
l'African jazz en se mêlant dans les mésententes internes, car Vicky Longomba et Joseph Kabaselle étaient des amis de Gbenye, or
celui-ci est de ceux qui se sont opposés à Mobutu à l'arrestation de ce
dernier.
L'histoire qui vient après fera qu'après 1961, Christophe Gbenye devienne un "chef rebelle à Stanleyville". Les amis de
Lumumba, dont "Thomas Kanza", vont
se retrouver insécure, ils vont choisir l'exil depuis New York, son poste
d'attache comme "Ambassadeur du Congo aux
Nations-Unies". Et du jour au lendemain, le cercle politique de
ceux qui ont animé le mouvement de l'indépendance vont devoir soit se soumettre
à la terreur du "Groupe de Binza" ou
devoir partir en exil. C'était facile, car on n'allait pas à l'étranger à cause
des raisons économiques, mais parce que l'insécurité clamée était véritablement
la cause du départ vers un autre ailleurs. En fait, cela entre dans les raisons
multiples qui expliquent la présence des jeunes élites congolaises en Belgique,
àen France, à Londre et progressivement vers les États-Unis et le Canada dans
les années '60.
Comprenant l'infortune de "Franco", l'éminent "Vicky Longomba" va revenir dans l'OK Jazz. Avec
Franco, ils vont faire de cet orchestre une socité bi-patronale à parts égales.
Le départ de Vicky Longomba du Negro-Succès, l'orchestre qu'il a fondé crée un
vide au niveau du vedettariat. Mais Franco et Vicky responsabilise
"Bolhen Bombolo Wa Lokole" en lui
disant que le "Négro-Succès" est une
chambre de l'OK Jazz, que jamais il ne pourront souffrir de manque de contrat et
de production. Vicky et Franco s'engagent à pouvoir diriger les jeunes talents
vers le Négro-Succès. C'est comme cela que Flujos est dirigé vers le
Négro-Succès en provenance de l'OK Jazz, de l'African Jazz et enfin de l'African
Fiesta Vita, de 1964.
Et plus tard, c'est Bavon
Marie-Marie que Franco envoie dans le Négro-Succès avec une
grande recommandation de Vicky Longomba, lequel avait un fils dont il a souhaité
voir évoluer un jour dans le Négro-Succès et l'OK Jazz. Ce fils c'est Rocky
Longomba, un Belgicain qui avait beaucoup de talent en musique. Dans cla
chanson "Tonton", on entend Vicky
citer ce jeune talent : http://www.youtube.com/watch?v=KtLYJng5e2o .
Après les paroles "mwana ya Bolumbu"
on entend dire "Tata na Rocky".
Malheureusement, "Rocky Longomba"
mourra jeune comme Bavon Marie-Marie. Cette chanson date de 1965 entre
septembre et novembre. C'est un peu cela, l'histoire de l'orchestre
Négro-Succès racontée à la volée. Il n'en reste pas moins
vrai que des versions sont pléthores sur le départ de Vicky de l'OK Jazz.
À tout ceci, il y a un courant qui dit que c'est le lobby mongo allié à
à Papa Bomboko qui voulait que
Vicky parte de l'OK Jazz pour n'avoir que les ressortissants
d'Ekanga aie leur orchestre. mais
Franco dans tous les cas ne s'était pas laissé vaincre, il se réclamait, lui
aussi "Anamongo". Dès lors, on ne
pouvait pas aussi facilement isoler franco qui avait le soutien de Grand Kallé,
le premier qui l'a amené en Europe, en 1961 et le soutien de Monseigneur Joseph Albert Malula, car lui aussi
avait une voix dans le milieu "Anamongo". Est-ce que ces versions sont vraies
? C'est possible, car les politiciens voulaient se faire connaître par les
musiciens pour organiser leurs bases électorales. Le MNC c'était d'abord cela
au plan de la communication sociale. Voilà là, l'histoire, l'orchestre qui a
accueilli, à partir de 1965, un jeune premier de Léopoldville nommé :
"Siongo Bavon Marie-Marie" dans la
grande famille des musiciens congolais de légende.
(À suivre)
PS : Je remercie Jean-Pierre Vununu et
Augustin Kiassi pour le soutien qu'ils m'apportent,
un très grand merci mes chers frères. De toutes les façons, JP. Vununu et A. Kiassi, dans
nos échanges privés, vous êtes plus que ceux à qui je sais gré et rend hommage,
cela ne date pas d'hier, mais de plusieurs années. Notre histoire vous connaît
vous connait et notre postérité vous retient.
Djamba Yohé
Gaston-Marie F.
Le Congolais de l'Atlantique Nord,
Ottawa, le 1er novembre 2012,
Canada.
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