dimanche 4 novembre 2012

La Mort: "BAVON MARIE-MARIE" (2)

"AUTANT EN EMPORTE LE VENT"

(En mémoire à Flujos et Djeskain

Okitadihunga tous de Négro Succès)



(Cliquez "Bavon Marie-Marie" Rochereau, 1970)


PRÉAMBULE

En Occident on voue un culte de dieux grecs à Jimi Hendrix et on le qualifie de plus grand guitariste de tous les temps au niveau de la musique pop. Cela paraît vrai quand on ne sait pas jouer de la guitare et que l'on ne connaisse pas les sons dans leurs structures et leurs modulations tonale. À la vérité, la grandeur de Jimi Hendrix, c'est la forte connaissance de l'électronique apprise dans l'Armée américaine et les audaces artistiques d'oser jouer de son instrument avec les dents. Pour le reste, ce guitariste venu de Californie n'est pas plus grand que Bavon Marie-Marie, Manuaku Waku, Michelino Mavatiku, Papa Noël, Dizzy Mandjeku et tous les anciens musiciens de l'École de Kabaselle et Franco. J'avoue, ici, que Bavon Marie-Marie était un grand guitariste, j'ai vu sa dernière prestation et l'étonnement qu'il a fait à Claude François au Bonbon Sucré. Comme quoi, dans le monde, lorsqu'on récense les guitaristes, il faut compter avec les Congolais, ce n'est pas faux, ce n'est que vérité et raison. Source : Djamba Yohé, mémoire tournée vers Bavon Marie-Marie.


I. MWANA QUINZE ANS

Les grands titres des succès de Bavon Marie-Marie

Conception infographique "Babi Éditions", S. Luambo

Avant d'aborder ce thème, il est important que je signale, dans le cadre de démontrer la virtuosité de Bavon Marie-Marie à la guitare, que la position de ses doigts sur cette photo n'est pas fortuite. Les doigts sur le manche de son instrument ne sont pas au repos. Bavon joue par dessus-le manche et produit un son juste sans bémol ni dièse et avec une dextérité de maître. Notons en passant que pour la guitare, le mot manche au genre masculin. En somme, celui que j'ai vu jouer comme ça sans faute, c'est le soliste de l'Orchestre Zembe Zembe de Kisantu, le "guitariste Nshui" ou "Sui" dépendamment de qui l'appelle. Pour Sui, on comprend que c'est un effort qu'il fait au-dessus toutes ses forces, car ce dernier est en chaise roulante. Mais pour Siongo Bavon Marie-Marie, tel n'est pas le cas. En fait, il s'amuse, c'est une complaisance d'une maîtrise instrumentale acquise avec la suffisance d'un géogrpahe des doigts qui connaît les reliefs de la tablature et des contours escarpés de la guitare.


Revenons à l'orchestre des "Bana quinze ans". Le Négro Succès, bien que sous l'autorité directrice de Bombolo Léon dit "Bolhen" ou Bombolo Wa Lokole, est d'abord une marque musicale qui exhume au son du prononcé de son mom, la mémoire de Bavon Marie-Marie. Ce nom est indissociable de l'essor du Négro Succès dans les arcanes du succès dans la constellation des orchestres de Kinshasa et des deux Congo des années '60. On peut donc dire que dans la deuxième moitié des années '60, à l'approche surtout de 1970, le Négro succès est d'abord une polarité singulière qui affiche "Bavon Marie-Marie" en vedette. En accueillant ce jeune guitariste dans son ensemble, Bolhen a reçu de Franco et de Vicky Longomba un véritable "Alter ego" au niveau de sa profession de musicien.


Roxy Tshimpaka

de Thu Zaïna Lok.

Dans le fond, Bavon dans le Négro-Succès, Bolhen a fini par se consoler du départ de Vicky Longomba. Cet orchestre n'était plus nécessairement une ensemble musical marqué par les chanteurs, quoi que ceux-ci furent des bons ténors, mais le Négro-Succès était aussi un orchetre des guitaristes, c'est lui qui inspire l'orchestre "Tout Zaïna" à sa naissance et Tshimpaka Roxy a un modèle pour la guitare solo, c'est Bavon Marie-Marie. Effectivement, cela va se vérifier à la mort de Bavon. Peu après, quand tout ce qui est deuil est devenu mémoire sans ramener Bavon Marie-Marie à l'oubli, "Roxy Tshimpaka" éclate comme étant le successeur extérieur de Bavon dans les jeunes ensembles. De toutes les façons, même avant la mort de ce dernier, les chansons comme ba Patron na bango et toute le répertoire de la série d'après l'atteste. http://www.youtube.com/watch?v=Zw6ry1XqtXY . Cliquez sur ce lien ci-avant pour écouter ba Patron na ba Mbongo de Thu Zaïna.


L'Orchestre Négro-Succès commence à se sortir du lot des autres ensembles musicaux de Kinshasa et de la RDC dans la deuxième moitié des années '60. Entre 1960 et 1965, le Négro-Succès est un petit orchestre qui joue un peu partout dans les invitations sans plus. Le prestige de l'orchestre prend de son envol à partir de l'année 1967, c'est la chanson "Baka yau" qui lance ce succès qui s'accroître en mode de palier ascendant. L'époque est celle de la dans "Bouché". Le Négro-Succès, dans la semaine, voire quelques week-end jouait à Bandlaungwa, au "David Bar", la propriété du père de "Maurice Toko" le cousin de Salomon Valaka. Tous les petits des alentours connaissaient presque la chanson "Baka yau" et attendait cette animation pour secouer la hanche au moment de l'instant de la cadence rythmique qui ressortait ce mot "Baka yau" après quelques rafales de sacade mêlant la tumba, les guitares et les maracas joué par Gaspy, un chanteur célèbre du groupe et producteur des disques du Négro-Succès aux Éditions Tcheza, si mes souvenirs sont bons.


Le Succès du Negro-Succès, c'est au fond l'idée d'être parti du concept "Mwana quinze ans". En tout cas, c'est la locution providentielle qui a révélé l'orchestre Negro-Succès comme un phénomène nouveau. Plusieurs mélomanes ont chois d'aller aux concert de cet orchestre parce qu'entendre "Mwana quinze ans" était comme un "Elixir de jouvance". Même mon grand frère "Docta Malonga Miatudila" qui habitera de l'autre côté de la maison de mes parents, séparée par une zone des ligne haute tension, le long de la "Rue Balari", près de la résidence de "Mobhe Jhomos Yisuku", fondateur de "Thu Zaïna" s'est senti encore plus frais que sa jeunesse de jeune presque finissant de Lovanium. Lui seul bien sûr pourra en dire plus, mais aubout de Balari, il y avait une boîte à musique qu'il a longtemps connu pour l'achat des disques en nouveauté de tout genre. En un mot, on peut dire par une conclusion spéculative que c'est donc lla locution "Mwana quinze ans" qui explique tout du succès de l'orchestre Négro-Succès


1.1 BAVON C'EST MON PETIT FRÈRE

(Cliquez "Dies Irae" de Mozart-Toussaint)


À partir de la trame de la série commencée avec "Baka yau", l'orchestre Négro-Succès inaugure une flopée de succès qui s'en vont déferler au hit-parade et dans le box office des discothèque. Les chansons de Négro succès sont intégralement belle, elles jouissent d'une bonne instrumentation et d'une cohésion du choeur des chanteurs et instrumentistes que sont :

  1. Didi Kalombo ;
  2. Zozo ;
  3. Flujos ;
  4. Rocky ;
  5. Gaspy ;
  6. Parfois Djeskain devenu senior ;
  7. Empompo Deyesse, saxoponiste, etc.

Ces jeunes en l'air sont bien habillés et chic et prudents. L'orchestre Négro-Succès sait dès par son expérience le dicton du grillon, celui de la fable de Florian qui sit : "Pour vivre heureux, vivons caché". En somme, Bolhen, le doyen du groupe avait compris qu'il ne fallait pas s'afficher très fort sur la place publique, la virulence concurrentielle de la scène kinoise est très dangereuse, elle défait les orchestres comme cire au soleil. Car, disons-le sans ambages. Entre 1966 et 1968, l'orchestre OK Jazz s'enlise et ne produit plus des chansons qui font la rénommée de sa facture. Pendant ce temps, les autres grands orchestres et noms musicaux se recherchent pour se replacer dans le giron des grands.


En effet, il y a un problème sérieux dans les relations des patrons d'orchestres et leurs musiciens. Quand ce n'est pas cela, c'est le gouvernement qui défait les orchestres derrière des personnalités illustres et anonymes de son giron. L'African Jazz de Joseph Kabaselle, en 1967 a commencé à se gripper, Bombenga, le deuxième patron de cet ensemble a quitté l'orchestre pour aller fonder le Vox Africa qui va faire sa sortie en 1968 avec Papa Noël, l'African Fiesta de Nico, malgré la présence de Micky, un chanteur pianiste qu'il a engagé depuis Kisangani n'était pas encore ce que voulait Nicolas Kasanda jusqu'à ce que Chantal et Bovic joignent son orchestre.


Les grands de la Musique Congolaise Moderne sont malménés de tout côté. En 1967, Rochereau, après le séjour au Canada à l'Expo '67 de Montréal, est frappé d'une suspension de trois mois par la Présidence de la République. Cette punition n'arrange pas les choses pour le "Maréchal Tabu Pascal", les musiciens de son État-major de base s'en vont pour aller créer à leur propre compte, l'orchestre le "Festival des Maquisards", ce sont :

  • Sam Moreno Mangwana, grand chanteur ;
  • Guvano Vangu, soliste de la trempe du Docteur Nico ;
  • Armando Grazzi ;
  • Jean Trompette à la frontière, etc.

Partant, aucun grand nom ne brille, mais chercher à prendre leur place au vu et au su de leur visibilité n'est pas de bonne augure. Le Négro-Succès n'ambitionne pas d'être premier. Dans l'anti-chambre du succès des orchestres, ceux qui règne en maître sans le revendiquer, mais s'affirme, ce sont les orchestres :

  1. Co-Bantou d'Ebengo Dewayo ;
  2. Le Conga Succès de Bokelo.

Disons en passant que Dewayon Ebengo et Johnny Bokelo sont frères, c'est-à-dire petit frère et grand frère. Les deux constituent une force que redoutent les autres musiciens de la place, en particulier Franco, car c'est "Dewayon", le frère de Bokelo qui appris à ce dernier à jouer de la guitare. Il y avait d'une part du respect pour Dewayon et d'autre part, la crainte de voir le retournement de positionnement de prestige et de notoriété de l'OK Jazz. Car, il y avait la possibilité de voir "Franco" et "Vicky" sombrer dans les méandres de deuxième division, c'est-à-dire la zonne de cafouilli des orchestres de deuxième rang.


Luwowo Mutshokela dit Gaspy

Musicien et Éditeur du N. Succès

Face à la turbulence du terrain, Bolhen, Bavon Marie-Marie et le Negro-Succès n'ont pas voulu être ceux qui cherchent à éliminer les aînés, ils ont laissé évoluer leur orchestre au fil du succès sans perturber le désordre de l'espace des adultes dans le brouillard des phénomènes du hit-parade. Fort heureusement, cette attitude fut payante et aucun des grands de la place n'avait envie de chercher noise au Négro-Succès, on pouvait voir Franco, Verckys (intéressé à Bavon), Dr Nico se rendre au concert de l'orchestre de Bolhen. Et quand l'année '68 arrive, le succès contenu du Négro-Succès cesse d'être discret, il tombe à la consécration de tous. C'est Bavon Marie-Marie et Bolhen qui en sont des instigateurs.


En effet, leurs jeux synchronisés de guitare fait parler tout "Kinshasa" et "Brazzaville" d'un phénomène nouveau avec le Négro-Succès. À côté de cette envolée, il y a la danse "Soukous" que ces deux virtuoses viennent de lancer comme recette pour bien vivre l'instant sur la piste. Disons tout de suite que le mot "soukous" est congolais, il signifie "feinte" en lingala des enfants. Ce sont les feintes ajoutés à la danse "Bouché" qui font soukous. Lorsque Manu Dibango utilise ce terme, c'est par effet de mode, il n'a pas le droit d'en revendiquer la paternité. En clair, ce terme est une propriété intellectuelle congolaise crée en 1968. Il y a avait même un jouer au Stade du 20 mai (Tata Raphaël) qui s'appelait "Soukous", c'est le père du joueur français des "Bleus" d'origine congolaise, lui aussi nommé "Makelele". En fait, le succès de Négro Succès part de ces deux chansons :


C'est ces deux chansons, spécifiquement, que le Négro-Succès entre dans la "Cour des Grands". Aucun sénior ne peut en vouloir à Bolhen ni à Bavon Marie-Marie, voir au Négro-Succès d'avoir fait un "Dumping" contre quiconque de l'espace musique. Franco, fier de son petit frère, dit pârtout à quiconque veut l'entendre quand on parle de Bavon que ce dernier est son petit frère. Le temps de punition et de coercition contre ce cadet amoureux de la guitare s'est éloigné. Franco était très emballé de ce que l'on disait de Bavon Marie-Marie son petit frère. Pour le récompenser, "Yorgho Ya Fwala Pene Lwa Ndjo" offre une Renault 16 à Bavon au début de 1970. Nul ne pouvait être distrait, parmi les jeunes que nous fûmes lorsque Bavon Marie-Marie arrivait, sa voiture avait un klaxon unique qui faisait dire au son que le soliste de Négro Succès est là. Les enfants quant à eux criaient à l'écoute du kalaxon : "Bavon". Et tant et tant que ce dernier klaxonnait, les enfants répétaient en choeur "Bavon Marie-Marie" à chaque sonnerie.


1.2 LE RÉPERTOIRE DE BAVON MARIE-MARIE


Empompo Loway le saxo d'or

du Négro Succès Bana 15 ans

Toutes les chansons de Bavon Marie-Marie dans "Négro-Succès" sont toutes des succès, il n'y a pas une seule, à partir de 1968 qui a trainé la queue au hit-parade. Bavon n'est pas gonflé, mais il songe toujours sur la façon d'innover dans le jeu de la guitare sans s'écarter du goût du public. Ici, je souligne un fait que d'aucuns devraient savoir. Les guitaristes congolais et les instrumentistes de première ligne ne jouent pas les notes à leur complaisance, ils respectent une ligne mélodique et les règles des arrangements, car faire autrement, la "Musique Congolaise Moderne" devient étrangère. C'est à ce point-là que bon nombre des Congolais pensent que les guitaristes étrangers de notorité jouent mieux que les Rdéciens.


Récapitulons par la généralité les grandes oeuvres musicales de Bavon-Marie-Marie. Il me vient à la mémoire et par quelques référence que je dispose comme la photo ci-haut de mentionner ces titres :

  • Malou ;
  • Chouchou ;
  • Kobokolo mwana pasi ;
  • Béa ;
  • Bijou ;
  • Mobali atulaka te ;
  • Nazali maçon nazanga ndako ;
  • Tuna Andele maboke ;
  • Albertine Mwana ya ndeke ;
  • Mabe ya mbila ;
  • Na regretter nzotu ;
  • Bakutukulu ;
  • Maïka Gigi ;
  • Fifi mwasi ya libala ;
  • Owuti wapi ;
  • Moyeke ya chérie ;
  • Bongisa ndako ;
  • Libanga na libumu ;
  • Maseke ya meme ;
  • Mokolo na nakoufa basi nioso na matoko, etc.

Ce ne sont pas là toutes les chansons de "Bavon Marie-Marie", mais une bonne référence pour souligner la taille de son talent de compositeur. Toutes ces chansons ont marqué la deuxième moitié des années '60 à '70. Plusieurs chansons se démarquent par leurs thèmes. En matière d'amour, "Malou, Chouchou, Béa, Bijou, Albertine mwana ya ndeke, Fifi mwasi ya libala" auront été des grands tubes et des classiques immortels. Au plan social et de l'éducation morale, Bavon Marie-Marie a écrit des chefs-d'oeuvres dont ces deux titres suffisent d'être nommé pour leurs contributions à la communication sociale dans les émissions de "Théâtre Maboke" de la RTNC. "Kobota elingi kobokolo pasi". Cette chanson a été exploitée par le "Maboke", par l'Église catholique pour les sermons du dimanche et par les enseignants au cours des séances de disco-forum, dont "José Mpundu" qui reprenait l'exercice scolaire de ces écoutes pour le "Cercle des Étudiants de Bandalungwa", en sigle CEBA, dont il était Président.


Pour combattre l'égoïsme, la chanson "Andele Maboke" a été un sommet de communication sociale à Kinshasa, à Brazzaville et dans toute la RDC. Cette chanson commence par un refrain qui exprime ces mots : "Zela ngai na salon mpo tosolola soki oti tembe tuna Andele Maboke". Il s'agit des visiteurs qui arrivent à l'improviste et que l'on évite pas pour inviter à table. Alors, certains congolais, dans ces conditions-là ont choisi de donner un journal au visiteur pendant qu'ils sont à table. Pendant le sketch, Andele Maboke, Molangi ya pembe, Ewaso Katalina, Impala, Brigadier Molangi, Eboma font voir les conséquences qu'engendrent l'égoïsme mais également celles d'une libéralité sans limite laissant au dépourvu celui qui invite à sa table.


En somme, "Bavon Marie-Marie" a ressorti cet aspet dans la chanson "Andele Maboke" le visage sociale d'une société en crise. En fait, ce musicien dépeignait le Congo de "Tokufa nzala likambo te, ebongi tozala pauvre na liberté toboyi kozala riche na boumbu". Il était laissé à la liberté d'un chacun d'interpréter ce sort du discours de Mobutu à Kinkole, le 24 juin 1967 à la création du Zaïre monnaie. Les Congolais que nous sommes, à la lumière de tout ce qu'aura été le régime de "Mobutu de 32 ans", n'ont jamais été gratifiés de la promesse leur faite. Bavon Marie-Marie a été prophétique et aujourd'hui, avec le recul critique, nos musiciens, comme Bavon sont des visionnaires et des êtres d'exceptions, car leurs oeuvres font souvent valoir la vérité de la réalité sociale en crise.


Alors quand Franco a appris que son petit frère était tué dans un accident d'auto, celui-ci s'est retiré de la vie publique pour pleurer son petit frère comme le "Roi David" avait pleuré son premier fils, celui qu'il a eu avec Betséba, la femme prise à Uri, son officier hittite. Franco a parlé comme un ancien de l'"Ancien Testament" à l'enterrement de Bavon Marie-Marie, il a évoqué sa vie, les efforts qu'il a faits pour devenir ce musicien de rénommée qu'il était et les sinueux parcours mettant en péril sa sécurité. Je croyais entendre parler un prêtre au cours d'une célébration, ce sont ces propos de "Saint Ambroise" à la lecture de la "Toussain" qui me passaient à l'esprit :


"L'âme a donc le pouvoir de quitter le labyrinthe de cette vie et la fange de ce corps, et de tendre vers l'assemblée du ciel, bien qu'il soit réservé aux saints d'y parvenir; elle peut chanter la louange de Dieu dont le texte prophétique nous apprend qu'elle est chantée par des musiciens : Grandes et merveilleuses sont tes oeuvres, Seigneur, Dieu Tout-Puissant : justes et véritables sont tes chemins, Roi des Nations. Qui te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton Nom ? Car toi seul est Saint. Toute les nations viendront se prosterner à toi. Source : Liturgie des Heures IV, Cerf-Desclée De Brouwer 1980, AELF, Paris.


Bavon Marie-Marie sur son lit de mort comme il l'avait

prédit "Mokolo na kokufa basi nioso na matoko bakolela"

Après l'enterrement de Bavon Marie-Marie à Gombe, Franco n'était plus le même homme que l'on connaissait, il était absent de son être et distrait plus souvent quand on lui parlait des affaires quotidiennes normales. Néanmoins, celui-ci était bien entouré par sa famille, les amis et les mélomanes. Ce sont ces derniers qui ont inventé la nouvelle façon d'attirer son attention sur ce qui se passe autour de lui. Simaro était très abattu, comme Franco, lui aussi avait besoin de soutien, car "Simaro" pour Bavon était un mentor et quelqu'un qui lui a expliqué la guitare loin de Yorgho dans les années de jeunesse du jeune prodige.


Être Franco est un fardeau quand survient un deuil, ce n'est pas n'importe qui fut capable de consoler ce grand homme au coeur beinveillant et chaud. Cependant, des grands esprits étaient oujours-là. "Vicky Longomba" a soutenu "Franco" de toutes ses forces malgé les brouillards qui montaient progressivement dans leurs relations. "Verckys" qui était déjà parti de l'OK Jazz sans démissionner de cet orchestre a été d'un grand secours. Et au-delà, tous les anciens de "Loningisa" comme Bokelo, Dewayon et le groupe de nos parents qui ont joué un rôle décapant pour ramener Franco à comprendre que les lois de la vie n'étaient pas du ressort de l'homme, mais de Dieu, les Kinois ont formé cette famille d'une solidarité sans de toute avenance.


Depuis le décès de "Bavon Marie-Marie", l'OK Jazz n'était plus le même, il va devoir être un orchestre d'une autre génération, celle des adultes des années '60, je veux dire, les Josky, les Wuta Mayi, les Sam Mangwana, les Thierry et les Decca ...


II. HISTOIRE DU NÉGRO SUCCÈS


(Cliquez "Fifi mwasi ya libala" Bavon Marie-Marie)


Papa Vicky Longomba en 1960

Photo de concert prise à Bruxelles

Au retour de l'"African Jazz" de la "Table-Ronde" de Bruxelles et le "Bal de l'indépdnance Cha Cha", l'articte-musicien vedette, Vicky Longomba a 28 ans. L'indépendance et les aléas de ses promesses le mettent en situation de réflexion profonde. "Joseph Kabaselle" et "Vicky Longomba" sont des amis de longue date, ils sont des amis proches de "Patrice Emery Lumumba" et font partie des Associations diverses de politiciens, d'intellectuels et des anciens des écoles catholiques de :

  • Léopolville ;
  • Luluabourg ;
  • Élisabethville ;
  • Stanleyville ;
  • Coquilathville ;
  • Constermansville (actuel Bukavu).

Comme Kallé et Vicky sont au sommet de la notorieté, surtout avec "Indépendance Cha Cha", l'un et l'autre ont des projets à la hauteur de ce qu'ils sont. Mais à ces à côtés là, il y a aussi des pressions des politiques et des culturels qui veulent avoir tout à eux ces personnages dans leur camp.


Il faut signaler ici que Kallé et Vicky étaient promu à des fonctions politiques dans le "Ministère de la Culture et des Affaires coutumières" du gouvernement Lumumba. Par la manière dont ces derniers ont dirigé les événements de la préparation et la célébration de l'indépendance, Kallé et Vicky méritaient effectivement d'être des hauts-cadres politiques tout en restant musiciens comme ils l'avaient souhaité. Notons qu'après le Bal de l'indépendance Cha Cha, à Bruxelles, Kallé, Vicky et l'African Jazz avant de revenir à Léopoldville ont animé plusieurs rencontres négro-africaine en Europe, je veux dire en Belgique et en France, ils ont successivement joué :

  1. À Bruxelles au Bal de la Table-Ronde ;
  2. À Liège devant les Congolais et Africains étudiants ;
  3. À Louvain devant les Congolais et les anciens du Congo-Belge ;
  4. Au XVI arrondissement de la Mairie de Paris devant les Français, les Africains, les Noirs Américains et les Antillais, etc.

En partant pour la Belgique à l'occasion des Accords de l'indépendance prochaine à Léopoldville, Vicky aurait fait entendre dans le cercle des amis qu'il ne reprendra plus sa place dans l'OK Jazz, mais qu'il allait monter son propre orchestre pour s'affirmer et se propulser sans contrainte équivoque, s'il y en avait ou s'il y en aura. Franco était au courant, mais Franco face à Kallé et à Vicky, en 1960 est un très jeune musicien, car le Grand Kallé est de dix années plus grand que lui et Vicky de huit années son aîné. Franco a peur, il demande à Vicky de revenir. À ces demandes auxquelles Vicky ne répond pas tout de suite, dès avant de partir en Belgique, il prend soin tout de même de montrer à Franco son attachement en lui dédiant une chanson très amicale, "Sentiment emonani" dont je mets à l'intention des lectuers le lien pour écoute : http://www.youtube.com/watch?v=Knh1YpVKIqg (Cette chanson était en fait pour dire à Franco, je ne suis pas encore parti, tu es toujours mon ami, il faut bien écouter son message).


Dans cette chanson "Sentiment emonani", il faut également y découvrir comment la Voix de Grand Kallé et de Vicky Longomba se mariaient avec une concordance allègre. Je n'écris pas uniquement pour rpporter les histoires, mais de faire quelques remarques et anotations musicologiques quand il y lieu. C'est pourquoi, je me permets de souligner cette caractéristiques de la Voix de Grand Kallé avec Vicky Longomba. Ce fut pareil avec les voix de Rochereau dans Kellya, avec Mujos dans Mama Maria http://www.youtube.com/watch?v=o2fuTQWVBdY&feature=related . Mulamba c'est Mujos dont le nom véritable est "Mulamba Joseph" et ce faisant : Mujos. Le message de Sentiment emonani est en soi une adresse qui signale à ceux qui savent comprendre dans la structure des mots que les relations entre Franco et Vicky ne sont pas au beau fixe.


Ce contexte-là va pousser "Vicky Longomba" à créer le "Négro Succès" avec les dissidents de l'OK Jazz que sont à cette époque-là :

  1. Bolhen Bombolo wa Lokole, soliste ;
  2. Brazzos, contrebassiste ;
  3. Djeskain Okitadihunga chanteur venant de l'OK Jazz, etc.

Bolhen Bombolo Léon, 1960

soliste Négro-Succès, à Léo.

Je donnerai tous ces noms quand j'écrirai sur "Vicky Longomba" singulièrement sur sa vie. Cela étant, de mémoire de Kinois, c'est "Joseph Kabaselle" qui a agi sur "Vicky Longomba" pour revenir dans l'OK Jazz. En effet, ces deux hommes devaient se tenir coude à coude. En 1960, Vicky ne voulait pas changer d'option, mais en 1961, celui-ci a compris que Joseph Kabaselle et lui ne sont pas en sécurité nulle part, même quand ils jouaient des concerts en tout quiétude, leus amis politiques étaient tous du MNC, Lumumba venait de mourir. De l'autre côté, Franco ne sera pas en sécurité non plus, car lui aussi était de la mouvance MNC et il sera le premier musicien condamné à mort lorsqu'il a chanté "Ba nationaliste ba lati pili". Voici la chanson http://www.youtube.com/watch?v=pUpEa3PKqNo . Cette chanson qui commence avec le "Kyrie eleison" latin fit arrêter Franco et condamné à mort. L'African Jazz avait pouir adversaire Mobutu et c'est le groupe de Binza qui va dissoudre l'African jazz en se mêlant dans les mésententes internes, car Vicky Longomba et Joseph Kabaselle étaient des amis de Gbenye, or celui-ci est de ceux qui se sont opposés à Mobutu à l'arrestation de ce dernier.


L'histoire qui vient après fera qu'après 1961, Christophe Gbenye devienne un "chef rebelle à Stanleyville". Les amis de Lumumba, dont "Thomas Kanza", vont se retrouver insécure, ils vont choisir l'exil depuis New York, son poste d'attache comme "Ambassadeur du Congo aux Nations-Unies". Et du jour au lendemain, le cercle politique de ceux qui ont animé le mouvement de l'indépendance vont devoir soit se soumettre à la terreur du "Groupe de Binza" ou devoir partir en exil. C'était facile, car on n'allait pas à l'étranger à cause des raisons économiques, mais parce que l'insécurité clamée était véritablement la cause du départ vers un autre ailleurs. En fait, cela entre dans les raisons multiples qui expliquent la présence des jeunes élites congolaises en Belgique, àen France, à Londre et progressivement vers les États-Unis et le Canada dans les années '60.


Comprenant l'infortune de "Franco", l'éminent "Vicky Longomba" va revenir dans l'OK Jazz. Avec Franco, ils vont faire de cet orchestre une socité bi-patronale à parts égales. Le départ de Vicky Longomba du Negro-Succès, l'orchestre qu'il a fondé crée un vide au niveau du vedettariat. Mais Franco et Vicky responsabilise "Bolhen Bombolo Wa Lokole" en lui disant que le "Négro-Succès" est une chambre de l'OK Jazz, que jamais il ne pourront souffrir de manque de contrat et de production. Vicky et Franco s'engagent à pouvoir diriger les jeunes talents vers le Négro-Succès. C'est comme cela que Flujos est dirigé vers le Négro-Succès en provenance de l'OK Jazz, de l'African Jazz et enfin de l'African Fiesta Vita, de 1964.


Et plus tard, c'est Bavon Marie-Marie que Franco envoie dans le Négro-Succès avec une grande recommandation de Vicky Longomba, lequel avait un fils dont il a souhaité voir évoluer un jour dans le Négro-Succès et l'OK Jazz. Ce fils c'est Rocky Longomba, un Belgicain qui avait beaucoup de talent en musique. Dans cla chanson "Tonton", on entend Vicky citer ce jeune talent : http://www.youtube.com/watch?v=KtLYJng5e2o . Après les paroles "mwana ya Bolumbu" on entend dire "Tata na Rocky". Malheureusement, "Rocky Longomba" mourra jeune comme Bavon Marie-Marie. Cette chanson date de 1965 entre septembre et novembre. C'est un peu cela, l'histoire de l'orchestre Négro-Succès racontée à la volée. Il n'en reste pas moins vrai que des versions sont pléthores sur le départ de Vicky de l'OK Jazz.


À tout ceci, il y a un courant qui dit que c'est le lobby mongo allié à à Papa Bomboko qui voulait que Vicky parte de l'OK Jazz pour n'avoir que les ressortissants d'Ekanga aie leur orchestre. mais Franco dans tous les cas ne s'était pas laissé vaincre, il se réclamait, lui aussi "Anamongo". Dès lors, on ne pouvait pas aussi facilement isoler franco qui avait le soutien de Grand Kallé, le premier qui l'a amené en Europe, en 1961 et le soutien de Monseigneur Joseph Albert Malula, car lui aussi avait une voix dans le milieu "Anamongo". Est-ce que ces versions sont vraies ? C'est possible, car les politiciens voulaient se faire connaître par les musiciens pour organiser leurs bases électorales. Le MNC c'était d'abord cela au plan de la communication sociale. Voilà là, l'histoire, l'orchestre qui a accueilli, à partir de 1965, un jeune premier de Léopoldville nommé : "Siongo Bavon Marie-Marie" dans la grande famille des musiciens congolais de légende.


(À suivre)


PS : Je remercie Jean-Pierre Vununu et Augustin Kiassi pour le soutien qu'ils m'apportent, un très grand merci mes chers frères. De toutes les façons, JP. Vununu et A. Kiassi, dans nos échanges privés, vous êtes plus que ceux à qui je sais gré et rend hommage, cela ne date pas d'hier, mais de plusieurs années. Notre histoire vous connaît vous connait et notre postérité vous retient.


Djamba Yohé

Gaston-Marie F.

Le Congolais de l'Atlantique Nord,

Ottawa, le 1er novembre 2012,

Canada.


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