(Le Pays 06/11/2012)
La tension est loin d’être retombée entre la République
démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. La preuve : le 3 novembre dernier, des
échanges de tirs ont eu lieu à la frontière entre militaires congolais et
rwandais. L’accrochage a laissé un soldat congolais sur le carreau, accusé
d’être en mission de reconnaissance de l’autre côté de la frontière pour le
compte de son pays.
Faux, rétorque la RD Congo qui fait état plutôt d’un
« militaire égaré » qui a franchi la frontière sans s’en rendre compte. La
suspicion et la fébrilité sont si fortes entre les deux pays au point que les
Rwandais ont sans doute cru à un acte belliqueux et ont réglé son compte à «
l’imprudent ». En temps normal, « l’égaré » aurait été arrêté, interrogé,
inculpé s’il y a lieu et jugé. Compte tenu du contexte, les armes ont tonné en
lieu et place de la Justice ou de la diplomatie. De quoi avoir peur pour la
situation déjà instable à la frontière entre les deux pays. Heureusement que la
RD Congo joue, jusque-là, la carte de l’apaisement en banalisant ce qui s’est
passé. Elle pouvait bien voir, en la mort de son soldat, un casus belli et en
profiter pour en découdre avec son voisin qu’elle accuse ouvertement de soutenir
la rébellion du M23. Et ce serait bonjour l’escalade. Pour le moment, on n’en
est pas là et c’est l’occasion pour tous ceux qui jouent les médiateurs entre
ces deux pays de s’investir davantage pour faire baisser la tension.
Les
démarches entreprises jusque-là n’ont pas donné les résultats escomptés. La
force-tampon annoncée et qui est inexistante sur le terrain, la poignée de mains
entre les présidents Kabila et Kagamé en Ouganda n’ont produit que l’effet d’un
coup d’épée dans l’eau. La tension est permanente. Idem pour les ressentiments
qui ont décuplé côté congolais avec l’entrée du Rwanda au Conseil de sécurité
des Nations unies comme membre non permanent. Les pays voisins, l’Union
africaine, la Francophonie qui a apporté son soutien à la RD Congo lors de son
sommet tenu à Kinshasa, bref, la fameuse communauté internationale, sont
fortement interpellés. La hache de guerre doit être enterrée entre les deux pays
qui sont condamnés à vivre ensemble. La région des Grands lacs est déjà
suffisamment instable pour connaître encore d’autres foyers de tension.
Des efforts doivent donc être faits à l’interne pour que cessent toutes
ces rébellions qui poussent comme des champignons à la frontière entre la RD
Congo et le pays des Mille collines. S’il n’y a plus de rébellion, les
accusations de soutien et de parrainage n’auront plus leur raison d’être. Si les
ressources naturelles congolaises tant convoitées et à l’origine des nombreuses
rébellions sont exploitées à bon escient, il ne devrait plus y avoir de luttes
intestines et meurtrières autour d’elles. En un mot, s’il y a la bonne
gouvernance et la démocratie, cette région tourmentée de la RD Congo devrait
pouvoir connaître la paix une bonne fois pour toutes.
Séni
DABO
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