mercredi 7 novembre 2012

Prix Renaudot surprise pour "Notre-Dame du Nil" de Scholastique Mukasonga

7 novembre 2012
Scholastique Mukasonga, le 11 mai 2008, au festival des Etonnants Voyageurs à Saint Malo ©AFP
PARIS (AFP) - (AFP)
La Rwandaise d’origine tutsi Scholastique Mukasonga, dont la famille a été massacrée en 1994, a été couronnée mercredi à la surprise générale par le prix Renaudot pour "Notre-Dame du Nil" (Gallimard), a annoncé le jury.
Mukasonga, qui ne figurait pas dans la sélection finale, a obtenu six voix au dixième tour de scrutin.Valessis Alexakis et Philippe Djian (qui n’était pas non plus dans la dernière sélection) ont aussi obtenu des voix, selon le président du prix Renaudot, Georges-Olivier Châteaureynaud.
Antoine Gallimard a raconté à l’AFP que l’auteure du livre, vendu à 4.000 exemplaires pour l’instant, "a cru a une blague".Jointe par téléphone alors qu’elle était à Caen (Calvados), elle devait prendre le train pour rejoindre Paris.
Le roman a pour cadre le lycée de jeunes filles "Notre-Dame du Nil" perché sur une crête, près des sources du grand fleuve égyptien.
Franz-Olivier Giesbert, jury du Renaudot, assure que "rien n’était préparé".
"On tournait en rond, on a eu beaucoup de mal, il n’y a jamais eu un tel blocage et puis soudain, il y a eu un emballement général" pour ce livre, a-t-il déclaré.
"Notre-Dame du Nil" faisait partie de la sélection de printemps mais n’avait pas été retenu par la suite.
En fait, c’est un autre juré, Jean-Marie Le Clezio, qui a lâché son nom, raconte Franz-Olivier Giesbert."On regardait ce livre comme un remord, tout le monde est content".

"Ca a jailli comme ça.Le Clezio est souvent attentif à ce qui vient d’ailleurs", a ajouté Georges-Olivier Châteaureynaud selon lequel l’ouvrage couronné est d’une "sensibilité autre, une histoire qui nous emmène ailleurs, par opposition à une littérature trop hexagonale".
Dans le livre, les familles pensent mettre leurs filles à l’abri des tentations avant le mariage en les plaçant dans ce pensionnat isolé.
Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi-abandonnée, un blanc âgé peint des jeunes filles tutsis, persuadé que cette ethnie descend des pharaons noirs de Méroé.

Prélude au génocide rwandais, le livre décrit un huis-clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu.Amitiés, désirs, haines, luttes politiques, incitations aux meurtres raciaux, persécutions etc, le lycée devient un microcosme existentiel fascinant de vérité.
Née en 1956 au Rwanda, Scholastique Mukasonga, connaît dès l’enfance la violence et les humiliations des conflits ethniques qui agitent son pays.Sa famille est déplacée dans une région insalubre.En 1973, l’auteure doit s’exiler au Burundi et s’établit en France en 1992.

En 1994, vingt-sept membres de sa famille dont sa mère sont massacrés.
Elle publie douze ans plus tard "Inyenci ou les Cafards", récit autobiographique chez Gallimard.Puis "La femme aux pieds nus" (2008, Gallimard), hommage à sa mère.
C’est le quatrième auteur africain a être couronné par le prix Renaudot ces dernières années.

Elle a déjà reçu pour "Notre-Dame du Nil" le Prix Ahmadou Kourouma du nom du grand romancier ivoirien qui récompense un ouvrage, essai ou fiction, consacré à l’Afrique noire.
Le prix Renaudot de l’essai a été attribué à Franck Maubert pour "Le dernier modèle" (Mille et une nuits).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire