mercredi 9 janvier 2013

RDC : l’Assemblée congolaise cible-t-elle les soutiens de Tshisekedi?


Etienne Tshisekedi (Centre D) aux côtés du leader de l'opposition Eugène Diomi Ndongala (Centre G) à l'église Notre-Dame de Kinshasa, le 22 Juin 2012.
Etienne Tshisekedi (Centre D) aux côtés du leader de l'opposition Eugène Diomi Ndongala (Centre G) à l'église Notre-Dame de Kinshasa, le 22 Juin 2012.

Par Ursula Soares
L’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) a invalidé, le 8 janvier, le mandat du député d’opposition Roger Lumbala - qui soutient ouvertement la rébellion du M23 - pour absentéisme. Le même jour, l’Assemblée a aussi tranché, cette fois-ci en faveur de la levée d’immunité du député d’opposition, Eugène Diomi Ndongala, accusé de viol sur mineures. Tous deux s’estiment victimes d’une cabale politique visant à neutraliser les soutiens de l’opposant Etienne Tshisekedi.

L’opposant congolais Roger Lumbala a vu son mandat de député invalidé et la raison réglementaire qui a permis cette décision est son absentéisme au Parlement. Ce soutien d'Etienne Tshisekedi s’est réfugié en France l’année dernière après avoir été accusé de complot contre le chef de l’Etat.
Le ministre congolais de l’Intérieur avait alors affirmé que Lumbala était complice du M23. Une accusation pratiquement assumée puisqu’il fait maintenant partie de la délégation rebelle du M23 - il est le n°2 de la délégation - en vue des pourparlers de Kampala, avec le gouvernement congolais. Il dit n'avoir pas adhéré à ce mouvement mais soutenir la même cause.

Parallèlement à l’invalidation du mandat de Lumbala, le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej Mangez, a par ailleurs pris un arrêté qui suspend – sur toute l’étendue de la RDC - les activités du parti de Lumbala, le Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD/N), un ancien mouvement rebelle transformé en parti politique en 2003. Selon le ministre, le parti « cautionne tout ce que le M23 a fait : vols, viols, destructions. Ils en partagent la responsabilité en toute conscience », a-t-il justifié.

Joint par RFI, Roger Lumbala a protesté contre la décision de l’Assemblée nationale qui met en avant son absentéisme. Pour lui, la raison réelle de l’invalidation de son mandat est politique. Il dénonce une entreprise de chasse aux opposants, proches d’Etienne Tshisekedi.
Roger Lumbala
Leader du Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD/N)
Nous attendons que M. Tshisekedi retrouve son imperium afin que la démocratie puisse régner en RDC
 
09/01/2013 par Olivier Rogez
Roger Lumbala, qui risque des poursuites pour « haute trahison », a été candidat à la présidentielle de 2006 et a été réélu, fin 2011, député au nom d’une plate-forme politique qu’il a lui-même créée.

Eugène Diomi Ndongala, un opposant « dérangeant »
Pour l’autre opposant congolais, Eugène Diomi Ndongala, président de la Démocratie chrétienne et, par ailleurs, porte-parole de la Majorité présidentielle populaire - groupe de partis qui soutiennent Etienne Tshisekedi – la décision est différente. Son mandat n'est pas remis en cause mais l’Assemblée nationale a décidé de lever son immunité parlementaire.
Cela signifie qu’il peut maintenant être poursuivi par la justice, en l’occurrence pour une affaire de viol sur mineures. Diomi Ndongala avait disparu, l’année dernière, pendant cent jours, « enlevé par les services secrets » disait-il, alors que les autorités congolaises affirmaient qu’il était en cavale.
Pour Diomi Ndonga, joint par RFI, cette affaire est un montage ; il affirme que le pouvoir veut se débarraser de lui parce qu'il dérange.
Eugène Diomi Ndongala
Président de la Démocratie chrétienne
Je suis l’homme le plus dérangeant par rapport au régime en place
 
09/01/2013 par Olivier Rogez

L’Assemblée nationale congolaise compte 500 députés dont plus de 300 représentent des partis membres de la plate-forme présidentielle. Elle a sanctionné ces deux élus par 216 voix contre 80.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire