vendredi 18 janvier 2013

Balkanisation de la RDC: Un groupe d’intellectuels africains à la solde du Rwanda

(Le Potentiel 18/01/2013)


Ils sont au nombre de vingt. Ils se disent artistes, écrivains, chercheurs et professeurs d’universités. Du Congo et d’ailleurs.

Ils ont écrit au secrétaire général des Nations Unies une lettre dans laquelle ils prennent fait et cause pour le M23, le Rwanda et l’Ouganda.

 Leur intention est de noyer le discours de balkanisation de la RDC qui prend de l’ampleur au pays et à l’étranger.

Peine perdue car, l’éveil de conscience a atteint un point de non retour et ne pourra pas s’estomper du fait de quelques épistoliers de mauvaise foi. En apparence, des négriers des temps modernes.

Nous ne le dirons jamais assez, les balkanisateurs du Congo ont la peau dure. Leur détermination est tellement diabolique qu’ils ne lésinent pas sur les moyens pour arriver à leurs fins. Autant ils actionnent l’axe militaro-politique autant ils embraient sur de pseudo-réflexions de manière à tenter d’octroyer un visage humain à leur œuvre macabre.

Pour cette raison, ils ont procédé au recrutement des intellectuels de tous bords avec pour charge de développer des discours qui puissent passer dans la communauté internationale afin de saper sinon compromettre les actions entreprises dans le cadre du retour d’une paix durable et définitive en RDC. Après plusieurs tentatives infructueuses avec divers centres d’études dans la région des Grands Lacs et dans le monde, ils sont revenus à la charge en achetant la conscience d’un groupe d’intellectuels qui se recrutent dans les milieux d’écrivains, artistes, chercheurs et professeurs d’université.

En bons « nègres », ceux-ci se sont empressés d’écrire au Secrétaire général des Nations Unies dans le but avoué de le distraire en prenant faits et cause pour le Rwanda, indexé par plusieurs rapports d’experts de l’Onu dans la déstabilisation de l’ex-Colonie belge. Dans une démarche incohérente et pleine d’inepties, nos fameux épistoliers se démènent comme des diables dans un bénitier pour défendre l’indéfendable. Leur malheur, disons –le tout de suite, c’est d’avoir choisi de se trouver du mauvais côté de l’histoire. Ce qui leur collera à la peau infiniment, surtout en ce qui concerne les Congolais.

Dire aujourd’hui que le Rwanda n’occupe pas une partie de la RDC est une plaisanterie de mauvais goût pour des gens qui ont la prétention d’être des chercheurs au fait de ce qui se passe en RDC. Bien plus, cette occupation de facto rentre dans le cadre du plan de partition de la RDC. Plan sur lequel des écrits abondent aussi bien au pays que dans le monde.

Tenter d’étouffer la campagne d’éveil de conscience menée actuellement au pays par des discours cousus de fil venu tout droit de l’enfer, c’est étaler sa mauvaise foi sur la place publique. Ce sont les faits qui fondent l’histoire. Or, dans le métier de journalisme ils sont gratifiés du caractère sacré. Vouloir les déformer pour servir des intérêts mesquins c’est se soumettre à la sanction de l’histoire qui a toujours rattrapé tous ceux qui tentent de l’effacer.

Sur ce point précis, l’on se rend vite compte que les signataires de la missive destinée à Ban Ki-Moon sont aveuglés autant que leurs commanditaires par le gain de même que la joie de voir l’ex-colonie belge voler en éclat. Nous le disons pour leur honte. Notre démarche dan les lignes qui suivent, vise à démontrer le ridicule qui entoure ce navet signé par ces « négriers » des temps modernes à la solde de Kagame et consorts.

Leur première bévue c’est de prétendre que l’Onu fait une lecture partiale et réductrice de la situation en RDC en s’acharnant sur le seul M23. Ils s’apitoient même sur le sort de ce dernier : «Nous avons toutefois du mal à accepter la logique sélective de ceux qui s’acharnent contre une rébellion récente pour mieux occulter le rôle dans le conflit de plusieurs groupes criminels, bien plus anciens et actifs, qui ont recours à une violence ouverte et massive ».

Dans le même registre, ils prennent aussi en pitié le Rwanda : « En effet si le Congo, ce pays aussi étendu que toute l’Europe occidentale et aux ressources naturelles quasi inépuisables, est aujourd’hui sans armée ni Etat, ce n’est pas la faute du Rwanda encore profondément traumatisé par un des pires génocides du vingtième siècle et faisant toujours face à la menace que font peser sur sa sécurité des génocidaires bien décidés à « finir le travail » entamé en avril 1994 ».

Selon eux, d’autres groupes armés seraient épargnés par l’Onu, notamment les FDLR, en ce qu’elles constituent un problème sécuritaire pour Kigali. Amnésie. Mémoire. Faut-il rappeler qu’une traque fut lancée en son temps contre les FDLR, concomitamment par les forces de la Monuc, les RDF et les FARDC? Résultat : elles ont survécu. Pourquoi ? Parce qu’elles servent de prétexte pour l’occupation et les incursions incessantes de l’armée rwandaise en RDC.

Des aveux obtenus des nouvelles recrues, il avait été révélé que les éléments FDLR rapatriés par l’Onu étaient « formatés » dans des camps spécialisés puis renvoyés en RDC. Le M23 en comptait des dizaines à ses débuts. Dernièrement, les FDLR ont refait surface aux encablures de Goma alors que le M23 venait de conquérir la ville. Les faits sont têtus !

Dans leur acharnement à défendre coûte que coûte le M23 et le régime de Kigali, nos épistoliers se sont mis à nu : « Les Nations-Unies ont tort, à notre avis, de penser que la mise hors jeu du M23 et la suspension paradoxale de l’aide au développement du Rwanda - un pays salué pour la gestion rigoureuse, saine et transparente de son budget national - vont suffire pour ramener la paix à l’Est du Congo. L’expérience a également montré les limites de la solution militaire consistant à faire appuyer les forces gouvernementales congolaises par la Monusco.

Sur le terrain, une telle option a pour principal résultat d’entretenir la guerre à laquelle on prétend par ailleurs mettre fin. C’est ainsi qu’au cours de la prise de Goma, le M23 a récupéré plus de 4 tonnes d’armes que l’on pourrait retrouver à un moment ou à un autre entre les mains de différents groupes rebelles ». Où est la part de la démarche scientifique dont ils se prévalent et qui devrait justifier l’objectivité de leur démarche ? Pitié !

Au même moment, nos super intellos s’en prennent, sans aucune retenue, aux enquêteurs choisis par l’Onu : « Il apparaît très clairement que dans ce cas précis on a instrumentalisé l’appareil des Nations-Unies pour régler des comptes avec le gouvernement rwandais. Il est surprenant et inacceptable que l’ONU ait placé à la tête d’un groupe d’enquêteurs un homme qui s’est toujours montré en fin de compte si « compréhensif » à l’égard des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) ».

L’homme dont on parle c’est Steve Hege. La même hargne est manifestée à l’endroit de Jason Stearns, un autre enquêteur de l’Onu. Un rapprochement rapide montre que nos éminents chercheurs reprennent, mutatis mutandis, le discours de Kigali, lequel avait contesté les rapports des experts de l’Onu.

Leur deuxième bévue, c’est d’exhumer la question tustsie. Ils rapprochant Kigali de Kampala et montrent que les deux capitales mènent un même combat : « Il est fondamental de souligner qu’à l’exception probable du M23, tous les groupes armés opérant dans les trois régions du Kivu sont hostiles au Rwanda et aux Congolais rwandophones. Ils constituent aussi un danger certain pour la stabilité du Congo. En outre, certaines de ces rebellions menacent d’autres pays de la région.

C'est le cas notamment du FNL (Front national de Libération), rébellion burundaise active dans la plaine de la Ruzizi et de deux groupes ougandais, la LRA et l’ADF, ciblant particulièrement le régime de Kampala. Aucun de ces faits pourtant lourds de sens n’est mentionné dans ces rapports très contestés et qui ont surtout contribué à jeter de l’huile sur le feu. Ce faisant, ils se sont étrangement éloignés de toute possibilité de solution concertée.

Bref, ils ont découragé le dialogue initié par des pays africains de la région des Grands Lacs et alimenté la méfiance entre communautés congolaises de l’Est et entre le Congo et le Rwanda. Cette lecture tronquée, relayée par la presse internationale et locale congolaise ainsi que par les organisations des droits de l’homme, pourrait elle-même très vite générer de nouvelles violences ».

Dans leur obscurantisme, ils se laissent aller, telles des bêtes déchainées : « Nous ne saurions trop insister sur le fait que la focalisation exclusive sur le M23 et le Rwanda est suspecte et encourage les discours venimeux chez les extrémistes de plus en plus hardis qui n’hésitent plus à appeler dans les media sociaux à l’extermination des Tutsi».

Comme si cela ne suffisait pas, ils vont crescendo : « Nous vous invitons aussi à prendre au sérieux, à la différence de vos prédécesseurs jusqu’en 1994, les signes avant-coureurs d’un embrasement général de la région et, chose tout aussi troublante, les incitations publiques à la haine et au massacre des populations congolaises d’expression kinyarwanda ». Chercheurs, artistes ou écrivains, ce groupe d’intellectuels mérite d’être interpellé par la justice internationale pour la bonne et simple raison qu’ils font l’apologie de la violence. Leur pamphlet rappelle un autre écrit en 1995 par une quarantaine de ressortissants de l’ancien Kivu et adressé au feu président Mobutu.

La troisième bévue, c’est le fait de s’afficher publiquement comme porte-voix du régime de Kigali dans la défense de la balkanisation de la RDC. « Selon nous, la meilleure façon de contribuer à la paix et à la sécurité dans la région des Grands Lacs consisterait, entre autres, à prendre au sérieux les légitimes revendications sécuritaires du Rwanda », recommandent-ils. Et par voie de conséquence, l’Armée rwandaise pourrait s’adjuger du droit de faire des incursions en RDC quand et où elle veut chaque fois que la régime de Kigali jugera que la sécurité de son territoire serait menacé.

Sans aucune considération pour le Congo et le peuple congolais, ils prétendent exhumer des écrits qui pourraient justifier la remise en cause des frontières héritées de la colonisation. Cela s’appelle affront et mérite que l’on s’y attarde. « L’impératif de l’heure est la défense résolue par les Nations-Unies du principe de l’intangibilité des frontières congolaises. Elle est toutefois vouée à un échec certain si elle fait l’impasse sur les discriminations envers les citoyens congolais d’expression kinyarwanda, propriétaires de plein droit des terres congolaises où ils vivent de génération en génération depuis des siècles ».

Voilà en quels termes, les collabos de Kagamé s’adressent au Secrétaire général des Nations Unies. Et ils ne manquent de mots pour montrer à quel point ils sont inféodés aux balkanisateurs de la RDC : « Certains milieux, ignorant les leçons de l’histoire, s’imaginent qu’il suffirait de se débarrasser de la communauté d’expression kinyarwanda du Congo pour améliorer les conditions d’existence du reste de la population ». N’est-ce pas grave comme affirmation ?

Nous espérons que le secrétaire général de l’ONU, destinataire de ce brûlot, aura compris que son contenu est révélateur de la détermination de certaines puissances politico-financières à ne jamais laisser l’ex-colonie belge vivre en paix. Cela met aussi en lumière les sous-traitants de ce plan, à savoir les régimes de Kigali et de Kampala ainsi que tous ces négriers des temps modernes qui se recrutent malheureusement dans des milieux aussi respectables que les universités et les centres de recherche. Auxquels se sont associés des écrivains et des artistes, à la manière des moutons de panurge.

Encadré

Signataires :

1 Boubacar Boris Diop, Sénégal, romancier, essayiste et enseignant, Université Gaston Berger, Saint-Louis- Sénégal

2 Godefroid Kä Mana, RD-Congo, philosophe, analyste politique et théologien, Professeur, Université évangélique du Cameroun, Institut catholique de Goma-RDCongo.

3 Jean-Pierre Karegeye, Rwanda, Directeur du Centre d'études pluridisciplinaires sur le génocide, Professeur assistant, Macalester College, Minnesota-USA.

4 Margee Ensign, USA, Présidente de l’Universite américaine du Nigeria.

5 Koulsy Lamko, Tchad, Romancier, dramaturge, directeur de la Casa Hankili Africa, Centro Historico in Mexico.

6 Wandia Njoya, Kenya, Professeure assistante, Daystar University, Nairobi-Kenya.

7 Aminata Dramane Traoré, Mali, écrivaine, sociologue, ancienne ministre de la Culture.

8 Susan Allen, USA, Professeure, Emory University, Atlanta.

9 Jean-Claude Djereke, Côte d'Ivoire, Centre de Recherches Pluridisciplinaires sur les Communautés d'Afrique Noire et des Diasporas, Ottawa, Canada.

10 Jean-François Dupaquier, France, écrivain , Journaliste

11 Erik Ehn, USA, Directeur de programme, Writing for Performance, Brown University.

12 Mireille Fanon Mendes-France, France, Présidente, Fondation Frantz Fanon.

13 Gerise Herndon, USA, professeure, directrice de Gender Studies, Nebraska Wesleyan University.

14 Timothy Horner, USA, Professeur associé, Center for Peace and Justice Education, Villanova University.

15 Jean-Baptiste Kakoma, RDCongo, Médecin, Professeur, ancien doyen de la faculté de médecine, Ancien recteur de l'université de Lubumbashi en RDCongo, Directeur de l'école de Santé publique, Université nationale du Rwanda.

16 Aloys Mahwa, chercheur, centre d'études pluridisciplinaires sur le génocide, Kigali-Rwanda.

17 Yolande Mukagasana, Rwanda, écrivaine, Survivante du génocide, Lauréate du prix la colombe d'or, lauréate du prix Unesco de l'éducation pour la paix.

18 Timothée Ngakoutou, Tchad/France, professeur, ancien recteur de l'université du Tchad, ancien haut fonctionnaire de l'UNESCO chargé de mission pour l'éducation.

19 Moukoko Priso, Cameroun, Professeur, Université évangélique du Cameroon.
20 François Wokouache, Cameroun, cinéaste, Directeur de KEMIT.



Publié le vendredi 18 janvier 2013 01:05
Écrit par Le Potentiel



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