mardi 15 janvier 2013

Guerre au Mali : les soldats français s’engagent au sol

15 janvier 2013


Des soldats français de la force Licorne d'Abidjan à la base aérienne de Bamako, le 15 janvier 2013 ©AFP

BAMAKO (AFP) - (AFP)
La France a pour la première fois engagé mardi des troupes au sol au Mali, pour reprendre une localité de l’ouest tombée la veille aux mains des islamistes, un tournant après une campagne de bombardements aériens menée depuis vendredi.
Dans l’attente de l’arrivée de la force ouest-africaine, la France a également poursuivi mardi ses frappes aériennes contre les combattants islamistes et annoncé le déploiement à terme de 2.500 soldats au Mali.
"Plusieurs centaines de militaires maliens et français ont quitté Niono (environ 50 km au sud de Diabali) pour prendre Diabali", a déclaré un élu de la ville de Niono, ce qu’ont confirmé un habitant de cette ville et une source de sécurité malienne.
"D’ici demain, nous allons reprendre Diabali avec les Français", a précisé celle-ci.
Et à Bamako, un vidéaste de l’AFP a vu en fin d’après-midi une colonne d’une trentaine de véhicules blindés français quitter la capitale en direction du Nord.
Diabali, à 400 km au nord de Bamako, est tombée mardi aux mains de jihadistes, qui seraient commandés par un émir algérien d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid, et qui avait été bombardée dans la nuit de lundi à mardi.
Autre résistance inattendue des islamistes dans la ville de Konna (centre), à 700 km de la capitale, dont ils s’étaient emparé jeudi.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a reconnu mardi qu’elle n’avait pas encore été reprise par l’armée malienne, contrairement à ce qu’avait indiqué samedi Bamako.La zone n’est pas accessible à des observateurs indépendants.
La chute de Konna avait déclenché l’intervention de la France, qui redoutait une percée vers Bamako des jihadistes.Un pilote français d’hélicoptère était mort dans cette contre-offensive.
"Pas vocation à rester au Mali"
Plus de 800 soldats français sont d’ores et déjà déployés au Mali.L’intervention militaire française a trois objectifs : "Arrêter l’agression terroriste", "sécuriser Bamako" et permettre au Mali de préserver son "intégrité territoriale", a déclaré le président François Hollande, en déplacement à Dubaï.
"La France n’a pas vocation à rester au Mali mais nous avons un objectif, c’est de faire en sorte que lorsque nous partirons il y ait une sécurité au Mali, des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes", a-t-il souligné.
De leur côté, les chefs d’état-major ouest-africains se sont retrouvés mardi à Bamako pour préparer la "libération" du nord du Mali qu’occupent des groupes armés islamistes depuis neuf mois en formant une force internationale africaine.
"Nous nous retrouvons aujourd’hui pour parler de l’engagement (...) auprès de nos frères d’armes du Mali pour libérer le nord du Mali", a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, en ouvrant la rencontre des chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao).
La Cédéao doit former une force d’intervention de 3.300 soldats contre les islamistes du Nord, conformément à une résolution de l’ONU.Baptisée Misma (Force internationale de soutien au Mali), dette unité sera dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir.
Le Nigeria doit fournir 900 hommes, et les premiers arriveront "dans les prochaines 24 heures", selon Abuja.Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal ont également annoncé l’envoi d’environ 500 hommes, le Bénin 300, la Guinée et le Ghana une centaine chacun.
Dans le nord du Mali, contrôlé depuis neuf mois par les jihadistes, ceux-ci ont largement abandonné leurs fiefs, comme Gao, soumise dimanche à d’intenses bombardements qui ont tué plus d’une soixantaine de combattants.
A Tombouctou, où aucune frappe aérienne n’a pour le moment été recensée, même constat : "Les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur", a noté un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, où les jihadistes avaient détruit de nombreux mausolées religieux.
Bébés "Hollande" et drapeaux français
L’Unesco a d’ailleurs appelé mardi les forces militaire maliennes et françaises à protéger le patrimoine culturel du Mali.
Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Senda Ould Boumama, cependant, il ne s’agit que d’un "retrait tactique".
Les habitants des principales villes du nord du Mali affirmaient mardi pouvoir à nouveau "respirer" après le départ des islamistes, mais ils attendent aussi avec impatience l’arrivée de soldats au sol pour éviter leur retour.
L’enthousiasme des résidents du nord du Mali a des échos dans tout le pays.Plusieurs médias maliens ont ainsi rapporté que des enfants nés ces derniers jours ont été prénommés "Hollande", du nom du président français.A Bamako, les commerçants ont même signalé mardi une "pénurie" de drapeaux français.
A New York, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a exprimé son soutien à l’opération française, tout en soulignant la nécessité d’une réconciliation politique dans le pays.
Mais le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu a appelé mardi à un "cessez-le-feu immédiat" au Mali, membre de l’organisation, et à un retour aux négociations avec les islamistes.
Le nombre de réfugiés chassés par le conflit approche les 150.000 personnes dans les pays voisins et le nombre de personnes déplacées dans le pays est proche de 230.000, selon l’ONU.

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