vendredi 25 janvier 2013

25/01/13/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE VENDREDI (CongoForum)

 

La Politique reste le sujet dominant dans l’actualité telle qu’elle est vue par les journaux parus ce vendredi à Kinshasa. Le dialogue de Kampala entre Kinshasa et le M23 en demeure le centre. Mais ce dialogue, de l’avis de bons nombres de journaux, piétine.
 
Ce « dialogue de sourds » amène deux préoccupations connexes.
 
Les titres des journaux sont donc assez variés. D’une part, il pourrait mener à une reprise des combats, d’où des préoccupations relatives, par exemple, à l’emploi des fameux drones de l’ONU. D’autre part, puisque ce blocage tient en partie au fait que Kinshasa estime (à bon droit) que ce n’est pas avec le M23 qu’il faut discuter des institutions congolaises, et que JKK a, dans un discours, fait des allusions à un « dialogue national », on se pose fort naturellement la question de savoir comment, où et quand il aura lieu.

Kampala

La situation est synthétisée comme suit dans l’éditorial du N° 173 de Congo-Actualité intitulé « Soyons sérieux ! »

« Les deux délégations du gouvernement congolais et du groupe armé dénommé Mouvement du 23 Mars (M23), réunies à Kampala après le début de la guerre déclenchée au Nord-Kivu par le M23, ont approuvé l’ordre du jour de leurs réunions. La délégation du M23 a ensuite lu une déclaration dans laquelle le groupe armé a présenté un certain nombre de revendications auxquelles la délégation du gouvernement a répondu le lendemain.

L’arrogance des deux premiers points.

Le premier point à l’ordre du jour porte sur l’évaluation des accords du 23 Mars 2009 entre l’alors groupe armé appelé Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et le gouvernement congolais, pour «mettre un terme» à la guerre déclenchée en 2008 par le même CNDP. Dans cet accord, à l’article 1, le CNDP s’était engagé à abandonner la lutte armée, pour se transformer en parti politique et poursuivre sa lutte à travers la voie politique, dans le respect de la Constitution, des lois et des institutions de l’Etat. Le gouvernement s’était engagé à intégrer les troupes et les représentants civils du CNDP respectivement dans l’armée nationale et dans l’administration et la vie politique de l’Etat.

Le M23 affirme avoir pris les armes car le gouvernement n’a pas respecté cet accord. La réalité semble réfuter cette accusation: les troupes du CNDP ont été intégrées dans l’armée et son aile politique a été reconnue comme un parti politique, accepté même comme membre de la Majorité Présidentielle (MP). Il aurait été logique que, si le gouvernement n’avait pas respecté l’accord, le CNDP demande, par des moyens politiques, une évaluation du dit accord, tel que prévu par le même accord, mais il ne l’a pas fait et a repris la guerre par le truchement du M23. Ce qui est surprenant et contradictoire c’est que certains membres du CNDP, parti politique, font même partie de la délégation gouvernementale à Kampala.

Il est significatif que, dans sa déclaration, le M23 ne consacre que cinq lignes seulement, sur un total de 13 pages, au premier point à l’ordre du jour, intitulé « Évaluation de l’Accord du 23 Mars 2009 ». Le M23 ne pouvait faire autrement, pour deux raisons: il n’est pas partie signataire de cet accord et lui-même, prenant les armes, a violé l’article 1 de l’accord en question.

Le M23 ne consacre qu’une page et demie au deuxième point relatif aux questions de sécurité, en mélangeant, d’ailleurs, des questions nationales à des revendications propres à lui déjà contenues, du reste, dans l’Accord du 23 Mars 2009.

Éviter les erreurs du passé.

À ce propos, le gouvernement ne devrait, en aucun cas, répéter les erreurs commises en 2009. La délégation du gouvernement ne peut pas, par exemple, accepter d’accorder l’amnistie à ceux qui en ont déjà joui en 2009. Cela leur assurerait l’impunité et les encouragerait à récidiver.

S’il est nécessaire procéder a une réforme en profondeur de l’armée nationale, comme l’a justement indiqué le M23 aussi, le gouvernement ne peut plus accepter d’intégrer les troupes du M23, comme il l’a fait avec le CNDP en 2009. S’il le faisait, il ne ferait que remettre, encore une fois, l’armée dans les mains des «forces négatives» (c’est ainsi que l’ONU a décrit le M23), mettant ultérieurement en danger son commandement, vu que le M23 exige que le gouvernement reconnaisse à ses officiers militaires, encore réintégrés pour une énième fois, les degrés actualisés qui ont obtenus au cours de la dernière guerre. Non, l’on ne peut pas faire une réforme de l’armée, en y intégrant des miliciens, des déserteurs, des terroristes et des criminels, dont beaucoup sont soumis à des sanctions de la part du Conseil de Sécurité des Nations Unies ou à des mandats d’arrêt internationaux délivrés par la Cour Pénale Internationale.

Ce que la délégation du gouvernement à Kampala devrait pouvoir obtenir est de mettre fin à ce cercle vicieux de «rébellions – négociations» qui permet à certains seigneurs de la guerre d’accumuler, progressivement et par la force des armes, un pouvoir militaire, économique et politique toujours croissant, comme il est arrivé au cours des 16 dernières années, depuis 1996: à l’AFDL est succédé le RCD, après le RCD est apparu le CNDP, le CNDP a été remplacé par le M23, après le M23, si l’on n’arrête pas la spirale du recours aux armes, ce sera le tour du M24....

La folie du troisième point.

Le M23 consacre l’essentiel de sa déclaration aux questions politiques, sociales et économiques du Pays. En cela, il faut reconnaître au M23 un haut degré d’habileté et de ruse: sans soutien populaire, à cause d’une guerre qui a plongé la population dans le désespoir, le M23 a essayé de récupérer, à sa faveur, les aspirations du peuple lui même et, surtout, les exigences politiques de l’opposition. Il a donc décidé de frapper le pouvoir en place dans ses points les plus faibles et obscurs, y compris le manque de légitimité populaire après les élections truquées de novembre 2011, la corruption, la crise économique, le manque de la réforme du système judiciaire et de l’armée incapable, cette dernière, de défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale.

Il s’agit de questions au niveau national qui ne peuvent pas être abordées dans le cadre de « négociations privées » entre les deux délégations du gouvernement et du M23.

Soyons sérieux!

Le lieu approprié pour trouver une solution à ces problèmes est au sein d’un débat national, avec la participation du gouvernement, du parlement, de l’opposition politique et de la société civile. Alors qu’une délégation gouvernementale se trouve à Kampala avec le M23, le gouvernement doit accélérer, à Kinshasa, les préparatifs d’un dialogue inclusif entre les institutions de l’État et les forces vives de la Nation, pour résoudre les principales questions de la crise et quitter, ainsi, au M23 tout prétexte pour continuer déstabiliser le Pays. Ce dialogue inclusif ne devra pas permettre aucun autoritarisme de la part de la majorité, aucune vengeance politique, ni une nouvelle répartition du pouvoir entre les différentes parties. Il devra être un dialogue ouvert et franc dans la recherche de solutions appropriées aux problèmes réels qui empêchent le pays d’instaurer la démocratie, la paix, la justice et le respect des droits de l’homme ».

Le Palmarès affirme que « Les rebelles préparent un coup fourré ».
Il rappelle que les parties aux pourparlers de Kampala s’étaient donnés jusqu’à la fin de la semaine en cours pour clôturer leurs travaux. Mais c’était sans compter avec la mauvaise foi du M23 qui réclame aujourd’hui l’instauration d’un nouvel ordre constitutionnel, point pourtant non inscrit dans l’ordre du jour des points adoptés par les chefs d’Etat.

(Il y a une certaine confusion contenue dans la formule « nouvel ordre constitutionnel» ? En elles-mêmes, les institutions de Kinshasa, telles que définies par la Constitution, sont légitimes. Mais elles sont entre les mains de titulaires qui ne le sont pas, étant mis en place à la suite d’élections truquées. Le pouvoir pousse à la confusion entre le fait que ce n’est pas avec le M23 qu’il faut discuter cela, et l’affirmation de la légitimité absolue, non des institutions, mas des titulaires de celles-ci, installés par les élections de novembre 2011.
 
Celles-ci devraient faire l’objet d’un dialogue annoncé par le discours de Novel An de JKK. Ce « dialogue annoncé», on n’en sait effectivement rien d’autre que le fait que ce serait un dialogue et que JKK l’a annoncé dans son discours du nouvel an. Il faut rappeler que les élections du 28/11/11 ont été organisées, tout comme celles de 2006, en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. Elles ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ses observateurs.

 
On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. Toute autorité prétendue ne relève plus que de la force, de l’intimidation, d’un coup d’état de fait. Le principal ressort de ce coup d’état consiste à progresser, comme si de rien n’était, dans les tâches qui suivent normalement une élection et à mettre le pays et le monde devant le fait accompli. 

Il est bien évident que le pouvoir de fait ne compte pas se remettre en question à l’occasion de ce « dialogue ». Il espère capitaliser à son profit le sentiment d’union nationale provoqué par la guerre et se trouver auréolé par une « victoire diplomatique » à Kampala. Il préfère aussi être seul détenteur de la force et discuter avec des interlocuteurs non armés. D’autre part, ses opposants lui font la partie belle car, au vu de ce qui précède, il est clair que la seule « vérité des urnes », c’est qu’il n’y en n’a pas, que des élections sans recensement préalable ne peuvent pas être crédible et que toute cette pantalonnade a été nulle. Au lieu de quoi, l’on s’obstine à chercher un autre vainqueur d’un scrutin de toute manière non crédible. NdlR)
Pour Le Palmarès, le M23 ne sait plus à quoi s’en tenir face aux multiples menaces de scissions en son sein. Un groupe se dit prêt à adhérer aux décisions des chefs d’Etat de la région. Tandis que l’autre mijoterait un coup fourré contre Goma en comptant sur ses hommes qui campent à deux kilomètres.


L’Avenir constate que s’étant rendu compte que leurs jours sont comptés, le M23 multiplie des déclarations pour tirer en longueur l’évaluation de Kampala. Selon des sources proches de la capitale ougandaise, les rebelles du M23 auraient même cherché à rencontrer Yoweri Museveni, censé les aider à modifier l’ordre du jour adopté de commun accord avec la délégation de la RDC.

Le Potentiel fait remarquer qu’alors que les négociations piétinent à Kampala, « Le M23 s’installe durablement dans le Nord-Kivu ».
Le gouvernement de la RDC est appelé à se prononcer clairement sur le vrai sens de l’engagement qu’il a pris d’écouter », dans la capitale ougandaise, les revendications du M23, estime ce journal. Il note que 50 jours se sont déjà écoulés, mais rien n’indique que cette « écoute » pourrait bientôt prendre fin. Pendant que les fameux pourparlers tirent en longueur, révèle la Monusco, les interlocuteurs de Kinshasa à Kampala consolident leurs positions -politique, militaire et administrative - dans le Nord-Kivu. En clair, soutient Le Potentiel, le M23 s’installe durablement dans les territoires sous son contrôle du fait de la passivité du gouvernement. Apparemment tétanisé par Kigali.

Dialogue national
Aux contradictions internes qui empêchent les pourparlers de Kampala d’évoluer, s’ajoutent de plus en plus, des pressions externes qui ne demandent pas mieux que l’arrêt, toutes affaires cessantes, des discussions.
En effet, dans une déclaration commune rendue publique ce jeudi 24 janvier 2013, la Voix des Sans Voix (VSV) et l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) réclament l’arrêt immédiat des pourparlers de Kampala. Pour ces Ongdh, seul un dialogue national peut mettre fin à la crise sécuritaire dans la partie Est de la RDC. L’Asadho et la VSV emboîtent ainsi les pas aux Professeurs de l’Université de Kinshasa qui, réunis au sein de l’APUKIN, pensent que l’idée de Joseph Kabila de créer un cadre de concertations, serait la formule indiquée devant favoriser la tenue d’un dialogue national inclusif. (Le communiqué conjoint VSV / ASADHO est lisible sur notre site à l’adresse http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=2&newsid=191747&Actualiteit=selected

C’est pourquoi La Prospérité écrit à la Une «Après Kampala, on réclame un dialogue national» et relaie les appels pour un arrêt immédiat des pourparlers de Kampala, rappelant qu’à ce jour il y a notamment les professeurs de l’Université de Kinshasa (Unikin), des personnalités de l’opposition comme le députe Clément Kanku, qui ont également exprimé ce souhait. Dans ses colonnes, La Prospérité cite les ONG la Voix des sans voix (VSV) et l’Asadho qui ont exprimé cette demande de voir les pourparlers de Kampala être immédiatement interrompus. Elles ont fait cet appel hier à Kinshasa dans un communiqué conjoint. Ce quotidien indique que les deux ONG des droits de l’homme soutiennent l’idée de Joseph Kabila de créer un cadre de concertations devant favoriser la tenue d’un dialogue national inclusif. Le journal cite également l’Association de professeurs de l’Université de Kinshasa qui est exaspérée de constater qu’un mouvement armé, un seul, puisse revêtir, au fil de jours, plusieurs noms, pour se faire des gains politiques. Pour ces professeurs, le M23 n’est que l’arrière-petit fils de l’AFDL qui aurait engendré le RCD, le CNDP, selon le quotidien. La Prospérité poursuit en précisant que, cette fois-ci, le pot aux roses a été découvert et, personne, en tout cas personne, en RDC, n’entend se laisser berner par ces aventures macabres de triste mémoire et de mauvais goût qui ont ôté toute dignité à la population congolaise et, singulièrement, celle de l’Est de la RDC et qui bradent les richesses du pays.

Aspects internationaux

Forum des As consacre sa Une à la 3è session du Forum des Parlements de la CIRGL tenu du 23 au 25 janvier à Kinshasa. Ce journal titre à la Une: «Les non dits de la 3è session ordinaire du Forum des Parlements de la CIRGL à Kinshasa. Le M23 s’invite au Palais du peuple».
Ce journal écrit que ces assises ont condamné, dans leurs résolutions, le Mouvement du 23 mars (M23), auteur de viols, de pillages et plusieurs autres crimes contre l’humanité dans la partie Est de la RD Congo. Il ajoute que la délégation du Rwanda a failli ne pas apposer sa signature au bas de la déclaration finale. Cette délégation s’est fait l’avocat du M23, estimant que le Mouvement du 23 mars n’étant pas le seul à commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans la sous-région des Grands lacs. Tous les autres mouvements armés opérant dans la sous-région devraient également être condamnés.

Sur son Blog du Soir, Colette Braeckman estime que dans les « Grands Lacs: la diplomatie parlementaire tente d’éviter le pire ».

Alors qu’à Goma, les rebelles campent aux portes de la ville, qu’à Kampala les pourparlers s’enlisent et ne déboucheront sans doute sur rien, à Kinshasa, la « diplomatie parlementaire » tente encore de jeter des ponts et, sinon de trouver des solutions, de permettre le dialogue.
Depuis deux jours, le Forum des parlementaires de la région des Grands lacs, soit 73 délégués, représentant 12 Parlements, est réuni sous les lustres de l’Assemblée nationale.
Plusieurs crises ont été longuement débattues, le Sud Soudan toujours en litige avec Khartoum à propos des recettes pétrolières, la Centrafrique où le président Bozizé fait face à une rébellion armée et, bien sûr, la situation à l’Est du Congo.

Des réunions de ce type, où des parlementaires débattent en public mais multiplient aussi les entretiens privés, ont le mérite de clarifier les positions, de resserrer les liens personnels.
C’est ainsi que les députés zambiens sont longuement intervenus pour demander ce que voulait au juste le M23, un mouvement qui, au départ réclamait l’application d’accords militaires conclus en 2009 et finit aujourd’hui par réclamer le départ du chef de l’Etat et un nouvel ordre constitutionnel ! Quant à la délégation rwandaise, dirigée par le député Denis Polisi, président de l’Assemblée, elle a officiellement déclaré qu’elle s’en tenait à la position des chefs d’ Etat de la région, qui soutiennent les négociations de Kampala. Soumis à un feu de questions, les Rwandais ont répété qu’ils ne soutenaient en rien le M23 et, alors qu’au départ ils étaient réticents, ils n’ont pu qu’approuver le projet de déploiement d’une « force neutre » africaine au Kivu, afin de surveiller la frontière et aussi de désarmer ceux que l’on appelle les « forces négatives » c’est-à-dire aussi bien des Hutus hostiles à Kigali que le M23 hostile à Kinshasa. Même le déploiement de drônes au dessus de la frontière commune ne suscite plus d’objection majeure.         

Dans les coulisses comme en séance plénière, le rôle des 4000 hommes qui composeront la force africaine a été longuement évoqué : on sait déjà que le commandement sera confié à la Tanzanie, qui amène un bataillon de 600 hommes ; le Kenya fournira un bataillon ainsi que des forces spéciales, l’Afrique du Sud compte sur son bataillon qui est déjà intégré au sein de la Mission des Nations unies. Le secrétaire exécutif de la CIRGL le professeur congolais Ntumba Luaba, nous a expliqué le « montage » auquel on devrait bientôt assister : «

sur le terrain, la force africaine sera une brigade spéciale d’intervention qui opèrera en coordination avec la Monusco, bénéficiera de sa logistique, mais se montrera beaucoup plus offensive et disposera d’une certaine autonomie. »
Alors qu’au niveau des état majors, le « go » final pourrait être donné lors de la réunion des chefs d’Etat africains à Addis Abeba, le week end prochain, la perspective de ce déploiement militaire fait déjà évoluer la situation sur le terrain.
      
Le M23, qui, à Kampala, a essuyé une fin de non recevoir lorsqu’il posait des exigences politiques, connaît des défections et s’est déjà divisé : un nouveau groupe, composé cette fois de Hutus congolais, a engagé des combats à Binza au nord du Nord Kivu, une fragmentation qui rend la situation de moins en moins lisible. Mais surtout, l’autre « force négative », la plus ancienne de la région, à savoir les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) est un train d’amorcer un virage majeur : selon plusieurs sources, des milliers de combattants, avec leurs familles, sont en train de se rassembler au Nord Kivu, du côté de Tongo et au Sud Kivu, à Burhinyi, afin, en février prochain, d’enfin regagner le Rwanda en abandonnant l’option militaire !

Ces hommes, qui se trouvent au Congo depuis 1994, redouteraient l’action de la force africaine et tout particulièrement l’armée tanzanienne à la quelle ils ont déjà eu affaire alors qu’ils étaient réfugiés dans le pays de feu le président Nyerere.        

Informée de ces projets de retours, la délégation parlementaire rwandaise se montre sceptique et le député Polisi préfère mettre l’accent sur une autre revendication des rebelles du M23, le sort des Tutsis congolais, présentés comme victimes de discriminations.  

Alors que l’échec de Kampala apparaît comme inéluctable, on a le sentiment que des coups de théâtre, voire des coups de force, pourraient éclater d’un jour à l’autre : attaque des concentrations de réfugiés hutus qui se préparent à rentrer au Rwanda, reprise de la ville de Goma par le M23 qui campe ostensiblement à deux kilomètres du centre ville…
 
Le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej, est plus explicite encore :
« nous sommes au courant de plusieurs complots dirigés contre la personne du chef de l’Etat. Barrés sur le terrain par la force africaine, politiquement défaits à Kampala, nos adversaires pourraient prévoir de frapper à la tête »…


L’Avenir titre : «Déploiement des drones en RDC. Le Conseil de sécurité dit d’accord». Il signale que le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert à l’utilisation de drones de surveillance dans l’Est de la RDC par la Monusco. Et ce, en réponse à une lettre du Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon qui avait écrit au Conseil de sécurité le mois dernier pour recommander l’utilisation de drones pour surveiller les mouvements des rebelles du M23 et assister la Monusco.

Il indique également que l’actuel président du Conseil de sécurité, ambassadeur du Pakistan à l’Onu, a répondu dans une lettre publiée hier jeudi que le Conseil avait pris note du projet de la Monusco, approuvant dans les faits l’utilisation de drones. Ce dernier a précisé dans sa note que le déploiement de ces drones se fera à titre expérimental, et au cas par cas.

Quelques précisions à ce sujet, en provenance de la BBC : Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert à l’utilisation de drones de surveillance dans l’est de la République du Congo par la Monusco, la force de maintien de la paix. Le feu vert intervient après des semaines de tractations: la Russie, la Chine et le Rwanda avaient manifesté leur inquiétude sur l’utilisation d’avions-espions en RDC. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon avait écrit au Conseil de sécurité le mois dernier pour recommander l’utilisation de drones pour surveiller les mouvements des rebelles du M23 et assister la Monusco. Le président du Conseil au mois de janvier, l’ambassadeur du Pakistan à l’ONU, a répondu dans une lettre publiée jeudi que le Conseil avait pris note du projet de la Monusco, approuvant dans les faits l’utilisation de drones. Elle se fera à titre expérimental, et au cas par cas. Le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, avait déclaré le 8 janvier que la Monusco prévoyait de déployer trois drones pour surveiller l’est de la RDC. Le Rwanda s’y était initialement opposé, mais le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, a récemment déclaré n’y voir aucun inconvénient.

(Il faut noter que, dans ce cas d’espèce, l’utilisation des mots « avion-espion » est impropre. L’aviation d’observation militaire a un fort long passé, puisque c’est la première tâche que les militaires confièrent à des engins aériens, ballons et dirigeables d’abord, puis avions au cours de la guerre de 14. C’est durant la guerre froide, avec des affaires comme celle des U2 américains, que l’observation aérienne prit une couleur d’espionnage. On a cessé d’en parler parce que ces tâches peuvent désormais se faire à partir de satellites. La faiblesse de l’aviation d’observation est qu’il s’agit souvent de survoler l’ennemi à basse altitude et assez lentement, ce qui augmente les risques d’être abattu, d’où le recours à des avions téléguidés. Mais il va de soi que le survol du Congo, y compris dans ses zones frontalières, par l’armée congolaise ou par une force internationale ayant l’assentiment du Congo ne saurait être qualifié d’espionnage, ce dernier étant, par définition furtif et clandestin. NdlR)


© CongoForum, le vendredi 25 janvier 2013

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