HEUREUX PAULPrésentation du témoin
Paul Heureux était l’officier qui s’occupait des transmissions pour le colonel Marlière, jusqu’en octobre 1960.Les questions suivantes revêtent de l’importance pour la commission d’enquête :— Quelles étaient les activités du témoin au moment de l’indépendance ?— À quel moment est-il arrivé à Brazzaville et qui y a-t-il rencontré ? Qui l’a envoyé et quelle était sa mission ? Qui était son chef ? Qui a fourni et a payé son équipement ?— A-t-il coopéré avec d’autres agents (diplomates, militaires, Sûreté) et sous quelle autorité ?— Peut-il situer la date d’un appel téléphonique qui le surprend, qu’il a reçu de Bruxelles peu de temps après son arrivée ? Connaissait-il son interlocuteur ? Pourquoi s’est-il adressé à Paul Heureux ? Quelle a été l’influence de cet entretien ? S’agissait-il d’un envoi, d’une procédure ? Des précisions ont-elles été fournies concernant le contenu de ce que Heureux était censé recevoir et les conditions de la remise-reprise ?— Le correspondant de Heureux dit-il ce qu’il attend précisément de lui ? A-t-il un moyen de le contacter à Bruxelles (un numéro de téléphone ?)?— Qui lui remet, et à quelles conditions, le colis et l’enveloppe annoncés par son correspondant de Bruxelles ? Prend-il connaissance de leur contenu ?— Le témoin a-t-il reçu de Bruxelles d’autres instructions et précisions après un nouveau contact avec Jo Gerard ?— Le Grec qu’il rencontre au bar « Tam-Tam » est-il un mulâtre ? Quelle impression lui fait-il et que lui dit-il de sa mission ? Que lui remet le témoin (l’arme, l’argent) et qui, dans les services belges, est au courant de cette opération ?— Que doit-il se passer une fois celle-ci accomplie ?— Y a-t-il eu un échange de vues avec Marlière, Lahaye et Jo Gerard au sujet du fait que l’opération n’a pas été exécutée ?— Cette affaire a-t-elle connu des suites après son retour en Belgique ?— Le témoin a-t-il eu connaissance de certains échanges de messages importants relatifs au transfert de Lumumba au Katanga ?— De qui émanaient-ils ?— Le témoin a-t-il eu connaissance de tentatives de Lumumba visant à rejoindre Stanleyvile et du rôle que les Belges auraient pu jouer dans son arrestation (Marlière, Lahaye, Dupret, Wigny, d’Aspremont, …)?— Quel a été le rôle du capitaine Gat ?
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VAN LIERDE JEAN
HOCKERS MARYSE DURIEUX JEAN CORDY JEAN NYNS JACQUES NDELE ALBERT NENDAKA VICTOR KALONJI ALBERT GROSJEAN RENE SMAL RENE GRANDELET CLAUDE SPANDRE MARIO VERDICKT ARMAND BARTELOUS JACQUES DAVIGNON ETIENNE BRASSINNE JACQUES VANDEN BLOOCK JAN KIBWE JEAN-BAPTISTE HARMEL PIERRE HEUREUX PAUL ONAWELHO ALBERT VERHAEGEN BENOIT VERVIER FERNAND LAHAYE ANDRE MUKAMBA JONAS WEBER GUY GILSON ARTHUR HUYGHE CHARLES (CARLO) BOMBOKO JUSTINE GERARD JO HOLLANTS VAN LOOCKE JAN VANDERSTRAETEN LOUIS FRANCOIS |
Témoignage2.1. Paul Heureux a, à sa demande, été entendu par la commission d’enquête le 3 septembre 2001.2.2. Le témoin était, au moment de l’indépendance du Congo, officier dans l’est du Congo. Peu après, il a été rapatrié par les troupes éthiopiennes des Nations Unies. Plus tard, il a demandé à retourner au Congo, plus particulièrement au Katanga, où il est allé travailler pour la Gendarmerie katangaise. En raison du mauvais fonctionnement de la Gendarmerie katangaise, il n’y est pas resté longtemps : à partir du 19 octobre 1960, il a été responsable, au consulat de Belgique à Brazzaville, de l’envoi et de la réception des communiqués. Il ne s’agissait pas d’un centre de communication officiel; il écrivait les messages à la main sur un morceau de papier. Il formait là une petite équipe avec le colonel Marlière, son chef direct, et un agent des services de sécurité belges, Jean Van Gorp, qui dépendait aussi du colonel Marlière. Lahaye y travaillait aussi. Le colonel Vandewalle et son collaborateur Kalonji passaient régulièrement au bureau du témoin. 2.3. Environ deux semaines après son arrivée au consulat à Brazzaville, le témoin a reçu un étrange coup de téléphone, ce qui explique d’ailleurs pourquoi il a demandé à être entendu par la commission d’enquête. Par ce coup de téléphone, un homme, qui n’a pas révélé son identité, mais dont la voix était familière au témoin pour l’avoir entendue lors d’émissions radiophoniques et qui s’est avéré plus tard être Jo Gerard, annonçait qu’une personne se présenterait à l’ambassade avec un paquet et une grande enveloppe. Le lendemain, une personne s’est en effet présentée avec les choses annoncées; cette personne a pour le reste gardé le silence. Le paquet contenait un pistolet mitrailleur, et l’enveloppe, 2 millions de francs (des francs belges ou des francs CFA, le témoin ne sait plus exactement). Le lendemain, il s’est rendu au bar Tam Tam, à la demande de Jo Gerard et sur ordre de Marlière et Lahaye, afin de remettre le pistolet mitrailleur et 200 000 francs à un certain Georges, un Grec, qui a dit avoir pour mission de tuer Lumumba; après avoir accompli sa mission, il viendrait chercher le reste de la somme. Par la suite, le témoin n’a plus rien appris concernant le tueur à gages et suppose qu’il a disparu avec l’argent. Il n’avait pas parlé de cet incident à Dupret, le principal responsable à Brazzaville. À ce moment, il pensait que Dupret était déjà au courant de l’affaire, alors qu’il s’est avéré par la suite qu’il n’en était rien. Le montant de 1 800 000 francs, qui n’avait pas été remis à Georges, a été conservé par Lahaye, qui était en fait, au consulat général, le gestionnaire des fonds d’origine incertaine. Plus tard, Jo Gerard a encore téléphoné pour s’informer de la situation à l’ambassade. Le témoin lui a dit la vérité en répondant qu’il ne disposait pas de nouvelles informations.2.4. Vers le 20 décembre, Heureux est retourné en Belgique pour y passer les fêtes de fin d’année chez sa belle-soeur. Il y a reçu la visite d’un couple qu’il ne connaissait pas et qui voulait lui parler. Les deux visiteurs avaient eu vent de l’affaire du tueur à gages à Brazzaville et lui ont conseillé d’être prudent lors de ses déplacements et de porter une arme. Il ne les a plus jamais revus ultérieurement. 2.5. Le témoin souligne qu’il régnait au consulat une atmosphère hostile à Lumumba et que la tendance générale était à un règlement rapide et définitif de son sort. Le témoin confirme que plusieurs messages ayant trait au transfert de Lumumba au Katanga ont été envoyés depuis le téléscripteur de Brazzaville. Il y a ainsi eu des messages, en provenance de Bruxelles ou de Bujumbura, qui disaient que Tshombe aurait marqué son accord sur le transfert si une demande officielle avait été formulée en ce sens. À son retour en Belgique, Heureux a travaillé brièvement au ministère des Affaires étrangères, avant d’être réintégré, à sa demande, dans l’armée en tant qu’officier de liaison. C’est en cette qualité qu’il a rencontré, en 1968, le capitaine Gat à Cologne. À cette occasion, il n’a pas parlé de Lumumba avec ce dernier. Gat a cependant répondu à un ami du témoin, qui lui avait demandé ce qu’il savait sur l’assassinat de Lumumba, qu’il avait « simplement achevé un mourant ».2.6. Un membre de la commission se demande pourquoi le témoin est intervenu dans la remise d’un pistolet mitrailleur et d’une somme d’argent au dénommé Georges. Peut-être voulait-on donner un cachet officiel à la mission de Georges en l’utilisant lui, un collaborateur du consulat, comme intermédiaire. Il est clair que le témoin n’était pas une connaissance personnelle de Gerard et que ce n’était pas Marlière qui avait monté l’opération; ce dernier lui avait en effet demandé, après la réception du pistolet mitrailleur, si le pistolet ne devait pas être remis au colonel Mobutu, ce qui indique qu’il n’était pas au courant du montage qui faisait intervenir Georges. À la question de savoir pourquoi, parmi les membres du consulat, c’est précisément Heureux qui a été contacté, l’intéressé lui-même ne peut donner aucune réponse. Selon le président, un rapport des services de renseignements militaires est en contradiction sur au moins un point avec le récit du témoin : Georges aurait reçu une somme d’argent des mains de Marlière, et non pas de celles de Heureux. Le témoin confirme encore que le pistolet-mitrailleur qui devait être remis n’était pas la meilleure arme qui fût, même si un tueur à gages entraîné pouvait l’utiliser. Le fusil et la carabine sont en tout cas des armes qui offrent une plus grande précision.Données biographiquesNé à Jumet le 15 mars 1930. Formation : Préparation aux études d’ingénieur technicien, le 4 août 1949 (1 an, Institut préparatoire de Charleroi). Nommé sous-lieutenant le 29 octobre 1952 (1er, 5e et 3e Lanciers), lieutenant le 26 mars 1959, captitaine le 26 mars 1964, capitaine-commandant le 27 mars 1969. Engagé dans le cadre de complément pour une durée de 5 ans (AR 2659 du 8 mars 1954), demande renouvelée le 16 avril 1959 et accordée pour 2 ans. En Afrique : Parti au Congo le 30 septembre 1955. Sert 5 ans en Afrique. Varia : Réaffecté au 4e Chausseurs à Cheval le 15 février 1961, puis au 2e Dépôt d’Armée le 18 juillet de la même année. Le lieutenant Heureux a offert sa démission et est passé au cadre de réserve le 1er septembre 1961, puis s’est rétracté et a demandé sa réadmission dans une autre arme (repassé au cadre de complément le 1er février 1962, officier auxiliaire d’aviation). |
vendredi 21 septembre 2012
Témoignage de HEUREUX PAUL sur l'assasssinat de LUMUMBA
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