vendredi 21 septembre 2012

Témoignage de SMAL RENE sur l'assassinat de LUMUMBA

lumumba

SMAL RENE

Présentation du témoin

Le commandant Smal était l’antenne du major Loos à Élisabethville (officier de liaison pour le consulat général belge), d’où l’intérêt de son audition. Il pourrait non seulement situer les différents acteurs à Elisabethville, mais sans doute également apporter des précisions sur les événements qui se sont déroulés à partir du 14 janvier 1961. Il convient toutefois de rappeler que sa déclaration à Brassinne en 1987 était déjà très sommaire, faute de souvenirs précis. Les questions suivantes sont pertinentes : 1. Le témoin a été en contact étroit avec le major Loos, conseiller militaire au département des Affaires africaines, à partir du mois d’octobre 1960, et il était, enfait, son agent de renseignement. Dans un courrier, il se présente comme étant « les yeux et les oreilles » de Loos à Elisabethville (8 octobre 1960). Cette mission faisaitelle partie des tâches prévues dans la description régulière de ses fonctions ? Ou la fonction d’adjoint militaire de Vanden Bloock servait-elle de couverture pour ses activités de renseignement ? Peut-on parler d’un réseau de renseignement parallèle dirigé par le major Loos ? Qui était impliqué dans ce réseau ? Quels accords Smal et Loos ont-ils passés au début ? Quel était le statut exact de Smal ? 2. C’est la gendarmerie katangaise qui payait les deux tiers des émoluments de Smal, mais il n’en faisait pas partie. Quelles étaient exactement ses fonctions, et qui payait le dernier tiers de ses émoluments ? 3. Quelles étaient les conceptions de Loos à propos de la solution de la crise congolaise ? 4. Smal était-il en contact avec le service de renseignements de l’armée à Bruxelles ? Entretenait-il des relations avec les lieutenants-colonels Darville et Depireux ? 5. Le 12 octobre 1960, Mistebel est liquidé et ses tâches sont reprises en partie par le consulat général et en partie par le Bureau-Conseil du professeur Clemens. Qui en faisait partie ? 6. Dans ses communiqués à Bruxelles, Smal évoque à plusieurs reprises la lutte pour les télex entre le consul général Crener, conseiller politique de Vanden Bloock, et le professeur Clemens. Comment la procédure de réception et d’envoi des télex se déroulait-elle ? Qui enregistrait les télex à leur arrivée, comment étaientils distribués ? Des télex pouvaient-ils être envoyés à l’insu de Crener ? Small avait-il directement accès au téléscripteur ? 7. Le témoin est en Belgique du début décembre 1960 au 14 janvier 1961. Pourquoi a-t-il quitté le Katanga ? Pourquoi est-il resté si longtemps en Belgique ? Quelles ont été ses activités en Belgique ? Pourquoi est-il retourné au Congo le 14 janvier 1961 ? Existe-t-il un lien entre son retour et les vicissitudes de Lumumba ? (Selon certains indices, Smal était devenu persona non grata pour le gouvernement katangais). 8. A l’arrivée de Smal au Katanga, le colonel Vandewalle est également à Élisabethville depuis quelques jours. Quelle était sa mission et dans quelle mesure pouvait-il exercer une autorité hiérarchique ? Quels étaient les rapports de Smal avec le colonel Vandewalle ? Celui-ci faisait-il confiance à Smal ? (Vandewalle est appelé, par commodité, « le chef occulte » de la gendarmerie katangaise. A son départ au début janvier, il ne s’était pourtant vu donner autorité que sur les officiers belges, pas sur la gendarmerie katangaise en tant que telle. Ce n’est qu’à la fin janvier, lorsque le colonel français Trinquier risque de devenir commandant en chef de la gendarmerie katangaise, que le ministre d’Aspremont consent à ce que Vandewalle devienne le nouveau commandant.) 9. Le 5 novembre 1960, Vandewalle arrive à Elisabethville. Smal l’attendait à l’aéroport. Le témoin l’a conduit à l’hôtel Léopold II. Fut-il alors question des fonds secrets envoyés par Loos ? A quoi étaient destinés ces fonds secrets ? Avait-il un compte spécial alimenté par l’Union Minière ? Quel devait être le rôle de Vandewalle au Katanga ? Pourquoi venait-il là ? Le lundi 12 décembre, Smal débarque à Bruxelles-National avec Vandewalle. Il rencontre Loos. Est-il encore question de fonds secrets et de leur usage ? (Vandewalle :« Vandewalle et Smal débarquèrent à Bruxelles-National. Ils furent reçus par Jules Loos, auquel le solde des fonds secrets de l’expédition fut remis » (Vandewalle, t.3, p.475). Etait-ce une habitude de Loos de distribuer des fonds secrets ? Dans quelles circonstances ? Lors de ce séjour à Bruxelles, et des rencontres avec Loos, fut-il question de Lumumba ? 10. Au cours de cette période, était-il au courant d’une acceptation de Tshombe de recevoir Lumumba au Katanga ? D’un souhait belge de voir Lumumba expédié au Katanga ? A-t-il communiqué à Loos l’acceptation par Tshombé d’un transfert de Lumumba à Elisabethville? Quand ? 11. A partir de janvier 1961, quel poids exerce Vandewalle sur le Bureau-Conseil ? 12. Vandewalle était-il présent à Elisabethville le 17 janvier ? Etait-il vraiment rentré d’Albertville ? 13. Quelles étaient les conceptions de Vandewalle au sujet de la résolution de la crise congolaise ? 14. Dans une lettre du 22 janvier 1961 adressée à Loos, Smal rapporte les événements de la semaine précédente. Il est surprenant que cette lettre — dont la confidentialité était garantie — concernant sa première semaine à Élisabethville depuis le 14 janvier, ne fasse pas état du transfert et de la mort de Lumumba. Que doit-on en conclure au sujet de l’importance du transfert et de la mort de Lumumba ? Les considérait-on comme une questionimportante occupant les esprits ou plutôt comme un incident de parcours dont nul ne se souciait ? Pourrait-il y avoir une raison particulière pour laquelle Smal reste muet au sujet du sort de Lumumba ? 15. Le témoin était présent à l’aéroport d’Élisabethville à l’arrivée de Lumumba dans l’après-midi du 17 janvier 1961. Pourquoi était-il présent en ce lieu ? (le colonel Vandewalle, revenant d’un voyage d’inspection à Albertville, avait atterri à l’aéroport dix minutes avant l’arrivée de l’avion de Lumumba (respectivement à 16 h 35 et à 16 h 45). Il était accompagné par les officiers Crévecoeur et Liégeois. Il paraît improbable qu’il se soit rendu d’abord au consulat. Est-il possible que Smal soit simplement allé chercher Vandewalle et que cela ait coïncidé avec l’annonce de l’arrivée de Lumumba ?). 16. Smal a-t-il pu constater lui-même et suffisamment clairement l’état physique dans lequel se trouvaient Lumumba, Mpolo et Okito à leur arrivée ? 17. Le major Weber écrit dans son agenda au soir du mardi 17 janvier (19 à 20 h) : « réunion belge à l’immeuble Immokat ». Smal a-t-il participé à cette réunion ? Qui était présent et de quoi a-t-on discuté ? 18. Quand le témoin a-t-il appris pour la première fois la nouvelle de la mort de Lumumba ? Immédiatement après les événements (c’est-à-dire le mercredi 18 janvier), quelques jours après les événements ou plus tard encore (les 10-13 février, il y a le scénario de l’évasion et de la mort) ? Qui était son informateur ? S’agissait-il de rumeurs non confirmées ? Ou d’une certitude ? 19. A-t-il également appris les circonstances de la mort de Lumumba ? Par qui et à quel moment ? 20. A-t-il eu, à cette époque, des contacts avec le capitaine Gat ? Avec le commissaire de police Verscheure ? Avec le commissaire de police Soete ? 21. Quelques jours après le transfert de Lumumba, une délégation militaire de Léopoldville, conduite par Mpwati, arrive à Élisabethville afin de négocier un accord militaire. Louis Marlière fait partie de cette délégation. Le témoin a assisté à certaines discussions. A-t-il été question de la mort de Lumumba ? 22. Smal a-t-il informé Bruxelles du décès de Lumumba ? En a-t-il informé le colonel Depireux du service de renseignements militaires, ou d’autres personnes (par exemple, le major Loos) ?23. Le colonel Vandewalle a-t-il ouvert une enquête afin de déterminer ce qui s’était réellement passé ? En at-il été fait rapport, et à qui ? 24. Dans un courrier du 4 février adressé à Loos, Smal détaille l’affaire Trinquier et il poursuit en ces termes :« Je ne m’étendrai pas plus sur le chapitre Trinquier, vous aurez reçu une ample moisson de telex à ce sujet. Je continue à avoir la haute main sur ce service, mais en fin de semaine, il y a eu un net ralentissement car il ne faut pas abuser, Crener étant en fait plus malin qu’il ne semble. On a eu ici une chaude alerte qui a provoqué un telex de mise en garde. Il semble que ce ne soit qu’une fausse alerte, mais nous serons à l’avenir moins prolifique de côte. Cette semaine, j’ai, sur directives de Crener, déménagé au Consulat. Dans l’intérêt de nos affaires, il valait mieux. Sinon le telex aurait pu finir par nous échapper. Par exemple, vous savez que le Professeur Clemens n’y a plus accès, il vous l’aura dit sans doute. Donc, en résumé très mauvaise impression en général. En ce qui concerne notre réseau, chaude alerte, mais semble se remettre en ordre ».Smal travaillait-il à l’insu de Crener et de Vanden Bloock ? Le 16 janvier 1961, Minaf envoie un télex au consulat général d’Elisabethville et demande qu’un message soit remis au président Tshombe. Dans ce message, le ministre d’Aspremont insiste auprès de Tshombe afin que celui-ci autorise le transfert de Lumumba. Le télex en question est adressé au consul général Crener en personne. Qui lit, normalement, ce télex ? Quelle est la personne qui, dans ce cas, remet normalement le message à Tshombe ? Combien de temps faudrait-il pour effectivement remettre ce télex au président Tshombe ? (Tshombe est-il disponible à tout moment ?) Les télex en provenance de Bruxelles arrivent-ils à Elisabethville à des moments bien déterminés ? 25. Le 13 février 1961, Smal s’adresse à Loos en ces termes :« Aujourd’hui, c’est un jour de victoire pour nous. Nous y avons tous collaboré. Je ne parle pas de Patrice, mais bien de Mukulakulu, de Luena et de Bukama. ».Que convient-il d’en déduire quant à l’importance du transfert et du décès de Lumumba ? Ces événements étaient-ils considérés comme une question importante qui occupait les esprits, ou plutôt comme un incident de parcours dont ne se souciait personne ? 26. Les autorités de Léopoldville pouvaient-elles ignorer que la mort pour Lumumba était inévitable à Elisabethville ?27. Le gouvernement katangais était-il au courant de l’arrivée de Lumumba ? 28. Le 17 janvier vers 19 heures se tient une réunion d’urgence chez Clemens. Qui participe à la réunion ? Quel était le but de cette réunion? Quelles furent les décisions prises lors de cette réunion ? Y a-t-il eu des décisions prises ? S’il n’y en pas eu, pourquoi s’être réunis? Lors de cette réunion, selon Jacques Brassinne, Wéber aurait dit : « on le voulait, on l’a eu…et maintenant on est bien emmerdé ! ». Que voulait-il dire par là ? 29. Informe-t-il Loos de la mort de Lumumba, et quand ? A qui a-t-il transmis l’information ? Loos pouvait pourtant toujours compter sur Smal, sur l’agent de renseignement que ce soit comme officier de liaison de la gendarmerie katangaise auprès de Mistebel, puis auprès du Bureau-Conseil. Son rôle était de communiquer des informations, et une information pareille, il la gardait pour lui; comment cela est-il possible ? 30. Si ce n’est pas Smal, est-ce Vandewalle qui a communiqué à Loos l’information de la mort de Lumumba ? 31. Pourquoi Nendaka s’est-il rendu à Elisabethville le 22 janvier 1961 ? Ce jour-là, le témoin a déjeuné avec Vandewalle, Marlière et Nendaka au restaurant de la Sabena. Fut-il question de la mort de Lumumba et de ses conséquences ? 32. Selon le témoin, Lumumba est-il mort fusillé en brousse ou dans la maison Brouwez ?

Témoignage

2.1 René Smal a été entendu par la commission d’enquête le 3 juillet 2001. 2.2. Le témoin déclare au début de l’audition qu’il n’est retourné de Belgique à Élisabethville que le 16 janvier 1961 et que, par conséquent, il ne savait pas de première source ce qui s’était passé au Congo les jours précédents. Smal nie avoir fait partie, pendant cette période, de la mission technique placée sous la direction du professeur Clemens. Il lui est cependant arrivé d’assister à des réunions dans son bureau. En réalité, il était le collaborateur du colonel Vandewalle et, de manière plus informelle, l’observateur, en charge des questions militaires, du major Loos, membre du cabinet. Avant d’occuper ces fonctions, il avait déjà été, au cours des années précédentes, officier de renseignements à Stanleyville. Il n’a eu à aucunbemoment des contacts avec le service de renseignements militaire belge et il en va de même pour le colonel Vandewalle et le major Loos.2.3. Le témoin souligne que la mission du colonel Vandewalle au Congo n’était pas de nature politique, mais de nature militaire; il voulait créer un climat de stabilité et souhaitait mettre en place un appareil du pouvoir qui ferait en sorte que l’on ne recoure plus jamais à la violence au Congo. Le colonel était d’ailleurs un homme loyal et honnête, qui n’aurait pas été disposé à prêter son concours à des actes répréhensibles, comme l’assassinat de Lumumba. Selon le témoin, l’affaire Lumumba n’était évoquée que lors des contacts entre le major Loos et les responsables belges à Léopoldville. D’ailleurs, si le colonel Vandewalle avait été informé préalablement du transfert de Lumumba de Léopoldville à Élisabethville, il n’aurait pas choisi précisément ce jour (le 17 janvier) pour partir à Mitwaba et Albertville. Il serait resté à Élisabethville. De ce fait, son innocence devient encore plus crédible. 2.4. Lorsque le témoin est arrivé de l’aéroport d’Élisabethville, le 16 janvier, lui et le colonel Vandewalle ont appris de la bouche du commandant Verdickt que Lumumba allait être transféré au Katanga. Le même soir, le colonel Vandewalle a encore formulé l’espoir que Lumumba ne serait pas assassiné et qu’il aurait droit à un procès international. Plus tard, tous deux ont appris qu’il avait en fait déjà été assassiné. Le témoin déclare qu’il n’a appris les détails de l’assassinat de Lumumba et de ses deux compagnons que trente ans après les faits, même si peu de temps après ceux-ci, des rumeurs avaient déjà circulé à propos des circonstances de l’exécution. On ignore si le colonel Vandewalle, après avoir été informé de l’assassinat de Lumumba, a ordonné d’enquêter sur les circonstances de cet assassinat. 2.5. En ce qui concerne sa propre attitude au Congo, il était clair pour le témoin qu’il lui incombait de défendre les intérêts belges, ce qui ne signifie en aucun cas qu’il ait apporté sa collaboration à des faits répréhensibles. 2.6. Une lettre que le témoin a écrite au major Loos le 22 janvier 1961, et dont le président a donné lecture, renferme une description détaillée des événements, des stratégies et des alliances, mais ne contient absolument aucune allusion à l’affaire Lumumba, qui avait été assassiné cinq jours auparavant, ce que Smal savait depuis le 18 janvier au matin. Le témoin explique cette lacune en renvoyant à l’attitude des Katangais, qui prétendaient encore à ce moment que Lumumba n’était pas mort (ils n’ont révélé sa mort qu’en février). Étant donnéque cette version représentait le point de vue officiel, sa mort ne pouvait pas s’ébruiter (il fallait éviter tout risque d’escalade) et le témoin a donc tout mis en oeuvre pour éviter que la vérité ne se répande. Il s’agissait certes d’une lettre privée, mais il voulait éviter tout risque que quelqu’un apprenne par hasard la mort de Lumumba. Le major Loos avait d’ailleurs bien été informé de la mort de Lumumba par le témoin via des communiqués secrets codés. La commission dispose encore de quelques-uns de ces communiqués codés, mais même le témoin n’est plus capable de les déchiffrer. Le président se demande si le témoin n’a pas informé Loos et Vandewalle à une date ultérieure; il est tout de même surprenant que les services de sécurité belges n’informent le gouvernement de la mort de Lumumba que le 3 février. Smal pense que cela est sans importance, étant donné que lui-même, Loos et Vandewalle n’étaient pas directement en contact avec les services de sécurité belges, qui disposaient de leurs propres informateurs au Congo. Le témoin indique que l’information a été reçue de Bruxelles par télex. Il n’a personnellement pas reçu de fonds de la Belgique. Certains responsables, dont le major Loos, disposaient de fonds importants, mais le témoin ignore tout d’une quelconque origine belge de ceux-ci. Le président katangais Tshombe aurait, en revanche, reçu des sommes importantes, notamment de l’Union Minière. 2.7. Le président voudrait savoir ce qu’il est advenu du télex du 16 janvier adressé au consul belge, dans lequel le ministre belge d’Aspremont Lynden insiste auprès de Tshombe pour que Lumumba soit transféré au Katanga. Le témoin ignore ce qu’il est advenu de ce télex, mais il présume que Tshombe a été rapidement mis au courant de sa teneur par le consul, via son chef de cabinet. Selon les mémoires du colonel Vandewalle, Tshombe a d’abord été surpris du télex, étant donné que ses conseillers belges l’avaient dissuadé de faire transférer Lumumba. Le témoin estime également qu’il serait logique que Bomboko et Nendaka, qui était le responsable de la sécurité, aient joué un rôle important dans le transfert de Lumumba et de ses compagnons. 2.8. Un membre de la commission se demande pourquoi Smal était présent à l’arrivée de Lumumba à l’aéroport, le 16 janvier. Le témoin avait entendu parler de ce transfert au consulat d’Élisabethville et Vandewalle a immédiatement voulu s’y rendre afin de voir ce qui se passait; il était dès lors logique que son collaborateur Smal l’accompagnait. Selon le témoin, les choses se sont déroulées comme suit : il y avait un conseil de cabinet; Munongo voulait lamort de Lumumba; sous l’influence de l’alcool, différents ministres ont été convaincus et finalement même Tshombe a marqué son accord. Le témoin souligne une nouvelle fois que les conseillers belges de l’époque au Katanga n’avaient pas ou guère d’influence sur la politique de Tshombe et de Munongo, véritable détenteur du pouvoir. Le télex de d’Aspremont Lynden a cependant fourni un argument supplémentaire à Munongo pour convaincre Tshombe de faire transférer Lumumba au Katanga et de l’assassiner. 2.9. En réponse aux questions portant sur le pouvoir des Belges au Katanga à cette époque, Smal précise qu’il ne faut pas exagérer ce pouvoir : les Belges ne pouvaient pas faire tout ce qu’ils voulaient. Tshombe avait un certain pouvoir, mais le véritable homme fort du Katanga était le ministre Munongo, qui a, selon le témoin, pris la décision finale d’exécuter Lumumba, contre la volonté de Tshombe. C’est également pour cette raison que l’on ignore si ceux qui ont transféré Lumumba au Katanga ont également oeuvré en vue de son exécution. Peut-être imaginaient-ils qu’il aboutirait simplement en prison : le témoin ne souhaite pas se rallier à l’une des deux hypothèses. Il estime toutefois très probable que les Américains aient oeuvré, avec l’accord secret des Nations unies, en vue de l’élimination, physique ou non, de Lumumba, ce qui aurait été tout à fait possible en cas de transfert au Katanga. Son élimination conduisait en effet au renforcement de leur propre pion, à savoir Mobutu.

Données biographiques

Né à Seilles le 23 avril 1925. Rang : commandant. Mis à la retraite le 14 avril 1976. Formation : blindés. En Afrique : du 20 décembre 1948 au 1er juin 1959 (lieutenant-capitaine). Du 16 septembre 1959 au 16 janvier 1962 (commandant), officier de liaison (assistant du colonel Vandewalle) auprès du consulat belge d’Élisabethville. Divers : résistant en ‘40-’45. Il adressait régulièrement des rapports d’information au Major Jules Loos, le conseiller militaire du ministère des Affaires africaines. Officier de renseignements à Élisabethville, Coquilhatville.

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