Le général Faustin Munene, ancien chef d'état-major des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), a accordé une interview à Radio France internationale (RFI) le jeudi 26 juillet 2012. Au cours de cet entretien, l'ex-officier des armées de RDC a passé en revue plusieurs points d'actualité entre autres, la mutinerie du Mouvement du 23 mars (M23), les élections présidentielle et législatives de novembre 2011, la position du Rwanda dans la guerre de l'Est de la RDC, le Sommet de la Francophonie. « Depuis le début, c'est-
à-dire le 17 mai 1997, j'ai fait partie de ceux qui ont libéré la RDC du régime dictatorial du président Mobutu. Et déjà, à l'époque de feu président Mzee Laurent Désiré Kabila, j'ai découvert les non-dits de ceux qui prétendaient être nos alliés, c'est-à-dire, dans le cas précis, les Rwandais...», a déclaré le général Faustin Munene au micro de Christophe Bois- bouvier. Selon RFI, cet ex-officier de la FARDC ne croit plus, comme certains opposants, à l'alternance par les urnes. Faustin Munene a fui Kinshasa il y a deux ans, et s'est réfugié à Brazzaville, où il a créé l'Armée de résistance populaire (ARP) et se dit bénéficier de la protection des autorités de la place. Il a été condamné il y a un mois par contumace à la prison à perpétuité.
Q : Kinshasa vous accuse d'avoir organisé un mouvement insurrectionnel et vous venez d'être condamné par la Cour militaire à perpétuité. Qu'est-ce que vous en dites?
R : A perpétuité plus une amende de 5 milliards de dollars américains .J'ai fait partie de ceux qui ont libéré la RDC du régime dictatorial de Mobutu. A l'époque de Laurent-Désiré Kabila, j'ai découvert que Joseph Kabila faisait partie de ce complot. Lorsque je commandais les forces armées en tant que chef d'Etat-major, il fut mon adjoint. Tout a commencé à s'empirer en 2001. Il est à la base de la déstabilisation des FARDC mal encadrées et mal administrées. Lorsque j'ai compris qu'il en voulait à ma vie, j'ai quitté le pays en prenant toutes mes dispositions.
Q : Vous avez fui au Congo Brazzaville en septembre 2010; Et lors de l'attaque de la résidence de Kabila en février 2011, quel rôle avez-vous joué dans cet assaut?
R : Les éléments des ARDC ont compris qu'ils devraient en finir avec Joseph Kabila qui est leur porte malheur.
Q : Donc c'est vous qui avait commandité cet assaut?
R : J'étais bien au courant de l'initiative des jeunes gens des FAC qui en avaient marre de Joseph Kabila. Les jeunes gens ont agi positivement.
Q : Vous reconnaissez que l'Armée populaire est un mouvement insurrectionnel?
R : Il n'est pas un mouvement insurrectionnel mais plutôt un mouvement de résistance qui revendique les droits d'un peuple martyrisé, d'un peuple démuni
Q : Le mois dernier, avec l'UDPS et l'APARECO d'Honoré Ngbanda, vous avez lancé le boycott du Sommet de la Francophonie à Kinshasa. Etienne Tshisekedi est hostile à la lutte armée. Est-ce que c'est n'est pas une différence fondamentale entre lui et vous?
R : Lorsqu'on parle de se lever contre un régime de prédation, c'est tous les compatriotes qui se mettent ensemble. C'est-à-dire M. Tshisekedi a trouvé la forme la plus modérée « aller aux élections ». Après le vote de novembre 2011. Avec des fraudes et avec tout ce qu'il y a eu, nous avons compris qu'avec Kabila, il n'y aura pas des élections transparentes et démocratiques comme l'on prétendait. Tout est boutiqué d'avance. Avec la mascarade électorale pour pouvoir cautionner la victoire frauduleuse.
Q : Depuis trois mois, un mouvement rebelle, le M23 occupe la partie du Nord-Kivu. De quel côté vous vous trouvez?
R : On parle du M23. Il est issu du CNDP qui a ralié le PPRD, le parti de Kabila. Donc, il y a connivence. Or, il y a eu mutinerie. Lés soldats n'ont jamais été rémunérés. A partir du -moment où les éléments du CNDP qui ont été intégrés dans les FARDC ont compris qu'avec Kabila, il n'y avait pas d'assises. Donc, nous considérons que la résistance congolaise ne tient pas compte des ethnies, des tribus, des religions... Le M23 est donc un grand mouvement de résistance.
Q: Qu'est-ce que vous pensez de l'Accord du 15 juillet à Addis-Abeba entre Kabila et Kagame pour la constitution d'une force neutre au Nord-Kivu?
R : Cette force neutre est un complot. C'est encore importer une guerre qui va ouvrir une autre porte à la balkanisation. C'est aussi un signe d'échec. Ils ont échoué c'est- dire qu'ils ont fait trop de recours pour rester au pouvoir qu'ils sont volé.
Q : Dans quel pays êtes-vous aujourd'hui général Munene?
R : Moi, je suis au Congo Brazzaville, protégé par les autorités. Je pense que le président Sassou connaît les droits humains, et qu'il ne va pas accepter qu'un cadre de mon niveau soit extradé parce qu'il n'y a pas de justice au Congo. Moi, j'ai déjà échappée à un assassinat et j'ai droit comme tout citoyen du monde à la protection.
C.N/RFI
