vendredi 21 septembre 2012

Témoignage de GRANDELET CLAUDE sur l'assassinat de LUMUMBA

lumumba

GRANDELET CLAUDE

Présentation du témoin

1. Présentation du témoin Le lieutenant Grandelet faisait partie de l’unité militaire chargée d’une mission de protection à l’arrivée de Lumumba à l’aéroport d’Élisabethville et lors du séjour de celui-ci dans la maison Brouwez. Il n’a pas assisté personnellement à l’exécution. Seuls quelques éléments ont réellement de l’importance dans le cadre de l’audition de M. Grandelet : quels ordres a-t-il reçus et de qui les at-il reçus ? Des informations peuvent également lui être demandées, à titre accessoire, concernant (1) la structure du commandement de la Gendarmerie katangaise et (2) l’état de Lumumba. Les éléments suivants revêtent de l’importance dans ce cadre :— les informations concernant la fonction du lieutenant Grandelet; concernant la 1re et la 2e Cie PM, commandées respectivement par le lieutenant Michels et le capitaine Gat; et concernant le commandement au sein de la Gendarmerie katangaise;— le rôle de la 1re Cie PM, en général, et du lieutenant Grandelet, en particulier, à l’aéroport lors de l’arrivée de Lumumba et, par la suite, à la maison Brouwez pendant le peu de temps que Lumumba y est resté;— l’état de Lumumba à son arrivée à l’aéroport;— l’ordre de tirer sur les troupes des Nations unies et de tuer Lumumba, si nécessaire;— l’état de Lumumba à la maison Brouwez;— le témoignage indirect de Grandelet au sujet de la mort de Lumumba et les responsabilités des officiers belges en la matière;— la diffusion ou la non-diffusion de la nouvelle de la mort de Lumumba.

Témoignage

2.1. Claude Grandelet a été entendu par la commission d’enquête le 12 juillet 2001. 2.2. À l’époque, il y avait deux compagnies de police miliaire à Élisabethville. La seconde compagnie était issue de l’ancienne Force Publique. Elle recevait directement ses ordres du ministre de l’Intérieur, Munongo. Cette compagnie était placée sous les ordres du capitaine Gat. C’est un petit détachement qui assurait la surveillance des prisonniers et qui était présent lors des exécutions. Grandelet ne sait plus qui a ordonné initialement cette mission de protection. L’officier commandant avait probablement reçu à son tour cet ordre de sa hiérarchie. L’avion transportant les prisonniers devait, cet après-midilà, attendre d’atterrir jusqu’au moment où l’unité arrivait sur le champ d’aviation. 2.3. Au moment où les prisonniers sont sortis de l’avion, les hommes de la police militaire étaient conscients de ce qui se passait. Selon Grandelet, les prisonniers ont été poussés par la porte de l’avion avant que l’échelle ne soit en place. On pouvait constater que les prisonniers avaient été battus, mais ils n’avaient pas l’air en très mauvais état. Grandelet est formel lorsqu’il déclare ne pas avoir reçu du lieutenant Michels l’ordre — en cas d’intervention des troupes des Nations unies — (de leur tirer dessus et) d’abattre Lumumba, plutôt que de le laisser libérer par les soldats des Nations unies. Michels lui a, certes, rapporté que Munongo avait dit d’agir de la sorte, mais Grandelet ne l’a pas interprété comme un ordre. Il y avait, selon Grandelet, une réelle hostilité entre les troupes des Nation unies et les Katangais. En tant qu’officier belge, Grandelet a exécuté les ordres; il était toutefois à la disposition des autorités katangaises. Il reconnaît qu’il était dans une situation difficile. 2.4. Grandelet, qui était entré dans la maison Brouwez après que les prisonniers y avaient été emmenés, n’a pas vu que Lumumba avait été battu. Grandelet affirme que l’histoire selon laquelle Lumumba est arrivé presque mourant dans la maison Brouwez a été inventée ultérieurement par Tshombe lui-même. Les prisonniers avaient effectivement été brutalisés, mais pas autant que d’aucuns l’ont prétendu. Munongo est le seul ministre katangais que Grandelet a vu dans la maison Brouwez. 2.5. On a renvoyé, au sein de la commission, au rapport de la commission d’enquête des Nations unies, dans lequel il est précisé que Lumumba s’est très grièvement blessé lors d’une chute qui s’est produite dans la salle de bain de la maison où il était retenu prisonnier, et qu’il a été sévèrement brutalisé, notamment par le ministre Munongo. Selon Grandelet, Lumumba n’a pas été maltraité avant de quitter la maison Brouwez. À cette époque, de nombreuses rumeurs et fabulations ont circulé à propos de Lumumba. Grandelet est convaincu que les prisonniers n’ont pas été assassinés dans la maison Brouwez. Grandelet a précisé devant la commission que sa mission consistait au départ à s’occuper d’un « avion suspect» et non à réceptionner des suspects. Lui et ses hommes avaient été avisés qu’un avion suspect, qui refuserait de s’identifier, voulait atterrir. Il fallait empêcher cet avion de commettre tout acte hostile. La mission s’est progressivement modifiée dès lors qu’il a été demandé àGrandelet de suivre les prisonniers avec un véhicule blindé.

Données biographiques

3. Données biographiques concernant Claude Grandelet Né à Biesmes, le 28 janvier 1934. Rang : retraité en 1989 en tant que lieutenant-colonel (Part BE SHAPE). Formation : 1. École des cadets. 2. École royale militaire. 3. Artillerie. En Afrique : du 1er septembre 1959 au 6 juin 1961 : ministère des Affaires africaines. Officier chargé de la surveillance de Lumumba. Du 1er août 1965 au 2 novembre 1966 : ministère des Affaires étrangères (Pakistan, Inde, Cachemire). 19-25 mai 1978 : Shaba.

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