lundi 22 octobre 2012

Conseil de Sécurité : le M23 condamné, le Rwanda épargné !

 
(La Prospérité 22/10/2012)


Dans une déclaration lue par son président en exercice pour le mois d’octobre, le Guatémaltèque Gert Rosentahl, le Conseil de Sécurité des Nations Unies condamne le M23 et exige la fin du soutien extérieur apporté à ce groupe armé, sans cependant citer nommément, le Rwanda. Le Conseil de sécurité insiste spécialement sur l\'urgence qu\'il y a à engager des contacts et un dialogue constructifs entre la RDC et les voisins, notamment le Rwanda. Dans l’entre-temps, ce dernier est gratifié, en obtenant un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité et ce, pour un mandat de deux ans. Son Ambassadeur à l’Onu, M. Olivier Nduhungirehe en profite pour narguer tout le monde, en déclarant pompeusement que : «les membres de l’Assemblée Générale savent très bien quel est notre bilan et ne peuvent pas être dissuadés ou influencés par un rapport sans fondement, qui n’a aucune crédibilité». Quant à la RDC, soutient sa diplomate accréditée au Palais des verres à New York, Mme Charlotte Omoy Malenga, le Rwanda n’est aucunement digne de siéger au sein du Conseil de sécurité de l’Onu, au regard de son rôle déstabilisateur dans la partie Est du territoire congolais. La crainte, c’est HRW qui l’exprime : ‘‘Le Rwanda sera maintenant en mesure de bloquer les sanctions impliquant les officiels rwandais et d’autres initiatives dans la recherche de la paix en RDC. Nous pensons que ce sera une situation grave qui pourra avoir des conséquences négatives sur la population à l’Est de la RDC’’, a soutenu Mme Ida Sawyer, chercheuse à cette ONG internationale. C’est visiblement un piège qui risque de se refermer sur la RDC, comme une serrure à double tour. De ce qui précède, il ne reste plus aux congolais que de retrousser leurs manches et de compter sur leurs propres forces. Si forces, il n’y a pas, il faut immédiatement les reconstituer, pour défendre la patrie en danger face au titillement de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité a ‘‘fermement’’ condamné, le vendredi dernier, le M23 et toutes les attaques qu\'il a menées contre la population civile, les soldats de la paix des Nations Unies et le personnel humanitaire. Ce n’est pas tout. Il exige, également, la fin du soutien extérieur apporté à ce groupe armé. En effet, pas plus tard que le 17 octobre 2012, dans la partie contrôlée par ce mouvement rebelle, au Nord-Kivu, une embuscade avait été tendue à des soldats de la Monusco, faisant six blessés parmi les Casques bleus du contingent indien. Cette attaque serait la dernière d\'une série attribuée au M23. A en croire la déclaration du Conseil de Sécurité faite par son président en exercice pour le mois d’octobre, le Guatémaltèque Gert Rosentahl, ‘‘le Conseil condamne également les efforts faits par le M23 pour mettre en place une administration parallèle et saper l’autorité de l’Etat et exige de ce groupe et des autres groupes armés, dont les Fdlr, qu’ils mettent immédiatement fin à toutes les formes de violence et autres activités de déstabilisation’’. M. Gert Rosentahl a, au nom des autres membres du Conseil, exigé l\'arrêt immédiat de l\'appui extérieur dont bénéficie le M23 et demande à tous les pays de la région de condamner tous les groupes armés opérant dans cette partie du territoire rd-congolais et de coopérer activement avec les autorités congolaises à leur désarmement et à leur démobilisation. «Le Conseil insiste sur l\'urgence qu\'il y a à engager des contacts et un dialogue constructifs entre la RDC et les voisins, notamment le Rwanda». Le Conseil, toujours selon la même déclaration, prie le Secrétaire Général, M. Ban Ki-moon, de lui présenter un rapport spécial sur les moyens possibles de faire en sorte que la Monusco soit davantage à même d\'exercer son mandat, non seulement dans la protection des civils, mais aussi sur la communication d\'information sur les mouvements d\'armes et de matériel à travers les frontières orientales de la RDC. Seulement, notent des observateurs, dans ladite déclaration, nulle part il est fait mention du Rwanda comme principal soutien du Mouvement du 23 mars, et donc pays agresseur de la RDC. Le Rwanda gratifié ! Au moment où les rapports d’experts de l’Onu citent nommément le Rwanda et, récemment, l’Ouganda comme principaux soutiens au M23, le pays des mille collines vient d’être élu dernièrement, lors du vote à l’Assemblée Générale de l’ONU, membre non permanent du Conseil de Sécurité et ce, pour un mandat de deux ans, avec une majorité de 148 suffrages, soit plus des deux tiers des voix nécessaires. Et comme pour narguer tout le monde, Olivier Nduhungirehe, le diplomate rwandais à l’ONU, affirme pompeusement, nous citons : «les membres de l’Assemblée Générale savent très bien quel est notre bilan et ne peuvent pas être dissuadés ou influencés par un rapport sans fondement, qui n’a aucune crédibilité». Human Right Watch proteste… Dans la série de réactions, outre celle du diplomate congolais basé à l’Onu, Mme Charlotte Omoy Malenga, qui s’est dite offusquée par le choix du Rwanda, celui-ci n’étant aucunement digne, au regard de son rôle déstabilisateur dans la partie Est du territoire congolais, Human Right Watch (HRW), également, proteste contre l’élection du Rwanda au Conseil de Sécurité des Nations unies comme membre non permanent. Ida Sawyer, chercheuse à cette ONG internationale, a déclaré, jeudi 18 octobre, que « la présence du Rwanda à ce siège aura un impact négatif sur les populations congolaises victimes de la guerre à l’Est de la RDC». «Nous étions très déçus après l’élection du Rwanda comme membre non permanent du Conseil de sécurité. Le Rwanda sera maintenant en mesure de bloquer les sanctions impliquant les officiels rwandais et d’autres initiatives dans la recherche de la paix en RDC. Nous pensons que ce sera une situation grave qui pourra avoir des conséquences négatives sur la population à l’Est de la RDC », a-t-elle soutenu. Pour Human Right Watch, «le Rwanda n’est pas crédible pour occuper maintenant ce siège à cause de son soutien aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) en guerre contre la RDC ». « Nous estimons que c’est un conflit d’intérêt d’avoir un pays à la table du conseil de sécurité qui a ouvertement violé l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies et qui est en train de soutenir une rébellion dans un pays voisin et qui est responsable des crimes de guerre dirigés par Bosco Ntaganda recherché par la CPI», a ajouté Isa Sawyer, indiquant que son ONG demande aux membres permanents du Conseil de sécurité tels que, les Etats Unis, la France et la Grande Bretagne d’exercer «une forte pression sur le Rwanda» pour qu’il arrête de soutenir le M23. Comptez sur soi-même La situation étant ce qu’elle est, avec un Rwanda juge et partie au sein du Conseil de Sécurité de l’Onu, il ne reste plus aux congolais que de retrousser leurs manches et de compter sur leurs propres forces. Si forces, il n’y a pas, il faut immédiatement les reconstituer, pour défendre la patrie en danger face à la ‘’duplicité’’ de la communauté internationale. Les multinationales qui financent les guerres ne laisseront jamais, alors jamais tranquille ce pays où Dieu a tout donné, y compris le reste, pour ainsi paraphraser le Président Tunisien, Moncef Marzouki, lors de sa dernière prestation du haut de la tribune du XIVème Sommet de la Francophonie, au Palais du peuple, à Kinshasa. La reconstitution des forces suppose également se lancer dans le lobbying, ce maillon faible dans la chaîne de la diplomatie congolaise mais qui, pourtant, est déterminante, pour faire entendre sa voix dans le concert des nations. Reconstituer ses forces, c’est être jusqu’au-boutiste dans les réformes de l’armée et des services de sécurité ; c’est former un front intérieur, en mettant en sourdine les clivages politiques, ethniques, tribales et régionalistes. Reconstituer ses forces, c’est s’interdire de ne voir que ses intérêts bassement matériels et ceux de sa famille, et de voir l’intérêt communautaire. Reconstituer ses forces, c’est arrêter avec la course effrénée à l’enrichissement illicite au détriment du plus grand nombre… Reconstituer ses forces, c’est s’asseoir et définir la ligne politique qui convient, en ce moment précis pour faire face à la situation, au risque de la subir et, au finish, n’être plus en mesure de la contrôler, le pire étant à redouter. L’heure est grave. La RDC se retrouve manifestement dans un piège dans lequel elle doit se débattre comme un diable dans le bénitier, pour sortir. Sinon, elle va s’enfermer, comme dans une serrure, à double tour.

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