samedi 27 octobre 2012

Guerre dans l’Est : Matata juge « hypothétique » une solution régionale

 
(Le Potentiel 25/10/2012)


La solution à la crise qui sévit dans l’Est du territoire national ne pourrait pas sortir de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Le Premier ministre Matata l’a compris. Aussi juge-t-il hypothétiques toutes les initiatives prises jusqu’à ce jour dans ce sens par une organisation sous-régionale où caracolent des pyromanes qui se font passer pour des sapeurs–pompiers.

Le Premier ministre Matata Ponyo poursuit son périple européen. Mardi, à l’étape de Bruxelles, il a fait à la presse une déclaration qui révèle un changement de cap de son gouvernement dans l’approche de la crise qui perdure dans l’Est du pays. Selon lui, toutes les initiatives prises au niveau de la CIRGL ne seraient pas de nature à favoriser un retour de la paix dans l’Est de la RDC, encore moins une stabilité dans les Grands Lacs.

Quid ? Matata Ponyo répond : « On parle de la solution régionale. Mais que peut être l’apport de la solution régionale lorsque, dans cette même sous-région, ceux qui sont censés apporter la solution sont impliqués ». Son avis est que la solution à partir de la CIRGL est « presqu’hypothétique ».

En lisant entre les lignes cette déclaration courageuse, des analystes se demandent s’il ne s’agit pas d’un désaveu de la CIRGL fait à mots couverts par Kinshasa? D’autres, modérés, y voient plutôt une forme de pression que mettrait le gouvernement congolais sur une organisation sous-régionale qui peine à se montrer impartiale. Et, crescendo, cette attitude pourrait conduire à une désolidarisation de la CIRGL même s’il est difficile de rompre les liens.

A tout prendre, la déclaration du chef du gouvernement rejoint le point de vue de la majorité des Congolais qui sont convaincus que toute recherche de résolution de la crise dans l’Est du pays sous l’égide d’une organisation contrôlée par les agresseurs reste une simple distraction. Allusion est faite à Kampala I, II, III, IV, des sommets qui ont vécu sans que des perspectives positives ne pointent à l’horizon.

La raison est simple. Ce sont les pyromanes qui ont reçu la charge de piloter le processus de stabilisation. Le résultat ne peut être que celui enregistré jusque-là : l’enlisement. Ou plutôt le statu quo. Sous l’instigation de leurs parrains dûment indexés, les rebelles du M23 poursuivent sans désemparer leur œuvre de déstabilisation de la RDC et consolident au même moment leurs positions sur le terrain.

Comme si cela ne suffisait, aux Nations unies, le tapis rouge a été déroulé au Rwanda, promu membre non permanent du Conseil de sécurité pour une durée de deux ans. Raison pour laquelle, seul un langage de fermeté reste de mise. Sans fioritures, ni faux fuyants.

Les experts onusiens ont documenté des violations graves de l’embargo sur les armes décrété contre les groupes armés opérant dans la partie Est de la République démocratique du Congo. Paradoxalement, c’est dans ces deux capitales nommément citées par le rapport des Nations unies, à savoir Kigali et Kampala, que se tiennent des réunions pour la résolution de la crise dans l’Est du pays.

Le Premier ministre Matata vient de mettre le doigt sur la plaie, en évoquant le vrai problème qui plombe les négociations en cours entre les Etats membres de la CIRGL. Un secret de polichinelle que le Kigali et Kampala apportent un soutien logistique, en hommes et diplomatique aux rebelles du M23, un mouvement insurrectionnel créé de toute pièce par ces deux capitales pour déstabiliser la RDC.

Apparemment, Matata Ponyo a une solution derrière la tête : « Il faut imaginer la solution d’une Monusco qui serait une force des Nations unies renforcée, remodelée, redéployée avec des capacités pour pouvoir prouver l’intrusion des forces étrangères pour déstabiliser la RDC ».

Aveu de faiblesse ?

Des observateurs avisés notent que le Premier ministre reconnaît implicitement des failles dans la défense et la préservation de l’intégrité territoriale. La question est devenue au fil des décennies une tare qui colle à la peau de la RDC. En réalité, ceux-ci reprochent au Premier ministre d’avoir loupé une occasion (en or) de poser le problème du renforcement des FARDC, relativement aux engagements pris tous les partenaires occidentaux depuis Sun City.

On n’a pas aidé les FARDC à se relever pour redevenir une armée nationale, républicaine et professionnelle. Une armée qui soit dissuasive vis-à-vis de ses voisins qui, aujourd’hui, se régalent en faisant des incursions sur le territoire congolais comme bon il leur semble.

Ce qui passe pour un aveu de faiblesse devrait au contraire interpeller tous ceux qui se disent amis et partenaires de la RDC. Ils devraient être sensibilisés à appuyer la reconstitution et la consolidation des FARDC.

Cette posture ne donne pas lieu à une appropriation de la destinée du pays par les Congolais eux-mêmes empêtrés dans des considérations n’allant pas dans le sens d’une reprise en main de la situation.

Écrit par LE POTENTIEL



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