mercredi 24 octobre 2012

Affaire Chebeya, Kabila victime de lynchage médiatique. Une raison morale pour neutraliser le chef de l’Etat

(L'Avenir Quotidien 24/10/2012)






















*Pour Lambert Mende, la plupart des Congolais qui ont suivi les entretiens de Paul Mwilambwe dans le documentaire sur Chebeya et sur RFI et France 24, le 17 octobre dernier, la méthodologie de Thierry Michel et Stéphanie Braquehais n’est pas sans rappeler ces pratiques de lynchage médiatique qui sont aux antipodes non seulement des règles déontologiques mais aussi des fondamentaux du fonctionnement des institutions

*L’objectif visé par cette campagne est de compléter utilement le tableau d’infamie pour discréditer l’indocile Joseph Kabila et donner une justification morale à ceux qui pourrait se charger de le neutraliser. Comme ce fut le cas avec Patrice Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila.

Lambert Mende, ministre des Médias, des Relations avec le Parlement et chargé de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté a réuni hier la presse dans son cabinet de travail pour un entretien autour de trois principaux points. Il s’agit du XIVème sommet de la Francophonie de Kinshasa, du rapport final des experts des Nations Unies sur l’Est de la Rd Congo et du lynchage médiatique autour de l’affaire Chebeya.

Dans son discours, le ministre a dit que c’est à juste titre que le Président de la République a balayé les prétentions manichéistes de ceux qui voulaient mettre à profit le sommet francophone de Kinshasa pour inoculer moult complexes en la matière.

« À Kinshasa, nos invités ont palpé du doigt les réalités d’un pays vivant et en voie de modernisation, un pays dans lequel les libertés sont exercées plus que partout ailleurs dans notre espace géographique », a – t – il dit.

En tout état de cause, souligne-t-il encore, le gouvernement congolais tient à exprimer sa satisfaction après avoir entendu le Président de la République française placer en tête des thèmes qu’il a développé à Kinshasa une dénonciation claire de l’agression dont est victime la RDC sur son flanc oriental ainsi que la réaffirmation de l’intangibilité des frontières congolaises ; ce qui rejoint la préoccupation primordiale des Congolaises et des Congolais en ces temps d’une agression extérieure à l’Est, vécue comme un poignard au cœur des hommes et des femmes de ce pays.

Abordant le deuxième point relatif au rapport final des experts des Nations Unies sur l’Est de la Rd Congo, Mende pense que l’essentiel, ce rapport ne nous surprend guère car il confirme ce qui était déjà connu des services du gouvernement congolais à savoir que nos voisins rwandais continuent, sans désemparer, leur agression contre notre pays en se dissimulant derrière le groupe par procuration qu’ils ont créé et qu’ils commandent directement.

Le rapport final des Experts onusiens est fort précis sur la description de la chaîne de commandement effective de cette force qui change de nom au gré des directives des stratèges de Kigali. Elle comprend « le général Bosco Ntaganda et culmine avec le ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe ». Il appert donc clairement que le gouvernement rwandais est impliqué ès qualité dans l’agression dont la RDC est victime au Nord-Kivu.

Le rapport final stipule en outre que "De hauts fonctionnaires du Gouvernement de l’Ouganda ont également fourni un appui aux M23 sous la forme de renforts directs de troupes dans le territoire de la RDC (Congo), de livraisons d’armes, l’assistance technique, la planification conjointe des opérations, des conseils politiques et l’assistance diplomatique".

Un lynchage inacceptable

Quelques jours seulement après la fin du sommet de la Francophonie et des polémiques qui l’ont traversé, une véritable campagne de lynchage médiatique a été lancée contre la RD Congo et son président, Joseph Kabila à partir des médias publics français (RFI et France 24).

Des animateurs de ces médias ne se sont pas embarrassés des principes déontologiques au sujet desquels ils ne cessent de nous harceler, indique Lambert Mende.

En effet, c’est RFI qui a ouvert les hostilités le 17 octobre avec des révélations exclusives sur l’affaire Chebeya, du nom de l’activiste congolais des droits de l’homme retrouvé mort dans la banlieue de Kinshasa début juin 2010. Une affaire dont le procès en appel a repris hier devant la justice militaire congolaise.

Une personne, parlant à visage couvert mais se présentant comme l’ancien Major de la Police nationale congolaise Paul Mwilambwe, formule des accusations graves contre le chef suspendu de la police congolaise le Général John Numbi mais aussi contre le président de la RD Congo Joseph Kabila.

C’était la deuxième fois que le présumé « Major Mwilambwe » s’exprimait dans les médias étrangers. Sa première déclaration avait été faite à Thierry Michel, un cinéaste - documentariste belges au lendemain d’une décision de refoulement de ce dernier par les services congolais de l’immigration à l’aéroport international de N’Djili pour faux et usage de faux sur son passeport.

À l’évidence, la coïncidence n’était pas fortuite. Beaucoup de Congolais n’étaient pas loin de croire que Michel avait ainsi utilisé cette interview pour prendre sa revanche sur un Etat d’où il avait été expulsé. Le Gouvernement de la République ne croit pas à un simple effet du hasard, avoue Mende.

« Nous ne sommes pas loin de croire que les objectifs poursuivis par cette action sont d’influencer les juges chargés de dire le droit sur le dossier Chebeya qui reprend son cours ce 23 octobre 2012 et de discréditer le Président de la Rd Congo, et les institutions politiques en place à Kinshasa coupables d’avoir osé tenir tête à ceux qui, en dépit de leurs propos lénifiants sur la fin des pratiques détestables de la françafrique, s’autorisent toujours ce paternalisme suranné que nous ne supportons plus.

Force est de constater en effet à cet égard que l’interview du dénommé Mwilambwe, diffusée par RFI fait littéralement « cadeau » aux juges en charge du dossier de l’assassinat de M. Chebeya d’un « témoin à distance », un concept inédit dans l’histoire de la justice.

Ce que le cinéaste Thierry Michel et la journaliste Stéphanie Braquehais de RFI ont fait n’est pas défendable, juridiquement et déontologiquement, poursuit Mende.

Ils ont pour ainsi dire d’eux-mêmes conduit de bout en bout l’enquête judiciaire, identifié un témoin parmi les condamnés fugitifs, qu’ils ont « interrogé » sur antenne et à l’écran avant de livrer les conclusions aux spectateurs et auditeurs de leurs médias sous forme d’un verdict désignant des « coupables » qu’ils n’ont pas jugé utile d’entendre et ce, concomitamment au vrai procès judiciaire qui se poursuit sans désemparer.

Ils n’ont aucun respect pour l’indépendance du pouvoir judiciaire rappelée du reste avec force par M. le Président de la France en réponse à un dirigeant africain qui lui reprochait sa mise en cause par des juges de l’hexagone dans l’affaire dite des biens mal acquis.

Un lynchage prémonitoire à une élimination physique

Nombreux sont ceux qui pensent à Kinshasa que les graves accusations contre le président Joseph Kabila, répercutées sans le moindre début de preuve et avec une rare légèreté par RFI et France 24 s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de dénigrement.

Un lynchage médiatique conçu pour livrer un dirigeant africain de plus à la vindicte de l’opinion avant de lui régler son compte. Après Patrice Lumumba en 1961, Mzee Laurent-Désiré Kabila en 2001, est-ce le tour de Joseph Kabila Kabange cette année ou bientôt ?

Tout s’est passé en effet comme si le but poursuivi par ces médias publics de l’Hexagone d’un pays étranger était d’intoxiquer aussi bien la justice que l’opinion publique avec une fausse information sur une culpabilité du chef de l’Etat de la RDC dans une affaire criminelle dans laquelle il n’a été à aucun moment cité.

On se trouve en face d’un cas d’école d’instrumentalisation de médias étrangers auxquels nous avons ouvert nos fréquences dans un souci de rendre l’information plurielle pour déstabiliser nos institutions et leurs animateurs. Cela est inacceptable.

La RDC et son peuple ont déjà payé, depuis les années d’indépendance, un lourd tribut en vies humaines pour s’affranchir du colonialisme et de tout ce qui, de près ou de loin, s’apparente au néo-colonialisme.

C’est le cas de cette survivance anachronique que l’on a nommée Françafrique. Un disfonctionnement relationnel dont trois chefs de l’Etat français ont annoncé l’enterrement, sans que nous en voyions des effets sur nos relations quotidiennes.

Tant d’incohérences et d’approximations font penser à une mise en scène. L’interview du présumé Mwilambwe résulterait dans cette hypothèse d’un arrangement proposé à n’importe quel demandeur d’asile en Occident comme condition pour lui faciliter le voyage vers le « paradis » de l’exil et de l’assister dans les démarches en vue de régulariser sa situation et ainsi légaliser son séjour.

L’objectif est de compléter utilement le tableau d’infamie pour discréditer l’indocile Joseph Kabila et donner une justification morale à ceux qui pourrait se charger de le neutraliser. Comme ce fut le cas avec Patrice Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila.

Enfin, on peut relever que le prétexte Chebeya, dont veulent se servir certains en Occident pour diaboliser Joseph Kabila, se fonde sur une fausse prémisse dû à une totale méconnaissance du contexte : celle qui consiste à croire que l’activiste des droits de l’homme, assassiné en juin 2010, disposait de révélations fort gênantes pour les autorités congolaises dans les affaires Bundu dia Kongo au Bas-Congo, et Enyele dans l’Equateur.

Des renseignements que pour rien au monde, le Gouvernement Kabila n’aurait tenu à voir divulguer. Fausse prémisse parce qu’il est erroné de croire que sur ces deux affaires, des organisations autrement plus organisées et mieux outillées que l’ONG la Voix des Sans Voix, comme la section des droits de l’homme de la Monusco ou Human Right Watch, avaient consacré des rapports plus que fouillés qui ont permis au gouvernement d’appréhender et faire juger plusieurs officiers de la police nationale ainsi que quelques terroristes du mouvement Bundu dia Kongo.

Il serait très étonnant que la Voix des Sans Voix fasse mieux si longtemps après les faits.

Après ce point de presse, Lambert Mende a répondu à plusieurs questions, notamment celles de savoir s’il y avait rupture de paix entre la Rd Congo et le Rwanda ? S’il comptait retirer le signal de Rfi et de France 24 ? Qu’est-ce que le Gouvernement attend pour déclarer la guerre au Rwanda ?,… Dans sa réponse, le ministre a indiqué qu’il y avait réellement rupture de paix entre la Rd Congo et le Rwanda, mais que le moment n’est pas encore venu pour déclarer la guerre.

Pour le faire, dit-il, il faut l’implication du Président de la République, du Parlement, etc. Et d’ajouter que la Rd Congo met en ce moment l’accent sur l’option diplomatique et n’oublie pas pour autant l’aspect militaire lorsqu’on sait que c’est maintenant que les bases d’’une armée républicaine sont en train d’être posées.

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