vendredi 26 octobre 2012

AFFAIRE FLORIBERT CHEBEYA: jusqu’à quand niera-t-on l’évidence ?

(Le Pays 25/10/2012)
Il ne fait plus de doute, le général John Numbi ne sera pas inquiété dans l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’Homme, Floribert Chebeya. En tout cas, pas par les juridictions de son pays, la RD Congo. La justice militaire congolaise a tranché sur l’affaire le 23 octobre dernier et a décidé de ne pas mettre en accusation le tout-puissant général.

Les parents de la victime n’ont donc plus que leurs yeux pour pleurer. Les seules mesures conservatoires qu’ils ont obtenues pour vérifier les dires du policier Paul Mwilambwe, en fuite, qui dit savoir où le corps de Chebeya a été inhumé, ne sont que de la poudre aux yeux comme l’a d’ailleurs reconnu la partie civile. Malgré les nombreux témoignages aussi crédibles les uns que les autres, la justice militaire n’a trouvé mieux que de rendre une telle décision. Et c’est peu d’affirmer que c’est un coup de poignard dans le dos des défenseurs des droits de l’Homme. Selon toute vraisemblance, cette décision est aussi la preuve que le général John Numbi restera intouchable sous le régime de Joseph Kabila. Et c’est fort dommage car, dans un pays où il y a des personnages de ce genre, ni la justice, ni la démocratie ne peuvent y prospérer.

On constate que le pouvoir de Kabila est bien déterminé à protéger le général John Numbi. Son attitude est sans équivoque. C’est la preuve que dans les républiques bananières, ce n’est pas tout le monde qu’on sacrifie même s’il y a des preuves accablantes. John Numbi est au cœur du système et Kabila fils n’est pas prêt à le livrer à la justice au risque de fragiliser son système. Le comportement de la justice congolaise laisse penser qu’il n’y aura jamais de vérité sur l’assassinat de Floribert Chebeya tant que Kabila sera au pouvoir. On croyait pourtant que la fermeté du président français François Hollande à Kinshasa lors du dernier sommet de la Francophonie, sur le respect de la démocratie, pousserait les autorités congolaises à changer d’attitude. Voilà que rien n’y fit.

Hollande a prêché dans le désert. Jusqu’à quand niera-t-on l’évidence ? Le mensonge à beau courir, la vérité finit toujours par le rattraper, dit-on. Outre la justice divine à laquelle le général n’échappera pas, il peut être un jour inquiété par la justice internationale. Car, c’est la seule voie de recours qui reste à être explorée par la famille de la victime. Comme on le voit, le président Kabila, prompt à réclamer la vérité sur le soutien de tel ou tel pays à des mouvements rebelles qu’il accuse de vouloir déstabiliser son régime, n’est pas prêt à donner le bon exemple. Il est plutôt enclin à offrir une parodie de justice à des plaignants que d’œuvrer à la manifestation de la vérité. Un comportement qui n’est ni plus ni moins que celui d’un fossoyeur de la démocratie.



Dabadi ZOUMBARA



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