mardi 23 octobre 2012

La communauté internationale est inquiète

BELGA   
Le passé qui dit tout et qui éxplique le futur de la RDC

République Démocratique du Congo    
Mis en ligne le 02/12/2004

Le conseil de sécurité de l'ONU pourrait en outre se pencher jeudi sur les nouvelles tensions entre Kigali et Kinshasa.
La communauté internationale, notamment Londres et Washington, s'inquiète d'une éventuelle intervention rwandaise en République démocratique du Congo (RDC), engagée dans un délicat processus de paix après une guerre meurtrière qui a fait plus de trois millions de morts entre 1998 et 2002. Le conseil de sécurité de l'ONU pourrait en outre se pencher jeudi sur les nouvelles tensions entre Kigali et Kinshasa au sein d'une région des Grands Lacs, véritable "poudrière" du continent, qui reste très instable malgré les récentes promesses de ses chefs d'Etat à désormais promouvoir la paix. "A la demande du gouvernement de la RDC, le Conseil de sécurité se réunira probablement demain (jeudi) à New York", a indiqué mercredi depuis Kinshasa la Mission de l'ONU en RDC (MONUC). Mercredi, pour la première fois, la MONUC a fait état d'"un groupe de 100 soldats qui sont soupçonnés d'être des Rwandais" au nord de Goma, dans l'est de la RDC, région frontalière du Rwanda. Kigali n'a pas confirmé, mais surtout, pas démenti. Des sources diplomatiques ont pour leur part fait état de la présence de quelque 550 soldats rwandais dans la région de Rutshuru, une ville située à environ 70 km au nord de Goma, le chef-lieu de la province congolaise du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda. Et les deux principaux alliés occidentaux du régime de Kigali sont sortis de leur silence pour faire part de leurs inquiétudes. Londres a mis en garde Kigali après les menaces du président rwandais Paul Kagame d'intervenir en RDC pour neutraliser des rebelles hutus rwandais qui y sont réfugiés. "Nous sommes très préoccupés par les informations selon lesquelles le Rwanda envisage une incursion" en RDC, a déclaré un porte-parole du Foreign Office, soulignant que "toute incursion militaire (...) pourrait avoir de sérieuses répercussions pour toutes les parties impliquées".
"Nous avons cherché à empêcher toute action de ce type par le gouvernement rwandais", a-t-il ajouté. La secrétaire d'Etat au Développement international, Hilary Benn, s'est entretenue avec M. Kagame à propos de ces menaces, a précisé le porte-parole. Elle devait également discuter avec le président de la RDC, Joseph Kabila, qui a de son côté annoncé mardi le déploiement dans les "tout prochains jours" de 10.000 soldats supplémentaires au Nord-Kivu, province de l'est du pays frontalière du Rwanda. De leur côté, les Etats-Unis ont décidé d'envoyer un émissaire au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) pour presser les deux pays de régler leurs différends d'une manière pacifique. Donald Yamamoto, adjoint au sous-secrétaire d'Etat chargé des affaires africaines, doit quitter Washington jeudi pour une tournée dans ces deux pays, selon le département d'Etat. "Nous pensons bien sûr que ces deux pays doivent résoudre leurs différends par la voie diplomatique et pas de manière militaire, en échangeant des tirs ou par des mouvements de troupes dans cette région", a déclaré un porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Adam Ereli. M. Yamamoto, a-t-il dit, plaidera notamment notamment pour que les différentes parties fassent jouer un accord de sécurité tripartite Rwanda-RDC-Ouganda qui prévoit la création, sous les auspices de l'ONU, d'un "mécanisme conjoint de vérification" (MCV) de la frontière entre la RDC et le Rwanda. A Kinshasa, le Comité international d'accompagnement de la transition (CIAT) a pour sa part dénoncé une nouvelle "agression" contre la RDC. Le CIAT est composé des représentants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), de la Belgique, du Canada, de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Gabon, de la Zambie, de l'Union européenne, de l'Union africaine et de la Monuc. "La présence des groupes armés étrangers sur le territoire de la RDC représente une menace pour les populations civiles, le processus de transition, pour la stabilité de la RDC et pour celle de l'ensemble de la région, mais elle ne constitue en aucun cas une justification d'agression extérieure", indique le CIAT. En visite à Bruxelles, le vice-président congolais Azarias Ruberwa a appelé jeudi les troupes rwandaises présentes dans l'est de la RDC à s'en retirer, tout en préconisant une "solution diplomatique" à la crise survenue entre Kinshasa et Kigali à propos des rebelles hutus rwandais établis au Congo. Il a aussi confirmé la visite "avant la fin de la semaine" du président de l'Union africaine (UA), le président nigérian Olusegun Obasanjo, à Kinshasa et à Kigali.

Savoir Plus

Combats du côté de GomaDes combats au nord de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont éclaté entre des rebelles hutus rwandais et des hommes non identifiés, provoquant la fuite de milliers de civils congolais, a indiqué jeudi à l’AFP un responsable d’une agence de l’Onu. «Quelques milliers de civils congolais fuient en direction de Kanya, Kanyabayunga et Kirumba », des localités situées à 150 km au nord de Goma, près du parc de Virunga, a indiqué le chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (OCHA) de Goma, Bernard Le Flaive.
«Ils viennent du nord du territoire de Rutshuru et du nord-est du territoire de Walikale. Ils fuient des combats, des opérations militaires menées contre les FDLR », a-t-il ajouté par téléphone. Les FDLR sont les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, des rebelles hutus rwandais. «Ces opérations sont accompagnées d’exactions, nous attendons encore plus de populations déplacées les prochains jours », a-t-il poursuivi.
Ce responsable s’est refusé à identifier les assaillants, indiquant qu’il n’avait aucune confirmation sur leur identité. Mercredi, pour la première fois, le chef de la Mission de l’Onu en RDC (Monuc) à Goma, M’Hand Djalouzi, avait fait état d’«un groupe de 100 soldats soupçonnés d’être des Rwandais » dans la région de Rutshuru. Mardi, le président rwandais Paul Kagame avait prévenu que des troupes rwandaises pourraient déjà se trouver sur le territoire congolais pour neutraliser les rebelles hutus rwandais.
Les autorités congolaises avaient rapidement riposté en annonçant le renfort de 10.000 hommes dans le Nord-Kivu, province dont Goma est le chef-lieu, dans «les tout prochains jours ». Jeudi en milieu d’après-midi, la frontière entre le Rwanda et la RDC était toujours ouverte, a constaté une journaliste à Goma, ville frontalière du Rwanda.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire