(L'Avenir Quotidien 31/10/2012)
*Pour lui, il n’y aura de solutions durables à la crise que
si parallèlement aux efforts entrepris pour gérer cette crise, des réponses plus
structurelles sont apportées aux déséquilibres de la région des Grands Lacs. Il
reste convaincu que seule la coopération régionale apportera à tous la paix et
la prospérité dans le plein respect des souverainetés nationales librement
partagées.
*A travers André Flahaut, la Belgique confirme qu’elle demeure
un partenaire qui doit dire la vérité et qui s’interdit de transposer son modèle
politique. Un discours qui reste aux antipodes de celui tenu par François
Hollande en marge du XIVème sommet de la Francophonie.
A Kinshasa depuis
dimanche dernier, André Flahaut, président de la chambre des représentants du
Royaume de Belgique s’est adressé hier aux élus du peuple, dans le cadre de la
coopération parlementaire entre les deux pays. Avant le rendez-vous de la
chambre basse du parlement, l’ancien ministre de la Défense était chez le
Premier ministre Matata Ponyo où il a demandé au Gouvernement de tout mettre en
œuvre pour retrouver la voix de la raison et le dialogue. Il a souligné que les
résultats de l’action gouvernementale ont été appréciés à leur juste valeur par
le gouvernement belge et les institutions européennes.
A l’hémicycle du
Palais du peuple, André Flahaut a souligné l’importance de l’amitié
belgo-congolaise qui date de plusieurs siècles, parfois dans le moment
douloureux entre les deux pays. Contrairement aux donneurs de leçons de triste
mémoire, le belge André Flahaut est venu parler aux amis, en respectant la
souveraineté d’un Etat partenaire. « La Belgique est un partenaire qui doit vous
dire la vérité et qui s’interdit de transposer son modèle politique en Rd Congo
», a-t-il indiqué, avant d’ajouter que nous avons eu raison de vous faire
confiance. Il a toutefois conseillé aux autorités congolaises à transformer
cette existence difficile en une opportunité en vue d’une existence de
renouveau.
Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale de la Rd
Congo a eu des mots justes lorsqu’il a dit que « parler à cœur ouvert aura été
un témoignage d’une amitié existant entre nations ». Et ce, avant de suspendre
la séance pour accompagner M. André Flahaut, président de la chambre des
représentants du Royaume de Belgique.
Evoquant la situation qui prévaut
présentement à l’Est de la Rd Congo, l’homme d’Etat belge a condamné vivement
les atrocités dans cette partie de la République, tout en rappelant que
l’intégrité territoriale de la Rd Congo doit être respectée. Cependant, il a
demandé à tous ceux qui soutiennent le M23 en munitions et en troupes de cesser
cette façon d’agir qui endeuille la population.
« La crise dans l’Est de
la RDC demande bien sûr une solution à court terme : les groupes de mutins qui
s’occupent si activement de créer le chaos dans les Kivus en tentant de nouer
des alliances avec différents mouvements armés doivent être rapidement réduits.
Aucun défi à l’intégrité du territoire ne peut être toléré.
Les soutiens
extérieurs que les mutins reçoivent doivent cesser et la collaboration des pays
voisins est attendue dans ce sens », a souligné M. André Flahaut dans son
discours.
Pour lui, il n’y aura de solutions durables à la crise que si
parallèlement aux efforts entrepris pour gérer cette crise, des réponses plus
structurelles sont apportées aux déséquilibres de la région des Grands Lacs.
L’Etat congolais doit aussi faire sentir sa présence bénéfique jusqu’aux confins
du pays », a ajouté le président de la chambre des représentants de Belgique qui
s’est dit, en outre, convaincu que seule la coopération régionale apportera à
tous la paix et la prospérité dans le plein respect des souverainetés nationales
librement partagées.
Au sujet de la Commission électorale nationale
indépendante (CENI), M. Flahaut, en tant que démocrate, souhaite que celle-ci
puisse rapidement faire l’objet d’un accord entre différentes tendances du
Parlement congolais. M. Flahaut, qui a relevé l’indispensable dialogue entre les
différentes sensibilités politiques, a appelé la classe congolaise à l’unité et
au défi essentiel de la bonne gouvernance, tout en insistant sur une écoute
attentive et permanente des citoyens, une présence à leur côté dans les moments
de joie et de peine et une disponibilité jamais prise en défaut.
En ce
qui concerne la réforme de la sécurité, il a indiqué que cette réforme est
cruciale et devra permettre au pays de disposer des forces armées et de police
dignes de ce grand pays. Il a salué la finalisation de tous les textes, tout en
invitant l’Exécutif à les mettre en œuvre. Pour lui, c’est au parlement de faire
entendre le souci de la nation pour une armée intégrée. Sur ce chapitre, M.
Flahaut a appelé aussi au respect des militaires et de leurs familles. « Cela
appelle aussi le respect des militaires et de leurs familles qui sont des
citoyens éminents, qui méritent la considération et une sécurité sociale
adéquate. Sans un tel effort, vous n’aurez jamais une armée nationale capable de
vaincre l’ennemi », a souligné M. Flahaut.
La sécurité juridique et
judiciaire
Abordant le volet économique de son intervention devant la
représentation nationale, André Flahaut a évoqué tous les succès engrangés ces
derniers temps par la Rd Congo. Il a toutefois insisté sur le fait que la Rd
Congo a besoin non seulement d’investisseurs productifs, mais aussi des capitaux
étrangers. Pour lui, ces capitaux ne viendront pas tant qu’ils ne seront pas
assurés de la sécurité juridique et judiciaire.
C’est ici pour nous le
moment de souligner que cette grande préoccupation d’André Flahaut, qui est
pratiquement partagée par toute la communauté internationale est prise à
bras-le-corps par le Gouvernement de la République. Celui-ci abat à cet effet un
travail de titan. C’est la raison pour laquelle l’adhésion à l’Ohada a été
effective et le pays compte continuer avec les réformes pour faire de la Rd
Congo la première destination des investisseurs étrangers directs, mais aussi
locaux.
Le président de la chambre des représentants a aussi insisté sur
la loi agricole qui vise selon lui à éviter au pays la perte de son patrimoine
agricole. Car pour lui, une concession ne dépossède pas l’Etat de sa propriété
foncière. Ici, allusion a été faite au bradage constaté ces derniers temps de
certains titres miniers qui sont achetés à vil prix à Kinshasa et vendus à des
millions de dollars Us sur le marché financier international.
Voilà
pourquoi selon lui, le parlement doit jouer un grand rôle dans l’application des
lois qui ont été adoptées. Il a prévenu que désormais, l’aide au développement
accordée à la Rd Congo sera influencée par la capacité des efforts nationaux.
Une façon de dire à la Rd Congo qu’elle devra encore fournir des efforts si et
seulement si elle veut bénéficier de l’aide financière de la communauté
internationale.
Cette conditionnalité de la Belgique se comprend
facilement, d’autant que depuis un certain temps, ce pays, ancien colonisateur
de la Rd Congo, se comporte en vrai commissionnaire sur la scène internationale,
dans la mesure où il n’y a rien qui peut être fait en Rd Congo sans l’aval de
cette puissance européenne.
Il sied de souligner que la séance plénière
d’hier mardi 30 octobre avait inscrit trois points à son ordre du jour. Il
s’agit de l’adoption de l’ordre du jour, de l’adresse de Monsieur André Flahaut,
Président de la Chambre des représentants du Royaume de Belgique devant
l’Assemblée nationale et de l’examen et adoption du Rapport de la Commission des
Relations Extérieures, relatif au projet de loi autorisant la ratification de la
convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la
corruption. Ce dernier point n’a pas été débattu en raison de la clarté de son
texte, il sera voté dans le prochain jour.
Le président de la chambre des
représentants de Belgique quitte Kinshasa aujourd’hui Kinshasa pour Goma, au
Nord-Kivu, théâtre d’une nouvelle rébellion, pour une visite de
travail.
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