lundi 12 mars 2012

LE ROI BLANC, LE CAOUTCHOUC ROUGE, LA MORT NOIRE

LE ROI BLANC, LE CAOUTCHOUC ROUGE, LA MORT NOIRE
Post-Input 2005
Léopold II est honoré comme un grand roi dans les manuels scolaires belges depuis une centaine d'années, et, ce, même si on le croit responsable de la mort de dix millions d'Africains au Congo. C'est ce que ce documentaire controversé avance. En 1885, les grandes puissances occidentales ont accordé au roi Léopold un type de souveraineté philanthropique sur ce pays africain inexploré. Le roi a nommé un explorateur pour superviser le « défrichage » du pays, qui a souffert de l'exploitation démesurée de ses ressources naturelles pour répondre aux besoins industriels pressants en caoutchouc naturel. Le film satirique déterre l'histoire cachée et les pages les plus sombres du chapitre humain et économique et, empruntant un terme (très) lourd de sens, dépeint Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha comme l'égal de Hitler en ce qui a trait à la cruauté et la culpabilité universelle. Seriez-vous surpris d'apprendre que lorsque la diffusion du film a été annoncée, la maison royale s'est mise à fulminer et elle n'apprécie encore guère le film. Ils ne sont pas les seuls Belges à maudire le réalisateur britannique.


AUX ORIGINES DU TOTALITARISME,
L'IMPERIALISME
Hannah Arendt
Extrait de Race et bureaucratie, chapitre III.

" La race apportait une explication de fortune à l'existence de ces êtres qu'aucun homme appartenant à l'Europe ou au monde civilisé ne pouvait comprendre et dont la nature apparaissait si terrifiante et humiliante aux yeux des immigrants qu'ils ne pouvaient imaginer plus longtemps appartenir au même genre humain.La race fut la réponse des Boers à l'accablante monstruosité de l'Afrique - tout un continent peuplé et surpeuplé de sauvages -, l'explication de la folie qui les saisit et les illumina comme l'éclair dans un ciel serein : "Exterminez toutes ces brutes". Cette réponse conduisit aux massacres les plus terribles de l'histoire récente, à l'extermination des tribus hottentotes par les Boers, à l'assassinat sauvage perpétré par Carl Peters en Afrique du sud allemande, à la décimation de la paisible population du Congo - de 20 à 40 millions d'individus, réduite à 8 millions ; enfin et peut-être pire que tout le reste elle suscita l'introduction triomphante de semblables procédés de pacification dans des politiques étrangères respectables"




10 MILLIONS DE MORTS
«
En 1919, une commission officielle du gouvernement belge estima que, depuis l'époque où Stanley avait commencé à établir les fondations de l'Etat de Léopold, la population du territoire avait été réduite de moitié. Le commandant Charles Liebriechts, qui exerça de hautes fonctions au sein de l'administration de l'Etat Congo pendant la majeure de l'existence de ce dernier, parvint à la même conclusion en 1920. De nos jours le jugement qui fait le plus autorité est celui de Jan Vansina, professeur émérite d'histoire et d'anthropologie à l'université du WISCONSIN ; et sans doute le plus grand ethnographe actuel spécialisé dans les peuples du Bassin du Congo. Il fonde ses calculs sur d'innombrables sources locales de régions différentes : prêtres remarquant que le nombre de leurs ouailles étaient en nette diminution, traditions orales, généalogies, et bien d'autres. Son estimation est la même entre 1880 et 1920 la population du Congo a diminué de moitié. La moitié de quoi ? Les premières tentatives de recensement territorial ne firent effectuées que dans les années 1920, le décompte effectué donna comme résultat dix millions de personnes. Villages incendié, otages affamés, réfugiés terrifiés mourrant dans les marécages, ordre d'extermination »
Adam Hochschild, p.273. Les fantômes du roi Léopold II. Un holocauste oublié. Paris, Belfond, 1998

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