dimanche 11 mars 2012

Comment l'Américafrique, la Belgafrique, la Françafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba

PRESSAFRIQUE 01.10.05
Comment l'Américafrique, la Belgafrique, la Françafrique et l'Organisation des Nations Unies furent les fossoyeurs de Lumumba et de la démocratie congolaise naissante
Episode I : le 30 juin 1960 discours d'indépendance de Lumumba, naissance d'une démocratie parlementaire, "Bwana Kitoko" Baudoin humilié
"Ils avaient pour roi l'ange de l'abîme, appelé en hébreu Abaddon, et en grec Apollyon (c'est à dire l'exterminateur)". (Apocalypse, chap IX,11)
Cité par Jules Marchal, diplomate belge et ancien fonctionnaire territorial au Congo Belge dans E.D. Morel contre Léopold II, L'Histoire du Congo 1900-1910, L'Harmattan, 1985.
"Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres...Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort, nous avons connu que la loi n'était jamais la même, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir...Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à un régime d'injustice ?"Lumumba, discours de l'indépendance du 30.06.1960
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la communauté internationale, l'ONU, les USA, l'affaiblissement de l'Europe, sont autant d'éléments qui vont contribuer à précipiter le processus de décolonisation. Fin des années 1950, dans l'empire britannique la transition s'instaure pacifiquement en Afrique (Ghana 1957, Nigéria 1960...) tandis qu'en France la loi-cadre Defferre de 1956 prépare l'émancipation progressive des territoires de l'Union française. En 1957, l'Abako (Association des Bakongos), premier parti politique créé au Congo, remporta les élections municipales de Léopoldville. Alors que la Belgique et le roi Baudoin, le bien nommé "Bwana Kitoko" ("le beau jeune homme"), depuis son séjour de 1955 dans l'Etat du Congo, envisageait une décolonisation sur trente ans, la Belgique se voit obligée en urgence de décoloniser suite aux violentes émeutes des 4 et 5 janvier 1959 à Léopoldville. Le spectre d'un conflit armé qui ensanglante l'Algérie depuis 1954 conduit le gouvernement Eyskens à prendre les devants et à précipiter le processus. Très vite l'ancienne puissance coloniale accorde l'indépendance politique dans l'idée de garder la main-mise économique. Au travers des différentes étapes (table ronde de Bruxelles, élections, formation du gouvernement) les Belges cherchent moins à assurer la viabilité du jeune Etat qu'à préserver leurs intérêts et à installer des dirigeants qui leur soient favorables. il s'agit donc d'installer des dirigeants féaux à l'instar de ce qui s'est passé lors des indépendances des anciennes colonies françaises (Tchad, Gabon, Cameroun, Togo, Centrafrique..).

Pourtant, en 5 ans Lumumba était devenu le leader d'un irrésitible mouvement d'indépendance. Contre toute attente, le panafricain et patriote Lumumba gagnait les élections libres avec son mouvement le MNC (Mouvement National Congolais). Le parlement congolais vota démocratiquement et Patrice Emery Lumumba fut élu Premier ministre (chef du gouvernement) tandis que le président (sans pouvoir dans un régime parlementaire) en était son rival Joseph Kasa Vubu. La Belgique laisse à contre-coeur les clés du royaume à Patrice Lumumba. Le 20 février 1960, durant une réunion
qui cloture des travaux d'une table ronde tenue à Bruxelles entre représentants belges et congolais il est décidé que l'indépendance du Congo serait fixée au 30 juin 1960.

Le 30 juin 1960 jour de l'indépendance du Congo, le Palais de la Nation à Léopoldville (l'actuelle Kinshasa) reçoit les membres de la famille royale belge dont le roi Baudoin 1er, des représentants du gouvernements belge, des administrateurs coloniaux, le parlement congolais, la presse internationale pour célébrer cette nouvelle ère pour le Congo. L'évènement est radiodiffusé dans tout le pays et couvert par la presse internationale. La foule s'amasse devant le Palais de la Nation pour assister à un évènement historique. Le protocole voulait que le roi Baudoin puis le président Kasa Vubu fassent un discours pour l'indépendance du Congo mais le premier ministre Lumumba élu par le parlement ne l'entendit pas de cette oreille.

Le discours du roi des Belges, Baudoin 1er, fut un discours de légitimation de la colonisation, une véritable apologie de l'oeuvre du roi Léopold II.

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