Des manifestants transportent un cadavre à Goma, samedi
© Jeroen van Loon (www.compassmedia.nl) |
Trois personnes ont été tuées samedi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, par des tirs d’obus. Un nouveau bombardement qui a provoqué un mouvement de protestation pour dénoncer l’inefficacité de l’ONU au Nord-Kivu.
Par Steven JAMBOT (texte)
"Des manifestants ont commencé à circuler dans le centre-ville en brandissant le corps d’un chauffeur de taxi-moto, tué par un obus. Ils ont commencé à brûler des pneus sur les grandes artères et à caillasser les voitures de la Monusco", raconte Sekombi Katondolo, directeur de la radio Mutaani, contacté par FRANCE 24.
"La police nationale congolaise, qui encadrait la foule, a tiré en l’air et fait usage de gaz lacrymogènes lorsque des manifestants ont voulu brûler une station d’essence de la Monusco", explique-t-il. Selon plusieurs témoins contactés sur place, cette "marche de colère" - pour reprendre l’expression de Radio Okapi, radio des Nations unies en RDC - était d’une ampleur inhabituelle pour Goma.
Plusieurs obus étaient déjà tombés sur la ville jeudi alors que les combats ont repris mercredi soir entre l'armée congolaise et le M23, actif depuis mai 2012 dans la province instable du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale.
Le colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l’armée congolaise, assure que les obus ont été tirés depuis les positions du M23. Une thèse confirmée par la Monusco, dans un communiqué. "Nous avons pour ordre d’intervenir avec la dernière énergie pour protéger les civils", explique à FRANCE 24 le lieutenant-colonel Félix Basse, porte-parole de la Monusco.
"Présentement, nous sommes en train d’engager les positions du M23 sur les collines de Kibati", explique-t-il. "Nos hélicoptères d’attaque les bombardent par rotations successives, en soutien à l’offensive des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo). L’objectif est de les repousser au-delà des collines de Kibati pour qu’ils ne représentent plus une menace pour Goma."
Joint par FRANCE 24, le porte-parole du M23, le colonel Vianney Kazarama, nie lui toute responsabilité des rebelles dans les tirs d’obus de ce samedi. Selon lui, "les tirs provenaient des positions de l’armée gouvernementale et de la Monusco". Le président du mouvement rebelle a d’ailleurs adressé samedi une lettre ouverte au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, accusant Kinshasa de bombarder les populations et exigeant la création d’une commission d’enquête indépendante.
L’ombre de Kigali
Jeudi, le gouvernement rwandais avait accusé l’armée congolaise de tirer des obus sur son territoire. Le porte-parole de l'armée rwandaise, le général Joseph Nzabamwita, a depuis mis en garde la République démocratique du Congo et averti que Kigali ne resterait pas longtemps sans réagir.
La RDC et l'ONU accusent régulièrement le Rwanda et l'Ouganda de soutenir le mouvement rebelle congolais M23, ce que les deux pays ont toujours démenti. Le 25 juillet dernier, le secrétaire d’État américain John Kerry avait lui aussi dénoncé l’aide apportée par Kigali aux rebelles du M23.
Mais les mises en causes occidentales restent pour l’instant lettre morte à l’ONU. Jeudi 22 août, selon l'agence Reuters, des diplomates rwandais sont une nouvelle fois parvenus à faire échouer un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant les attaques du M23 contre les populations civiles.
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