Rubrique : Au cœur du débat
Dossier massacre des
étudiants de l’université de Lubumbashi
Le peuple congolais a le
droit de connaître, dans le moindre détail, sans ajout ni retrait, tous les
faits liés à son «Histoire» passée, présente et à venir. S’agissant
singulièrement de son passé, il se trouve des individus visiblement décidés à
falsifier des pages pourtant infalsifiables de l’histoire nationale.
C’est dans le souci
de replacer les faits dans leur vrai contexte que «Le Phare» s’est résolu à
mettre le holà à l’entreprise de tripatouillage des «vérités» historiques.
Compte tenu des circonstances et des attentes actuelles des millions de
compatriotes, les pages d’histoire ainsi rouvertes ont eu pour point de départ
l’assassinat de Lumumba, Mpolo et Okito. Et la restitution de la longue série
des crimes politiques qu’a connus le pays depuis les années’60 va se poursuivre
jusqu’à l’épuisement total des archives à la portée du quotidien de l’avenue
Lukusa. Sa démarche ne vise qu’un objectif : amener les générations présentes
et futures à connaître leur «Histoire», la vraie.
I. Les plaignants
1°) Les étudiants de l’Université de Lubumbashi à travers leur
déclaration de politique générale lue à la Conférence nationale souveraine par
monsieur Lunga Lodi, leur délégué général ;
2°) la déclaration de politique générale de la société civile du
Shaba ;
3°) L’intervention de monsieur Lunda Bululu à la tribune de la
Conférence nationale souveraine ;
4°) Monsieur Kapena Boniface, parent de l’étudiant Madimba Kapena
Charles Joseph ;
5°) Mwalimu Karume Bininga Bya Kabale Antoine Marie-Richard,
parent des étudiants Muhigirwa Raphaël et Mbagira Alexandre ;
6°) Avis de recherche d’un parent de l’étudiant Kabongo Kalonzo
Aimé résidant n° 107, rue Mawanga, Zone de Ngaba publié in Journal La Référence
Plus, n° 78 du lundi 13 juillet 1992 ;
7°) Avis de recherche des parents de l’étudiant Mampovisa Mavinga
in Quotidien Elima du 26 juin 1992 ;
8°) La lettre du 16 juillet 1992 transmettant dossier
indemnisation de la famille Ilombe Ilombe ;
9°) La demande d’une enquête internationale réclamée par l’opinion
internationale, notamment par la Belgique.
II. a) Les personnes entendues
01) Monsieur Bikoko Molela Kapa, lieutenant-colonel, chef
d’Etat-major de la Brigade Blindée de Mbanza-Ngungu ;
02) Monsieur Diasolwa Zitu, pilote, commandant du DC 10
d’Air-Zaïre
03) Monsieur Elonga Nkanda, directeur régional de la SNEL/Shaba ;
04) Monsieur Engulu Baanga Mpongo Bakokele Lokanga, vice-premier
ministre et ministre de l’Administration du territoire et de la
décentralisation ;
05) Monsieur Essolomwa Nkoy ea Linganga Thys René,
Editeur-responsable du journal Elima pour divers articles parus dans son
journal en relation avec les événements ;
06) Monsieur Gata Lebakete, administrateur de l’ANI/Shaba ;
07) Monsieur Goga Lingo, Administrateur général adjoint du SNIP
chargé de la sécurité intérieure ;
08) Monsieur Kapanga Tshimanga, étudiant en 2ème graduat en
Médecine vétérinaire, grièvement blessé et transféré en République
Sud-Africaine pour soins appropriés ;
09) Madame Kapepela Fatuma, hôtesse de l’Air Zaïre à bord du DC.10
d’Air Zaïre, vol QC 005 Kinshasa-Lubumbashi du 11 mai 1990 :
10) Monsieur Kapeta Kazadi Antoine, membre du conseil urbain de la
zone de Lubumbashi
11) Monsieur Kiluba Mwika, commissaire du peuple, élu de la
circonscription électorale de Likasi au Shaba ;
12) Monsieur Koyagialo Ngbase te Gerengbo, gouverneur de la région
du Shaba ;
13) Monsieur Lokio Liandja (colonel) commandant intérimaire de
transition ;
14) Monsieur Lunda Bululu, Premier ministre du gouvernement de
Transition ;
15) Monsieur Lunga Lodi, étudiant, délégué des étudiants de
l’Unilu à la Conférence nationale souveraine ;
16) Monsieur Lusanga Ngiele François, auteur d’une lettre ouverte
sur les événements de l’Unilu, lettre adressée au gouverneur de la région du
Shaba ;
17) Général Mahele Lieko Bokungu, responsable du SARM ;
18) Lieutenant-colonel Moliba Tewa, chef d’Etat-major adjoint
chargé des recherches au SARM ;
19) Monsieur Mudusi Monansi, père de l’étudiant Mudisi Munansi,
décédé à Kinshasa le 24 mai 1990 après transfert de Lubumbashi ;
20) Monsieur Muisa Camus, éditeur-responsable du journal « La
Conscience » ;
21) Monsieur Mbanz Musang Wanzal Zacharie, chef de Division,
Service Académique de l’Unilu, Conférencier de la composante Partis politiques
(PPA) ;
22) Monsieur Mukengele Tshitshi, auteur de l’article paru dans
Elima du 18 mai 1992 ;
23) Monsieur Ndoyipi wa Djuma (Capitaine) Brigade Blindée de
Mbanza-Ngungu ;
24) Monsieur Ngalamulume Frédéric, Chef de service de circulation
aérienne RVA/Kinshasa ;
25) Monsieur Ngimbi Fingu (Général) commandant-adjoint de la Garde
civile ;
26) Monsieur Ntesa zi Mpemoziki, procureur général près la Cour
d’Appel de Lubumbashi ;
27) Monsieur Ntezo bin bin Nzietekele, étudiant à l’Unilu, cité par la Société civile du Shaba
28) Monsieur Ntezo bin Masemo, étudiant à l’Unilu ;
29) Monsieur Tshibangu Kabet, professeur à l’Unilu ;
30) Monsieur Uba Mbaligbia, administrateur de l’AND/Shaba ;
31) Monsieur Mulumbati Ngasha, professeur à l’UNILU, membre de la
Commission d’enquête de l’Assemblée régionale du Shaba ;
32) Monsieur Kongo Kpatesoli (Colonel) – Commandant de la Brigade
Blindée de Mbanza-Ngungu ;
33) Monsieur Moleka Egbango (Lieutenant-colonel) Directeur de la
Régie des constructions des FAZ, superviseur des travaux de réfection du campus universitaire de
Lubumbashi ;
34) Monsieur Kpama Baramoto Kata (Elite général de Paix), commandant
de la Garde Civile ;
35) Monsieur Samba Kaputo, ancien gouverneur de la région du
Haut-Zaïre.
b) Les personnes n’ayant pas répondu aux invitations de votre
Commission en dépit de leur transmission par voie hiérarchique
36) Monsieur Mobutu Sese Seko, chef de l’Etat, garant de la
sécurité intérieure de l’Etat ;
37) monsieur Nguz-a-Karl-i-Bond, pour sa déclaration relative au
charnier ;
38) Le groupe d’étudiants agresseurs dont la liste avait été
donnée par monsieur Koyagialo.
III. la documentation
Votre commission
a consulté les documents ci-après :
1. Les rapports de l’ANI, Direction régionale du Shaba (n°
05/ANI/D7/0000271/90 du 11 mai 1990 et n° 05/ANI/D7/0000287/90 du 17 mai 1990)
;
2. Le rapport de mission du Vice-Premier Commissaire d’Etat et
Commissaire d’Etat chargé de l’Administration du territoire et de la
décentralisation, monsieur Engulu Baanga Mpongo Bakokele Lokonga Léon (13 – 15
mai 1990) ;
3. Lettre ouverte au gouverneur du Shaba au sujet du massacre des
étudiants de l’Université de Lubumbashi par :
a) les professeurs ordinaires de l’Unilu (14 mai 19902)
b) François Lusanga Ngiele (21 juin 1990)
c) Antoine Kapeta Kazadi (06 juin 1990)
4. Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée régionale
du Shaba (juin 1990)
5. Le rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale
(juin 1990) ;
6. Le rapport des enquêteurs silencieux sur le massacre du campus
de l’Unilu (03/08/1990) ;
7. Le jugement du procès Koyagialo et consorts par la Cour suprême
de justice, section judiciaire, le 16 mai 1991 ;
8. Le rapport de la Commission des Droits de l’Homme des
Nations-Unies rédigé par monsieur S. Amos Wako, ministre kenyan de la Justice,
Doc. E/CN.4/1992/30/ADD du 17 février 1992 ;
9. Dossier Massacre de l’Unilu déposé à la Conférence nationale
souveraine par la Ligue des droits de l’homme ;
10. Dossier Massacre d’étudiants de l’Unilu déposé à la Conférence
nationale souveraine par les délégués des étudiants de l’Unilu ;
11. Lettre de la famille Koyagialo adressée à monseigneur le président
de la Conférence nationale souveraine
12. Articles des journaux :
- Elima n° 66 du 18 mai 1992, n°
du 26 juin 1992
- Jeune Afrique n°
- Le Potentiel n°
- La Renaissance n° 464 du 23 au 30 mai 1992
- La Référence Plus n° 78 du lundi 13 juillet 1992 citant le nom
d’un parent de l’étudiant Kabongo Kalonzo Aimé
IV. Contexte
a) La période pré-massacre
Le massacre des
étudiants de l’Université de Lubumbashi dans la nuit du 11 au 12 mai 1990
constitue, après analyse, l’aboutissement d’un processus conflictuel dont les
origines sont corrélatives à la privatisation du pouvoir d’Etat par le
Mouvement populaire de la révolution.
En effet, parmi
les causes immédiates, votre Commission a retenu, outre le vent de la
perestroïka qui souffle sur le continent africain, les espoirs suscités mais
vite déçus sur le plan national par le discours présidentiel du 24 avril 1990
relatif à la démocratisation des institutions du pays et au multipartisme. En date du 03 mai 1990, le chef de l’Etat
fixe devant le Parlement les étapes de la période transitoire. Deux jours
après, soit le 5 mai 1990, les étudiants de l’université de Kinshasa, en signe
de protestation, molestent un groupe de parlementaires en liesse. En réaction,
le Gouvernement prend, en date du 7 mai 1990, des mesures de fermeture de
l’Unikin et congédie les étudiants.
A travers le pays
et particulièrement à Kisangani, Lubumbashi, Bukavu, Mbandaka, Mbanza-Ngungu,
Kikwit, etc. la contestation estudiantine explose. Des mouvements de solidarité
s’organisent.
De manière
spécifique à l’université de Lubumbashi, il y a un climat de malaise et de
conflit qui couve depuis le début de l’année 1990.
En effet, le 24
février 1989, un corps en état de décomposition avancée est découvert. Il
s’avèrera, après enquête, que ce corps était celui de l’étudiant Asha Nkoso de
3ème graduat en Mines, étudiant disparu depuis le 16 février 1989.
Au lendemain de
cette découverte macabre, soit le 25 février, un autre étudiant est assassiné
au cours des échauffourées opposant les étudiants aux militaires armés,
commandés par la major Landunguna.
L’étudiant tué répondait au nom de Mampasi, inscrit en 1ère licence en Sciences
politiques et administratives.
Le 30 août 1989,
un événement similaire à celui du 24 février est enregistré. Un corps mutilé
est retrouvé sur les rails au quartier industriel situé à plus d’une dizaine de
kilomètres des Cités universitaires. Après examen, on notera que ce corps
mutilé était celui de l’étudiant Namusenge.
Le contexte
conflictuel ainsi né caractérise le début de l’année académique 1990-1991. Bien
plus, d’autres faits viendront aggraver les antagonismes. Parmi eux, l’élection
du dirigeant de la JMPR/Unilu. Le vote devait départager monsieur Mupupa,
étudiant en 1ère licence en Sociologie et monsieur Soke, inscrit en 1ère
licence en Sciences politiques et administratives. Ce dernier était soutenu par
les autorités tant académiques que régionales.
L’élection de
monsieur Mupupa sera bien accueillie par les étudiants et ceux-ci continueront
à réclamer le changement de leur situation, c’est-à-dire, qu’ils organiseront
des Salongo spéciaux et mettront en place un code de la route sur les Cités
universitaires.
Le 4 mai 1990,
les étudiants de l’université de Lubumbashi projettent une marche qu’ils
dénomment « marche de libération ».
Le 8 mai 1990,
une réunion des présidents des mutuelles estudiantines est convoquée. Les
présidents de toutes les mutuelles régionales sont présents sauf celui de
l’Equateur, alors qu’à l’ordre du jour figuraient deux importants points : la
sécurité des étudiants et la lettre de solidarité des étudiants de Lubumbashi
en faveur de leurs collègues de Kinshasa, victimes, selon eux, de l’arbitraire
au pouvoir. C’est toujours dans ce climat de tension que fut créé le « Syndicat
national solidarité » par le frère Digekisa Piluka Victor. Ce syndicat se donne comme tâche primordiale
: canaliser les revendications sociales des étudiants et rédiger un mémorandum
à adresser au gouverneur de la région du Shaba.
Pendant ce temps,
la tension ne fait que monter. Au niveau du campus universitaire, le système de
sécurité est renforcé. Un barrage est érigé à l’entrée du campus, les entrées
et les sorties sont sérieusement contrôlées par les étudiants.
Le 9 mai 1990,
une série de faits viennent envenimer une situation déjà fort tendue :
- les éléments de la Garde civile tirent des coups de feu en l’air
afin de disperser les étudiants rassemblés près de la barrière et, ainsi se
frayer un chemin sur la route Kasapa-Ville.
- Neuf étudiants sont enlevés par les éléments de la garde civile
sur le tronçon situé entre les Cités universitaires et le camp Mutombo ;
- Mademoiselle Rose Baramoto Kata est agressée par ses collègues à
qui elle a adressé des propos discourtois : « soki bolingi mbongo boloba, les
affamés, les idiots » (Si vous voulez l’argent, je peux vous le donner, bande
d’idiots, faméliques) ;
- L’étudiant Mange Kumbu, annonce à ses collègues la libération de
neuf étudiants enlevés par la garde civile. Il est, de ce fait, soupçonné
d’être de mèche avec les services de sécurité. Lui-même et d’autres étudiants
considérés comme « mouchards » sont arrêtés par leurs collègues, jugés et
condamnés. Manghe Kambu et ses amis Zongya Nzonzia et Yokoto Bosenga sont tous
originaires de la région de l’Equateur et de l’ethnie Ngbandi.
Dès lors,
apparait au grand jour une bipolarité antagonique jusque-là sous-jacente :
d’une part, les étudiants originaires de l’Equateur et leurs alliés et d’autres
part, ceux originaires des autres régions, notamment les deux Kasaï, l’ex-Kivu
et le Bandundu.
Les étudiants
Manghe, Zongya et Yokoto sont ensuite molestés et jetés dans un trou d’environ
4,5 mètres de profondeur. Le fait que le gouverneur de la région du Shaba,
monsieur Koyagialo, lui aussi originaire de l’Equateur et de surcroît de
l’ethnie Ngbandi, ait dépêché les éléments des forces combinées (Garde civile,
Brigade mobile, quelques unités du 211ème bataillon d’infanterie et de la 21ème
brigade d’infanterie) pour libérer les étudiants ainsi menacés de mort a achevé
de convaincre l’autre pôle antagonique de sa complicité avec les mouchards. A
travers le gouverneur, le parti pris du pouvoir était ainsi établi. C’est
pourquoi, le lendemain, le 10 mai 1990, les préparatifs de la « marche de
libération » s’accélèrent, la ceinture de sécurité autour de la Cité
universitaire se renforce et on fait la toilette : les boutiques et buvettes
détenues par des personnes soupçonnées d’être de mèche avec la sécurité sont
littéralement détruites. Ce fut le cas de « Self Control » appartenant à
monsieur Kakule, parent de l’ancien Redoc/Shaba et de « Ici ça va » appartenant
au chef des travaux Elengesa. Bien plus, une liste des photos d’autres «
mouchards » est affichée. D’où une panique générale dans le camp des étudiants
originaires de l’Equateur et singulièrement chez les Ngbandi qui commencèrent
ainsi à quitter le campus et à gagner la ville.
b) Le 1er jour du massacre
Le 11 mai 1990
est le jour fatidique, c’est-à-dire, le jour qui connaît une activité fébrile
plus spécialement au campus universitaire et au gouvernorat de région. Sur le
campus, la rumeur sur l’expédition punitive contre les étudiants qui se sont
attaqués aux mouchards s’intensifie. Beaucoup d’étudiants quittent à leur tour
le campus. Deux tentatives de dialogues entre autorités académiques et
étudiants restent vaines. Une marche de protestation des étudiants avec le
recteur Aloni Komande, pris en otage, est refoulée par les militaires au niveau
du camp Mutombo. La tension remonte sans cesse. La ceinture de sécurité autour
du campus est davantage renforcée. Au bureau du gouverneur, une réunion
spéciale de sécurité se tient. Des mesures sont prises : coupure d’eau et
d’électricité, isolement total du campus. Tout indique, par ailleurs, que les
autorités de Kinshasa sont tenues au courant d’une expédition punitive contre
les étudiants. Il est de même noté ici et là que l’attaque sera lancée par les
étudiants Ngbandi et par les éléments spécialisés d’un escadron de la mort.
A 18 heures, le
recteur est informé de l’imminence de l’attaque par son directeur de
communication sociale, monsieur Mulumba et par le chef des travaux Elengesa,
secrétaire particulier du recteur qui a vu sa boutique détruite. Le recteur à
son tour, contacte le gouverneur qui, pour toute réponse dira : « Je suis au
courant, je vais décourager la manœuvre ». Bon nombre d’étudiants n’ont pas pu
quitter le campus. Certains se retranchent dans leurs chambres, d’autres
choisissent d’allumer un grand feu et de veiller ensemble.
A 19 heures, le
vol QC 005 du DC 10 d’Air Zaïre atterrit à l’aéroport de la Luano (Lubumbashi)
avec environ 8 heures de retard sur son horaire habituel.
La nouvelle de
cet atterrissage arrive au campus ; elle est associée à celle de l’arrivée d’un
commando de la mort. Dès lors les étudiants deviennent de plus en plus
inquiets. Ils le sont d’autant plus que presque à la même heure (19 heures
30’), le courant est coupé sur une grande partie du campus, particulièrement
dans le secteur de grands blocs. L’agent de maintenance de l’université,
monsieur Muenge Buliwengu, envoyé au service de dépannage de la SNEL, trouvera
les installations de cette société sous bonne surveillance de la garde civile.
D’où, des sérieuses présomptions sur une imminente attaque du campus à la
faveur des ténèbres.
D’après monsieur
Mukengele Tshitshi, conseiller politique au SARM, entendu par votre Commission,
« Lititi » est le mot de code signifiant « étudiants-agents de sécurité sur le
campus » tandis que « Mboka » est le mot de code désignant « le siège de
services de sécurité de Lubumbashi ».
En moins d’une
heure, des gémissements, des pleurs et des cris de détresse fusaient de tous
les coins du campus. On pouvait les entendre jusqu’au camp Mutombo.
Pour la deuxième
fois, monsieur Mulumba contacte le recteur. Cette fois, c’était pour lui
annoncer la terrible nouvelle. Le gouverneur, contacté par le recteur, instruit
à son tour le colonel Lokio pour qu’il se rende sur le campus. Mais il était
déjà une heure du matin. Il faudra attendre 4 heures 30’, du matin pour voir le
commando évacué le campus, après avoir tenter, 5 heures durant, d’effacer
toutes les traces de leurs macabres forfaits.
V. Avis et considérations
Votre Commission
a orienté son analyse vers trois axes, à savoir : le nombre des morts, la
participation d’un commando spécialisé et le caractère politique du crime
relativement avec l’intervention des autorités centrales y compris la Présidence
de la République.
V.1. Le nombre des victimes
Votre Commission
s’est posée la question suivante : « Y a-t-il eu pendant la nuit sanglante du
11 au 12 mai 1990 plus d’un mort à l’Unilu » ?
Votre Commission
ne peut malheureusement confirmer matériellement que le seul cas survenu à
l’hôpital de la Gecamines-Sud le 18 mai 1990 à la suite des coups et blessures
reçus, celui du décès de l’étudiant Ilombe Ilombe.
Il est étonnant
de constater que cette version officielle se voudrait, à travers ce chiffre un,
minimiser la gravité de l’événement. C’est pourquoi, dans le même ordre
d’idées, pour répondre à une certaine opinion étrangère qui soutenait qu’il y
avait plus d’un mort, le pouvoir politique zaïrois, croyant se déculpabiliser,
a confirmé, non seulement qu’il y avait un mort et que ce mort était un zaïrois
et non un étranger. C’est à se demander si la mort d’un zaïrois, la mort d’un
seul zaïrois, soit tolérable et compréhensible. Et pourtant, un mort, c’est un
mort. Et mao ne pouvait-l pas bien dire à ce propos qu’une tête coupée ne
repousse plus ?
Autant dire que
même pour la seule mort d’Ilombe Ilombe, d’ailleurs succombé à l’hôpital, ceux
qui ont provoqué le crime, ceux qui l’ont consommé, sont condamnables.
Pour fonder son
ultime conviction, votre Commission a cependant enregistré quelques témoignages
concordant attestant l’hypothèse de plusieurs morts d’étudiants pendant cette
nuit fatidique.
Les voici :
a) L’étudiant Kapanga Tshimanga, 2ème graduat en Médecine
vétérinaire, blessé grièvement à la tête et envoyé en soins en Afrique du Sud,
a déclaré ceci devant votre Commission : « Quand nous étions regroupés autour
du feu, nous avions entendu le bruit des pas des assaillants qui s’approchaient
de nous en criant lititi mboka. Brusquement, nous avions été envahis, entourés
par les éléments du commando dont les visages étaient maquillés d’une poudre
noire. C’était la débandade. Très peu de temps après, nous avions entendu des
cris de détresse qui fusaient de partout. Un peu plus tard, nous avions pris
tout notre courage et nous sommes rentrés sur le lieu de regroupement.
Des corps humains
étaient allongés à terre. Déjà vu par
les agresseurs, je me suis décidé de me présenter à eux comme un des leurs.
C’est alors que j’ai remarqué qu’ils étaient armés des poignards et que
certains d’entre eux portaient des manques.
Ensemble, nous
nous sommes dirigés vers les chambres des étudiants. Ils détruisaient tout sur
leur passage. Au bloc 3, en ma présence l’un d’entre eux a impitoyablement
coupé la mamelle d’une étudiante.
Des militaires
qui faisaient partie du commando nous ont ensuite rejoints. Ils parlaient le
lingala et d’autres langues que j’ignore. Un d’entre eux m’a demandé de quelle
ethnie j’étais. Croyant me sauver, j’ai dit que j’étais originaire de Bandundu.
Ils ont alors commencé à m’agresser. C’est ce qui m’a poussé à rectifier et à
dire que j’étais kasaïen. On m’a alors assommé des coups de baïonnettes sur la
tête. Les cicatrices que je porte le prouvent aisément. Je suis tombé et l’un
d’eux a crié : il n’est pas encore mort, il faut l’achever. Un autre a répliqué
: il est déjà mort, quelqu’un a enfin marché dessus et j’ai perdu connaissance.
b) Monsieur Nyembo Aozi, habitant n° 5597, avenue des Pins, zone de
Kampembe et professeur assistant (sic) à l’Institut supérieur des Sciences
médicales alléguera comme témoin devant la Commission d’enquête de l’Assemblée
nationale :
« Le jeudi, il était à la
polyclinique KHMS situé dans la boyerie de la parcelle du vice-consul du Zaïre
à Ndola (Zambie). Il rencontrera un des fils du vice-consul, dénommé
communément « FRAT ». Frat lui dira : Baluba tokosukisa bango. Toko massacrer
bango. Baninga bazui mbongo, ngai na zui information na retard. Yango na zali
kobongisa bibende na ngai po na lobi na campus.
A la question de Nyembo, Frat répondra « bokomona kaka lobi ». Le
vendredi après-midi (14 heures – 14 heures 30’) il croisera Frat accompagné de
5 personnes munies de barres de fer. Interpellé, il répond « tokokende esika
yango ». Tout ceci décidera Nyembo à monter au campus pour retirer ses deux
neveux. Arrivé sur le campus, il sera bloqué par les militaires et sera dans
l’impossibilité de rentrer en ville et obligé de passer la nuit au campus car
il y a interdiction formelle de sortir. Vers 19 heures 30’, il y a coupure
partielle de courant. Il y avait des groupuscules sur le campus. Vers 24
heures, il y a débandade. Des kiosques
sont brûlés. Il y a çà et là des cris du genre « minakufa » et ça ne se terminait
pas. Quelques temps après, quatre individus masqués sont entrés dans leur
chambre. Ils ont cueilli le premier étudiant, décapité et le sang a été
recueilli dans un sceau. Ils l’ont amené. Ils sont rentrés vers le deuxième.
Ils se contenteront de blesser pour la simple raison qu’il était du Shaba. Ils
lui diront : tu as de la chance, si tu étais du Kivu, on te couperait la tête.
Cet étudiant s’appelle Shabani en réalité. Ils s’en allèrent en oubliant Nyembo
qui était vautré au lit d’en sous. Citoyen Nyembo essaiera de sortir dans le
noir. Il va piétiner un cadavre. Horrifié, il rentrera en chambre attendant le
matin. Il sortira le matin du campus avec ses neveux. Samedi après-midi à la
paillotte de la polyclinique, devant deux témoins, viendra Frat, apparemment
fatigué et il dira : « vieux oyokaki, tobomi bango mabe, butu mobimba. Ngai na
zo préparer mariage na nga, nazui lard na ngai. Tozuaki bambeli, oti boye,
okati motu. Otie makila na katini. Ozui moto okeyi jkolakisa na bakonzi, ba
compter. Po ozua na ndenge okoboma ».
Horrifié, Nyembo
lui demande d’arrêter. Nyembo déclare que s’il avait une arme, il aurait tiré
sur Frat. Ici il pleure. (Rapport de la Commission d’enquête parlementaire –
Université de Lubumbashi – rapport des sous-commissions – session ordinaire
d’avril, 30 mai – 12 juin 1990, p. 4).
c) A la suite de la Table Ronde des étudiants de l’Unilu tenue du
27 juin au 4 juillet 1991, une liste non limitative de 7 (sept) morts a été
dressée. En voici les noms des victimes :
1) Basuku Mwamba Ntumba : G1 LLA
2) Ilombe Ilombe :
G1 LLA
3) Lundu Lundu :
Préparatoire
4) Math Lamath :
G1 LLA
5) Ramazani :
G2 Droit
6) Tsa Tsasa :
G1 SPA
7) Mudinsi Munansi :
D1 médecine humaine
Il y a lieu de retenir que :
1. le cas de l’étudiant Basuku Mwamba Ntumba a été confirmé devant
votre Commission par le député de la circonscription de Likasi Kiluba Muika qui
a reçu l’information de la part de monsieur Kabasele Tshibombi, père de
l’étudiant précité, agent de la Gecamines-Exploitations, DSC/SAS-Likasi (cfr.
P.V. audition de Kiluba) :
2. Le cas de l’étudiant Math Lamath a été attesté par monsieur
Mbaz Musans Wanzal Zacharie, chef de Division des services académiques de
l’Unilu, qui est de la même tribu que l’étudiant précité et qui l’a fait
inscrire à l’université (PV audition de Mbaz)/
3. Le cas de l’étudiant Mudisi Munansi accompagné à Kinshasa le 22
mai 1990 par un médecin de Lubumbashi, non autrement identifié a succombé à la
clinique Ngaliema le 24 mai 1990. Toutefois, le rapport médicale de la clinique
Ngaliema fourni à votre Commission précise que « l’évolution rapide et fatale
ainsi que l’absence d’une autopsie n’avaient pas permis de déceler les causes
exactes de la maladie ni du décès de ce patient ».
d) Votre Commission a été saisie par des parents qui recherchent
leurs enfants disparus depuis les événements sous-examen.
Il s’agit des
parents des étudiants ci-après :
1. Madimba Kapana Charles Joseph (cfr. lettre du 23 mai 1992 de
Boniface Kapena, BP 303 Kananga)
2. Mampovisa Mavinga Raphaël, L1 en Sciences Consulaires, fils de
Mankenda Victor et de Matondo Pauline, cfr. Elima du 26 juin 1992 ;
3. Kabongo Kalonzo Aimé, G2 Droit, cfr. La Référence Plus n° 78 du
lundi 13 juillet 1992,
4. Muhigirwa Karume Bininga Bya Kabare, BP
585 Kinshasa 1.
Pour les trois
premiers cites, faute de mieux, votre Commission n’a pas pu vérifier
l’information. Toutefois, les parents de l’étudiant Kabongo Kalonzo Aimé n’ont
pas pu être atteints malgré la visite à l’adresse indiquée et les invitations
lancées.
Quant à monsieur
Mwalimu Karume Bininga Bya Kabare AMR son audition pleine de contradiction et
de contre-vérité a été rejetée par votre Commission.
e) le témoignage de monsieur Mukengele Tshitshi (Conseiller
politique au SARM). (Voir carte de service en annexe)
Monsieur
Mukengele a confirmé devant votre Commission sur procès-verbal et dans une
lettre adressée à monseigneur le président de la conférence nationale
souveraine, parue dans le journal Elima du 18 mai 1992 qu’il y a eu plus de 50
morts à l’université de Lubumbashi. Il a même précisé que parmi les morts, on a
dénombré 8 filles et 42 garçons et que les corps de victimes acheminés dans
l’avion Sicotra auraient été dispersés dans la forêt équatoriale vers
Gbadolite.
Interrogé sur les
déclarations de monsieur Mukengele, le lieutenant-colonel Miliba Tewa, chef
d’Etat-major adjoint du SARM, chargé des recherches, affirme qu’il connaît le
déclarant mais que celui-ci n’a jamais appartenu au SARM. Sa déclaration est
nulle et non fondée et que la carte plastifiée de service qu’il détient est un
« faux ».
A la question de
savoir pourquoi le SARM n’a pas démenti
cet article mensonger, le lieutenant-colonel Moliba répondra : « dès que
j’ai lu cet article, j’ai vu tout de suite le colonel CEM-SARM pour lui dire que
Tshitshi était une connaissance depuis Likasi ».
Le colonel a
contacté le général Mahele Lieko Bokungu pour l’informer et il a demandé à son
conseiller, chargé des Presses, monsieur Mokunza, de préparer un démenti.
Ensuite, le document étant déposé à la Conférence nationale souveraine, le SARM
a estimé que c’était là la voie la plus autorisée pour une explication claire.
Il a fallu aussi
éviter de montrer à l’intéressé qu’il était traqué, lui donnant ainsi
l’occasion de prouver que ses allégations mensongères étaient fondées.
Auditionné à ce
sujet, monsieur Mukengele a répondu pour banaliser les faits graves et réels.
Votre Commission,
sans avoir des preuves formelles, a trouvé de curieuses coïncidences entre le
nombre avancé par monsieur Mukengele et celui fourni par l’enquête menée par le
rapporteur spécial des Nations-Unies, monsieur Amos Wako, ministre kenyan de
Justice.
Toutefois, il
existe un point d’ombre, il s’agit de retrouver les corps des victimes.
Plusieurs pistes ont été avancées, notamment :
- la dissolution des corps dans l’acide sulfurique retiré de
l’Usine laminoir cablerie (ULC) (cfr. PV de professeur Tshibangu Kabet) ;
- les corps enveloppés dans des sacs auraient été enterrés dans le
parc Upemba par l’équipe du major Yalanda (cfr. Rapport des enquêteurs
silencieux) ;
- les corps auraient été jetés dans la forêt équatoriale (PV
Mukengele Tshitshi) ;
- le charnier quelque part à Lubumbashi connu de monsieur Nguz
Karl-i-Bond (déclaration de Presse).
Votre Commission
estime que, dans l’intérêt supérieur de la Nation, il faut une commission
hautement spécialisée et outillée pour vérifier le nombre exact des victimes et
leur lieu d’inhumation.
V.2. Le commando
Si un commando
est un groupe d’individus organisés et décidés en vue d’attaquer un lieu
déterminé, votre Commission s’est posée donc la question sur la composition et
la provenance de celui qui a opéré sur le campus de Lubumbashi dans la nuit du
11 au 12 mai 1990.
a) La version officielle affirme qu’un commando composé des étudiants,
essentiellement de l’Equateur, a agressé les autres étudiants afin de se venger
du traitement inhumain à leur infligé.
Monsieur
Koyagialo, alors gouverneur du Shaba, a affirmé formellement cette version et a remis gracieusement une
liste de 76 étudiants agresseurs avec leur origine ethnique (annexe II).
Interrogé sur
l’origine de cette liste, il a reconnu qu’elle lui a été remise par les
étudiants eux-mêmes pendant sa détention à la Cité de l’organisation de l’Unité
Africaine « OUA ».
A la question de
savoir pourquoi il n’avait pas dénoncé ces étudiants qu’il considère comme des
éléments matériels de l’agression, il a répondu que « c’était sur conseil de
ses avocats qui lui avaient recommandé de ne défendre que ses propres intérêts
et qu’il ne fallait pas parler des autres ». « J’étais là pour me défendre et
non pour accuser les autres », dira-t-il en substance.
b) Après audition des témoins et consultations des documents
fiables, votre Commission a tiré conclusion suivante :
- que le commando composé des étudiants originaires de l’Equateur
appuyé par des éléments militaires, a attaqué et semé la désolation sur le
campus universitaire de Lubumbashi dans la nuit du 11 au 12 mai 1990.
Des faits
ci-après soutiennent cette conclusion :
1) Les rapports de l’Assemblé régionale du Shaba, de l’Assemblée
nationale et des Nations-Unies ainsi que le procès Koyagialo et consorts ont
établi la présence et l’existence d’un
commando spécialisé :
2) le nombre des étudiants agresseurs (une centaine) et les dégâts
corporels et matériels occasionnés sur le campus réfutent l’hypothèse d’une
rixe généralisée entre étudiants ;
3) Le témoignage devant votre Commission de l’étudiant Lunga Lodi
qui affirme avoir aperçu deux individus bizarres s’approcher de l’endroit où il
se tenait avec son collègue Mununu au moment où l’on attaquait leurs camarades
rassemblés autour du feu. Il y a lieu de rappeler ici le témoignage de
l’étudiant Kapanga Tshimanga déjà cité… des militaires qui faisaient partis du
commando nous ont ensuite rejoints. Ils parlaient le lingala et d’autres
langues que j’ignore.
4) Le témoignage vraisemblable de Mukengele Tshitshi. Entendu sur
la composition et la provenance du commando, monsieur Mukengele précise que
selon le rapport du SARM, celui-ci était composé de 68 éléments du « renfort
Dragon », de 20 unités de FIS/Shaba et d’une trentaine d’étudiants originaires
de l’Equateur.
Sous le
commandement du capitaine Lisseka Lemy (SD/DSP). Les 68 éléments du « Renfort Dragon », de
l’unité de la sécurité rapprochée du Chef de l’Etat auraient voyagé à bord de
l’avion Sicotra le 11 mai 1990 qui a atterri à la Luano entre 22 heures 30’ et
23 heures.
Accueillis par
les éléments FIS/Shaba sous le commandement de l’adjudant Bangabanga
(and/Shaba° et une trentaine des étudiants-éclaireurs, le commando aurait
atteint le campus à pieds en passant par la faculté polyclinique (Kamoto).
Cependant
interrogés par votre Commission sur cette version des faits :
1) Monsieur Goga Lingo, alors Administrateur général-adjoint de
l’ANI, déclare : « je ne sais rien de ça, je n’y crois pas parce que je n’ai
pas de preuve. Qu’on le prouve.
2) Le général Mahele Lieko Bokungu, alors chef d’Etat-major du
SARM répondra : « pour moi, s’il y avait quelque chose, croyez-moi je vous
l’aurais déjà dit. S’il n’y a rien, je ne vous dirai rien ».
Votre Commission
n’a pas réussi à organiser une confrontation pourtant indispensable entre deux
témoins et monsieur Mukengele à cause de l’indisponibilité de ce dernier.
En outre, votre
Commission a reçu d’autres pistes à vérifier sur la provenance du commando.
a) le commando serait composé des éléments du détachement Dragon
de la Division spéciale présidentielle et le nom de l’opération est « Mission
SRM 7 Lubumbashi ».
Cette liste nous
a été communiquée dans un document anonyme signé par les enquêteurs silencieux
(annexe III). Toutefois, votre Commission a lancé des invitations à plusieurs
éléments de la DSP par l’intermédiaire du chef d’Etat-major général, mais
aucune réponse n’a été réservée.
b) D’après le dossier n° 10/C.ASS/CNS/92, les éléments militaires
semblables avaient attaqué presque dans les conditions analogues le campus
universitaire de Kinshasa dans la nuit du 7 mai 1990.
c) De plus quelques éléments militaires ou paramilitaires spécialisés
auraient voyagé par le DC 10 de l’Air-Zaïre qui a atterri à Lubumbashi le 11
mai 1990 à 19 heures 05’ minutes avec un retard de près de 8 heures sur son
horaire habituel. Seuls les officiers y auraient pris place à bord tandis que
les hommes de troupes venant du SARM auraient emprunté l’avion militaire.
Auditionné par
votre Commission à ce sujet, le commandant Diasolwa Zitu précisera qu’il avait
remplacé le commandant Mukandala qui était hors prestation pour des raisons
d’assurance après 16 heures de vol. Il a
ensuite indiqué que l’avion DC 10 avait connu une panne électrique et
qu’il n’avait pas embarqué les passagers de dernière minute ni chargé le devis
de poids et message de changement.
Et pourtant, sur
le même devis, dans la partie rectifications dernières minutes. Votre
Commission a pu lire un supplément de poids de l’ordre de 600 kg, soit 8
personnes de 75 Kg.
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