dimanche 9 décembre 2012

NEGOCIATIONS INTER-CONGOLAISES: que nous réserve Kampala ?

 
(Le Pays 07/12/2012)


Après les coups de feu avec leurs corolaires de morts et de déplacés massifs, le moment est enfin venu pour les rebelles du M23 et les autorités congolaises de s’asseoir autour d’une table pour discuter. En effet, les deux parties doivent ouvrir, ce jour 7 décembre 2012, à Kampala, des pourparlers mais sans le président Joseph Kabila. Or, le M23 avait demandé un dialogue direct avec celui-ci. Un autre fait non moins important, certains acteurs refusent de s’associer à ce dialogue, parce que ne reconnaissant pas l’autorité de Joseph Kabila.

N’aurait-il pas été plus judicieux d’harmoniser les positions avant d’ouvrir ces pourparlers en terre étrangère ? On constate que ce premier round de discussion a été organisé dans l’urgence. Peut-on trouver une solution, une paix durable dans de telles conditions ? De toute évidence, cette rencontre ne pourra pas permettre de débattre des problèmes de fond, mais certainement de quelques-unes des revendications du M23, notamment la réintégration dans l’armée congolaise de ses combattants. L’on se demande d’ailleurs quelles sont les chances de succès d’un tel dialogue. Tous les acteurs concernés devraient accepter de prendre part à ces négociations qui sont une aubaine pour tout remettre à plat et trouver le fil d’Ariane pour la construction d’un nouveau Congo où les droits de l’Homme sont respectés, la liberté d’expression garantie et où la démocratie constitue le ciment de tout engagement.

Le pouvoir de Kabila a longtemps tergiversé sur des questions essentielles portant sur le devenir du pays. Mais il assiste cette fois-ci aux débats avec un plomb dans l’aile car il est, pourrait-on dire, seul contre tous. Il n’a ni le soutien de ses voisins Ougandais et Rwandais, ni le soutien de son peuple, encore moins celui de la classe politique, en l’occurrence l’opposition. C’est donc l’occasion idéale pour le peuple congolais de fédérer les énergies des deux fronts (politique et rebelles) pour contraindre ce pouvoir à mettre de l’eau dans son vin. C’est avec une telle option que l’on pourrait espérer de ces négociations des solutions susceptibles de changer le vécu quotidien des Congolais. Dans tous les cas, si les acteurs ne veulent pas se faire rouler dans la farine, ils doivent éviter de défendre des intérêts personnels.

L’union fait la force, dit-on, et il serait regrettable que certains acteurs, en particulier de la classe politique et de la société civile, se mettent en marge de ces pourparlers. Il faut, du reste, reconnaître que les problèmes qui minent le développement de la RDCongo sont plus politiques que militaires. Et les rebelles du M23 semblent l’avoir compris, eux qui ont intégré la question des libertés dans leurs revendications. Mais si les premiers bénéficiaires que sont les hommes politiques boycottent ces discussions, ces rebelles n’auront pas le choix que de parler de ce qui les concerne le plus. Certains d’entre eux sont sous le collimateur de la Justice internationale et ils pourraient, par le biais de ces discussions, chercher à se mettre à l’abri des poursuites judiciaires, que de défendre d’autres sujets. La présence des opposants historiques comme Etienne Tshisekedi que le régime Kabila veut mettre coûte que coûte sous l’éteignoir, serait bénéfique pour la classe politique.

Beaucoup de zones d’ombre entourent donc ces négociations inter-congolaises et l’on est en droit de se demander ce que Kampala nous réserve. Il serait bien que la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), si ce n’est déjà fait, s’implique dans ces discussions pour que les conclusions qui en sortiront soient plus crédibles, de sorte que personne n’y trouve à redire.


Dabadi ZOUMBARA



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