mercredi 10 octobre 2012
Guerre dans l’Est de la RDC : Amnesty International se trompe de cible
(Le Potentiel 10/10/2012)
Dans son dernier rapport sur la situation dans l’Est du pays, Amnesty International est totalement passé à côté des enjeux réels de cette nouvelle guerre. L’ONG considère le gouvernement congolais comme principal responsable du regain de violences. Cette ignorance expresse de l’implication du Rwanda dans le climat d’instabilité qui prévaut dans l’Est du pays étonne. Aux yeux de certains observateurs, Amnesty International s’est trompé de cible dans sa tentative de décryptage de la guerre de l’Est de la RDC.
L’évolution de la situation de guerre entretenue par le M23, mouvement rebelle qui sous-traite pour le compte du régime de Kigali, semble réjouir les commanditaires. Dont les masques commencent à tomber, un à un, faisant remonter à la surface les intentions cachées de ses principaux commanditaires.
Le plus étonnant est que, même des ONG internationales, réputées grands défenseurs des droits humains, font le relais des argumentaires développés par des faiseurs des seigneurs de guerre en RDC. Faut-il parler d’un revirement spectaculaire ? Alors que la situation sur le terrain est très volatile pour les populations locales.
C’est le cas d’Amnesty International qui, dans son dernier rapport sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, rendu public hier mardi 9 octobre, fait la part belle au Rwanda. L’ONG internationale semble ignorer le soutien de Kigali aux rebelles du M23. Or, cela passe pour un « secret de polichinelle ».
Malgré toutes les preuves irréfutables brandies notamment par des experts des Nations unies, confirmées par la suite par diverses ONG internationales, dont Human Rights Watch, Amnesty International a passé sous silence la responsabilité avérée du Rwanda dans la nouvelle crise dans l’Est de la RDC dont se rend coupable le M23. Dans son analyse, Amnesty International appelle Kinshasa à faire cesser les violences dans l'Est de son territoire, où plusieurs groupes armés locaux et étrangers opèrent et commettent des exactions.
En clair, l’ONG veut rendre Kinshasa seul responsable de l’instabilité permanente dans la partie orientale de son territoire. C’est ce qu’elle note dans un communiqué rendu public mardi : « Le gouvernement congolais doit prendre de toute urgence des mesures pour faire cesser les violences dans l'Est du pays et amener tous les responsables présumés de ces actes à rendre des comptes ».
La même source indique que c’est la conclusion à laquelle est arrivée une délégation d'Amnesty International qui avait effectué le déplacement de l’Est de la RDC. Là, elle a « recueilli des informations sur des cas de viol, d'exécutions sommaires, de recrutement forcé de civils, y compris d'enfants, de pillages et de collecte illégale d'impôts par différents groupes armés ». Elle évoque également une « escalade de violence », de même qu'une « multiplication » de violences ethniques et des « violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains ».
Elle regrette que « l'impunité pour les violations du droit international » soit « devenue la règle en RDC ».
La vérité tronquée
Rien ne sert de charger davantage la victime, la RDC. Le lobbying rwandais, avec l’appui des parrains, semble gagner des espaces. L’éventail des souteneurs s’élargit. La CIRGL s’est abstenue de toute condamnation de Kigali. De même, à l’Union africaine, aucun blâme contre Kigali n’est formulé, malgré la gravité des accusations portées à la connaissance de l’organisation panafrcaine. Pire, aux Nations unies, ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre ont décidé d’escamoter les vraies causes de la guerre dans l’Est de la RDC. Paul Kagame s’est même permis de claquer la porte du mini-sommet organisé par le secrétaire général de l’ONU pour ne pas tirer toutes les conséquences de la guerre dans l’Est de la RDC.
Il suffit que le Rwanda arrête tout soutien au M23 pour que cette rébellion se termine comme elle avait commencé. En tronquant la vérité, ces ONG poursuivent des objectifs inavouables. Il ne faut donc pas les accompagner dans leur besogne. Rétablir la vérité en insistant sur le rôle joué par les uns et les autres est l’unique stratagème que les Congolais doivent actionner. Il ne faut surtout pas utiliser les mêmes armes que l’adversaire.
Une seule vérité crève les yeux : Kigali est la source de l’insécurité qui endeuille l’Est de la RDC. Ne pas en tenir compte équivaut à jongler avec la vérité. Les preuves fournies par les experts onusiens complètent ce que ce que tout le monde savait déjà. Sauver Kigali et ses commanditaires des griffes de la justice en chargeant la RDC, c’est se tromper de cible.
Écrit par Le Potentiel
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