Dernière mise à jour: 13 juin, 2013 - 18:13 GMT
L'ancien Premier ministre Rwandais, Faustin Twagiramungu, annonce qu'il va mettre fin à son exil belge le 21 juin prochain, et rentrer au Rwanda. Faustin Twagiramungu, un “hutu modéré”, a été chef du gouvernement rwandais de 1994 jusqu'à sa démission en 1995. François Misser l'a rencontré à Bruxelles pour BBC Afrique. Faustin Twagiramungu motive ce retour après 18 années d'exil, si l'on excepte une brève participation à la présidentielle de 2003, par son souci de promouvoir les libertés et la réconciliation dans son pays.Interview.
François Misser: Vous rentrez à Kigali en quelle qualité? Êtes vous réfugié?
Faustin Twagiramungu: C’est-à-dire que je n’ai pas vécu au Rwandapendant ces derniers 18 ans. Mais je suis politicien en exil en Belgique, et j’ai décidé maintenant d’aller faire de la politique au Rwanda, parce que c’est là que se trouve le peuple rwandais.
Vous voyagez avec un passeport rwandais?
J’ai mon passeport rwandais tout comme j’ai mon passeport belge, donc je pense que je suis devenu international et cosmopolitain.
Alors vous rentrez au Rwanda, mais pour quoi faire?
J’y vais pour deux raisons. D’abord je suis Rwandais à part entière. Je ne crois pas que je puisse dire bon je reste ici et personne ne m’interdit de rentrer dans mon pays. Deuxièmement comme je viens de vous le dire je suis un homme politique. Je pense que j’ai encore la force d’exercer mon droit, de pouvoir m’exprimer dans mon pays, de faire des suggestions, de faire même des projets, pourquoi pas, tant politiques que autres. Donc je rentre pour ces deux raisons.
Mais est-ce qu’on va vous laisser faire? Il y a eu l’exemple de Mme Ingabire, ou d’autres dirigeants de l’opposition qui se sont retrouvés derrière les barreaux.
Nous allons d’abord essayer de faire enregistrer notre parti politique. Et j’imagine que nous le ferons dans le cadre de la loi rwandaise. Et après on verra. Si le parti n’est pas enregistré, si allons prendre d’autre décisions. Si le parti est enregistré, nous allons enregistrer que nous sommes agréés pour faire la politique, et à partir de là on peut commencer les activités politiques. Je voudrait tout simplement vous dire que nous ne pouvons pas nous écarter de certaines lois. Nous ne pouvons pas prétendre faire de la politique alors que le pays ne veut pas qu’on fasse de la politique. Ce n’est pas une bataille politique que nous allons mener sur le terrain. Nous aimerions bien respecter cette loi, et nous croyons que les autorités rwandaises nous permettront d’exercer notre droit.
Quel est votre programme?
Notre programme est très simple. Nous pensons qu’il y a des valeurs et des principes qu’il faut défendre. Ces principes là, ce sont des principes tout à fait démocratiques: la liberté, c’est universel.
Tout le monde aimerait être libre, pour exercer ses droits, qui sont nombreux de toute façon. En plus de ça, en ce qui concerne le Rwanda, nous devons aussi défendre la valeur de la vérité, sur notre histoire et sur ce qui s’est passé, dans les moments dramatiques comme dans les moments de bonheur. Troisiement, nous devons éduquer, surtout la jeunesse, à savoir vivre ensemble et ne pas vivre dans la séparation basée sur des idées -comment dirais-je- d’ethisme, de tribalisme ou de races qui n’existent pas.
Il y aura une élection présidentielle en 2017. Est-ce que votre retour anticipe cette échéance? Allez-vous être candidat?
Moi je suis citoyen rwandais. Personne ne peut m'empêcher d'être candidat si je le désire. Mais aujourd’hui je ne peux pas anticiper et dire ‘écoutez je me présenterai comme candidat’. Ce n’est pas pour cela que je vais au Rwanda. Au Rwanda je cherche d’abord cette réconciliation du peuple rwandais, le défense de cette liberté, faire triompher les valeurs du combat démocratique, et surtout ne pas tomber dans l’hypocrisie mais parler de la vérité.
Alors la réconciliation justement... le président de Tanzanie a lancé un appel au dialogue avec l’opposition, vous l’avez salué. Est-ce que ce dialogue doit s’étendre jusqu’à l’opposition armée? Est-ce qu’il faut discuter avec l’opposition armée, ceux qui préconisent le génocide?
Je ne crois pas que ceux qui préconisent le génocide aimeraient faire un retour au Rwanda. Quel retour? Un retour triomphal, ou un retour pour aller en prison? S’ils veulent venir et être mis en prison, bon, qu’ils viennent, mais je crois qu’il y a des jeunes Rwandais qui sont au Congo qui aimeraient rentrer chez eux, qui ne se soupçonnent pas et qui ne préconisent pas ce génocide. Qui ne l’ont même pas connu! Des enfants qui sont né en 94 ou après.
Ou alors disons ceux qui étaient nés en 1990 ou même 1989. Franchement, croire que ces gens là préconisent un autre génocide, c’est un mensonge.
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