En exil en Afrique du Sud, deux anciens proches du président rwandais, Paul Kagame, ont décidé de délier leurs langues pour dénoncer tout le mal que ce dernier cause non seulement au Rwanda mais aussi à toute la région des Grands Lacs. Patrick Karegeya, alors chef de service de renseignements extérieurs, et Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état major de l’Armée rwandaise, disent détenir les preuves de l’implication directe de l’homme fort de Kigali dans la déstabilisation de la région. Ils n’attendent plus que la justice se mette en branle pour déballer l’homme fort de Kigali.
Désormais, il est prouvé que le problème dans la région des Grands Lacs, c’est Kagame.
Le chercher ailleurs, reviendrait à se tromper de cible. Deux anciens proches du président rwandais en exil en Afrique du Sud, ont juré de rompre le silence face au drame de la région des Grands Lacs.
La position qu’ils ont occupée dans la hiérarchie du système de défense et de sécurité du Rwanda donne de bonnes raisons de prendre au sérieux leur déclaration. C’est au micro de Radio France internationale (RFI) qu’ils ont décidé de se défouler d’un mal qui les ronge depuis que Paul Kagamé les avait forcés à l’exil en les menaçant de mort.
Le premier, Faustin Kayumba Nyamwasa, a exercé comme chef d’Etat-major de l’armée rwandaise de 1994 à 2002. Le second, Patrick Karegeya, fut le chef de service de renseignements extérieurs du Rwanda avant son divorce avec l’homme fort de Kigali.
Leur témoignage est à la fois poignant et révélateur de grandes manœuvres du président rwandais pour régner en maître dans la région des Grands Lacs.
En effet, depuis le génocide de 1994, précédé par la mort de l’ex-président rwandais Habyarimana, Paul Kagame a toujours nourri, affirme Patrick Karegeya, d’avoir le contrôle de la partie Est de la RDC qui a hébergé les ex-militaires Interahamwe.
Lorsque RFI lui pose la question de savoir s’il y a eu de bonnes raisons de mener la première guerre du Congo, déclenchée en 1996 avec l’AFDL, Patrick Karegeya répond dans des termes clairs : « Il y avait des raisons parfaitement légitimes de la mener. A cause de ce qui se passait de l’autre côté de la frontière, dans les camps, la réorganisation (Ndlr : des ex-FAR-Interahamwe) ; soit on réglait le problème, soit ils allaient s’occuper de nous. Celle-là était légitime. Mobutu les soutenait ».
Quant à la deuxième guerre du Congo, menée en 1998 avec le RCD, Patrick Karegeya rappelle son opposition à cette initiative qui, selon lui, n’a résolu aucun problème. Le divorce est parti de là. « En ce qui concerne la deuxième guerre, il nous suffisait de parler, nous n’avions pas nécessairement besoin de nous battre », révèle-t-il.
L’ancien chef des renseignements rwandais ne s’arrête pas là. Au contraire, il enfonce le clou. Il rapporte que toutes les rebellions qui ont défilé dans l’Est de la RDC, depuis l’AFDL jusqu’à la toute récente, en l’occurrence le M23, ont été l’œuvre de Kagame. Toutes ces créations tenaient, souligne-t-il, à un seul objectif :
la déstabilisation des Grands Lacs pour avoir le contrôle de la partie Est de la RDC. « Et comme vous le voyez, nous n’avons obtenu aucun résultat. Nous en sommes toujours au même point. RCD, CNDP, M23. Il y aura probablement aussi un M27… Ça n’aide pas le Congo. Ça n’aide pas le Rwanda. Ça n’apporte que des souffrances dans la région ».
Nkunda, Ntaganda, … : des créatures de Kigali
Ayant été choisi par des puissances politico-financières occidentales comme gendarme des Grands Lacs, Paul Kagame n’a pas tardé à entretenir un vaste réseau criminel dans la région. Avec comme prétexte apparent la présence des Interahamwe et autres FDLR.
Les guerres tribales de l’Ituri, les tensions récurrentes dans la province du Nord-Kivu, tout a été planifié par le nouveau régime de Kigali après la chute d’Habyarimana.
Pendant ce temps, des discours ont été développés et des attitudes fabriquées pour justifier l’œuvre macabre de Paul Kagame.
Ce que rappellent les ex-acolytes du président rwandais c’est que Paul Kagame aura été au centre de tout, dictateur né et formé à l’école de la violence et de la manipulation. Ntaganda, Nkunda et autres, affirme Karegeya, n’ont été que des marionnettes créées par l’homme fort de Kigali pour exécuter son plan machiavélique.
Aussi a-t-il fait passer tous ces chefs de guerre de nationalité rwandaise pour des officiers congolais et ont travaillé sous le drapeau congolais.
Patrick Karegeya ne porte pas de gants quant à la vraie nationalité de Bosco Ntaganda :
Patrick Karegeya ne porte pas de gants quant à la vraie nationalité de Bosco Ntaganda :
« Oui, bien sûr qu’il est rwandais. Il était dans l’armée rwandaise, on l’a choisi, envoyé auprès de Lubanga et on l’a approvisionné en armes ».
Il estime que la personne la mieux placée pour répondre des crimes commis par Ntaganda dans l’Est est bel et bien le président Paul Kagame.
« Donc, quand il (Ndlr : Ntaganda) cause tous ces problèmes, le coupable, ça ne devrait pas être Ntaganda, mais Kagame. Ntaganda a juste été déployé. Donc, ces événements sont de la responsabilité de son commandant.
(…) Parce que c’est lui qui l’a choisi au Rwanda et l’a envoyé dans l’Est du Congo. Alors pourquoi s’occuper des symptômes et pas de la maladie ? ».
Bien plus, Patrick Karegeya révèle que « la plupart de ceux qui ont dirigé la rébellion en RDC venaient du Rwanda de toute façon. Ntaganda n’est pas un cas particulier. Nkunda, Ntaganda, ils ont été formés au Rwanda, mais ne se sont pas battus là. Ils étaient déployés, c’est tout ».
Si les déclarations de Patrick Karegeya font tomber le voile sur la nette implication du régime de Kigali dans le drame qui ronge depuis plus d’une décennie la partie Est de la RDC, elles jettent cependant l’opprobre sur tout un pays et son peuple. Comment en RDC des langues pouvaient se taire face à tout ce que Kagame fomentait comme plans dans l’Est de la RDC ?
Par naïveté, malheureusement, des Congolais de souche ont, depuis l’AFDL jusqu’à tout récemment avec le M23, accompagné Kagame dans son entreprise destructrice de l’Etat et de la nation congolaise. Ils ont aidé le conquistador new look à mettre à feu et à sang l’Est de la RDC.
Bilan : 8 millions de Congolais morts sans compter les pillages systématiques, les dégâts matériels et environnementaux inestimables.
Aujourd’hui que deux de ses proches témoignent, y a-t-il encore des raisons pour les Congolais et la communauté internationale de garder silence, un silence qui serait coupable ? D’autant que les dénonciateurs réclament d’être entendus par un tribunal.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union européenne, notamment ont du pain sur la planche. Ils ont là l’occasion de montrer leur amitié envers la RDC et le peuple congolais en se saisissant d’office de ces « allégations » pour que justice soit faite.
Surtout que dans l’opinion congolaise, il est retenu qu’ils avaient volontairement fermé les yeux sur les crimes que ne cesse de commettre Paul Kagame dans l’Est de la RDC.
LE POTENTIEL
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