La
recrudescence des combats entre divers groupes armés dans la région de Goma,
dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a provoqué de nouveaux
déplacements de population.
L’armée,
pourtant réputée indisciplinée, mal équipée et peu efficace, est largement
soutenue par la population locale.
Toute la
semaine dernière, de violents combats ont repris entre les Forces armées de la
République démocratique du Congo (FARDC) et la rébellion du Mouvement du
23-Mars (M23), à une dizaine de kilomètres de Goma, la capitale du Nord-Kivu,
la province minière de l’Est chroniquement instable depuis deux décennies.
Quatre
mille deux cents personnes ont fui dans des écoles et églises de Goma,
indiquait jeudi l’ONG Première urgence-Aide médicale internationale. Au Rwanda,
pays frontalier, « les autorités locales estiment que 666 personnes se sont
réfugiées dans la localité de Kageshi », commente Céline Schmitt, porte-parole
du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU à Kinshasa.
D’après le
Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, les déplacements
sont restés « limités », car « la population avait déjà fui les zones de
combats lors des affrontements du mois de mai ». Mais il prévient que, loin de
leur champ, les déplacés ne pourront pas semer. Et sans semence, pas de
récoltes.
LA
POPULATION ATTEND TOUJOURS UNE INTERVENTION DES CASQUES BLEUS
« Afin
d’éviter une escalade dans le conflit et une aggravation de la crise
humanitaire », le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé les belligérants à « la plus
grande retenue ». La Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC
(Monusco), se dit en « état d’alerte » pour protéger Goma ainsi que les 160 000
déplacés qui l’entourent.
La plupart
d’entre eux étaient arrivés fin novembre, quand le M23 – que des experts de
l’ONU disent soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, ce que ces voisins de la RDC
réfutent – s’est emparé de Goma. Cette défaite des FARDC et de la Monusco a
favorisé la création, historique, d’une brigade d’intervention de l’ONU au
mandat offensif.
La brigade
devrait compter à terme 3 069 Sud-Africains, Tanzaniens et Malawiens, chargés
de vaincre les groupes armés de l’Est. « À la reprise des combats, on se disait
que la brigade allait agir. Mais elle n’a pas tiré un seul coup », regrette
Jean-Claude Mambo, président de la Société civile du territoire de Nyiragongo,
théâtre des heurts.
NÉGOCIATIONS
EN COURS
« La
population pense qu’il est très important que la brigade soit sur le terrain,
renchérit Julie, une habitante de Goma. Elle ne comprend pas pourquoi ça
traîne. » D’autant que beaucoup ne croient pas aux laborieux pourparlers entre
le gouvernement et le M23, en cours depuis décembre à Kampala, la capitale
ougandaise.
Ce dialogue
avait été proposé au M23 – qui réclame la pleine application de l’accord de
2009 ayant régi l’intégration dans l’armée de ses hommes, alors dans une autre
rébellion – en échange de son retrait de Goma. Mais « on ne pourra pas, point
par point, satisfaire les exigences de tout le monde », s’inquiète Julie.
En
conséquence, elle plaide pour la manière forte. « C’est peut-être parce que je
suis déçue par les événements. Ça fait quatorze ans que je vis là et c’est
toujours la même chose, toujours la guerre qui recommence… Si la Monusco et la
brigade interviennent, cela peut aider à pacifier l’Est, mais s’il faut compter
sur la politique, là, je mets un point d’interrogation. »
SOUTIEN
POPULAIRE À L’ARMÉE RÉGULIÈRE
Alors que
règne depuis jeudi un calme précaire, l’armée – réputée indisciplinée, mal
équipée et peu efficace – clame avoir l’avantage sur le M23. Malgré les
démentis du groupe armé, la population a marché jeudi à Goma contre la rumeur
du rappel du colonel Mamadou Ndala, érigé en héros.
Kinshasa a
vite dénoncé cette rumeur de rappel comme une « pure intoxication » destinée à
décourager les FARDC, qui garderaient le moral grâce au soutien de l’État
(équipement, vivres…) et des compatriotes. « Parfois, ils nous accompagnent sur
la ligne de front, ils montent même sur les chars », confie le
lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l’armée au Nord-Kivu.
« Des motos
taxis vont jusqu’à la ligne de front et ramènent des blessés, des gens puisent
de l’eau pour les FARDC… », confirme Jean-Claude Mambo. « Des mamans et des
motards se cotisent pour acheter de la nourriture et des cigarettes qu’ils
apportent au front », poursuit Fidèle, un habitant de Goma. Des pratiques
risquées que l’armée tente de dissuader.
Pourtant,
les militaires ne boudent pas leur plaisir. « Le soutien arrive avec beaucoup
plus d’acuité qu’avant, se réjouit le lieutenant-colonel Hamuli. Je pense
qu’ils ont vu la bravoure des FARDC (…) et cela leur donne espoir qu’elles sont
capables de les protéger. »
--------------------------------------------------------
LES
MOUVEMENTS ACTIFS AU NORD ET AU SUD-KIVU
Le M23 : il
est composé des militaires de l'APR, armée patriotique rwandaise qui ont combattus Habyarimana depuis 1991 et qui commandent le mouvement et les soient disant Tutsis congolais parlant la langue nationale rwandaise, le
kinyarwanda. Intégrés à l’armée congolaise (FARDC) à la faveur d’un accord de
paix en 2009, ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que cet accord
n’avait jamais été respecté. Le groupe déstabilise le Nord-Kivu depuis des
mois.
Les Forces
démocratiques alliées (ADF) : ceci alimente une confusion. On sait bien que l'Ouganda a crée en RDC un mouvement rebelle satellite pour pérenniser son contrôle sur la zone d'Ituri et du Nord Kivu comme a fait Kigali au Nord et au Sud-Kivu. Certains pensent que c'est un groupe armé d’opposition au président
ougandais Yoweri Museveni qui a trouvé refuge près de la frontière ougandaise.
Composé de combattants musulmans, il affronte épisodiquement les FARDC.
Les Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont formées de Hutus rwandais
réfugiés en RDC après le génocide de 1994 au Rwanda contre les Tutsis.
Les milices
Maï-Maï regroupent une vingtaine de sous-groupes.
Le Front
national de libération (FNL) : ce groupe de rebelles burundais utilise le
Sud-Kivu comme base de repli dans sa lutte contre les autorités de Bujumbura.
HABIBOU
BANGRE, à Kinshasa
Plus de
cent morts lors de combats dans l’Est du Congo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire