NENDAKA VICTOR
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Présentation du témoin
Victor Nendaka était chef de la Sûreté de l’État congolais au moment de l’assassinat de Lumumba. Il était coorganisateur du transfert de Lumumba à Élisabethville. Les questions les plus importantes pour la commission d’enquête sont : 1. Comment étaient les relations de Nendaka avec Lumumba avant le 30 juin. Quand ses relations avec lui se sont-elles dégradées, et pourquoi? Pourquoi le témoin passe-t-il aux yeux d’une certaine historiographie pour l’un des pires ennemis de Lumumba ? Lumumba a-t-il constitué un danger majeur pour le Congo? 2. A-t-il été au courant du projet belge ou belgocongolais de liquidation physique de Patrice Lumumba dès août, et en septembre-octobre 1960 ? 3. Quelles furent les relations de Nendaka avec Lahaye et Marlière entre août 1960 et janvier 1961? 4. Après l’évasion de Lumumba fin novembre 1960, et sa capture, Gilbert Pongo ramène le fuyard à Léopoldville. A-t-il été envisagé après sa capture de le transférer directement à Elisabethville ? A Bakwanga ? Si non, pourquoi ? Si oui, pourquoi ce transfert ne s’estil pas réalisé ? Pourquoi avoir attendu janvier 1961 pour monter une opération de transfert dans l’une de ces deux villes ? Pourquoi Lumumba a-t-il survécu à son arrestation de décembre et pas à son transfert de janvier ? 5. Après la capture de Lumumba, c’est dans l’ancienne demeure de Vandewalle, avec le témoin qu’il va passer ses premières heures. Il sera battu par les membres de l’escorte. Pourquoi Lumumba ne fut-il pas directement conduit en prison ? 6. A quand remonte l’accord de transfert entre Léo et Elisabethville ? Qui passe cet accord ? Où est-elle prise cette décision, à Léopoldsville, à Thysville ou à Moanda ? 7. S’ il y a avait accord sur ce point, pourquoi avoir choisi Bakwanga comme première destination possible ? 8. Nendaka rentre de Thysville à Léo le 14 janvier au matin. A partir de ce moment-là, il participe à la préparation du transfert de Lumumba. Quel est le processus de décision ? Les Belges ont-ils joué un rôle dans le processus de décision de transférer Lumumba ? Dans le choix de Bakwanga ? Dans celui d’Elisabethville ? 9. Le 14 janvier au matin, Nendaka participe à un conseil qui se tient à la résidence du président Kasa Vubu. La décision du transfert à Bakwanga a-t-elle été prise à cette réunion ? Qui a participé à cette réunion (Belges et Congolais ?), qui a parlé, qui a décidé ? Est-ce à cette occasion que le plan de transfert est réalisé ? Qui en est l’auteur ? Pourquoi le témoin posséde-t-il la pièce originale du plan de transfert ? 10. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, Nendaka quitte Léo avec une escorte. Est-ce par la route ? Quand a-t-il pris livraison de Lumumba, de Mpolo et d’Okito, et où ? 11. Le témoin arrive à Moanda le 17 janvier au petit matin. C’est un moment crucial. Il livre les prisonniers à Mukamba et Kasadi. Ordonne-t-il à Mukamba de transférer Lumumba et ses compagnons à Elisabethville ? Est-ce lui qui prend cette décision et pourquoi ? Comment saitil qu’Elisabethville va accepter les prisonniers ? 12. Les autorités katangaises étaient-elles prévenues de l’arrivée de Lumumba le 17 janvier ? Si oui, quand,percomment et par qui avaient-elles été mises au courant ? Si non, pourquoi n’avaient-elles pas été mises au courant ? 13. Aux alentours du 17 janvier, Lahaye transmet un message à Bruxelles pour organiser le départ des enfants de Nendaka et de Kandolo en Belgique. Pourquoi juste à ce moment-là ? 14. Pourquoi s’est il rendu à Elisabethville le 22 janvier 1961 ? Ce jour-là, il a déjeuné avec Vandewalle, Marlière et Smal au restaurant de la Sabena. Fut-il question de la mort de Lumumba et de ses conséquences ? 15. Le 24 janvier, il a eu une réunion avec Mobutu, Bomboko, Kasadi, Kandolo, Delvaux, Adoula, Marlière et Denis. La coopération militaire entre le Katanga, le Sud-Kasaï et le gouvernement central fut à l’ordre du jour. Fut-il question de la mort de Lumumba ? Y avait-il d’autres Belges présents ? 16. Quand et par qui le témoin a-t-il appris la mort de Lumumba ? A qui a-t-il transmis cette information ? Saitil comment est mort Lumumba ? 17. Pense-t-il que la disparition de Lumumba a permis l’établissement d’un front Elisabethville-Bakwanga-Léopoldville qui a sauvé le Congo du chaos ? 18. Au début de l’année 1961, que devaient devenir les billets de banque congolais en provenance du Katanga, après l’adoption par le Katanga de sa propre monnaie ? Les autorités belges ont-elles insisté auprès des autorités katangaises pour que soient mis à la disposition du gouvernement de Léopoldville les billets retirés de la circulation au Katanga ? 19. Le témoin a-t-il reçu de l’argent de la Belgique ou d’autres pays ? 20. Quel était sa relation avec Verhaegen ? 2. Témoignage devant la commission d’enquête 2.1. Victor Nendaka a été entendu par la commission d’enquête les 25 juin et 6 juillet 2001. De plus, le 25 juin 2001, le témoin a été confronté, à huis clos, au témoin Jonas Mukamba (cf. n° 25).
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VAN LIERDE JEAN
HOCKERS MARYSE DURIEUX JEAN CORDY JEAN NYNS JACQUES NDELE ALBERT NENDAKA VICTOR KALONJI ALBERT GROSJEAN RENE SMAL RENE GRANDELET CLAUDE SPANDRE MARIO VERDICKT ARMAND BARTELOUS JACQUES DAVIGNON ETIENNE BRASSINNE JACQUES VANDEN BLOOCK JAN KIBWE JEAN-BAPTISTE HARMEL PIERRE HEUREUX PAUL ONAWELHO ALBERT VERHAEGEN BENOIT VERVIER FERNAND LAHAYE ANDRE MUKAMBA JONAS WEBER GUY GILSON ARTHUR HUYGHE CHARLES (CARLO) BOMBOKO JUSTINE GERARD JO HOLLANTS VAN LOOCKE JAN VANDERSTRAETEN LOUIS FRANCOIS |
Témoignage2.1. Victor Nendaka a été entendu par la commission d’enquête les 25 juin et 6 juillet 2001. De plus, le 25 juin 2001, le témoin a été confronté, à huis clos, au témoin Jonas Mukamba (cf. n° 25). Audition du 25 juin 2001 2.2. Le témoin connaissait Lumumba bien avant l’indépendance. Lumumba avait une personnalité dynamique, mais avait aussi toujours des problèmes. Il a été proposé pour assumer la direction du MNC, dont la création avait été décidée en 1958 à Bruxelles. Lumumba a été démis de ses fonctions par suite de ses problèmes à Accra. Sur les conseils de membres du mouvement, il part pour Stanleyville, où il crée son propre mouvement. Nendaka précise ensuite qu’il avait initialement été désigné pour participer à la conférence de la table ronde. Toutefois, après que Lumumba eut été libéré par les Belges, il lui a cédé cette place. À ce moment, le témoin s’est aussi retiré. Cela n’a toutefois pas eu de conséquences sur sa relation avec Lumumba, qu’il a félicité à propos des résultats des élections. En dépit des instances de Lumumba, il s’est ensuite aussi retiré du parti. 2.3. Nendaka estime qu’au moment de la décolonisation, l’expérience faisait gravement défaut, tant du côté belge que du côté congolais. Selon Nendaka, c’est Van Lierde qui a incité Lumumba à modifier le discours initial (pour la cérémonie d’indépendance), qui avait déjà été relu et corrigé. Il estime que ce discours a eu des conséquences néfastes et a modifié profondément le devenir du Congo et ses relations avec la Belgique. 2.4. Lumumba était entouré d’un groupe d’africanistes, de différents pays, qui avaient une très grande influence, ce qui était d’ailleurs normal, étant donné que l’indépendance d’un grand pays comme le Congo suscitait beaucoup d’intérêt. 2.5. Le témoin n’a recommencé à exercer une fonction officielle qu’en octobre; entre-temps, il n’a pas eu de contacts avec des Belges. 2.6. Lumumba était un nationaliste africain, pas un communiste. Se sentant abandonné par l’Occident, il s’est tourné vers l’Union soviétique, dont il a reçu de l’aide. Le témoin a quitté le MNC en mars 1960, parce que le parti risquait d’être considéré comme un parti communiste. Il précise que les africanistes avaient des sympathies pour les pays d’Europe de l’Est, qui voulaient aider les pays du Tiers Monde. Il y avait du matériel de propagande communiste partout. Selon lui, Lumumba et luimême en étaient les otages. Audition du 6 juillet 2001 : 2.7. Le témoin a été entendu, étant donné qu’il a joué, en tant que chef du service de sécurité de Léopoldville, un rôle important lors du transfert de Lumumba. La décision de transférer Lumumba à Élisabethville, au lieu de Bakwanga, ainsi qu’il avait été décidé initialement, a été prise le 16 janvier 1961. Le témoin a déclaré ne pas savoir qui avait pris cette décision, ni à quel moment elle avait été prise. Le témoin a soutenu qu’il n’avait pris aucune décision à ce sujet et qu’il s’était borné, en tant que fonctionnaire, à exécuter les décisions que le président lui avait imposées. 2.8. Selon ses dires, le témoin a été appelé le 14 janvier à Léopoldville afin de recevoir, des mains de Lahaye et en présence du ministre Kandolo, une lettre du président Kasa Vubu le chargeant de prendre les mesures nécessaires pour régler le transfert des prisonniers, qui se trouvaient à ce moment au camp Hardy, vers une autre localité de la république. Le témoin a déclaré qu’il était en train de chercher, conjointement avec le procureur général, chef des prisons, un endroit où loger les prisonniers. Le 16 janvier, le témoin a été rappelé à Léopoldville, où il s’est vu confier une nouvelle mission. Il est ensuite retourné à Thysville, où il a passé la nuit. Le lendemain matin, il est parti pour Lukala et a donné par écrit l’ordre au lieutenant de la gendarmerie d’aller chercher les dix prisonniers. Lorsque les prisonniers sont arrivés, Nendaka a constaté qu’il n’y avait pas suffisamment de place pour tous dans l’avion. Il a demandé, par l’entremise du pilote, à Kasadi, qui était à bord, ce qu’il devait faire. Il a alors reçu l’instruction d’amener en premier lieu les trois leaders. Il est resté lui-même sur place à Lukala. Il a déclaré que ce n’est que le soir, lorsqu’il était de retour à Léopoldville, qu’il a appris que la destination de l’avion avait été modifiée et qu’il avait fait route vers Élisabethville. 2.9. Le témoin a déclaré ne pas savoir pourquoi les ordres avaient été modifiés et que ces questions devaient être posées à Lahaye, qui pouvait encore y répondre. Cette décision a été prise à Léopoldville et non à Thysville, où il se trouvait. Selon le témoin, cette décision aurait d’ailleurs été prise par Kasa Vubu même, son gouvernement et son entourage direct. 2.10 Nendaka était à Élisabethville le 22 janvier afin d’examiner dans quelles circonstances Lumumba avait été assassiné. Tshombe était absent et Munongo ne voulait fournir aucune explication. Le témoin n’avait dès lors pas insisté davantage. Selon le témoin, Delvaux, qui était ministre et un personnage influent à Léopolville, aurait joué un rôle important dans la modification des instructions. 2.11. Nendaka a déclaré n’avoir été informé que très tardivement de l’assassinat de Lumumba. Il a prétendu l’avoir appris par la presse. Selon Nendaka, le dossier Lumumba a été géré directement par les cabinets de Kasa Vubu et Mobutu, et il n’avait personnellement rien à voir avec ce dossier.Au fil de l’audition, le président et les différents membres ont remarqué que le témoin ne se posait manifestement pas de questions concernant les circonstances de l’assassinat de Lumumba, et qu’il s’était borné à exécuter ce qui lui avait été ordonné. Le témoin a précisé qu’il déplorait la mort de Lumumba, mais qu’il n’avait rien pu faire pour l’éviter.Données biographiquesNé à Kumu/Buta (Congo belge), le 7 août 1923. Formation : Enseignement primaire et moyen. En Afrique : vice-président du MNC-Lumumba (1959). Chef provisoire de la Sûreté à partir de septembre 1960. Divers : Président du Congrès des Unitaristes de Bukavu (janvier 1960). Présent à la Table ronde à Bruxelles (janvier-février 1960). Se retire du MNC en mars 1960 en raison des accusations d’extrême gauche proférées contre Lumumba et fonde ensuite le MNC dissident. Membre du groupe de Binza. Ambassadeur à Bonn en 1969. Fonction d’administration MPR en 1977. Cofondateur parti d’opposition en 1990. |
vendredi 21 septembre 2012
Témoignage de NENDAKA VICTOR sur l'assassinat de LUMUMBA
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