(Le Potentiel
07/09/2012)
Sans atermoiement, Londres vient de rouvrir les vannes de
l’assistance financière en direction de Kigali. Cette levée précipitée de la
mesure de suspension de l’appui budgétaire à un pays sur lequel pèsent de lourds
soupçons d’agression de son voisin, en l’occurrence la RDC, est intrigante et
étonnante de la part de la Grande-Bretagne. Surtout quand cette dernière laisse
entendre que «Le Rwanda aurait posé des gestes de bonne volonté.» Dans l’opinion
publique, l’on redoute que ces fonds n’aillent à nouveau alimenter la guerre
dans l’Est où s’effectue à volonté le flux et reflux des soldats rwandais sous
l’étiquette du M23. Bref, Londres vient de que le cordon ombilical qui lie à
Kigali est loin d’être rompu .
Emoi et consternation ont étreint
l’opinion congolaise à l’annonce, par la Grande Bretagne, de la levée de sa
mesure de suspension d’appui budgétaire de 24 millions USD à l’encontre du
Rwandais. Le premier, le gouvernement a donné de la voix. Dans un communiqué de
presse daté du 6 septembre 2012 et signé son porte-parole, ce dernier a condamné
l’attitude du gouvernement britannique : « Le gouvernement de la RDC déplore
vivement la décision britannique d’alléger la pression du Royaume sur le Rwanda
; une décision qui, bien que partielle, sonne comme une prime à l’aventurisme
militariste, à la culture de prédation et aux violations massives des droits de
l’homme dont les officiels rwandais au plus haut niveau de rendent coupables en
RDC ».
La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir ce
qui a changé tant sur le terrain des affrontements que dans le chef de Kigali
pour que Londres s’empresse à faire ce revirement à 90 degrés ? Son attitude en
cette circonstance ne fait que renforcer les suspicions d’une certaine opinion
sur son implication directe ou indirecte dans le projet de balkanisation de la
RDC. La Grande Bretagne s’est précipitée à lever le pied sur les pressions
diplomatiques exercées sur Kigali afin de le contraindre à abandonner son
soutien avéré aux mutins du M23. Or, sur le terrain, rien n’a sensiblement
changé dans le sens d’un retour rapide de la cessation des hostilités.
Quid ? Londres a libéré 12 millions USD en faveur de Kigali au titre
d’appui budgétaire. Il ne serait pas surprenant que, dans les heures qui
suivent, les Etats-Unis emboîtent le pas à leur éternelle alliée du vieux
continent. Et dans ce cas, Kinshasa devra savoir à quoi s’en tenir et surtout
voir clair dans son partenariat avec différents pays dont l’amitié se limite aux
déclarations de bonne intention. Sans plus.
Le fond du problème c’est
que ce revirement du gouvernement britannique tombe au moment où le gouvernement
rwandais vient d’opérer l’un de ces grands numéros d’opéra à ciel ouvert en
prétendant avoir retiré ces militaires du territoire congolais. Le charme de la
prestation n’a pas manqué de séduire le partenaire privilégié qui s’en est servi
pour revenir sur sa décision de suspension d’aide financière annoncée avec
fracas dernièrement.
D’aucuns sont d’avis que ce numéro ne constituer
qu’un bluff dont le levain ne peut plus prendre au regard des révélations
contenues dans le dernier rapport des Nations et ceux d’ONG internationales.
Selon le porte-parole du gouvernement, «Les Congolaises et les Congolais sont
choqués par l’appréciation positive faite par le gouvernement britannique du
rôle joué par le Rwanda lors de la Conférence internationale sur la région des
grands lacs.»
De rapprochement en recoupement, il va sans dire que les
sanctions économiques décidées contre le Rwanda n’auront été qu’un coup d’épée
dans l’eau. Ce n’était que des simulacres des sanctions ayant pour effet de
«discipliner» un «enfant gâté» qui en faisait un peu trop en lien avec la
mission lui assignée. En levant la sanction, les parrains qui étaient «dos au
mur» ont rebondi pour rattraper leur protégé et poursuivre l’œuvre de prédation
amorcée depuis plusieurs années. En cherchant de rajuster le cahier des charges
de leur pion.
Et pourtant, Kigali et Kinshasa viennent d’achever,
séparément, un oral devant le comité des sanctions des Nations unies. Kinshasa
accuse Kigali d’avoir organisé et soutenu la rébellion du M23 qui occupe
présentement un pan du territoire national grand comme le Rwanda. Les experts
onusiens ont apporté de l’eau au moulin de Kinshasa en exhibant des preuves
matérielles irréfutables de l’implication rwandaise dans le recrutement,
l’entrainement, l’hébergement et l’infiltration des militaires et des éléments
armés sur le territoire congolais en renfort au M23.
Régulièrement
indexés dans le projet de balkanisation de la RDC, les Anglo-Saxons adoptent des
postures qui ne rassurent l’opinion congolaise. Ils soutiennent financièrement
un pays qui orchestre la déstabilisation de son voisin. Cela pourrait
s’apparenter à une complicité au drame humanitaire qui frappe la partie
orientale de la RDC. 9 millions de morts devraient suffire pour que la
Grande-Bretagne se retienne de verser des fonds dont la destination ne fait plus
mystère : l’achat des armes qui serviront à tuer d’autres innocents
Congolais.
Le gouvernement de la Couronne vient de montrer assez
clairement que seuls comptent pour lui les intérêts des multinationales
britanniques qui sont réputées n’avoir aucune compassion pour ces Congolais qui
tombent du fait des conflits armés qu’elles entretiennent directement et
indirectement dans l’Est de notre pays. Au contraire, elles de repaissent de
stratégies macabres peaufinées avec le concours d’un ancien Premier ministre
britannique. L’objectif final étant la perpétuation d’une politique de terreur
pour des fins de balkanisation.
Le comité des sanctions
court-circuité
Cette prise de position de la Grande-Bretagne présage déjà
de ce que sera l’issue des délibérations du comité des sanctions des Nations
unies. Sans adopter une position défaitiste, il est quasi acquis que deux
membres du conseil de sécurité à savoir les Etats unis et la Grande-Bretagne
joueront le rôle d’avocat de Kigali, en pesant sur le cours des événements. Les
Anglo-saxons ont pris clairement position en faveur de leur «enfant
chéri.»
Cette manière d’anticiper sur les sanctions à venir est perçue
comme une entorse à la recherche de la sérénité dans la sous-région. Rien ne
justifiait cette précipitation du ministre du Développement international Andrew
Mitchell à lever les sanctions avant que la procédure amorcée au niveau des
Nations Unies n’aboutisse. Cela s’appelle « aller vite en besogne ».
A
tout prendre, Londres a court-circuité le comité des sanctions. Cela en
conditionnant tous les membres qui lui sont favorables et charmés par les
prestations macabres de Kigali.
COMMUNIQUE DE
PRESSE
Le comité de sanctions de l’Onu doit encore se prononcer après
avoir écouté les représentants du Rwanda et de la République démocratique du
Congo au sujet du rapport des Experts mettant en cause les autorités rwandaises
dans la déstabilisation de l’Est de la RD Congo. Aussi le Gouvernement congolais
est-il déçu par la décision de la Grande Brétagne, annoncée par le Ministre
Andrew Michell en charge du Développement international, de revenir sur la
sanction qu’elle avait auparavant imposée au Rwanda en déboursant à ce pays
agresseur qu’elle avait auparavant imposée au Rwanda en déboursant à ce pays
agresseur de la RDC la moitié de l’appui budgétaire, soit 12 millions de dollars
sur les 24 millions prévus. Les Congolaises et les Congolais sont choqués par
l’appréciation positive faite par le Gouvernement britannique du rôle joué par
le Rwanda lors de la Conférence internationale sur la Région des Grands
Lacs.
Pour sa part, le Gouvernement de la RDC n’a perçu jusqu’à ce jour
aucun effort crédible de la part du Rwanda pour la restauration de la paix et de
la sécurité gravement perturbées au Nord-Kivu de son fait. La conclusion
délibérée entretenue par les forces rwandaises à l’occasion du retrait des
observateurs du mécanisme conjoint de surveillance frontalière, un retrait
délibérément effectué hors de toute synergie avec les FARDC et la MONUSCO.
Illustre ce manquement. Il en est de même des déclarations du Ministre rwandais
de la défense qui s’est fait l’avocat sans nuances des forces négatives du M23
tout en martelant son refus de voir se déployer la force internationale neutre
décidée par la CIRGL.
Suggérer comme le fait le Gouvernement britannique
qu’il y a eu progrès dans le comportement du Rwanda par rapport à la guerre que
ce pays impose à la République Démocratique du Congo, n’est donc pas conforme à
la pénible réalité vécue par les milliers des victimes de cette
guerre.
Le Gouvernement de la RDC déplore vivement la décision
britannique d’alléger la pression du Royaume sur le Rwanda, une décision qui,
bien que partielle, sonne malheureusement comme une prime à l’aventurisme
militariste, à la culture de prédation et aux violations massives des droits de
l’homme dont les officiels rwandais au plus haut niveau se rendent coupables en
RD Congo.
Lambert MENDE OMALANGA
Écrit par Le Potentiel
© Copyright Le
Potentiel
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