jeudi 11 octobre 2012

Kinshasa, le tombeau blanchi de la Francophonie

La date du prochain sommet de la Francophonie avance à grand pas. A Kinshasa, les autorités locales mettent les petits plats dans les grands. Routes refaites, bâtiments repeints, Kinshasa fait peau neuve. Bienvenue au pays de la Francophonie…

Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo tourne au rythme du XIVe sommet de la Francophonie, prévu du 12 au 14 octobre prochain.

Dans cette ville où les problèmes de transport en commun sont courants, le sommet de la Francophonie et tout ce qui se fait pour donner à Kinshasa les apparences d’une ville propre et accueillante, viennent donner plus de relief aux problèmes déjà existants, comme celui des transports.

Ce jeudi 4 octobre, était prévu la répétition des policiers à Kinshasa. Les routes ont été bloquées au centre ville. D’habitude, chaque matin, il y a souvent les mouvements des populations de la périphérie vers le centre ville. Le soir, c’est le mouvement en sens inverse.

«Les travaux sur les routes et celles qui sont bloquées provoquent des embouteillages monstres, avec une forte présence des agents de l’ordre en centre ville, seulement», confie Clarisse, la trentaine, habitant Kinshasa.



Dans la soirée, certaines personnes ont dû marcher à pied du centre ville jusque dans la commune de Limete pour trouver un moyen de transport. «Déjà que le soir le transport est difficile, avec les répétitions des militaires et l’interdiction des véhicules de circuler, il y avait un monde fou sur les routes. Comme si la Francophonie allait changer nos vies ou nous apporter de l’argent», raconte Marie, mère de famille et femme d’affaires.

Dans ces contextes, la dérision des Kinois (habitants de Kinshasa) tourne à fond. Pour se moquer de la Francophonie, on dit Francine azo ya (comprenez Francine arrive) ou de Cacophonie.

Tombeau blanchi

Une source nous informe que les autorités locales ont ordonné aux propriétaires des immeubles en centre ville de les repeindre. Question de donner une belle image de la ville qui à un moment avait le surnom de Kinshasa la belle. Avec le temps, elle était devenue Kinshasa la poubelle.

Il fallait attendre le sommet de la Francophonie pour que tout soit mis en œuvre pour embellir la ville. Certains détracteurs parlent de tombeau blanchi, vu la crasse et la misère que Kinshasa va cacher à la face de ses invités et hôtes de marque.

Un élan de propreté est lancé malgré tout. Dans moins d’une semaine se sera le coup d’envoi des travaux du sommet de la Francophonie à Kinshasa.

«Francophonie, Francophonie, Francophonie…Si tu savais comment on cherche à tout perfectionner, même s’ils n’y arrivent pas pour t’accueillir, lance Clarisse. Moi je t’exhorte seulement à venir tous les ans au Congo, mais en changeant de ville. Kinshasa aujourd’hui, l’année prochaine à Bandundu ville, en 2014 à Kisangani, etc. Comme ça nos villes seront propres et nos routes réhabilitées».

Certaines mauvaises langues attendent voir ce qu’il en sera après le passage du sommet qui aura rendu à Kinshasa un peu de son éclat.

Jacques Matand

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