Article publié le : jeudi 25 octobre 2012 -
Dernière modification le : jeudi 25 octobre 2012
Augustin Matata Ponyo, le Premier
ministre de RDC, a rencontré le Premier ministre belge Elio Di Rupo, le 23
octobre 2012..
AFP PHOTO/ KRISTOF VAN
ACCOM
Par Christophe Boisbouvier
Le procès des assassins de Floribert Chebeya sans le témoin numéro un, la froideur des relations Hollande-Kabila lors du sommet de Kinshasa... Invité de RFI, le Premier ministre congolais s’exprime sur les sujets qui fâchent. Augustin Matata Ponyo Mapon, 48 ans, effectue une tournée en Belgique et en Allemagne. Depuis Berlin, le chef du gouvernement congolais répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Le chef de la police congolaise, le général Numbi ne
comparaîtra pas dans le procès des assassins de Floribert Chebeya, est-ce le
signe que l’impunité sévit toujours au Congo ?
Augustin Matata Ponyo : Non, je pense qu’il ne faut pas, dans un cas sur lequel le processus est en cours, que l’on puisse déduire qu’il n’y a pas de justice, ou que la justice est imparfaite. Je pense que c’est trop réducteur.
Vous dites que c’est un procès parmi d’autres, mais c’est tout de même un procès phare, la preuve en conférence de presse il y a dix jours, le président Kabila l’a évoqué, son hôte, le président Hollande, a rencontré les familles Chebeya et Basana, est-ce que ce procès sans Numbi ne va pas ternir l’image de votre pays ?
Je ne pense pas. Quand on dit, voilà l’assassin de Chebeya a reçu des injonctions directes du président de la République, c’est très réducteur. Tout en condamnant l’acte qui est arrivé, je dois vous dire en toute sincérité que je ne vois pas quelle est la relation entre le chef de l’Etat, qui assume des fonctions importantes, et un Congolais, un citoyen qui était en rapport avec la police.
Au moment des faits, le général Numbi était le directeur général de la police et d’après le policier Mwilambwe, il aurait en effet reçu l’ordre d’assassiner Floribert Chebeya de la part du chef de l’Etat. Est-ce que pour mettre fin à toutes ces accusations, le plus simple ne serait pas que Numbi comparaisse devant les juges ?
Avec toute la considération que j’ai pour Chebeya qui est décédé et pour sa famille, je dois vous dire que je n’étais pas Premier ministre à l’époque des faits et je ne connaissais pas Monsieur Chebeya, un citoyen comme tous les autres. Si moi je ne le connaissais pas, que dire du président de la République qui a beaucoup de problèmes en tête ? Pour la plupart des Congolais, Chebeya a été mis sur la place publique au moment de son décès. Et quel est l’intérêt pour le chef de l’Etat de donner des instructions pour que tel individu soit assassiné alors qu’il y a énormément de personnes qui passent chaque jour à la télévision pour injurier le président ?
Justement pour rejeter ces accusations, est-ce que la meilleure façon n’est pas de laisser la justice organiser un procès crédible ?
Mais la justice est en train d’organiser un procès crédible. Il ne faut pas que la crédibilité d’un processus judiciaire soit prise en otage par le sensationnel. C’est à la Cour d’apprécier la nécessité d’appeler telle ou telle personne sur le cas Chebeya.
La froideur de François Hollande à l’égard de Joseph Kabila pendant le sommet de Kinshasa, est-ce que cela vous a choqué ?
Vous avez suivi le président Hollande lors de l’interview. Avant de rentrer, il a dit que le sommet s’est très bien passé, qu’il a été bien organisé.
Mais François Hollande n’a pas applaudi après le discours de Joseph Kabila à la tribune du Sommet.
Je pense qu’on doit plutôt se fier au contenu qu’au contenant. Vous vous occupez plus du périphérique que du centre !
M. le Premier ministre, vous accusez le Rwanda d’envoyer des troupes sur votre territoire et pourtant ce pays vient d’être admis au Conseil de sécurité de l’ONU pour deux ans. Est-ce que ce n’est pas un échec pour votre diplomatie ?
Ce n’est pas un échec si le Rwanda a accès au Conseil de sécurité, c’est plutôt un échec du Conseil de sécurité. C’est plutôt un échec des Nations unies.
Mais est-ce que l’entrée du Rwanda au Conseil ne va pas encourager ce pays a poursuivre sa politique ?
Cela va l’encourager à déstabiliser un autre pays, mais si c’est ça que les Nations unies veulent, je trouve que c’est une négation des principes des Nations Unies.
Arrivé à la primature il y a six mois, vous vous battez contres les tracasseries administratives et pour l’amélioration du climat des affaires. Mais pour empêcher les fonctionnaires de racketer, est-ce qu’il ne faudrait pas d’abord augmenter leur salaire ?
Non. Il y a beaucoup de fonctionnaires qui ont des salaires suffisant mais qui continuent à déroger. C’est un problème de rigueur, d’éthique et d’intégrité. Il y a des fonctionnaires, il y a des enseignants qui ont un salaire relativement bas qui continuent à rendre leur tâche de manière tout à fait exemplaire dans l’éthique et dans l’intégrité.
Le paiement des fonctionnaires par voie bancaire, est-ce que c’est pour empêcher les fonctionnaires de se racketer entre eux ?
Oui, justement vous avez vu que nous avons incarcéré plusieurs fonctionnaires qui étaient à la base de ces pillage.
Beaucoup d’enseignants gagnent 50 dollars par mois : peuvent-ils vivre avec ça ? Comment peut-on instruire les enfants avec des enseignants si mal payés ?
Les salaires ne sont plus de cet ordre, c’est plus que ça. Ces salaires n’étaient pas payés de manière régulière. Aujourd’hui ils le sont. Ces salaires n’étaient pas bancarisés. Aujourd’hui ils le sont. Il faut aussi voir les efforts considérables qui sont fait par ce gouvernement. Beaucoup de progrès sont réalisés.
Augustin Matata Ponyo : Non, je pense qu’il ne faut pas, dans un cas sur lequel le processus est en cours, que l’on puisse déduire qu’il n’y a pas de justice, ou que la justice est imparfaite. Je pense que c’est trop réducteur.
Vous dites que c’est un procès parmi d’autres, mais c’est tout de même un procès phare, la preuve en conférence de presse il y a dix jours, le président Kabila l’a évoqué, son hôte, le président Hollande, a rencontré les familles Chebeya et Basana, est-ce que ce procès sans Numbi ne va pas ternir l’image de votre pays ?
Je ne pense pas. Quand on dit, voilà l’assassin de Chebeya a reçu des injonctions directes du président de la République, c’est très réducteur. Tout en condamnant l’acte qui est arrivé, je dois vous dire en toute sincérité que je ne vois pas quelle est la relation entre le chef de l’Etat, qui assume des fonctions importantes, et un Congolais, un citoyen qui était en rapport avec la police.
Au moment des faits, le général Numbi était le directeur général de la police et d’après le policier Mwilambwe, il aurait en effet reçu l’ordre d’assassiner Floribert Chebeya de la part du chef de l’Etat. Est-ce que pour mettre fin à toutes ces accusations, le plus simple ne serait pas que Numbi comparaisse devant les juges ?
Avec toute la considération que j’ai pour Chebeya qui est décédé et pour sa famille, je dois vous dire que je n’étais pas Premier ministre à l’époque des faits et je ne connaissais pas Monsieur Chebeya, un citoyen comme tous les autres. Si moi je ne le connaissais pas, que dire du président de la République qui a beaucoup de problèmes en tête ? Pour la plupart des Congolais, Chebeya a été mis sur la place publique au moment de son décès. Et quel est l’intérêt pour le chef de l’Etat de donner des instructions pour que tel individu soit assassiné alors qu’il y a énormément de personnes qui passent chaque jour à la télévision pour injurier le président ?
Justement pour rejeter ces accusations, est-ce que la meilleure façon n’est pas de laisser la justice organiser un procès crédible ?
Mais la justice est en train d’organiser un procès crédible. Il ne faut pas que la crédibilité d’un processus judiciaire soit prise en otage par le sensationnel. C’est à la Cour d’apprécier la nécessité d’appeler telle ou telle personne sur le cas Chebeya.
La froideur de François Hollande à l’égard de Joseph Kabila pendant le sommet de Kinshasa, est-ce que cela vous a choqué ?
Vous avez suivi le président Hollande lors de l’interview. Avant de rentrer, il a dit que le sommet s’est très bien passé, qu’il a été bien organisé.
Mais François Hollande n’a pas applaudi après le discours de Joseph Kabila à la tribune du Sommet.
Je pense qu’on doit plutôt se fier au contenu qu’au contenant. Vous vous occupez plus du périphérique que du centre !
M. le Premier ministre, vous accusez le Rwanda d’envoyer des troupes sur votre territoire et pourtant ce pays vient d’être admis au Conseil de sécurité de l’ONU pour deux ans. Est-ce que ce n’est pas un échec pour votre diplomatie ?
Ce n’est pas un échec si le Rwanda a accès au Conseil de sécurité, c’est plutôt un échec du Conseil de sécurité. C’est plutôt un échec des Nations unies.
Mais est-ce que l’entrée du Rwanda au Conseil ne va pas encourager ce pays a poursuivre sa politique ?
Cela va l’encourager à déstabiliser un autre pays, mais si c’est ça que les Nations unies veulent, je trouve que c’est une négation des principes des Nations Unies.
Arrivé à la primature il y a six mois, vous vous battez contres les tracasseries administratives et pour l’amélioration du climat des affaires. Mais pour empêcher les fonctionnaires de racketer, est-ce qu’il ne faudrait pas d’abord augmenter leur salaire ?
Non. Il y a beaucoup de fonctionnaires qui ont des salaires suffisant mais qui continuent à déroger. C’est un problème de rigueur, d’éthique et d’intégrité. Il y a des fonctionnaires, il y a des enseignants qui ont un salaire relativement bas qui continuent à rendre leur tâche de manière tout à fait exemplaire dans l’éthique et dans l’intégrité.
Le paiement des fonctionnaires par voie bancaire, est-ce que c’est pour empêcher les fonctionnaires de se racketer entre eux ?
Oui, justement vous avez vu que nous avons incarcéré plusieurs fonctionnaires qui étaient à la base de ces pillage.
Beaucoup d’enseignants gagnent 50 dollars par mois : peuvent-ils vivre avec ça ? Comment peut-on instruire les enfants avec des enseignants si mal payés ?
Les salaires ne sont plus de cet ordre, c’est plus que ça. Ces salaires n’étaient pas payés de manière régulière. Aujourd’hui ils le sont. Ces salaires n’étaient pas bancarisés. Aujourd’hui ils le sont. Il faut aussi voir les efforts considérables qui sont fait par ce gouvernement. Beaucoup de progrès sont réalisés.
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