(Le Figaro 04/12/2012)
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a
repris le contrôle de la capitale de la province du Nord-Kivu, dont les rebelles
du M23 s'étaient emparés le 20 novembre dernier.
Des préservatifs, des
chaussures et des papiers abandonnés à la hâte. Le camp militaire de Katindo à
Goma, capitale du Nord-Kivu, est loin de symboliser la rigueur qui pourrait être
liée à l'uniforme. Les camions de transport font leur entrée sous les cris et
les chants d'une nuée de femmes. Ce sont toutes des compagnes de militaires.
Durant les combats et pendant la période des rebelles du M23, elles ont été
contraintes de s'exiler, avec leurs familles, dans les quartiers voisins de
cette grande ville comptoir. Les hommes qui descendent des camions ne sont pas
leurs maris ou leurs frères, mais leur retour signifie, pour toutes, le retour à
la maison, la fin de l'humiliation.
Le 41e bataillon commando de réaction
rapide fait partie de l'élite. Formés par les Sud-Africains, ces soldats sont
réputés les plus fiables du pays. Les hommes viennent en majorité du Katanga,
mais aussi d'autres régions du pays. La hiérarchie espère notamment que, coupés
de toute attache personnelle, ils seront moins tentés de céder aux envies de
vengeance contre tous ceux qui ont accepté les ordres du mouvement rebelle des
M23.
«Nous devons tenir nos troupes»
Dans les prochains jours, les
750 hommes de ce bataillon vont devoir assurer la sécurité de la ville. Une
mission sous tension. Les rumeurs courent selon lesquelles des éléments du M23
seraient restés cachés dans la ville, pour surveiller le comportement des FARDC
et la mise en place d'un cessez-le-feu.
Autre signe de la reprise en main
de l'État congolais, l'arrivée du gouverneur de Goma, Julien Palula. Depuis la
prise de Goma par les M23, il avait fui la ville, se réfugiant à 400 km au nord,
dans la ville de Béni. Sa première visite a été au siège de la Monusco, afin de
coordonner avec la mission des Nations unies pour le Congo le retour des
institutions et tenter de prévenir tout acte de vengeance. «La population doit
éviter de se rendre justice elle-même», a-t-il insisté.
Goma n'est pas la
seule ville à avoir été reprise par les FARDC. Plus à l'ouest, Sake a vu
débarquer près d'un millier de soldats ces dernières heures. Tous étaient
cantonnés dans les montagnes de Minova. Dans les rues de Sake, les tenues vertes
sont très présentes. Certains font leurs emplettes dans les petites boutiques,
achètent du crédit pour leur téléphone, discutent avec les jeunes filles, mais
surtout ils font une pause chez le coiffeur. «Ils iront ensuite déplier leurs
paquetages et resteront à la sortie de la ville, dans le quartier de Muhandero.
Pour l'instant, personne n'a fait état de pillages ou de mauvais comportements.
Nous devons tenir nos troupes», raconte un colonel militaire
congolais.
Un retour à l'ordre censé apaiser les inquiétudes des
populations. Beaucoup ont quitté les camps de déplacés pour regagner leur
maison. Mais les craintes de pillages et de violences sont toujours là, surtout
la nuit.
Par Edith Bouvier
Envoyée spéciale à Goma
© Copyright Le
Figaro
Visiter
le site de: Le Figaro
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire