vendredi 6 juillet 2012

Soutien du Rwanda au M23 : Washington accule le régime de Paul KAGAME

(KongoTimes 04/07/2012)
Le soutien au M23 ne cesse d’attirer des poux sur la tête des autorités rwandaises. Après le Conseil de sécurité des Nations Unies qui les avait dernièrement clouées au mur, Washington vient d’intimer des ordres imprécis à Kigali. La première puissance mondiale exige au pays de mille collines de faire cesser et prévenir l’apport d’un tel appui à partir de son territoire, sans plus. Convaincus que l’attitude de Kigali menace d’ébranler encore la sécurité et d’alimenter les déplacements dans la région, les USA devraient cependant proposer une sortie heureuse de la crise que de se limiter à souffler le chaud et le froid avec de simples déclarations sur fond de préoccupation.

Après les Nations Unies, Human Rights Watch, … les Etats unis d’Amérique prennent le relai. Washington semble acculer le régime de Paul Kagame qui fournit allègrement des hommes, des armes et des munitions à la bande à Bosco Ntaganda.

Des sources indépendantes accusent

« L’organisation de défense des droits de l’Homme américaine accuse l’armée rwandaise d’avoir fourni des centaines d’hommes ainsi que des armes et des munitions aux rebelles du M23 en République démocratique du Congo, et de servir de refuge à leur chef présumé Bosco Ntaganda malgré un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale », rapportait BBC, le lundi 4 juin ; et d’ajouter que « l’armée rwandaise est directement impliquée dans la fourniture de 200 à 300 nouvelles recrues ainsi que d’armes lourdes et de munitions aux rebelles ». Curieusement, la ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, a démenti à domicile comme à New York, l’implication de son pays dans le conflit armé dans l’Est de la RDC, bien avant la publication du rapport de HRW dont elle a qualifié les travaux de « simplistes », « irresponsables » et d’« aussi dangereux que des balles ou des machettes ».

De leur côté, le général Ntaganda et les dirigeants du M23 ont aussi rejeté les rapports les accusant de collaborer entre eux ou avec le Rwanda, alors que le gouvernement congolais assure que les informations données par les combattants capturés « confirment le recrutement forcé de jeunes mineurs d’âge par les mutins tant au pays même qu’à l’étranger ». La divulgation par la presse d’un rapport confidentiel de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) sur la présence de Rwandais dans les rangs du M23 a poussé la RDC et le Rwanda à dépêcher une commission de vérification conjointe à Goma (Nord-Kivu). « Des citoyens rwandais étaient recrutés, formés dans leur pays et envoyés en renfort au M23 en RDC », dit le document.

La mission des enquêteurs congolais et rwandais a consisté à « établir toute la vérité sur l’éventuel appui du Rwanda au mouvement rebelle M23 », créé début avril 2012 par des mutins issus des Forces armées de la RDC (FARDC) et du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Selon OCHA, les violents affrontements entre ce mouvement et l’armée régulière ont provoqué le déplacement de plus de 100 000 personnes, dont environ 74 000 dans les territoires de Lubero (Masisi et Rutshuru).

Quand les Usa s’en mêlent

De son côté, par la bouche du porte – parole du gouvernement congolais, Kinshasa s’est mis devant ses responsabilités. Sortant de sa tour d’ivoire, une position claire a été prise et annoncée. Le Rwanda doit quitter la manœuvre de déstabilisation de l’Est, si pas de toute la Rdc tant l’histoire démontre que la fumée ne sort généralement que par là. Mais au – delà de cet écho favorable à cet engagement ferme pris dans les délais raisonnables, il sied de mener des actions militaires, judiciaires et diplomatiques pour un dénouement définitif de cette énigme de l’Est qui n’a que trop duré et causé trop de désastres. Le gouvernement américain vient d’apporter sa pierre longtemps attendue dans l’échafaudage de la paix dans le grand Kivu. Mais lorsqu’on sait que le sacro-saint Paul Kagame, plaque tournante dans cette affaire avait parlé aux oreilles du monde de certaines puissances qui cherchent noise et mort à Joseph Kabila, plusieurs autres interrogations valent leur peine.

Passer à l’action

Maintenant que la liste des preuves contre Kigali affiche complet, la balle est désormais dans le camp des Nations Unies de passer à l’action. Après s’être prononcé, Kinshasa devra poursuivre clairement sur cette affaire dont le fond a été mis à nu par les révélations des Nations Unies, de HWR ainsi que les témoignages de nombreux membres du M23 qui ont fait défection de leur mouvement. Ensuite, après avoir déclenché des mécanismes prévus en pareil cas pour que le régime de Kigali arrête son double jeu dans la sous-région des Grands Lacs, Kinshasa devra braver la procédure dite interminable et avoir gain de cause face à ses ennemis de jour et de nuit. En s’alignant derrière le M23, Kigali a prouvé à suffisance qu’il n’a jamais œuvré pour la paix avec Kinshasa, comme l’affirmait, à Kinshasa, sa chef en charge de diplomatie.

Ce qu’il faut faire

Si l’ingérence rwandaise dans la guerre de l’Est est un secret de polichinelle depuis 1994, la Rdc a besoin d’être bien épaulée par la communauté internationale pour en découdre avec cette malencontreuse situation. Le régime rwandais bénéficie de beaucoup de soutien, bien plus que la Rdc, doit – on reconnaître.

Aussi, la Monusco devra-t-elle, pour sa part, prendre une initiative pour stopper cette ingérence qui met en péril la paix qu’elle essaie difficilement de préserver depuis plus de dix ans. Et l’apport des puissances étrangères, les Etats Unis à la une, est le bienvenu et le plus souhaité, au – delà de ménager le bâton et la carotte. Si d’aucuns ont affirmé que la guerre du Kivu est une guerre africaine, d’autres reconnaissent qu’on se massacre pas exclusivement entre Africains, en tuant de préférence des civils. Alors, il ne faut pas perdre de vue qu’aucun des belligérants ne possède d’usine d’armement et que la guerre par conséquent est alimentée par le commerce mondialisé et généralement illicite des armes, munitions et autres équipements militaires. Les systèmes de télécommunication, en particulier le téléphone portable, qui jouent un rôle essentiel dans des guerres de mouvement sont contrôlés par des groupes internationaux. Point n’est besoin de le répéter. Et le Rwanda constitue un proche et efficace relais logistique pour les rebelles tutsis. Tout en voyant le Rwanda, les Usa devront aussi voir loin du Rwanda. Et ce n’est pas Paul Kagame qui dirait le contraire, du moins cette fois-ci où il a derrière lui toute la bande des présumés ennemis de la Rdc.

[L’Avenir]


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