samedi 30 juin 2012

Onu : l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe

Par  Matshi

Onu : l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, a annoncé mercredi la réunion samedi 30 juin, à Genève, du groupe d'action pour la Syrie. Selon sa déclaration, les objectifs sont de définir les principes et étapes d'une sortie du conflit et de la mise en place d'une transition. Kofi Annan a déclaré avoir envoyé des invitations aux ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, France, Russie, Grande-Bretagne, Etats-Unis) et à la Turquie.
Xinhua

OTAN : deux soldats de l'OTAN ont été tués

Par  Matshi

OTAN : deux soldats de l'OTAN ont été tués dans une explosion survenue mercredi dans l'Est de l'Afghanistan, a annoncé l'alliance militaire dans un communiqué publié jeudi matin. «Deux soldats de la Force internationale de l'assistance à la sécurité (ISAF) ont péri dans une attaque à l'engin explosif artisanal commis hier (mercredi) dans l'Est de l'Afghanistan», indique le communiqué. Ces deux morts portent à 218 le nombre de militaires étrangers tués en Afghanistan depuis le début de l'année.
Xinhua

RDC: Ballet diplomatique autour de l’insécurité dans l’Est du pays

Par  Stephane Etinga

Un véritable ballet diplomatique a eu lieu ces derniers jours au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération ;
avec notamment les audiences que le vice-ministre, Célestin Tunda ya Kasende, a accordées aux différets ambassadeurs des pays amis accrédités à Kinshasa.
 
Il s’est entretenu mercredi avec l’ambassadeur de Grande-Bretagne en RD Congo, Neil Wigan, non seulement pour des questions de coopération bilatérale, mais aussi des préoccupations de son pays face à l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. A ce propos, le diplomate britannique a déclaré que son pays a engagé une action dans le cadre de l’Union européenne. Car, a-t-il dit, le plus important c’est la position du Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est engagé clairement sur ce problème.
 
Au chapitre de la coopération bilatérale, le vice-ministre Tunda a évoqué cette question avec l’envoyé spécial du gouvernement australien, William Fishier. Celui-ci a indiqué qu’ils ont examiné des sujets importants et historiques pour les deux pays. Des sujets qui portent,
Notamment, sur le secteur de la l’agriculture, des mines et des infrastructures. Il a rappelé la position importante qu’occupe la RDC dans les affaires non seulement du continent, mais également du monde, rapporte l’ACP.
Le vice-ministre s’est aussi entretenu avec l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire en RDC, Joachim Djabia Anvire. Les deux personnalités ont exprimé leur volonté de renforcer la coopération bilatérale en vue d’un avenir meilleur de deux Etats. Célestin Tunda ya Kasende a reçu également en audience M. Luis Castello Campos, ambassadeur de Cuba, qui a évoqué les efforts fournis par son pays pour la consolidation de la coopération bilatérale avec la RDC. Il a précisé que les domaines de cette coopération sont l’éducation, la santé et l’agriculture. Concernant l’entretien que le vice-ministre a eu avec une délégation suisse du Département général de justice politique (OIM/MCDEM), conduite par Michel Jeanneret, celui-ci a indiqué qu’il s’inscrit dans le cadre de la forte collaboration et du dialogue permanent avec la RDC. Il a informé son hôte de la grande cérémonie de présentation du plan stratégique de la direction des Congolais de l’étranger à Berne, avec le soutien de l’Office de migration suisse.

Génocide rwandais ou génocide congolais: Deux poids deux mesures

Par  Le Potentiel

Le régime en place à Kigali a fait du génocide une spécialité rwandaise au point qu’il en fait usage pour faire chanter les grandes puissances. Le jeu a tellement marché dans le passé qu’il sert aujourd’hui à cacher ses propres crimes.
Ainsi de victime, Kigali est devenu un bourreau qui exige d’être caressé dans le sens du poil. Ses crimes en RDC sont sans nombre. Ils sont aussi vieux que le massacre de 1994. Car, depuis cette date, sous prétexte de traquer des génocidaires hutu, le Rwanda occupe une partie du territoire de la RDC. Il s’agit principalement des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu où il a multiplié et diversifié des stratégies pour prendre pied de manière durable.
Dans cette partie de chasse, le Rwanda est arrivé à commettre au Congo le génocide pour lequel il avait suscité et obtenu la compassion du monde entier. Voilà que, en ce qui concerne la RDC, la communauté internationale hésite à prononcer le mot génocide. Or, en termes de comparaison, le nombre de victimes congolaises est de loin supérieur à tous les cas connus jusqu’à ce jour. Les chiffres oscillent entre 4 et 9 millions de morts. Sans compter toutes sortes d’exactions commises sur les survivants.
Qu’est-ce à dire ? Que la définition du mot génocide change selon les territoires où il est commis ? La compilation des documents renseigne que le mot a été créé en 1944 par Raphael Lemkin, professeur de droit international à l'université de Yale, "pour définir les pratiques de guerre de l'Allemagne nazie". Il désigne "la destruction d'une nation ou d'un groupe ethnique". Le mot combine le terme grec genos (qui signifie origine ou espèce) et le suffixe latin cide (provenant de caedere, tuer).
Le tribunal militaire international de Nuremberg en a donné la première définition, en 1945. Mais, le 11 décembre 1946, l'Assemblée générale des Nations unies, qui confirme les principes du droit de Nuremberg, définit le génocide comme le «refus du droit à l'existence de groupes humains entiers de même que l'homicide est le refus du droit à l'existence à un individu».
Ce que le régime en place à Kigali fait en RDC, particulièrement dans l’est, n’est pas moins un génocide. Il crée et arme des groupes rebelles pour qu’ils procèdent à des massacres des populations congolaises. L’objectif final étant de faire main basse sur des richesses naturelles du Congo.
Différents rapports des Nations unies et des ONG confirment ce que nous avançons ici. Le dernier en date est celui qui a mis à nu l’appui de Kigali au M23, un groupe rebelle qui tue et pille. Actuellement, il est en guerre contre les FARDC.
En observant l’attitude de certaines puissances face à ce qui se trame dans l’Est de la RD Congo, on a l’impression que la communauté internationale voudrait appliquer le principe de deux poids deux mesures. C’est comme si les victimes congolaises, malgré leur nombre, ne méritaient pas la compassion internationale comme ce fut le cas en 1994.

Hollande ira-t-il au 14ème sommet de la Francophonie à Kinshasa ?

Par RFI
Le ministre congolais des Affaires étrangères et de la Francophonie était mercredi 27 juin à Paris où il s'est entretenu avec le sénégalais Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Son but était de faire le point sur la préparation du 14ème sommet qui doit se tenir en octobre prochain à Kinshasa mais aussi de tâter le pouls à Paris où le nouveau président socialiste, François Hollande, maintient le flou sur sa participation. Plusieurs voix à gauche s'étaient élevées contre sa participation, mettant en avant les dernières élections législatives et présidentielle en RDC. Raymond Tshibanda n'a pas encore la confirmation de la venue du président français au sommet. Mais, dit-il, « nous sommes sur la bonne voie ».

L'UE soutient les efforts de la RDC pour établir son autorité dans l'est

(CRI 29/06/2012)
L'Union européenne (UE) soutient les efforts de la République démocratique du Congo (RDC) pour établir son autorité à l'est du pays, a indiqué jeudi à Kinshasa M. Koyen Vervaere, son coordonnateur, à l'issue d'un entretien avec M. Aubin Minaku, président de l'Assemblée nationale.
L'UE condamne clairement la rébellion en cours dans l'est de la RDC et s'inquiète du soutien qui lui est accordé, tout en demandant que la clarté soit faite et que les faits soient établis.

Selon M. Koyen, il est important pour l'UE que les cannaux de communication avec le Rwanda soient maintenus et que des solutions politiques durables soient cherchées.

M. Aubin Minaku et son hôte ont partagé ces idées et cherché des solutions aux problèmes structuraux et fondamentaux présents dans l'est du Congo par rapport à l'implication du Rwanda dans cette affaire.

"Kinshasa, Kigali et le Système des Nations Unies doivent établir les faits et chercher des solutions aux problèmes qui se posent", ont-ils souligné.

2012-06-29 08:27:25 xinhua


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RDC : Etienne Tshisekedi rend hommage aux victimes des combats dans l'est du pays

Arrivée de l'opposant Etienne Tshisekedi à la cathédrale Notre-Dame du Congo pour assister à la messe pour la paix dans l'est de la RDC, le 22 juin 2012, à Kinshasa.
Arrivée de l'opposant Etienne Tshisekedi à la cathédrale Notre-Dame du Congo pour assister à la messe pour la paix dans l'est de la RDC, le 22 juin 2012, à Kinshasa.
RFI / Didi-Junior Kannah

Par Habibou Bangré

Le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi, a assisté vendredi 22 juin 2012, à une messe de soutien aux populations de l’est, victimes des combats opposant depuis mai l’armée à des mutins issus de l’ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ces violences ont fait 200 000 déplacés, et 20 000 réfugiés au Rwanda et Ouganda voisins. Tshisekedi est arrivé deuxième de la présidentielle contestée du 28 novembre et s’est autoproclamé « président élu », rejetant la victoire du chef de l’Etat sortant, Joseph Kabila.

Cathédrale Notre-Dame du Congo, à Kinshasa. Tout est calme en ce milieu d’après-midi mais, peu avant 17h, tout s’accélère sur l’artère qui longe l’édifice. Venues en voiture, en bus, en taxi-moto ou à pied, quelques centaines de personnes se massent. Certaines bloquent la circulation pour laisser passer un convoi : dans l’une des jeeps se trouve Etienne Tshisekedi, arrivé deuxième à la présidentielle contestée du 28 novembre 2011 et qui s’est autoproclamé « président élu », refusant la victoire du chef de l’Etat sortant, Joseph Kabila.
Le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a assisté, avec son épouse, à une messe de soutien aux populations de l’est, victimes des combats opposant, depuis mai dernier, l’armée aux mutins issus de l’ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), lesquels ont fait 200 000 déplacés et 20 000 réfugiés au Rwanda et Ouganda voisins. Le visage invariablement grave, le « Tshi » n’a fait aucune déclaration après l’homélie organisée sur demande de l’UDPS et de ses alliés.
Retrouvailles entre le leader de l'UDPS et ses partisans
Reste que son apparition est symbolique. Après les élections présidentielle et législatives couplées, un important dispositif policier a empêché les déplacements de l’ancien Mobutiste – qui est resté cantonné dans sa résidence du quartier de Limete. Dans le même temps, ceux qui voulaient manifester pour contester les scrutins étaient aussitôt dispersés ou réprimés par les forces de l’ordre.
Quand la situation s’est calmée et que le dispositif policier a été allégé, Etienne Tshisekedi a notamment pu se rendre à un enterrement et à un déjeuner chez l’ambassadeur d’Allemagne. Mais, jusque-là, aucune sortie publique. Celle de vendredi à la cathédrale fait donc office de retrouvailles entre le leader de l’UDPS, secoué par des dissensions internes, et ses partisans, nombreux dans la capitale congolaise, où il est populaire.
Une foule de partisans à la sortie de la messe
Les retrouvailles ont été chaleureuses. La foule, pressée contre la jeep de l’opposant, a d’ailleurs donné du fil à retordre à la dizaine de policiers qui l’escortait. Quant aux cadres de l’UDPS et leaders de partis qui prévoyaient une haie d’honneur, ils ont dû renoncer.

Eugene Diomi Ndongala
Président de la majorité présidentielle populaire
Le peuple congolais n'a pas de leadership capable de défendre les intérêts de la République
23/06/2012 par Kamanda Wa Kamanda
Quand finalement le Sphinx de Limete, costume sombre, chemise blanche, cravate bleue et béret blanc rayé, est sorti, il a trouvé des fans le saluant avec le « V » de la victoire, sa marque de fabrique. Il leur a répondu par le même signe. « Tshi chef de l’Etat ! », « Tshi président ! », « Victoire ! » ont crié ou chanté les militants – jeunes et moins jeunes, hommes et femmes – sur le parvis ou dans la cathédrale. « Le peuple d’abord ! », se sont exclamés d’autres, reprenant le slogan de campagne de leur champion.
Puis c'est l'heure du recueillement. « Il n'y a pas la paix à l'est (...) Il y a une succession de batailles (...) Que le Seigneur apporte à notre peuple la paix », a déclaré l'abbé Jean-Pierre Luanga dans son homélie. Lors des chants religieux, on pouvait apercevoir Etienne Tshisekedi bouger presque imperceptiblement les lèvres. Au terme de la messe, il a quitté la cathédrale main dans la main avec son épouse. Et sous les applaudissements de ses partisans.

Massacres des Congolais dans l’Est : un «génocide oublié»

 (Le Potentiel 29/06/2012)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le bilan, à ce jour, des guerres intermittentes qui ravagent la partie Est de la RDC se chiffre en millions de morts. Plus de six millions déjà, selon diverses sources. Des Congolais tués dans l’indifférence totale de la communauté internationale, alors qu’ailleurs des événements de même nature ont vite été assimilés à un génocide. La tragédie qui se vit dans l’Est de la RDC devrait cesser de passer pour «génocide oublié».

La résurgence des tensions dans l’Est de la République démocratique du Congo a remué le couteau dans la plaie encore béante de graves massacres commis depuis les années 1990. Depuis le début des guerres intermittentes dans cette partie, dont le fait déclencheur, admis presqu’à l’unanimité, a été le génocide rwandais de 1994, plus de six millions de Congolais sont déjà tombés. Ils sont victimes de la barbarie de ceux qui ont armé différents groupes armés qui pullulent dans l’Est pour déstabiliser la RDC.

Un vaste réseau criminel a été mis en place, avec des tentacules dans des pays voisins tels que le Rwanda, l’Ouganda. Aujourd’hui, la création du mouvement rebelle M23, dont le soutien du Rwanda n’est plus à démontrer est un témoignage éloquent de la complicité internationale, en rapport à tout ce qui se passe dans l’Est de la RDC.

COMPROMISSION ET COMPLICITE
Malheureusement, la communauté internationale ne voudrait pas s’en émouvoir. Ailleurs, notamment au Rwanda, le monde entier s’est levé comme un seul homme pour dénoncer tout haut les actes d’une barbarie sans pareille commis sur les populations tutsi. Mais, lorsqu’il s’est agi de la RDC, tous se sont tus. Comme si le peuple congolais, mort à l’Est, n’était qu’une quantité négligeable.

Dans un ouvrage paru récemment aux éditions «Le nègre éditeur» sous le titre : «Le Canada dans les guerres en Afrique centrale. Génocides et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé», Patrick Mbeko consacre une section de son ouvrage sur «les Congolais, éternels oubliés…». Il écrit : «Le génocide rwandais et la propagande initiée par les autorités de Kigali et leurs tuteurs occidentaux sur le ’’génocide des Tutsi’’ ont occulté la tragédie que vivent les Congolais depuis l’aventure de l’APR à l’Est de la RD Congo. Les victimes congolaises des extrémistes tutsi n’ont pas de porte-voix, personne ne parle pour elles. Le Congo paie le prix de la responsabilité meurtrière des Hutu et des Tutsi. Pour les partisans de l’’’évangile sacré de Kigali’’, les Congolais, bien qu’innocents, doivent payer le lourd tribut pour avoir hébergé les ’’génocidaires’’ dans leur territoire».

Dans son ouvrage, Patrick Mbeko s’étend longuement sur le grand projet d’invasion de la RD Congo, initié depuis l’époque du Zaïre. Il démontre comment tout cela a été préparé et exécuté. Le but ultime, note-t-il, ayant été «pour les puissances occidentales de mettre la main sur les immenses richesses du Congo, but qui a aussi rencontré les desseins non avoués des extrémistes tutsi d’agrandir leur espace vital en s’appropriant la partie Est du Congo, riche en matières premières et au sol très fertile». Pour ce faire, poursuit-il, «les extrémistes tutsi ont entrepris une politique de dépopulation sans précédent dans les provinces du Kivu. Massacres de masse des civils et viols systématiques sont pratiqués dans le but d’éloigner les Congolais de leurs terres d’implanter à tout prix à l’Est de la RDC, une population rwandaise». Il s’agit aussi, relève-t-il, de «créer plus de terres vacantes pour les multinationales canadiennes, américaines, britanniques, belges et israéliennes pour faciliter le partage en toute quiétude du ’’gâteau congolais’’, c’est-à-dire l’exploitation des ressources naturelles immenses dont regorge le RDC».

Voilà le schéma qui a été tracé ; schéma auquel est aligné correctement le mouvement rebelle déclenché par des mutins CNDP du M23. Mais, pour atteindre cet objectif, des Congolais ont payé le plus fort prix. A ce jour, on en compte plus de six millions.

Qu’y a-t-il encore à exiger pour parler d’un génocide dans les provinces du Nord–Kivu et du Sud-Kivu ? Des hommes et femmes, des enfants et bébés, des vieillards ont été froidement abattus par le simple fait d’être Congolais. Leur seul crime est d’avoir défié l’envahisseur en tentant de défendre leurs terres. Ces morts procèdent d’un schéma bien planifié et savamment exécuté sur le terrain par des troupes visiblement soutenues par des pays clairement identifiés.

RECONNAITRE LE MAL
Au juste, qu’en est-t-il d’un génocide ? Tournons-nous vers l’ONU. Le terme «génocide» est utilisé pour la première fois dans un document officiel en 1945, par le Tribunal militaire international, lors de la mise en accusation des criminels de guerre nazis à Nuremberg. Le droit de Nuremberg va préférer retenir une nouvelle incrimination : le crime contre l'humanité.

Mais, le 11 décembre 1946, l'Assemblée générale des Nations unies, qui confirme les principes du droit de Nuremberg, donne une première définition du génocide : «Le génocide est le refus du droit à l'existence de groupes humains entiers de même que l'homicide est le refus du droit à l'existence à un individu : un tel refus bouleverse la conscience humaine, inflige de grandes pertes à l'humanité qui se trouve ainsi privée des apports culturels ou autres de ces groupes, et est contraire à la loi morale ainsi qu'à l'esprit et aux fins des Nations unies. La répression du crime de génocide est une affaire d'intérêt international».

L’ONU ne peut donc pas se contredire. Les crimes qui se commettent dans l’Est de la RDC relèvent bel et bien du domaine de génocide. Méconnaître cette réalité, c’est faire preuve de compromission et de trahison envers le peuple congolais, meurtri depuis des années par ceux qui ont juré de démanteler la RDC dans ses frontières de 1960.

La tragédie qui s’abat depuis 1996 à l’Est de la RDC s’apparente bien à un génocide que l’on tente d’oublier sinon d’étouffer pour, sans doute protéger, les coupables.

Depuis 1996, plus de 6 millions de Congolais, presque dans des conditions similaires à celles du 19ème siècle à l’époque léopoldienne, ont été massacrés dans une indifférence déconcertante et coupable de la communauté internationale.

Une réalité s’impose. Il s’agit de la nécessité de reconnaître le mal causé au peuple congolais en déclarant ce «génocide oublié». La communauté internationale doit prendre ses responsabilités. Sa crédibilité en dépend. La reconnaissance de ce génocide doit entraîner, en vertu de l’article VII de la Convention des Nations unies sur la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, une obligation pour les organes compétents de l’ONU de prendre des mesures appropriées en vue de la prévention et de la répression des actes de génocide commis depuis 1996 sur le sol congolais.


Par Le Potentiel

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RDC, Point de presse du gouvernement : Victoire diplomatique, Kinshasa l’emporte sur Kigali

 





(L'Avenir Quotidien 29/06/2012)

Devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, la République démocratique du Congo a eu raison de son voisin, le Rwanda qui pensait pourtant s’en tirer par le chas d’une aiguille. * Ragaillardi, le gouvernement congolais exige que les autorités rwandaises cessent de prêter main forte à la bande à Bosco Ntaganda dans sa partie Est, dixit Lambert Mende. * Ceci intervient après que le rapport de l’Onu, rendu public le mardi denier, ait attesté l’implication du Rwanda dans l’actuelle déstabilisation de l’Est de la Rdc.

S’appuyant sur le rapport du Conseil de sécurité de l’Onu, publié il y a peu, la Rdc a interpellé son voisin sur sa présence néfaste qui ne profite pas à la sous-région.

« Nous demandons que le Rwanda cesse d’approvisionner les milices du M23 et autres, présents sur notre territoire, en armes, en hommes,… », a martelé le ministre des Médias Lambert Mende, au cours d’un point de presse tenu dans son cabinet. Les annexes de ce rapport citent nommément certaines personnalités rwandaises impliquées dans cette énième agression que connaît la Rdc. A en croire le ministre, le Conseil de sécurité de l’Onu a coupé la poire en deux en faisant recevoir les experts des Nations Unies, auteurs du rapport par la ministre rwandaise des Affaires étrangères pour lui dire la réalité en face, sur l’implication de ses concitoyens dans cette sale aventure.

Un discours qui le trahit son auteur
Lambert Mende a fustigé par ailleurs la contradiction constatée dans le discours de Paul Kagame lorsqu’il a déclaré que le conflit qui ronge l’Est de la Rdc est une affaire congolo-congolaise, et d’ajouter que le gouvernement congolais ne respecte pas ses engagements pris avec les Congolais. Ainsi, le fait pour un Chef de l’Etat de tenir un tel langage au regard de ce qui se passe dans un autre pays, étonne plus d’un. Sans peut-être le savoir, le président rwandais a livré sur la place publique son implication aux côtés de ces Congolais qui s’amusent avec le feu en soutenant la déstabilisation du pays. Un discours qui le trahit son auteur et les siens. Et à Lambert Mende de s’interroger de quel droit le chef de l’Etat rwandais se permet-il de se mixer dans une affaire congolo- congolaise, si réellement cette crise est congolo-congolaise. Maintenant que la bête noire est trouvée, le gouvernement congolais estime qu’il est noble pour toute la sous-région de privilégier la voie pacifique pour résoudre la crise de l’Est. Une option moins couteuse non seulement en armes ou en argents, mais plus en hommes. Car, le sang des Congolais a assez coulé et il ne faudra pas qu’on en fasse couler davantage.

Ci-dessous l’intégralité du discours du ministre des Médias.
COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT DE LA RDC (28 JUIN 2012)
La Sécurité à l’Est de la RD Congo
Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies vient de rendre public le Rapport du Groupe d’Experts Indépendants sur la Violation de l’Embargo décrété sur les armes destinées aux groupes irréguliers en République Démocratique du Congo.

Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo exigeait depuis quelques jours cette publication que nos voisins rwandais tentaient de bloquer pour des raisons que l’on peut mieux comprendre maintenant. Ce rapport de 44 pages en tout révèle ce que nous n’avions cessé de dénoncer depuis le 9 juin lors du presse du Gouvernement à Goma, à savoir que le Gouvernement rwandais a violé les sanctions des Nations-Unies en jouant un rôle clé dans la création d’un groupe armé anti-gouvernemental au Kivu et en approvisionnant les mutins de ce groupe dénommé M23 avec des armes, des munitions, des soldats et des jeunes recrues rwandaises.

Les preuves accablantes contenues dans le rapport indiquent que la bande à Ntaganda qui s’est mutiné au mois d’avril dernier et dont les affrontements avec les forces gouvernementales avaient contraint des milliers de gens à fuir leurs villages dans l’Est du Congo disposait en fait d’appuis de très haut niveau de la part du gouvernement rwandais. Les rapporteurs onusiens concluent à une violation flagrante par le Rwanda des résolutions du Conseil de Sécurité interdisant la livraison d’armes aux groupes armés irréguliers en République Démocratique du Congo. Ils citent des officiels rwandais de tout premier plan, notamment un membre du gouvernement, le Ministre de la Défense, de même que le Chef d’Etat Major général des forces de défense rwandaises et le principal conseiller militaire du Président Kagame. Autant dire le sommet de la hiérarchie militaire de ce pays voisin.

Ce rapport tire sa crédibilité de la méthodologie en vigueur pour ce type de travail qui en conditionne la recevabilité à une confirmation de chaque fait relaté par cinq (5) sources indépendantes les unes des autres.
Les autorités rwandaises trouvent cette publication qui les éclabousse "profondément regrettable" et l’attribuent à ce qu’elles appellent une "frénésie médiatique". Je ne connais aucun gouvernement digne de ce nom qui pourrait se résoudre à faire comme si de rien n’était devant l’hécatombe provoquée au Nord-Kivu par la bande sanguinaire de Ntaganda et son adjoint Ruzandiza alias Makenga juste pour complaire aux dirigeants d’un Etat voisin. Notre devoir primordial est de protéger les populations congolaises par tous les moyens, y compris par la dénonciation des bourreaux et leurs complices, quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent.

La publication de ce rapport avait été différée pendant plusieurs jours à notre grande déception à raison de son caractère dommageable à l’image du Rwanda. Ce à quoi notre gouvernement a répliqué que des considérations de réputation ou d’amour-propre ne pouvaient pas être prises en comptes face aux violations massives des droits humains dont se rendaient coupables quotidiennement les bandits armés du duo Ntaganda – Ruzandiza alias Makenga sur les populations du Nord-Kivu. Il semble que nous ayons été compris et c’est une bonne chose.

En anticipation à la publication annoncée de ce rapport, la Ministre des Affaires étrangères et porte-parole du Gouvernement rwandais a réitéré sans convaincre grand monde que son pays le Rwanda n’apportait pas assistance aux mutins. Elle a indiqué que le haut commandement militaire rwandais avait demandé avec insistance aux mutins de déposer leurs armes et de résoudre leurs différends avec l’armée congolaise par la négociation.

Depuis New York, la ministre a en outre qualifié le rapport des experts accusant son pays de soutenir les rebelles au Congo de "document préliminaire partial fondé sur des conclusions partielles et devant encore être vérifié". Mesdames, Messieurs de la presse,
Ces déclarations sonnent comme autant d’aveux d’ingérence dans une affaire que les autorités rwandaises n’ont pas arrêté ces dernières semaines de qualifier de conflits internes entre Congolais. Cet empressement à s’auto attribuer un rôle de médiateur dans un conflit présenté par ailleurs comme congolo-congolais nous a étonné à plus d’un titre, car un tel rôle n’a été ni offert, ni sollicité par la RDC.

Il est difficile pour le Gouvernement de la RD Congo d’accepter l’explication de principe selon laquelle des membres de la hiérarchie militaire rwandaise n’ont pas pu être impliqués dans la détérioration de la paix à la construction de laquelle ils avaient travaillé très durement. Dans la mesure où des faits précis et concordants démontrent le contraire, il serait utile que nous soient fournies soit des preuves du contraire, soit une nette démarcation du leadership rwandais des auteurs de ces actes graves de déstabilisation du Congo.

Il convient de signaler qu’un certain nombre d’éléments contenus dans le rapport des experts étaient connus des autorités congolaises. C’est depuis le mois de janvier 2012 que nos services d’intelligence ont été alertés à cet égard lorsque commencèrent des vagues de désertion dans trois régiments FARDC en garnison au Kivu. Le Gouvernement qui avait gardé sous le coude les renseignements ainsi recueillis les avait partagés avec les préposés rwandais à l’Equipe Mixte de vérification. Il s’agit notamment de :

(i) la capture par les FARDC le 14 juin à Rugari (Rutshuru) d’un sous-officier des Rwanda Defence Forces, l’Adjudant Etienne Ntakirutimana en mission d’espionnage au profit de la bande à Ntaganda et Ruzandiza alias Makenga. L’Adjudant Ntakirutimana qui faisait partie d’une première unité de 80 militaires réguliers des RDF envoyés à Runyonyi pour faire jonction avec les mutins début mai a avoué avoir reçu la mission d’y préparer un bivouac pour Ntaganda qui venait d’être mis en déroute à Kibumba et Bunagana ;

(ii) la présence confirmée dans les rangs du fantomatique M23 d’au moins trois bataillons commandés par des officiers rwandais : le 31ème Bataillon (Colonel Modeste, ex-FAR) déployé à Runyonyi, le 69ème Bataillon (Lt-Col. Thadée, ex-FAR) déployé à Mbuzi et le 99ème bataillon (Colonel Kitoko ancien de l’APR) à Chanzu. Ces 3 bataillons rwandais en mission commandée auprès de Ntaganda ont reçu leur ordre de marche du Général Gashahiza, commandant la 305ème brigade des RDF à Kinigi près du Parc de Virunga ;

(iii) le passage par le territoire rwandais du colonel mutin Ruzindana alias Sultani Makenga, N°2 de la bande à Ntaganda accompagné de 6O éléments de la bande avec armes et munitions pour rejoindre Runyonyi la nuit du 03 au 04 mai 2012. Leur itinéraire est le suivant : Bukavu (Sud-Kivu) – Cyangungu (Rwanda) – Kamembe – Kabuhanga – Gikongoro – Butare – Ngororero – Gisenyi – Mutara – Gasinzi - Kinigi d’où ils seront escortés jusqu’à Runyonyi au Nord-Kivu. Ils ont reçu aide et assistance, notamment des facilités de transport lacustre et routier, des uniformes militaires ainsi que des armes et munitions des mains du Major RDF Bakubirigwa et du Capitaine Laurent Gasana, S2 de la Brigade RDF de Rubavu. A Kabuhanga ils ont eu une séance de travail avec le Général Ruvusha, Commandant division a.i. de Rubavu. On est loin, très loin d’un quelconque conflit entre communautés congolaises qui n’existe pas ou d’une confusion faite au Congo-Kinshasa entre des compatriotes locuteurs du Kinyarwanda et des sujets rwandais évoquée par les autorités rwandaises.

Le Gouvernement de la République avait tenu, en signe de bonne volonté et pour préserver autant que possible les relations de bon voisinage, à vérifier ces faits graves de concert avec la partie rwandaise avant de les étaler sur la place publique dans le cadre de l’Equipe Mixte (Joint Team) de vérification des services instituée par les deux gouvernements. Il est regrettable que les travaux de cette Equipe Mixte à laquelle avaient été associés des experts de la MONUSCO à Goma aient été brutalement interrompus par les autorités rwandaises qui ont rappelé à Kigali leurs délégués au moment de la signature des procès-verbaux. Force a été à la délégation congolaise et aux témoins de la MONUSCO de signer seuls le rapport final des travaux et de dresser un PV de carence de la partie rwandaise.

La Ministre porte-parole du Gouvernement rwandais a exprimé son espoir que le rapport final de l’ONU sur la question prévu pour le mois de novembre prochain comportera aussi bien les accusations que les réfutations rwandaises. Le Gouvernement congolais aurait souhaité avoir connaissance de ces réfutations lors des travaux de l’Equipe Mixte RDC – Rwanda de Goma et se demande pourquoi nos collègues ont jugé bon d’en interrompre le déroulement.

La République Démocratique du Congo exige que les filières de recrutement, de renforts, d’armement et de ravitaillement en faveur des bandits armés de Ntaganda en terre rwandaise soient démantelées inconditionnellement.

Les propos infamants des autorités rwandaises tendant à décrire la République Démocratique du Congo comme un Etat failli dépendant pratiquement de leur bon vouloir pour résoudre ses problèmes doivent également cesser. Il en est de même de leur lobbying un peu trop agressif à notre goût en faveur de négociations entre le Gouvernement congolais et des forces négatives dont le seul haut fait d’armes notable est d’avoir distrait les FARDC de la traque des FDLR que le Rwanda lui-même n’a cessé de réclamer sur tous les tons au cours de ces dernières années.

La tentative délibérée du Rwanda de donner une coloration politico-ethnique à un groupe criminel reconnu comme tel par l’ensemble de la Communauté internationale alors que la classe politique congolaise dans son ensemble et toutes les communautés ethniques qui ont en partage les deux provinces du Kivu sans aucune exception la condamnent, est dangereuse pour la paix et la sécurité dans la région.

Le Gouvernement déclare, pour que nul désormais ne fasse semblant de l’oublier, que la responsabilité pénale des actes cruels commis par Ntaganda et ses affidés est strictement personnelle. Vouloir faire croire qu’il existerait on ne sait quelle accusation d’un crime collectif à l’encontre d’une quelconque communauté du Kivu est pure aberration.

C’est le lieu pour nous d’insister auprès de nos partenaires de la direction politique rwandaise pour qu’ils cessent de chercher par des insinuations déplacées, à ramener à la surface les atavismes ethniques d’une époque révolue et dont la région n’a que trop souffert. Il n’y a à ce jour aucune confrontation inter-ethnique entre des populations congolaises qui vivent au Kivu. Seules les forces négatives et ceux qui leur apportent soutien et assistance à partir de l’extérieur continuent à instrumentaliser ces pauvres arguments pour semer le chaos qui fait durer leur projet de cueillette sans contrepartie des ressources naturelles congolaises. Il n’est pas inutile de rappeler aux apôtres de la banalisation du terrorisme la vanité de ce qui tient lieu de revendications de la bande, à Ntaganda et Ruzandiza, alias Makenga. Lorsqu’un général de brigade et un colonel revendiquent « des grades », lorsqu’un parti qui a dans ses rangs des ministres, des élus nationaux et provinciaux réclame l’intégration dans la vie politique, lorsqu’un seigneur de guerre tue, pille et commet d’autres crimes contre l’humanité pour appuyer une demande d’amnistie pour d’autres crimes du même genre, il n’y a aucune rationalité sinon des faux alibis pour pérenniser une situation conflictuelle pour des raisons inavouées. Ces revendications de la bande à Ntaganda sont, nous l’avons dit, creuses et fantaisistes, et nous osons espérer que nos collègues rwandais nous écouterons à ce sujet.

Nous condamnons très fermement la réactivation des groupes armés nationaux et des alliances contre nature avec les criminels des FDLR initiées cyniquement par les mêmes auteurs intellectuels des crimes dont Ntaganda et sa bande se rendent coupables. La présence parmi les éléments rwandais faits prisonniers près de Runyonyi de quelques éléments FDLR rapatriés en bonne et due forme au Rwanda en est une autre illustration. Le but semble être de rendre ingouvernable et invivable les provinces du Nord et du Sud-Kivu. La lourde insistance du discours officiel sur le prétendu « échec » du Congo à gérer des problèmes dont aucun détail n’est donné peut laisser croire en l’existence d’une telle stratégie de déstabilisation. Au lieu de répondre aux graves accusations de collusion avec un groupe terroriste qui pèsent sur des hauts cadres de ce pays, Kigali s’évertue à noyer les autorités légitimes de la RDC dans une rhétorique méprisante à la limite de l’insulte. Nous réitérons l’appel lancé au Gouvernement rwandais par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo à partir de Goma au Nord-Kivu pour qu’ensemble nous remettions en perspective de bonne foi la synergie maintes fois annoncée afin de résoudre d’urgence le problème de la criminalité des forces négatives que nul ne devrait ni banaliser, ni encourager dans leurs funestes desseins.

Les choses paraissent plus claires aujourd’hui que les experts indépendants des Nations-Unies viennent de désigner nommément les maîtres d’œuvre des tourments qui assaillent le peuple congolais du Kivu. Il est particulièrement désagréable pour nous de constater que nos experts en Équipe mixte de vérification se soient séparés sur initiative du Rwanda sans conclure. Il appartient dès lors au Conseil de Sécurité des Nations-Unies de prendre la juste mesure du drame humainement inacceptable vécu par les hommes, les femmes et les enfants du Nord-Kivu qu’il ne faut pas laisser plus longtemps à la merci d’une bande mafieuse téléguidée à partir du Rwanda. Le Gouvernement réitère sa foi en l’avenir du Congo dont tous les fils et filles ne demandent rien moins qu’à vivre en paix dans l’unité et la concorde, et engage tous ses partenaires de la région à mettre une sourdine aux attitudes, comportements et propos de nature à rallumer les flammes de la haine et de l’incommunicabilité.

Les troupes FARDC déployées contre l’ennemi continuent jusqu’à présent à mériter la confiance de leur Commandant suprême et Chef de l’Etat ainsi que celle du Gouvernement face à l’ennemi. Le renouvellement du mandat de la MONUSCO à partir du 30 juin répond à un souci clairement exprimé par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo à l’effet de consolider autant que faire se peut la paix et la stabilisation de l’Est de la République, toujours en butte à certaines velléités mafieuses. La MONUSCO a en effet joué un rôle bien apprécié par notre gouvernement dans la protection des populations civiles menacées par l’aventure sans lendemain de la bande à Ntaganda et Ruzandiza, et dans l’appui apporté aux FARDC dans l’accomplissement de leurs tâches.

Nous ne partageons donc pas les critiques sans nuances portées à l’endroit de la MONUSCO par le dernier rapport de ICG (11 juin) selon lequel « la MONUSCO est en train d’échouer dans son mandat de stabiliser le pays et protéger les populations civiles ». De la même manière, nous devons dénoncer la désinvolture qui transparaît dans un document de l’ONG britannique Amnesty International qui a tenté de profiter des actes d’agression dirigés contre la RD Congo pour obtenir l’émasculation militaire de notre pays. En effet, Amnesty a carrément suggéré en réponse à l’agression, de renforcer l’embargo sur toutes les armes à vendre en République Démocratique du Congo, y compris aux Forces armées gouvernementales car « la facilité d’obtention des armes par l’armée loyaliste et les groupes armés alimente la violence dont souffrent les populations ». Nous voilà repartis dans la pente de ravalement par le bas des forces gouvernementales avec une bande de terroristes. Un véritable non sens. On ne peut prétendre en même temps nous aider à échapper aux atrocités nous infligées par des criminels sans foi ni lois et plaider pour que les FARDC qui sont déployées contre lesdits criminels soient désarmées, sauf à vouloir nous imposer une politique de la terre brûlée. Le Gouvernement de la RD Congo demande à la direction politique rwandaise de clarifier ces zones d’ombres, particulièrement le niveau de responsabilité des actes congolais détaillés aussi bien par nos services que par le Rapport du Groupe d’Experts des Nations – Unies.

Il réitère sa détermination à ramener la paix et la stabilité au Kivu et dans l’ensemble de la région des Grands Lacs et espère que le Gouvernement rwandais fera l’effort de le rejoindre à nouveau dans cette disposition, notamment en remettant en perspective toutes les situations qui perturbent actuellement la paix aux frontières communes. Le Gouvernement invite les Etats-Membres de l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité des Nations – Unies à envisager des sanctions sévères à l’encontre de tous les contrevenants aux engagements internationaux des uns et des autres. Nous en appelons enfin à l’union sacrée de tous les Congolais derrière la Nation en danger et mettons en garde les pêcheurs en eaux troubles qui s’adonnent à toutes sortes d’agitations pour distraire le peuple congolais et son Gouvernement des tâches prioritaires de défense et de préservation de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire. Je vous remercie.

Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté

Porte-parole du Gouvernement


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Guerre en RDC, Depuis New-York : Kagame aux abois

(L'Avenir Quotidien 28/06/2012)

Sur la scène internationale, des concerts et autres ballets diplomatiques sont signalés tant du côté des autorités congolaises que rwandaises. * Cependant, comme les amis de mon ennemi sont politiquement mes ennemis jurés, la ministre rwandaise des Affaires étrangères et de la Coopération, Mme Louise Mushikiwabo, secoue tous les cocotiers de la planète, sabrant injures à Kinshasa et sourires de vendeur à New-York, jusqu’à stigmatiser la Monusco et le HRW qui détiennent pourtant des preuves accablantes pour son pays * Cette attitude de Kigali, véritable loup en peau de brebis, qui s’attire même la sympathie de certains experts onusiens, n’est qu’une traditionnelle stratégie du pays de mille collines à trouver des astuces sur fond de larmes de crocodile, chaque fois que son implication est avérée.

Après Kinshasa la semaine dernière, la ministre rwandaise des Affaires étrangères et de la Coopération, Mme Louise Mushikiwabo s’est rendue à New-York, siège des Nations Unies, activant ainsi la diplomatie et chercher coûte que coûte à se dédouaner face aux accusations qui pèsent sur son pays dans l’actuelle déstabilisation de la Rdc.

Aidée par sa maîtrise de la langue de Shakespeare, la chef de la diplomatie rwandaise a appelé les médias « à faire leur travail au lieu de prendre pour argent comptant les allégations sur l’implication du Rwanda dans le conflit qui oppose, depuis le 30 avril dernier, les mutins du M-23 aux forces congolaises dans les provinces du Kivu, en République démocratique du Congo (RDC) ». Mme Mushikiwabo l’a ainsi exprimé au cours de la conférence de presse qu’elle a donnée lundi 25 juin au siège des Nations Unies à New York, en compagnie de M. Patrick Karuretwa, Conseiller en matière de sécurité du Président rwandais Paul Kagame.

Donneur de leçons habituel, Kigali l’insinue au 4ème pouvoir, comme ce fut du reste le cas à Kinshasa où, par la même gorge profonde, la ministre avait exigé que la République démocratique du Congo apprenne à éduquer ses populations. Une insulte qu’il faudra longtemps digérer. Cependant, aux chevaliers de la plume accourus à son point de presse, elle persiste et signe que le modèle journalistique vient de son pays ! Elle qualifie des faits avérés d’ « allégations ». Comme si les journalistes étaient eux-mêmes incapables de faire la part des choses.

Une stratégie made in Rwanda
En voulant donc inculquer cette thèse à qui veut l’entendre, Mme Mishikiwabo trouve une autre astuce made in Kigali : « il faut noyer son chien accusé de rage ». Le Rwanda fustige son chien enragé Human Rights Watch (HRW), une Ong américaine qui l’a cloué au pilori dernièrement, au moyen d’un rapport massue dit de l’implication direct du Rwanda aux côtés des M23.

« Les vrais ennemis de la RDC ne sont pas les groupes armés qui pullulent dans la région mais bien Human Rights Watch », a commenté M. Patrick Karuretwa, Conseiller du Président rwandais en matière de sécurité. Il a dénoncé les « rapports fallacieux » de l’ONG, une source de désinformation dont le travail crée plus de conflits que de solutions. A beau mentir qui vient de loin, dit un proverbe français. Et comme si cela ne suffisait pas, elle s’en prend becs et ongles, et cela pour une nième fois consécutive, à ‘’son bourreau’’ la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (Monusco).

Néanmoins, sans se poser probablement une question fondamentale sur la relation étroite qui lie cette mission qui totalise 10 ans déjà en Rdc et l’Onu sa mère, Madame la ministre rwandaise devrait savoir aussi qu’elle était bel et bien sur le sol américain, mieux au siège des Nations Unies. Et comme la complicité est ici de mise, ce ne sont pas les autorités onusiennes qui ont encore de la matière contre celle qui crache sur elle en pointant le doigt dans l’œil de leur mission en Rdc. Les deux personnalités rwandaises ont mis en cause la (MONUSCO) qui, en 10 ans, n’est pas parvenue à mettre fin aux souffrances de la population civile dans l’Est de la RDC.

Du coq à l’âne
Une autre erreur commise par la Ministre rwandaise des Affaires étrangères est celle d‘avoir caressé les oreilles des participants à cette conférence de presse, les invitant à privilégier les faits. Quels faits ? Si l’on regarde la vérité en face, il n’est pas autre fait que l’agression camouflée de Kigali à Kinshasa, son voisin.

Même si le terme agression n’est pas encore prononcé dans cette affaire qui creuse des tombes, il est aussi curieux que cette intervention mette un accent sur ce que la ministre rwandaise a qualifié de « campagne de désinformation contre le Rwanda, conduisant à des actes de violence sur les Rwandais vivant en Rdc ».

A ce jour, il est démontré que la Rdc a et demeure la meilleure terre d’asile, un havre de paix pour les Rwandais. Plusieurs d’entre eux s’y retrouvent et s’y sentent d’ailleurs mieux que chez eux. Mais que de penser du coq à l’âne et ouvrir une plaidoirie hors sujet, des débats sur la nationalité acquise ou non devra être relancé ?

S’il y a désinformation, c’est aux autorités rwandaises de retrouver la boussole cassée. Que les autorités congolaises aient saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies, qu’elles aient exigé la publication des annexes du rapport de la Monusco, établissant les responsabilités de tous les intervenants dans cette crise, leurs pseudonymes aux couleurs congolaises,… rien ne tombe aux allures d’une contre-vérité ou d’une désinformation. Cependant, Kigali devra apporter ses preuves et mettre à nu toutes les mains noires lui tendues, sollicitant l’écartement pur et simple de Joseph Kabila de la tête de la Rdc, comme l’a affirmé dernièrement Paul Kagame.

En outre, prendre pour raisonnement l’interpénétration culturelle dans l’Est de la Rd pour renvoyer la balle dans le camp congolais, lavant les Rwandais de tout soupçon est une contre vérité. Il faut être d’ailleurs dingue pour se laisser prendre. Dans cette partie de la planète, les habitants se connaissent bien, très bien même. Ils savent qui est qui, ses origines, ses richesses, … Parler les mêmes langues ne font pas d’un étranger un autochtone. Ce n’est pas non plus le fait de parler anglais à New York que l’on devient d’office américain non.

Le début du malheur rwandais

Le 4 juin dernier, l’ONG « Human Rights Watch » annonçait que les enquêtes menées dans l’Est de la RDC ont révélé que des responsables militaires rwandais ont fourni des armes, des munitions ainsi qu’environ 200 à 300 recrues à la mutinerie du M-23, dirigée par Bosco Ntaganda, lui-même sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Selon Mme Mushikiwabo, la rhétorique anti-rwandaise rappelle tristement celle qui avait prévalu avant le génocide de 1994. Elle a souligné que son gouvernement suit attentivement l’évolution de la situation et, comme on devait s’y attendre, son pays ne soutient aucun groupe armé en RDC et ne voit aucun intérêt à déstabiliser la région. Curieusement, la Ministre a dit ne pas comprendre pourquoi, après les réunions bilatérales qu’elle a eues à Kinshasa, les 18 et 19 juin derniers, sur la situation dans l’Est de la RDC, les autorités congolaises ont par la suite jugé bon de saisir le Conseil de sécurité.

Dans une lettre datée du 22 juin, le Gouvernement congolais, qui dit avoir « diligenté une enquête pendant qu’étaient mis en œuvre, parallèlement, les mécanismes conjoints institués par la RDC et le Rwanda » demande au Conseil de sécurité de « rappeler son voisin à ses obligations internationales et d’exiger le retrait immédiat et sans conditions des membres de ses forces armées qui se dissimileraient dans les rangs de la rébellion ». En attendant, le Conseil de sécurité, par son Comité des sanctions imposées en RDC, a été saisi d’un rapport intérimaire du Groupe d’experts qui affirmerait avoir des preuves que trois des plus hauts gradés de l’armée rwandaise soutiennent la mutinerie du M-23.

L’Ue stigmatise le Rwanda
La 3179ème session du Conseil affaires étrangères de l’Union européenne, tenue à Luxembourg le 25 juin 2012 a examiné aussi la situation dans l’est de la RDC. Il s’avère donc que l’UE suit avec préoccupation la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la Rdc. Elle condamne la mutinerie et la reprise des combats dans la province du nord Kivu et appelle tous les pays de la région à coopérer activement avec les autorités congolaises en vue de démobiliser le groupe M23 et tous les autres groupes armés. L’UE s’inquiète des récentes informations de soutien extérieur aux mutins en contravention avec le régime des sanctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Elle demande que les informations dignes de foi fassent l’objet d’une enquête circonstanciée.

En outre, l’UE enjoint les partenaires de la région, en particulier la RDC et le Rwanda, à poursuivre le dialogue. Et ce, afin de mettre fin au plus vite à la violence et établir une solution politique durable. A cet effet, elle enjoint tous les acteurs, y compris les groupes armés, à tout mettre en œuvre pour protéger les populations et permettre l’accès de l’aide humanitaire. Enfin, l’UE réitère son appel à ce que tous les responsables de violations graves soient traduits en justice et encourage la MONUSCO à poursuivre les efforts de stabilisation qui relèvent de son mandat, et en particulier en ce qui concerne la protection des populations civiles. Elle rappelle son engagement pour promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement dans la région y compris au travers du travail effectué notamment par les instruments européens dans le domaine clé de la réforme du secteur de sécurité.

L’Avenir

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* La déstabilisation de Kinshasa par Kigali prend de plus en plus des allures inquiétantes.

Situation à l'est de la RDC : rencontre des ministres de la Défense du Rwanda et de la RDC

(Xinhuanet 30/06/2012)





KINSHASA -- La situation sécuritaire qui prévaut ces derniers temps au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, a été au centre d'une réunion entre les ministres de la Défense et du Rwanda et de la RDC à Goma, au Nord-Kivu, en présence des chefs d'état-major des deux pays respectifs.

Les deux parties ont eu des échanges inscrits dans le cadre de la commission mixte RDC-Rwanda. Mais rien n'a filitré de cette rencontre.

A l'issue des dernières assises tenues à Kinshasa, les 18 et 19 juin, la RDC et le Rwanda avaient renouvelé leur détermination à poursuivre les efforts jusqu'à l'éradication totale du groupe terroriste des Forces démocratiques et la libération du Rwanda ( FDLR) et de tous les autres groupes armés écumant la sous-région.

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Kagame: Les affaires en or des rebelles en RDC

 (BBC Afrique 30/06/2012)

Le rapport des Nations Unies sur la République démocratique du Congo qui a attiré l'attention sur le rôle présumé du Rwanda dans la mutinerie actuelle au sein de l'armée, a aussi révélé des détails intrigants sur la façon dont les rebelles se financent.

Il répertorie des attaques de banque et des activités d'extorsion de fonds sur des cargaisons de charbon de bois et des troupeaux vaches menées par des insurgés dans l'est du pays.

La récente recrudescence de la violence a été en partie causée par les tentatives du gouvernement de mettre fin aux extorsions opérées par certaines unités de l'armée, y compris l'exploitation de minerais précieux tels que l'étain et l'or.

Certains pourraient cyniquement penser que l'armée gouvernementale a voulu prendre le contrôle de ces juteuses affaires. Mais dans tous les cas il est clair que les récents événements font partie d'un long combat mené par Kinshasa pour établir son contrôle sur l'est.

Les exportations légales et illégales des minerais précieux contenus dans les sols fabuleusement riches de l'Est du Congo sont en soi une entreprise de plusieurs millions de dollars .

Ces activités enrichissaient certains officiers de l'armée et renforçaient leur base politique et ethnique.

Le gouvernement congolais était surtout préoccupé par les soldats commandés par le général Bosco Ntaganda alias "Terminator" et le colonel Sultani Makenga, qui étaient tous deux en théorie membres de l'armée nationale, parce qu'ils étaient convaincus qu'ils sont soutenus par le Rwanda et qu'ils menaçaient de ce fait la souveraineté de Kinshasa dans la région.


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Les samedis de Biton/Vous avez dit professionnel ?

(L'intelligent d'Abidjan 30/06/2012)
Il est fort surprenant d’apprendre, d’entendre ou de lire, ici et là, que les «dérapages» de la presse sont liés au manque de formation des journalistes. Il suffit d’écouter les hommes politiques, les intellectuels, les artistes, la population, sur tout le continent, pour faire de la presse l’empêcheur de tourner en rond. On croit trouver la parade en dépensant des tas de millions de francs par des séminaires, des stages, ou toutes actions pouvant permettre à ces «amateurs» de se former, de devenir des vrais professionnels. De tous les pays africains, ce sont les mêmes plaintes, les mêmes solutions. Plus les mois et les années passent, plus on ne voit pas les formés devenir des «enfants dociles» comme on aimerait les voir. A chaque fois que j’entends parler de professionnalisme, de formation, je ne peux m’empêcher de me rappeler les propos de François Mitterrand. C’était en mai 1993. Son ami et collaborateur Pierre Bérégovoy venait de mettre fin à ses jours. «Toutes les explications du monde ne justifieraient que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie. » Mitterrand traitait les journalistes de ‘’chiens’’ pour avoir harcelé son ami pour une histoire de prêt. Que n’a-t-on pas entendu et lu après cette déclaration présidentielle. Tous ces journalistes qui ont livré l’honneur et la vie d’un homme n’étaient-ils pas des professionnels aguerris ? Presque tous des grands diplômés des grandes écoles de journalisme. Quand la France préparait la coupe du monde de football sur sa terre, des critiques virulentes se sont abattues sur l’équipe et surtout l’entraîneur sans aucun discernement. Principalement par le meilleur journal de la profession. Aimé Jacquet a juré de ne jamais pardonner. Pourtant il a dû lire Sénèque et son traité : «De la constance du sage». Sénèque nous dit : «Si une fois il s’était abaissé à s’émouvoir d’une injustice ou d’une insulte, il ne pourrait plus jamais retrouver son calme ; or le calme est le bien distinctif du sage. Celui-ci ne s’exposera pas en se vengeant d’une insulte à faire honneur à son insulteur». Chaque jour, la presse en France, en Europe et en Amérique nous présente une image que pour un Africain est la division, la mauvaise foi et le mensonge. Mais il ne viendra jamais aux Occidentaux de dire que leurs journalistes n’ont pas été bien formés. Il ne viendra pas dans leur esprit que l’agrégé d’économie qui a détourné des fonds a été mal formé ou que le médecin qui se comporte mal n’a pas fait d’études. Ils ont compris chez eux que le dérapage est davantage lié à des intérêts politiques financiers et politiques que de la formation. Exactement comme chez nous. Aucune formation ne changera les «dérapages ». Le problème ne se situe pas au niveau des journalistes mais de leur parti, des propriétaires de journaux, des intérêts particuliers. Le journaliste écrit selon les directives qu’il reçoit ou de l’idéologie dans laquelle il doit se «mouler». C’est vrai que certains qui écrivent sont mauvais à l’intérieur d’eux-mêmes. On ne peut pas former pour éliminer la jalousie, l’envie, l’hypocrisie, l’avidité, la mauvaise foi. Pour cette formation indispensable, il faut la demander aux hommes religieux et spirituels. Et encore ? Ce n’est donc pas une question de professionnalisme. D’ailleurs, le président Soglo, à son arrivée au pouvoir disait: «En Afrique, on fait du quantitatif en matière de formation. Les gens ont des licences, des maîtrises partout. Mais beaucoup ont le titre, pas la substance. On les appelle même des infirmes intellectuels». Ce n’est donc pas une question de formation à moins que ce qu’on appelle le professionnalisme soit doublé de religieux ou de spiritualité le plus important pour faire des vrais professionnels. En dehors de ces deux aspects, je peux dire sans me tromper que c’est peine perdue. Les gouvernements africains ont intérêt surtout à se préparer contre la nouvelle presse qui se développe. Ce sont les réseaux sociaux sur internet, les facebook ou autres tweeter. Dans ces écrits tout y est. Et dans un avenir pas assez lointain, ce sont les réseaux sociaux qui feront l’opinion. Comment former ces utilisateurs ? On n’y pense même pas. Ce sont des «journalistes» invisibles, anonymes. Si vous redoutez la presse en «papier», vous serez «pulvérisés» par cette nouvelle presse. On sait que le péché originel rend disponible l’individu, le citoyen pour tout ce qui est dénigrement de l’autre. On ne s’intéresse à une lecture que lorsqu’elle critique de façon malveillante l’autre. Or les réseaux sociaux sont une vraie foire d’empoigne, de dénigrement, de vérité et de mensonge impossible à vérifier. Si vous connaissez les journalistes et les journaux vous aurez bientôt plus de deux mille journaux chaque jour pour vous «pilonner» sans aucun moyen de former ces nouveaux journalistes qui se recrutent à tous les niveaux. Il suffit seulement d’ordinateur et d’une connexion internet, deux éléments dont la possession monte très vite sur le continent. Les boucliers restent Sénèque, les livres spirituels pour accéder à la sagesse et ne rien sentir. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine !
Par Isaïe Biton Koulibaly


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Nord-Kivu : la RDC hausse le ton contre le Rwanda, négociations à Goma

Des membres du mouvement du 23 mars dans les collines du Nord-Kivu le 3 juin 2012. 
Des membres du mouvement du 23 mars dans les collines du Nord-Kivu le 3 juin 2012. © AFP
 
La RDC a exigé jeudi 28 juin que les autorités rwandaises "cessent de laisser leurs officiers continuer à alimenter la guerre au Congo". Une déclaration percutante qui intervient alors que des négocitations sécuritaires ont lieu à Goma (Nord-Kivu) entre les deux pays.
Les accusations se font chaque jour plus précises de la part de Kinshasa à l'égard du soutien présumé qu'apporterait Kigali à la mutinerie qui a éclaté au Nord-Kivu (est de la RDC). Dernière déclaration en date, celles du porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, lors d'un point de presse à Kinshasa jeudi 28 juin : « Nous exigeons que les autorités rwandaises arrêtent, cessent de laisser leurs officiers continuer à alimenter la guerre au Congo ».
Pour étayer ses accusations, le gouvernement congolais peut s'appuyer sur les fuites concernant une annexe d'un rapport de l'ONU sur la situation en RDC, dont un rapport partiel d'étape a été publié mardi, la version définitive devant l'être en novembre prochain.
Dans cette annexe qui doit être prochainement rendue publique, et dans laquelle ne figurent pas encore les démentis de Kigali, les experts de l'ONU font état de « preuves accablantes » sur l'appui d'officiers rwandais aux mutins congolais du Mouvement du 23 mars (M23), pour la plupart issus de la rébellion tutsi congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) qu'appuyait Kigali par le passé, avant que ses membres ne soient intégrés au Forces armées de RDC en 2009. Dont l'un de leur chef, le général Bosco Ntaganda, leader présumé du M23.

"Aide directe" au M23
« Nous leur demandons de démanteler les réseaux, les filières de recrutement et de ravitaillement en faveur des forces négatives qui sont au Congo, sans conditions », a ajouté Lambert Mende. Selon le document des experts de l'ONU, des hauts gradés rwandais ont apporté une « aide directe » à la création du M23. « Dans l'exercice de leurs fonctions officielles, [ces officiers] soutiennent les rebelles en leur fournissant des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues », ajoute le texte.
Les noms des officiels rwandais sont ceux de personnalités clés du régime rwandais : le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, le chef d'état-major des armées, le général Charles Kayonga, et aussi le général Jack Nziza, secrétaire permanent du ministre de la Défense et ancien patron du DMI (Department of Military Intelligence), les services de renseignements militaires.

La ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a réagi en qualifiant le rapport de « document préliminaire partial fondé sur des conclusions partielles » qui « doit encore être vérifié ».
« Nous serions étonnés qu'un ministre de la Défense nationale puisse agir de son propre fait dans une situation comme celle-là et rester en fonction comme ministre. Je pense que le sort du ministre sera une indication claire de l'implication du gouvernement en tant que tel ou non », a répondu jeudi le porte-parole du gouvernement congolais. Qui continue d'accuser Kigali : pour lui, trois bataillons rwandais se trouvent avec les mutins, qui tiennent quelques collines dans le sud-est du parc national des Virunga, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda.

Quel est le rôle de Paul Kagamé ?
« Nous serions fort étonnés que le n°1 des force armées rwandaises puisse prendre la décision de projeter des troupes sur un territoire étranger sans l'aval du commandant suprême de l'armée qui est le chef de l'État [Paul Kagame, NDLR] et rester en fonction un jour après que le président ait appris cela. S'il reste en fonction, cela sera clair pour nous que cela a procédé d'une volonté supérieure, dans ce cas là c'est grave », a poursuivi Mende.
Mais entre les allégations des uns et les démentis des autres, les faux-semblants ne sont pas loin. En coulisse, les autorités des deux pays voisins tentent toujours de négocier un apaisement. Et les déclarations publiques des uns ou des autres ont vraisemblablement pour but soit de gagner du temps soit de se metre en position de force dans les discussions en renforçant la pression diplomatico-médiatique sur l'adversaire.

Pour preuve, le jour même des dernières déclarations de Mende, des négociations avaient lieu en toute discrétion à Goma, capitale du Nord-Kivu, entre les généraux rwandais Kabarebe et Kayonga et leurs homologues congolais le ministre de la Défense, Alexandre Ntambo Luba, et le chef d'état-major des Forces armées de la RDC (FARDC), le général Didier Etumba.
(Avec AFP)


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jeudi 28 juin 2012

RDC: les variables oubliées de l’équation de la balkanisation

(Les Afriques 28/06/2012) La non-existence de la RD-Congo comme État-Nation serait-elle téléguidée par les firmes multinationales, en collusion avec certains pays voisins, dans le but de fournir la preuve scientifique à la matérialisation de la partition du Congo.

Pourquoi relier cette thèse à un «complot» ?
Six mois après des élections tronquées, la crise de légitimité couve toujours en RDCongo, alors que les combats ont repris dans le Kivu sur fond de rumeurs de balkanisation. «There Is No Congo», tel est le titre d’un article publié en mars 2009 dans Foreign Policy (1) par Jeffrey Herbst et Greg Mills invitant la communauté internationale à reconnaitre une «évidence brutale» : la non-existence de la RD-Congo comme État- Nation. Leur thèse se résume à peu près à ceci : extrêmement riche en ressources naturelles, sous-peuplée et ayant une population culturellement moins intégrée et institutionnellement faible, le Congo ne serait pas un État fonctionnel.

De nombreux Congolais en ont déduit que cette thèse serait téléguidée par les firmes multinationales, en collusion avec certains pays voisins, dans le but de fournir la preuve scientifique à la matérialisation de la partition du Congo. Question : pourquoi relie-t-on cette thèse à un «complot» visant la partition du Congo ?
Premièrement, elle tombe singulièrement à pic, au moment où la RDC est assaillie par une guerre déclenchée en 1996 par M’zee Kabila pour renverser Mobutu avec l’aide du Rwanda et de l’Ouganda sous la houlette des États-Unis. Depuis, l’Est du pays est soumis au pillage systématique de ses ressources naturelles par une bande des milices armées opérant à la solde des pays voisins sus-nommés et de puissantes multinationales sous l’oeil attendri de la Monusco et de la Communauté internationale.

Deuxièmement, les déclarations simultanées de Nicolas Sarkozy et Herman Cohen, le premier plaidant pour un meilleur partage de l’espace et des richesses dans la région des Grands-Lacs et le second affirmant qu’au Département d’Etat, le Kivu faisait partie du Rwanda, sont révélatrices des intentions des grandes puissances.

Enfin, en 2010, les Pays-Bas ont abrité un séminaire centré sur les frontières du Congo à l’horizon 2020. Récidivant en avril 2012, le ministère des affaires étrangères du même pays en collaboration avec la fondation Netherlands-African Business Council, convoquait une rencontre d’information aux entreprises intéressées sur la situation du «Ghana, de l’Éthiopie et de la région des Grands-Lacs» (sic !), la RDC comme État est ignorée !

Voilà pour les indices. Rappelons toutefois que le Congo n’est pas à sa première expérience de tentative de partition commanditée à partir de l’extérieur. En remontant la trajectoire de son histoire, il y a un siècle environ, vers 1890, les minerais du Katanga attirèrent le premier ministre de la colonie du Cap (Afrique du Sud), le britannique Cecil Rhodes, fondateur de De Beers. Au faîte de sa puissance, Rhodes menait une stratégie agressive dans la conquête de nouvelles sources des minerais. Il projeta de déconnecter le Katanga de l’État Indépendant du Congo (EIC) pour l’intégrer dans l’Empire britannique en Afrique Orientale, quitte à soudoyer le roi Mwenda M’Siri. Celui-ci réservera une fin de non-recevoir à sa requête.

Utilisant un argumentaire presqu’identique à la thèse Herbst- Mills (sous-peuplement, vaste superficie), mais tout en évitant de mentionner leur appétit pour les mines d’or et de cuivre, les médias britanniques firent de grosses manchettes revendiquant ouvertement ni plus ni moins la séparation du Katanga de l’EIC. Alerté, Léopold II déjoua ce plan en envoyant une expédition armée au terme de laquelle fut décapité le roi M’Siri qui était farouchement opposé autant à la partition du Katanga qu’à son occupation par un souverain étranger. A l’indépendance (1960), les multinationales belges et américaines rééditeront le même subterfuge en commanditant la session katangaise. La thèse Herbst-Mills a omis deux variables non négligeables dans l’équation de la partition du Congo. La première est relative à l’affirmation contrastante de Delphine Schrank (2), soutenant que le nationalisme dont font preuve les Congolais empêcherait l’émiettement de leur territoire. En effet, il y a lieu de marteler que l’identité nationaliste congolaise ne se réduit pas à la simple prise de conscience de soi, de sa culture ou de l’appartenance à un groupe ethnique spatialement dominant ou non. Elle plonge ses racines plutôt dans la relation mythique que les Congolais, à l’instar du Mwami M’Siri ou de Nvitaa- Nkanga (roi Kongo qui fut décapité en 1665 par les portugais pour s’être opposé à la prédation des mines de cuivre), entretiennent avec le «mabele ya ba Nkoko» (la terre de nos ancêtres), sans ignorer les considérations rituelles qui l’entourent. En dépit de la diversité des particularités ethnoculturelles, les Congolais ont vécu et partagé sur leur terre, au cours des 50 dernières années, des événements historiques de portée nationale : la lutte pour l’accession à l’indépendance, le chaos postindépendance, le mobutisme avec ses périodes de gloire et de décadence, les turpitudes de la Conférence Nationale Souveraine, la double opération de «libération» menée par M’zee Kabila (contre la dictature mobutienne et contre les forces d’occupation rwandaises), la fraude électorale de novembre 2011… De là s’est développée une identité de situation qui vient fortifier une conscience nationale.

L’autre variable concerne la cristallisation politique de la génération congolaise. Celle qui, entre décembre 2011 et février 2012, par milliers, a pris d’assaut les grandes artères des métropoles des 5 continents, a brandi le drapeau congolais devant le Capitole, la CNN, la CPI, la Maison Blanche, l’Élysée dénonçant le complot... Cette générationlà porte collectivement les stigmates du sang versé par 8 millions de congolais assassinés, violés et mutilés dans l’Est du pays par les forces d’occupation étrangères face à un État congolais incapable de les défendre et de défendre son territoire. Ainsi, si l’institution «État congolais » paraît inexistante, la Nation congolaise, elle, existe et se conforte justement en réponse aux dysfonctionnements du même État congolais sur son territoire (soit en pillant son peuple, soit en ne le protégeant pas de l’étranger, puis en le transcendant pour bénéficier d’une protection étrangère).

L’Histoire veillera à valider ou non le pouvoir prédictif de la thèse Herbst-Mills. En revanche, ces deux variables pèseront sans aucun doute dans l’analyse des résultats.

Remy K. Katshingu,

Professeur d’économie au Collège de Saint-Jérôme, Canada.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org


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RD Congo : un bouc émissaire nommé MONUSCO

(L'Observateur Paalga 28/06/2012)
Le renouvellement du mandat de la MONUSCO, la Mission des nations unies en République démocratique du Congo (RDC), était, hier mercredi 27 juin 2012, au menu de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. A cause du décalage horaire, nous n’avions pas encore les conclusions de cette importante rencontre au moment où nous tracions ces lignes. Cependant, tout plaidait véritablement pour le maintien de la mission onusienne dans ce pays-continent qui peine à retrouver sa stabilité depuis le crépuscule du règne du «Roi» Mobutu.

Sans doute qu’à l’heure où vous nous lisez, le mandat de la MONUSCO a été renouvelé ; ce qui ne devrait être en fait qu’une évidence et une simple logique : en effet, l’ONU ne peut pas quitter la RDC au moment même où le pays, tout doucement, est en train de basculer dans la guerre, notamment à l’Est avec les provinces des deux Kivu en proie à une rébellion née d’une dissidence au sein de l’armée nationale.

Alors, si le doute n’était pas permis quant au maintien de la MONUSCO, c’était par contre l’expectative concernant le mandat de cette Mission, la plus importante des nations unies dans le monde avec quelque 20 000 casques bleus ; en effet, le débat est vif au Congo sur la présence et le rôle des soldats de l’ONU : il y a ceux qui sont pour le départ de cette force parce qu’inutile ; ceux qui sont pour son maintien mais qui exigent une reformulation de son mandat afin d'en faire une force combattante pour assurer la sécurité des civils ; ceux qui, enfin, souhaitent que la MONUSCO prenne une dimension politique en assurant la crédibilité des consultations électorales.

Comme on le voit, les désirs sont nombreux et pas toujours convergents. Difficile dans ces conditions de trouver une formule de la MONUSCO qui satisfasse les uns et les autres. Forcément de part et d’autre, ça va râler, quel que soit ce qu’aura décidé le Conseil de sécurité de l’ONU.

Si beaucoup éprouvent un terrible ressentiment contre les casques bleus, c’est tout simplement parce que cette force n’est pas du tout dissuasive, car malgré sa présence, c’est à son nez et à sa barbe que les mouvements rebelles prospèrent au Congo. Et voilà la MONUSCO qu’on accuse de tous les péchés du Congo.

Mais qui aurait pu croire que le grand Zaïre de Mobutu serait un jour à genoux, incapable d’assurer sa propre sécurité au point de pratiquement s’en remettre à l’ONU ? Très peu de monde. Incroyable mais vrai, la RDC, l’ancienne toute-puissante Zaïre, n’est plus aujourd’hui qu’un géant mollusque dont la voix, politiquement et militairement, compte pour du beurre dans cette partie de l’Afrique où, jadis, elle faisait la loi, la pluie et le beau temps.

Le cas le plus emblématique de cette situation de faiblesse de la RDC est sans conteste les difficultés qu’elle a avec le Rwanda de Paul Kagamé, qui lui donne du fil à retordre sans qu’elle puisse véritablement taper du poing sur la table. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle biblique de David et Goliath : le Rwanda, ce petit territoire de 26 338 km2 pour moins de 12 millions d’habitants, est un Etat bien organisé et militairement puissant ; par contre, la RDC, avec ses 2 345 000 km2 pour près de 75 millions d’habitants, a tout d’un vrai foutoir doublé d’un véritable scandale géologique avec des ressources minières à ciel ouvert. De plus, ce pays-continent est victime de son gigantisme, de la forme de son Etat, de la désorganisation de son armée et de la boulimie de ses dirigeants pour le pouvoir et les richesses.

Et voilà la RDC accusant le Rwanda d’être le soutien et la base-arrière des rebelles du M23. Kigali s’en défend et a même dépêché sa ministre des Affaires étrangères à l’ONU pour montrer patte blanche, même si c’est de notoriété publique que plusieurs responsables rebelles sont fréquents au Rwanda.

Mis à part l’agitation diplomatique, qu’est-ce que Kinshasa peut bien faire contre Kigali ? Pratiquement rien… Triste sort que celui du Congo. Patrice Lumumba va se retourner dans sa tombe, lui qui rêvait d’un grand Congo dans une grande Afrique !



San Evariste Barro


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RDC : le Rwanda réfute les accusations de l’ONU

(Afrik.com 28/06/2012) Kigali est accusée de soutenir les mutins ex-rebelles dans le Nord-Kivu.
Dans son rapport publié mardi, dont l’annexe sera rendue publique en novembre, les experts de l’ONU accusent le Rwanda de soutenir les ex-rebelles congolais, en leur fournissant « des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues ». Kigali dément et compte présenter des preuves « factuelles » à même de lever tous soupçons.

Les experts des sanctions de l’ONU affirment, dans cette annexe que s’est procurée l’AFP, détenir des « preuves accablantes » qui démontrent que les responsables de l’armée rwandaise « dans l’exercice de leurs fonctions officielles, soutiennent les rebelles en leur fournissant des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues ». Pour rappel, Kigali a toujours nié son implication dans le conflit qui oppose, depuis le mois de mai dans le Nord-Kivu, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).

Crise diplomatique entre le Rwanda et la RDC ?
« C’est un document préliminaire partial, fondé sur des conclusions partielles et il doit encore être vérifié. », a déclaré la ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo. Et d’ajouter « Nous avons l’intention de fournir des preuves factuelles que les accusations contre le Rwanda son fausses ». La ministre souligne, par ailleurs, qu’il est « profondément regrettable » que « la frénésie médiatique » soit à l’origine de ce rapport de l’ONU qui met en cause l’armée rwandaise dans le conflit qui oppose, depuis le mois de mai dans le Nord-Kivu, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Louise Mushikiwabo exhorte, en outre, les experts des sanctions de l’ONU à inclure dans leur rapport complet, dont la publication est prévue pour novembre, le démenti du Rwanda.

Ce rapport de l’ONU annonce peut-être une crise diplomatique entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Le président Joseph Kabila suit « de très près » cette affaire, a confié mercredi le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo. « Le gouvernement a demandé la publication intégrale de ce rapport […] », a-t-il précisé.

Crise humanitaire
Depuis le mois de mai, les combats entre les FARDC et les mutins ex-rebelles ont repris de plus belle dans la province du Nord-Kivu. Après une courte accalmie, la province s’embrase à nouveau. 200.000 congolais auraient fui ces violences. Parmi eux, certains se sont refugiés à Rwaguba, dans la région de Rutshuru, pour se mettre à l’abri. Un exode qui n’est pas sans conséquence puisque 150 cas de choléra sont à déplorer. Les ONG et autres associations humanitaires, qui se trouvent sur place, restent mobilisées pour venir en aide aux déplacés.


par Sébastien Badibanga


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RDC: les variables oubliées de l’équation de la balkanisation

(Les Afriques 28/06/2012)
La non-existence de la RD-Congo comme État-Nation serait-elle téléguidée par les firmes multinationales, en collusion avec certains pays voisins, dans le but de fournir la preuve scientifique à la matérialisation de la partition du Congo.

Pourquoi relier cette thèse à un «complot» ?
Six mois après des élections tronquées, la crise de légitimité couve toujours en RDCongo, alors que les combats ont repris dans le Kivu sur fond de rumeurs de balkanisation. «There Is No Congo», tel est le titre d’un article publié en mars 2009 dans Foreign Policy (1) par Jeffrey Herbst et Greg Mills invitant la communauté internationale à reconnaitre une «évidence brutale» : la non-existence de la RD-Congo comme État- Nation. Leur thèse se résume à peu près à ceci : extrêmement riche en ressources naturelles, sous-peuplée et ayant une population culturellement moins intégrée et institutionnellement faible, le Congo ne serait pas un État fonctionnel.

De nombreux Congolais en ont déduit que cette thèse serait téléguidée par les firmes multinationales, en collusion avec certains pays voisins, dans le but de fournir la preuve scientifique à la matérialisation de la partition du Congo. Question : pourquoi relie-t-on cette thèse à un «complot» visant la partition du Congo ?

Premièrement, elle tombe singulièrement à pic, au moment où la RDC est assaillie par une guerre déclenchée en 1996 par M’zee Kabila pour renverser Mobutu avec l’aide du Rwanda et de l’Ouganda sous la houlette des États-Unis. Depuis, l’Est du pays est soumis au pillage systématique de ses ressources naturelles par une bande des milices armées opérant à la solde des pays voisins sus-nommés et de puissantes multinationales sous l’oeil attendri de la Monusco et de la Communauté internationale.

Deuxièmement, les déclarations simultanées de Nicolas Sarkozy et Herman Cohen, le premier plaidant pour un meilleur partage de l’espace et des richesses dans la région des Grands-Lacs et le second affirmant qu’au Département d’Etat, le Kivu faisait partie du Rwanda, sont révélatrices des intentions des grandes puissances.

Enfin, en 2010, les Pays-Bas ont abrité un séminaire centré sur les frontières du Congo à l’horizon 2020. Récidivant en avril 2012, le ministère des affaires étrangères du même pays en collaboration avec la fondation Netherlands-African Business Council, convoquait une rencontre d’information aux entreprises intéressées sur la situation du «Ghana, de l’Éthiopie et de la région des Grands-Lacs» (sic !), la RDC comme État est ignorée !

Voilà pour les indices. Rappelons toutefois que le Congo n’est pas à sa première expérience de tentative de partition commanditée à partir de l’extérieur. En remontant la trajectoire de son histoire, il y a un siècle environ, vers 1890, les minerais du Katanga attirèrent le premier ministre de la colonie du Cap (Afrique du Sud), le britannique Cecil Rhodes, fondateur de De Beers. Au faîte de sa puissance, Rhodes menait une stratégie agressive dans la conquête de nouvelles sources des minerais. Il projeta de déconnecter le Katanga de l’État Indépendant du Congo (EIC) pour l’intégrer dans l’Empire britannique en Afrique Orientale, quitte à soudoyer le roi Mwenda M’Siri. Celui-ci réservera une fin de non-recevoir à sa requête.

Utilisant un argumentaire presqu’identique à la thèse Herbst- Mills (sous-peuplement, vaste superficie), mais tout en évitant de mentionner leur appétit pour les mines d’or et de cuivre, les médias britanniques firent de grosses manchettes revendiquant ouvertement ni plus ni moins la séparation du Katanga de l’EIC. Alerté, Léopold II déjoua ce plan en envoyant une expédition armée au terme de laquelle fut décapité le roi M’Siri qui était farouchement opposé autant à la partition du Katanga qu’à son occupation par un souverain étranger. A l’indépendance (1960), les multinationales belges et américaines rééditeront le même subterfuge en commanditant la session katangaise. La thèse Herbst-Mills a omis deux variables non négligeables dans l’équation de la partition du Congo. La première est relative à l’affirmation contrastante de Delphine Schrank (2), soutenant que le nationalisme dont font preuve les Congolais empêcherait l’émiettement de leur territoire. En effet, il y a lieu de marteler que l’identité nationaliste congolaise ne se réduit pas à la simple prise de conscience de soi, de sa culture ou de l’appartenance à un groupe ethnique spatialement dominant ou non. Elle plonge ses racines plutôt dans la relation mythique que les Congolais, à l’instar du Mwami M’Siri ou de Nvitaa- Nkanga (roi Kongo qui fut décapité en 1665 par les portugais pour s’être opposé à la prédation des mines de cuivre), entretiennent avec le «mabele ya ba Nkoko» (la terre de nos ancêtres), sans ignorer les considérations rituelles qui l’entourent. En dépit de la diversité des particularités ethnoculturelles, les Congolais ont vécu et partagé sur leur terre, au cours des 50 dernières années, des événements historiques de portée nationale : la lutte pour l’accession à l’indépendance, le chaos postindépendance, le mobutisme avec ses périodes de gloire et de décadence, les turpitudes de la Conférence Nationale Souveraine, la double opération de «libération» menée par M’zee Kabila (contre la dictature mobutienne et contre les forces d’occupation rwandaises), la fraude électorale de novembre 2011… De là s’est développée une identité de situation qui vient fortifier une conscience nationale.

L’autre variable concerne la cristallisation politique de la génération congolaise. Celle qui, entre décembre 2011 et février 2012, par milliers, a pris d’assaut les grandes artères des métropoles des 5 continents, a brandi le drapeau congolais devant le Capitole, la CNN, la CPI, la Maison Blanche, l’Élysée dénonçant le complot... Cette générationlà porte collectivement les stigmates du sang versé par 8 millions de congolais assassinés, violés et mutilés dans l’Est du pays par les forces d’occupation étrangères face à un État congolais incapable de les défendre et de défendre son territoire. Ainsi, si l’institution «État congolais » paraît inexistante, la Nation congolaise, elle, existe et se conforte justement en réponse aux dysfonctionnements du même État congolais sur son territoire (soit en pillant son peuple, soit en ne le protégeant pas de l’étranger, puis en le transcendant pour bénéficier d’une protection étrangère).

L’Histoire veillera à valider ou non le pouvoir prédictif de la thèse Herbst-Mills. En revanche, ces deux variables pèseront sans aucun doute dans l’analyse des résultats.

Remy K. Katshingu,

Professeur d’économie au Collège de Saint-Jérôme, Canada.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org


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