dimanche 24 juin 2012
(Le Potentiel 23/06/2012)
Dans le monde scientifique, il est présenté comme «le dernier de cheikh Anta Diop» tant il se fait grand défenseur des idées défendues par le savant sénégalais. Lui, c’est Théophile Obenga, égyptologue, linguiste et historien, originaire du Congo/Brazzaville. C’est à l’Université de Kinshasa qu’il a exposé hier vendredi son projet d’un «Etat fédéral africain» qu’il considère comme «la seule issue» pour le développement de l’Afrique. Comme tout peuple qui aspire au développement, l’Africain doit se nourrir des utopies, mêmes les plus invraisemblables, rappelle-t-il. Car, selon lui, «les êtres humains vivent d’utopie, d’imaginaire, d’illusion et d’espérance». C’est de cette manière, se défend-il, que se sont formées de grandes civilisations et de grands courants de pensée tels que le christianisme, les Etats-Unis, l’ANC en Afrique du Sud et bien d’autres encore. Aussi conclut-il que «les peuples qui n’ont pas d’utopie n’ont pas d’avenir». Après avoir expérimenté, sans succès d’ailleurs, plusieurs modèles de développement, il pense que «l’Etat-nation africain actuel doit changer d’échelle et se fondre constitutionnellement dans l’Etat fédéral africain continental». Car, note-t-il, «la question de l’Afrique n’est pas le développement, mais la création d’une puissance politique africaine à l’échelle continentale. Tout le reste trouvera sans délai des solutions convenables». Une thèse qui est en contradiction avec le point de vue soutenu par ceux qui, depuis des années, travaillent pour la balkanisation de certains pays africains comme la RDC. Des guerres à répétition dans sa partie Est riment avec cette théorie. Aujourd’hui, Théophile Obenga propose une autre voie pour sortir l’Afrique de son sous-développement. Ce qui balaie d’un revers de la main la thèse de la balkanisation pour laquelle la RDC paie le lourd tribut. Pour Théophile Obenga, «l’Etat fédéral africain demeure la seule issue, pour aujourd’hui et pour demain. Tout doit s’orienter et s’acheminer vers cette historique issue». Une nouvelle conscience africaine est par conséquent appelée à se mettre en place pour matérialiser ce rêve. «N’est-il pas possible de créer une chaîne d’union panafricaine avec siège à Kinshasa dont le but principal serait d’examiner et de promouvoir le chronogramme de l’Etat fédéral de l’Afrique noire». C’est l’essentiel de l’appel lancé hier vendredi sur les collines de l’Université de Kinshasa par le professeur Théophile Obenga. Une piste à explorer dans le combat contre la balkanisation de la RDC. Ci-dessous l’intégralité de la conférence animée à l’Université de Kinshasa, Unikin, par le professeur Théophile Obenga.
«L'Etat fédéral africain : la seule issue» par Théophile Obenga Monsieur le recteur de l'Université de Kinshasa, Messieurs les directeurs, Mesdames et Messieurs les professeurs et chers collègues, Chers étudiants de la Communauté universitaire de l'Université de Kinshasa, Chers amis,
Je voudrais, avant tout propos, dire ma profonde gratitude à l'Administrateur directeur général du Groupe de presse "Le Potentiel", Monsieur Freddy Mulumba Kabuayi, au directeur exécutif de l'Institut congolais de recherche en développement et études stratégiques, Monsieur le professeur François Mukoka Nsenda, ainsi qu'au directeur du Centre d'études politiques ; et au directeur du Centre de recherche en épistémologie des sciences sociales et humaines.
Je m'empresse aussi de reconnaître et de saluer tant d'éminentes personnalités et tant d'excellents collègues universitaires, pour leur présence encourageante.
A toute la communauté universitaire de l'Université de Kinshasa, administrateurs en tête desquels Monsieur le recteur, enseignants et étudiants, j'adresse mes salutations les plus cordiales en signe de haute estime et de solidarité académique, toujours exemplaire, édifiante, enrichissante. Mesdames et Messieurs,
C'est toujours un immense plaisir de se retrouver à Kinshasa, ville de lumière, mais aussi, et bien plus, ville bientôt fière de ses 12 millions d'habitants qui font chaque jour le charme urbain, la vivacité culturelle et la force intellectuelle de cette grande métropole au cœur de l'Afrique centrale, au bord du puissant fleuve qui arrose également Brazzaville.
Ce qui fait que Kinshasa et Brazzaville semblent continuer un seul espace urbain lié par un même espace fluvial, bientôt enjambé par un pont moderne.
Mais le meilleur, c'est justement la fraternité et l'amitié que se partagent entre eux les Kinois et les Brazzavillois, et les Brazzavillois l'ont encore ressenti profondément lors de la tragédie de Mpila, le 4 mars 2012, ayant reçu de Kinshasa, tant des pouvoirs publics que du secteur privé, un soutien spontané multiforme d'un poids considérable. Je voudrais par conséquent me permettre de rassurer Kinshasa de la reconnaissance de Brazzaville.
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