(Le Potentiel 15/06/2012)
Cité dans notre article consacré au «risque d’éclatement en
zones monétaires», le professeur Tshiunza Mbiye n’a pas tardé à réagir. Il l’a
fait aussi pour le compte de son collègue, le professeur Kabuya Kalala François,
co-auteur de l’article référencié par notre rédaction. Alors que l’attention du
public est portée vers l’émission dès le 2 juillet prochain de nouvelles
coupures de franc congolais (1 000, 5 000 et 10 000 Fc), Le Potentiel s’est
interrogé sur les probables conséquences de ces émissions sur l’unité monétaire
de la RDC, s’inspirant, entre autres, d’un article paru en décembre 2011 dans
Congo-Afrique et rédigé par les deux professeurs précités. L’intérêt de notre
rédaction s’est portée uniquement sur les trois dimensions de la «confiance»
dans la monnaie telle qu’exposée par les deux scientifiques.
Notre
rédaction ne s’est pas gênée d’aller au-delà de ce qui paraît réel en tentant un
rapprochement avec le vieux projet de balkanisation, se référant, à cet effet, à
l’histoire récente de notre pays où des émissions hasardeuses des années 1990
conduisirent à l’éclatement de l’espace monétaire zaïrois, de l’époque. D’où,
notre sonnette d’alarme pour éveiller l’attention des autorités actuelles. C’est
encore et toujours sur la confiance que repose le succès de l’opération de
l’émission des billets à valeur faciale élevée du 2 juillet 2012. Conclusion à
laquelle aboutit d’ailleurs le professeur Tshiunza. Comme Le Potentiel, il
estime que «La question pour les autorités actuelles est de tout mettre en œuvre
pour obtenir l’adhésion de la population à ces nouvelles émissions».
Ci-dessous, sa mise au point où il replace clairement le contexte de
leur article, paru en décembre 2011 dans Congo-Afrique, soit six mois avant
l’annonce par la Banque centrale du Congo de l’émission des coupures à valeur
faciale élevée.
«Cet article paru en décembre 2011 est la synthèse d’un
ouvrage collectif (Ndlr : rédigé par les professeurs Kabuya Kalala et Tshiunza
Mbiye) encore sous forme de manuscrit, terminé depuis février 2008. Avec
l’éclatement de la crise financière de la même année, crise qui allait
nécessairement avoir l’impact sur les monnaies africaines, dont le franc
congolais, on s’était dit d’observer comment ces monnaies allaient se comporter
pour une mise à jour.
Comme il s’agissait d’un ouvrage sur la crise du
franc congolais fondé essentiellement sur la décennie inflationniste 1990-2000,
nous nous étions posé, entre autres, la question de fondement de la confiance
que peut inspirer une monnaie.
C’est ainsi que nous avons abordé les
trois dimensions de la confiance : méthodique, hiérarchique et éthique. Bien que
pour nous la confiance éthique soit la plus importante, n’empêche que les deux
autres (méthodique et hiérarchique) ne soient pas négligés.
La confiance
éthique est la plus importante, car elle procède de l’adhésion sociale à la
monnaie comme bien collectif dont l’utilité s’accroit avec le nombre de gens qui
l’utilisent. Et nous insistons sur le fait que c’est un bien collectif spécial
puisque son coût de détention représenté par la taxe d’inflation s’impose à tous
les utilisateurs. Et nous concluons que gérer la monnaie, c’est donc en
préserver la valeur d’usage.
A la lumière de ce qui précède et au vu de
la situation actuelle, personne ne peut nier que la valeur d’usage de la monnaie
ait été préservée grâce à la stabilité relative du niveau général des prix et du
taux de change du franc congolais, comparé à la période 1990-2000.
Personne ne peut non plus nier que les autres formes de confiance,
notamment la confiance méthodique, celle qui résulte de la répétition réussie
des transactions monétaires quotidiennes, ait été garantie. Personne ne peut
douter que cette confiance n’existe pas pour le moment dans le sens que le franc
congolais est accepté comme moyen de paiement. A part les problèmes que posent
les grosses transactions qui exigent d’énormes masses des billets de banque.
Personne ne peut non plus nier que depuis 2010 jusqu’à ce jour, la
valeur interne et externe du franc congolais est sauvegardée.
Personne
ne peut non plus nier que les autorités budgétaires et monétaires n’aient tout
entrepris depuis lors, au prix des sacrifices de la population, pour préserver
le pouvoir d’achat du franc congolais, répondant ainsi à ce que les économistes
appellent la confiance hiérarchique. A titre illustratif, le Trésor dispose
aujourd’hui de 200 milliards Fc d’excédent budgétaire, couvrant même le déficit
de la Banque centrale. Celle-ci dispose d’un milliard trois cents millions Usd
de réserves de change à même d’être utilisé pour acheter l’excédent de francs
congolais sur le marché à la recherche de devises. Ce qui n’était pas le cas
lors de l’excédent de l’espace monétaire national. Le pays n’avait ni excédent
budgétaire, ni réserves de change.
Si problème il y a, c’est au niveau
de la confiance éthique. A suivre l’opinion congolaise, elle est divisée. Il y
en a qui n’ont pas oublié les épisodes de la période des émissions intempestives
des billets à faciale élevée qui débouchaient sur l’accélération de
l’hyperinflation et de l’hyperdépréciation du franc congolais jusqu’à
l’éclatement de l’espace monétaire national que certains assimilent aujourd’hui
à la balkanisation du pays qu’ils redoutent, avec ou sans raison.
C’est
cette mémoire qui amène une partie de la population à manifester des craintes
sur les éventuelles conséquences de la mise en circulation des billets à valeur
faciale élevée.
La question pour les autorités actuelles est de tout
mettre en œuvre pour obtenir l’adhésion de la population à ces nouvelles
émissions».
Professeur Tshiunza Mbiye Situation dans l'Est de la RDC :
l’UDPS se prononce T.M.E. L’insécurité qui a refait surface, depuis quelque
temps dans le Kivu, continue à susciter des réactions dans les milieux
politiques congolais. La dernière en date est celle de l’Union pour la
démocratie et le progrès social, UDPS. Dans une déclaration politique, l’UDPS a
indiqué : «Les populations des provinces martyres du Kivu subissent des
violences extrêmes à la suite de la guerre imposée à la RDC depuis dix-sept ans
par le Rwanda et la maffia internationale», avec toutes les conséquences que
l’on déplore ce jour, dont les viols et le déplacement massif et forcés des
populations locales. Pour le secrétaire général de l’UDPS qui a signé cette
déclaration, cet état de choses ne pourra pas prendre fin sans qu’il ait une
réaction vigoureuse et énergique des Congolais eux-mêmes. A ses yeux, des
réseaux maffieux internationaux entendent continuer de piller les richesses
minérales et forestières de la République démocratique du Congo. Et d’ajouter :
«Un certain nombre de pays situés dans la partie orientale du pays sont en train
de constituer leur «Marché commun» de l'Est ; marché dans lequel ils cherchent à
inclure à tout prix la partie orientale de la RDC afin de tirer profit de ses
richesses minérales». Pour réussir ce projet, ils doivent déverser dans cette
partie du territoire national le plus grand nombre possible de leurs
ressortissants, sous couvert de «réfugiés», afin de l'arracher de la sphère du
pouvoir de Kinshasa, a fait remarquer Jacquemain Shabani. Avant de noter que
cette occupation progressive de terres congolaises constitue ainsi les prémices
de la très probable exigence ultérieure d'autodétermination. IT/ Interpellation
Il a, par ailleurs, rappelé les différentes opérations militaires menées jadis
au Kivu, en vue de rétablir la paix et la sécurité dans cette partie orientale
du pays. A ce sujet, il a cité, à titre illustratif, les cas de «brassage» et de
«mixage», «Umoja Wetu», «Kimya» I et II. Des opérations qui, à en croire le
secrétaire général de l’UDPS, ont débouché sur un fiasco. Depuis lors, les
provinces du Kivu sont occupées de facto par des éléments de l'armée régulière
rwandaise, a-t-il fait savoir. Preuve, la Monusco vient de témoigner, une fois
de plus, que des jeunes Rwandais sont recrutés pour le compte du M23, indique la
source. Raison pour laquelle, il a déclaré : «Il est du devoir de tout
Congolais, quel que soit son âge, quelles que soient ses origines, de s'investir
dans le déracinement de ce plan diabolique». D’après lui, si le Rwanda veut la
paix, il lui revient d'organiser «le dialogue inter rwandais» et de faire
participer toute sa population à la vie nationale. Lorsque deux peuples ou deux
ethnies se sont entretués, ce n'est pas l'affaire des tribunaux ; mais de
médiation, de pactes et de paix. S’adressant à la communauté internationale,
particulièrement la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique, il lui demande
de contraindre Kigali à ouvrir ses bras pour accueillir tous ses ressortissants
réfugiés en RDC. Car le peuple congolais a suffisamment souffert.
Par Le Potentiel
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