(Le
Potentiel 15/06/2012)
Tout bien considéré, le décor d’un sommet appelé à entrer,
par la grande porte, dans l’histoire de la Francophonie, se met progressivement
en place. La trompette embouchée, c’est la tête bien haute que les Congolais
vont à la rencontre de la grande fête du 12 octobre.
Chrono en mains, on
n’est plus qu’à quelques encablures du jour « J » pour le 14ème Sommet de la
Francophonie dont le ban va être ouvert le 12 octobre pour se refermer deux
jours plus tard.
Naturellement, c’est sous d’heureuses perspectives que
se place ce rendez-vous, surtout qu’il est d’une portée n’a rien d’un événement
quelconque. Il n’est ni à minimiser ni à prendre pour quantité négligeable, bien
au contraire. Les toutes premières notes ayant été écrites avec la même plume,
sans nul doute que la suite portera l’estampille de grands crus.
Equivoques levées
Si, jusque-là, il y avait encore quelques
malentendus sur la tenue, à Kinshasa, du 14ème Sommet de l’Organisation
internationale de la Francophonie, il faut à la vérité reconnaître qu’ils ont
été levés.
Si, par malheur, des équivoques subsistent encore quelque
part à propos du déroulement de ce big-event dans la ville de Kinshasa – qu’il
convient d’appeler d’ores et déjà la capitale mondiale de la Francophonie - il
faut bien se dire qu’elles appartiennent dorénavant au passé. Surtout depuis le
mémorable passage du ministre des Affaires étrangères, Coopération
internationale et Francophonie devant la représentation nationale.
En
effet, en réponse à une question orale du député Germain Kambinga, le ministre
Raymond Tshibanda a consacré la quintessence de son exposé à ce qu’est
réellement la Francophonie d’une part, et d’autre part, sur la nature des
relations entre la France et les autres Etats membres de l’Organisation
internationale de la Francophonie. Qui, selon certaines affirmations, serait «
nécessairement inégalitaire, du simple fait de l’appartenance commune à cette
organisation, de la France et de ces autres Etats membres. »
« Le Sommet
de la Francophonie, a-t-il précisé, n’est pas un tête-à-tête entre la France et
ses anciennes colonies. De nombreux pays membres de la Francophonie, dont la
RDC, ne sont pas des anciennes colonies françaises ».
La France n’est
pas la Francophonie, pas plus que la Francophonie n’est pas une création de la
France. La Francophonie, a-t-il rappelé, a été créée à l’initiative de trois
chefs d’Etat africains : Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Hamani Diori du Niger
et Habib Bourguiba de Tunisie qui avaient proposé, dès les années 1960, la
constitution d’une communauté francophone, idée à laquelle s’est par la suite
ralliée la France.
La Francophonie n’est pas la « Françafrique ».
Plusieurs Etats, tels le Vietnam, les Emirats Arabes Unis, la Grèce, l’Albanie
ou la Bulgarie, qui, au regard de leur culture et de leur histoire, peuvent
difficilement être accusés d’inféodation, moins encore de sujétion à la France,
sont membres de l’OIF.
« Utile…et essentielle »
Dans son
argumentaire, Raymond Tshibanda a mis la majeure partie des députés d’accord sur
les préoccupations qui étaient les leurs au sujet de l’organisation du prochain
sommet de la Francophonie et de ses réalisations en faveur de la RDC.
Il
a fait voir qu’à l’évidence, l’appartenance de la RDC à l’OIF est « utile ». Et,
quoique ne se chiffrant pas en centaines de millions de dollars, il a réaffirmé
que « la contribution de cette organisation au développement de notre pays est
essentielle, car elle porte sur du concret et concerne la principale de nos
ressources, l’homme, et singulièrement, notre jeunesse ».
S’agissant de
l’opportunité et de l’intérêt pratique de ce Sommet, il s’est fait le devoir de
rappeler d’abord que « les relations extérieures sont un domaine éminemment
politique et au même titre que la sécurité dans un pays stratégique comme le
nôtre, l’intérêt des initiatives et actions qui y sont prises ne se mesurent pas
essentiellement en termes financiers. De même que les retombées positives
escomptées desdites initiatives et actions, souvent vitales pour la nation, la
plupart du temps immatérielles et rarement immédiates.
Pour ce qui est
du budget du Sommet, il a rappelé la distinction entre le budget relatif à
l’amélioration des infrastructures qui fait partie du budget normal de la
République et le budget proprement dit de l’organisation du sommet, tout en
affirmant que ce dernier se situe aux alentours de 20 milliards de Fc, soit
22.608.695 dollars.
En ce qui concerne la participation du budget de la
France ou d’un quelconque Etat membre, il n’existe plus d’organisation
internationale dont les membres financent des Sommets dans un autre pays membre.
« C’est le prix de notre souveraineté et de notre indépendance, qu’à juste
titre, nous réclamons tous à cor et à cri », a-t-il souligné.
Un faux
débat…
Sujet à débat ou à controverse, la participation du président
français François Hollande au 14ème Sommet l’a été ou l’est pour certains. Le
ministre Raymond Tshibanda a cependant mis les points sur les « i », question de
fixer l’opinion une fois pour toutes. Première séquence : « Il sied, a-t-il dit
devant la représentation nationale, de rappeler, qu’il appartient à chaque Etat
membre de répondre à la lettre d’invitation lui adressée par le chef de l’Etat
du pays hôte du sommet et de préciser de manière souveraine et à sa meilleure
convenance, la composition de sa délégation ».
Deuxième séquence : il a
réaffirmé ce qu’il avait dit le mercredi 6 juin. « …Sur la base des informations
en ma possession, mon intime conviction est que la plupart des pays invités
répondront présents et ce, au niveau le plus élevé des Etats », a-t-il dit.
Troisième séquence. « Il n’est cependant pas sans intérêt de relever que
les débats sur la participation du président français, François Hollande, est un
débat congolo-congolais. Il ne fait recette ni en France, ni dans l’espace
francophone. La vérité est connue de tous ».
Quatrième séquence. « La
pression pour obtenir la non-venue du président français part d’ici », a lâché
le ministre. En tant que démocrate, je respecte le point de vue de chacun de mes
concitoyens, y compris sans l’approuver de ceux qui militent pour l’annulation
ou l’échec du sommet. C’est un fait indéniable que le combat mené contre la
tenue du 14ème sommet de l’OIF à Kinshasa par les leaders et les activistes
d’une partie de l’opposition, sa composante non institutionnelle, est
essentiellement motivée par le désir de jeter le discrédit sur les institutions
de notre pays ».
« Je ne peux, en ma qualité de ministre chargé de
défendre l’image de notre pays et la crédibilité de ses institutions dans le
monde, cautionner une démarche dont l’objectif principal est de délégitimer les
institutions de la République issues de dernières élections, en ce compris
l’auguste assemblée dont le gouvernement dont je fais partie tire sa légitimité.
Mon devoir est d’y faire échec », a-t-il dit en conclusion.
Par
Marcel lutete
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Potentiel
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