1er octobre 2012
Un rassemblement marquant le premier annniversaire du mouvement M23, le 23 juin 2012 à Dakar ©AFP
KINSHASA (AFP) - (AFP)
Les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont menacé lundi de prendre la ville de Goma, verrou stratégique dans l’est de la République démocratique du Congo, si la population subit de nouvelles violences, une annonce faite quinze jours avant le sommet de la Francophonie prévu à Kinshasa.
"Si à Goma le commandant suprême", le président Joseph Kabila, "ne maintient pas l’ordre sur son armée, nous allons sauver la population qui est en train d’être tuée par elle chaque jour", a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23.
"Si ça continue, nous envisageons de prendre Goma et sauver la population.Goma, nous disons que : si l’armée régulière (...) continue à tuer les paisibles citoyens (...) nous allons les protéger.Nous allons empêcher ces crimes à l’endroit des civils", a-t-il ajouté.
Trois personnes ont été tuées et quatre autres blessées dans des attaques menées avec des armes à feu et des grenades à Goma, capitale du Nord-Kivu, les 22 et 24 septembre.
Depuis mai, cette province instable est le théâtre de combats entre l’armée et le M23 - un mouvement essentiellement composé de mutins - accusé par l’ONU d’être soutenu par le Rwanda, qui dément.
D’autres incidents meurtriers ont été signalés.Une vingtaine de suspects a déjà été arrêtée, dont des soldats des Forces armées de la RDC (FARDC), a expliqué dimanche à la presse le ministre de l’Intérieur Richard Muyej, en séjour à Goma.
Réagissant au regain d’insécurité à Goma, la Mission de l’ONU (Monusco) avait évoqué des "incidents sporadiques" ne remettant "pas en cause la sécurité globale" du Nord-Kivu.
Le porte-parole de l’armée dans la province, le colonel Olivier Amuli, avait en outre démenti toute "infiltration" du M23.
En revanche, le maire de Goma Nasoon Kabuya, le commandant de la police, le colonel Oscar Manosa, et la société civile avaient imputé les attaques au M23."Nous ne sommes même pas à Goma, et ce n’est pas les éléments du M23", a rétorqué le porte-parole du mouvement.
Les positions des rebelles se trouvent à une trentaine de kilomètres de Goma, dans le territoire de Rutshuru, frontalier du Rwanda et de l’Ouganda.Début août, le Conseil de sécurité de l’ONU a ordonné au M23 de cesser "toute avancée vers la ville de Goma".
Depuis lors, l’armée et M23 observaient une trêve relative et les deux camps avaient globalement conservé leurs positions.Mais le M23 a affirmé lundi avoir gagné du terrain sur un axe menant à Ishasha, un important poste frontalier avec l’Ouganda.
"Nous avons bougé pour empêcher des crimes à l’endroit des civils car il y a eu des attaques au niveau de la population commises par les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et d’autres milices", a expliqué le lieutenant-colonel Kazarama.
La fédération d’ONG et d’associations Société civile du Nord-Kivu confirme dans un communiqué la progression du M23 vers l’Ouganda, et l’accuse d’alliance avec les autres rebelles de la zone car les localités sont tombées "sans le moindre combat".
Le regain de violences à Goma intervient alors que Kinshasa doit accueillir le XIVe sommet de la Francophonie, du 12 au 14 octobre.Le président français François Hollande doit entre autres rencontrer Etienne Tshisekedi, le chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Le principal parti d’opposition a appelé à manifester le 12 octobre pour rappeler son refus des élections contestées de fin 2011 et pour soutenir "les gens qui meurent à l’est", a expliqué Me Bruno Mavungu, secrétaire général par intérim de l’UDPS.
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