«C’est tous les jours qu’il y a au moins une personne tuée à Goma. Le nombre d’assassinats a battu un record. En moins de deux semaines, certains quartiers ont dénombré plus de 18 morts», confie un témoin, habitant de Goma.
Du côté des officiels, aucun bilan n’est avancé pour l’heure et les auteurs de ces actes restent non identifiés.
Les Fardc (Forces armées de la République démocratique du Congo) et les rebelles du M23 s’accusent mutuellement et se rejettent la responsabilité de ces tueries.
Objectif Goma
Le lundi 1er octobre, les mutins du M23 ont menacé de prendre le contrôle du chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
«Si à Goma le commandant suprême, le président Joseph Kabila, ne maintient pas l’ordre dans son armée, nous allons sauver la population qui est en train d’être tuée par elle chaque jour, a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23. Si ça continue, nous envisageons de prendre Goma et sauver la population».
Une annonce qui a suivi d’autres propos du M23 dont se souvient Maître Omar Kavota, vice-président et porte-parole de la société civile du Nord-Kivu.
«Les rebelles avaient déjà promis de marcher sur Goma. Mais les autorités congolaises ont tenté de rassurer la population en affirmant que toutes les dispositions sont prises pour que la ville ne tombe entre les mains du M23.»
Cela n’a pas vraiment rassuré cette population qui vit dans la peur.
Et pourtant, au début de la rébellion, le M23 assurait que sa mission n’était pas d’aller à Goma. Aujourd’hui, Goma est devenu l’un de leurs objectifs.
Au début du mois d’août dernier, «il y avait panique dans la ville, du genre tout le monde va fuir. On disait que le M 23 allait arriver, confie un jeune de Goma, dans la vingtaine. Même si tout le monde vaque à ses occupations, on a peur. On sait ce que c’est de vivre dans une ville contrôlée par les rebelles», raconte-t-il.
«Les gens restent prudents, confie un autre habitant, engagé dans les mouvements des jeunes de Goma. On circule, chacun fait ce qu’il peut, mais, dès que la nuit commence à tomber, les gens courent et se pressent pour rentrer chez eux. Ce qui n’était pas le cas avant les menaces du M23 de marcher sur la ville».
Les Fardc rassurent
Les menaces du M23 de marcher sur Goma sont prises au sérieux par les autorités congolaises.
«C’est vrai que cette menace est réelle et a existé sur la population. Le M23 avait vraiment l’intention de prendre Goma. C’était ça leur calendrier. Mais, cela n’est plus le cas aujourd’hui, affirme le colonel Olivier Hamuli, porte-parole Fardc à Goma. Les mesures ont été prises pour protéger cette ville qui est une grande agglomération et pour que la population ne subisse pas les affres de la guerre, les tracasseries et les tueries.»
Malgré tout, les meurtres vécus ces derniers jours à Goma sèment le doute dans la population qui est confrontée à cette réalité.
De plus, les rumeurs d’une éventuelle infiltration des rebelles du M 23 à Goma sont persistantes. «On vit dans la méfiance, les gens ne s’éloignent plus trop loin de chez eux, raconte Guélord M. On n’est pas sûr que ceux qui doivent contrôler la ville le font vraiment. Dès que la nuit tombe, chacun veille à rentrer chez lui de peur d’être suivi par un inconnu ou d’être dépouillé de ses biens».
L’ombre du M23 plane sur la ville de Goma.
Jacques Matand’
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