(L'Avenir Quotidien 13/08/2012)
• Selon l’AFP, les partis politiques de l’opposition ont décliné l’offre de Matata Ponyo pour faire partie d’une commission qui examinerait la situation qui prévaut à l’Est du pays • Et pourtant, l’opposition était bien présente lors de la réunion du Groupe consultatif national présidée par le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, pourquoi se mettrait-elle maintenant en marge ? • Voilà pourquoi elle pense que la procédure était irrégulière et exige des invitations personnelles pour ses membres, afin d’apporter leur contribution à la résolution de la question de l’Est du pays Peu avant le Sommet des chefs d’Etat de Kampala, il s’était réuni au Palais de la Nation sous la présidence du chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange un Groupe consultatif national. Il était composé de 85 personnalités provenant des institutions républicaines et autres groupements (Assemblée nationale, Sénat, Gouvernement, Cours et tribunaux, Société civile, Confessions religieuses, Chefs coutumiers, Partis politiques toutes tendances confondues, …).
L’objectif était double : celui de les tenir informées de la situation sécuritaire à l’Est de la République et de réfléchir ensemble en vue de juguler la mutinerie créée par le mouvement rebelle du M 23. Du compte-rendu qui avait été fait à la presse par le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Aubin Minaku, l’opinion a retenu qu’un débat houleux s’était engagé à l’issue duquel des recommandations ont été présentées au Chef de l’Etat lui donnant les pistes de solution d’ordre politique (outre les pistes de solution militaire et diplomatique). Néanmoins, étant donné leur caractère stratégique, l’honorable Aubin Minaku s’était abstenu de rendre publiques ces recommandations. Il y a lieu de signaler la présence dans ce Groupe consultatif national des représentants des Partis Politiques tant de la majorité que de l’opposition. Dans leurs déclarations à l’issue de la réunion, tous ont pratiquement parlé le même langage face à ce problème de la situation sécuritaire de l’Est de la République, d’autant plus qu’il concerne tous les fils et toutes les filles du pays.
L’opposition rejette les propositions de Matata Ponyo
En sa qualité de chef de gouvernement, coordonnateur de l’exécutif, le Premier Ministre Augustin Matata Ponyo aurait envisagé la création d’une commission qui examinerait la situation créée par la rébellion du M 23 et proposer des solutions pratiques. Cette commission serait hétérogène où feraient partie toutes les sensibilités politiques du pays. C’est ainsi que par un communiqué diffusé à la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur invitait la classe politique du pays (majorité et opposition), société civile et confessions religieuses, à se retrouver autour du Premier Ministre Matata Ponyo afin de trouver une solution à la crise de l’Est de la Rd Congo.
Selon les échos qui nous proviennent des partis politiques de l’opposition, nous apprenons qu’ils ont fustigé le fait que pour une question aussi délicate que celle concernant la situation de l’Est du pays, que le ministre de l’Intérieur se soit contenté d’un simple communiqué de presse pour les inviter. C’est la raison pour laquelle ils exigent des invitations personnelles indiquant l’objet de la réunion. Ceci pour dire qu’étant donné que la procédure était teintée de beaucoup d’irrégularités, il est conseillé de la normaliser et les partis politiques de l’opposition ne se gêneront pas d’apporter leur contribution à la résorption de la crise à l’Est du pays. Mais, l’Agence France Presse nous apprend que pas plus tard que samedi dernier, les partis politiques de l’opposition politique ont publié un communiqué où ils déclinent l’offre du Premier Ministre Augustin Matata Ponyo.
Selon la même source, « l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS aile Tshisekedi), par la bouche de son responsable de la communication, la situation qui prévaut à l’Est du pays est le résultat de leur manque de leadership … ». Toujours selon la même source, Jean-Lucien Busa du Mouvement de Libération du Congo a déclaré que la question de la guerre et de l’intégrité nationale dépassent la compétence du Premier ministre.
Des réactions maladroites teintées de fanatisme aveugle
L’Union pour la Démocratie et le Progrès social est dans son droit de débiter des propos assez maladroits pour un problème hautement national et très sensible. On est en démocratie où tout le monde peut dire ce qu’il veut et ce qu’il pense ; en dépit du fait que ce parti n’a jamais reconnu qu’en Rdc il y a la démocratie.
Pourquoi ces propos sont-ils maladroits ? Simplement parce qu’ils sont teintés d’un fanatisme aveugle alors qu’on a affaire à un problème humanitaire qui concerne des centaines de milliers de nos concitoyens qui croupissent dans la misère causée par ces rebelles. Comment devant un tel problème, que l’on puisse rappeler les problèmes de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. De deux choses l’une : ou l’on a pitié des populations meurtries de l’Est parce qu’on a un cœur d’homme ou on n’a pas pitié d’elles parce qu’on a une pierre à la place du cœur.
N’en déplaise à tous les pourfendeurs de la démarche, le Premier ministre est le chef de l’Exécutif et en cette qualité, il est absolument compétent pour traiter de ce problème hautement politique et stratégique. Sinon, comme nous venons de le dire, cette question est d’ordre national et requiert l’adhésion et l’accompagnement de toutes les couches de la population. Ainsi, le pays ne pouvait pas mettre en place une certaine stratégie sans consulter une partie de la classe politique du pays représentée par l’Opposition politique.
Heureusement, tous les leaders de l’opposition n’ont pas la même vue des choses. On entend souvent dire que l’opposition est plurielle. Il y en a qui font des raisonnements nationalistes et patriotiques. Devant un problème de cette envergure, ils minimisent ce qui les divise avec l’autre camp pour privilégier ce qui les unit, c’est-à-dire le patriotisme. C’est la raison pour laquelle au sein de la même opposition, ils ne parviennent pas à se trouver un consensus pour la désignation d’un porte-parole de l’opposition. Ils n’ont pas réussi à le faire à la session de mars passée. Dieu seul sait s’ils y réussiront cette fois-ci à la session de septembre. Mais, à cette allure, nous croyons que le statu quo sera maintenu, c’est-à-dire ce poste prévu par la Constitution restera toujours vacant.
Les confessions religieuses demandent la cessation des hostilités
On se rappellera que le 1er août dernier, l’Eglise catholique avait marché sur l’ensemble de la République, à quelques exceptions près, pour protester contre la guerre et la balkanisation. A Goma, 25 responsables de confessions religieuses et ethniques se sont rassemblés récemment pour demander ensemble la cessation immédiate des hostilités, a rapporté une organisation humanitaire. Selon un communiqué de l’ONG Search for Common Ground (SFCG), "des violences intercommunautaires, des discours de haine et de xénophobie ont pris une allure inquiétante ces dernières semaines" et les religieux se sont "engagés à construire la stabilité régionale".
Selon cette organisation, des rwandophones ont été pris à partie jeudi dernier à l’université de Goma. Ils ont été battus et la foule a tenté de les brûler. Au poste-frontière de Goma vers le Rwanda, toujours selon SFCG, des groupes se sont rassemblés pour scander des messages hostiles au Rwanda et aux rwandophones.
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