(L'Avenir Quotidien
21/08/2012)
*Le parti écologiste (Ecolo) et la Sénatrice VLD sont montés
au créneau pour demander aux autorités belges d’être plus fermes vis-à-vis du
Rwanda et de suspendre l’aide militaire au Rwanda. La Sénatrice belge NeleLijnen
constate que son pays commence à être isolé sur le plan diplomatique, pendant
que les Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas et bien d’autres ont décidé de
sanctionner Kigali *Pour Ecolo, la Belgique doit plaider au niveau européen pour
faire de la Monusco une véritable force d’imposition de la paix et de
désarmement des groupes armés, voire pour dépêcher une force d’intervention
rapide européenne au Kivu *La Belgique fait déjà beaucoup en Rd Congo, mais pas
assez. Au lieu de se limiter à exprimer son « extrême inquiétude » à propos des
violences dans l’Est de la Rd Congo, Didier Reynders, Premier ministre et
ministre des Affaires Etrangères qui est présentement à Kinshasa devrait en
profiter pour annoncer des sanctions sévères contre le Rwanda. Car, tant que
cela ne se fera pas, Kagame continuera à créer des rebellions avec la complicité
de certains pays de la sous-région.
L’ampleur que prend la guerre
d’agression contre la Rd Congo ne fait l’objet d’aucun doute et provoque la
sympathie de toute la communauté internationale. Pendant que certains pays ont
librement manifesté leur position en condamnant fermement l’attitude du Rwanda
qui finance et arme le M23 pour déstabiliser de façon perpétuelle l’Est de la Rd
Congo et continuer l’exploitation des ressources naturelles de la Rd Congo, on
note un silence radio inquiétant, à la limite de la complicité, au niveau du
gouvernement fédéral belge.
Etre plus ferme
En Belgique, le
premier à fustiger ce silence n’est autre que le parti Ecolo qui demande au
Gouvernement fédéral d’être plus ferme vis-à-vis du Rwanda. Ecolo constate
qu’alors que plusieurs pays européens ont décidé de retarder ou de suspendre
leur aide accordée au Rwanda dans l’attente d’éclaircissements quant au soutien
de ce pays au mouvement rebelle M23 actif dans l’Est de la Rd Congo, la Belgique
s’est contentée, comme l’Europe, de condamner le soutien apporté aux rebelles et
d’appeler au dialogue entre la Rd Congo et le Rwanda.
« L’appel au
dialogue est pourtant un vœu pieu vu l’évolution de la situation sur place où
les populations locales sont une fois de plus les premières victimes :
déplacements massifs, viols, pillages étant le lot quotidien de la population
congolaise du Kivu, selon les experts de l’Onu », indique l’Ong Ecolo dans une
correspondance qui est parvenue à la rédaction du Journal L’Avenir, avant de
dire que pour elle, la Belgique doit plaider au niveau européen pour faire de la
Monusco une véritable force européenne d’imposition de la paix et de désarmement
des groupes armés, voire pour dépêcher une force d’intervention rapide
européenne au Kivu. Et tel que réclamé depuis longtemps et relayé par de
nombreuses Ong, la Belgique et l’Union européenne doivent s’impliquer dans la
mise en œuvre des résolutions des Nations Unies relatives à l’embargo dans la
région des Grands Lacs et dans l’exécution des mandats lancés par la Cour Pénale
Internationale.
Suspendre l’aide militaire au Rwanda
Pour la
Sénatrice VLD (Open VlaamseLiberalen en Democrate) NeleLijnen, la Belgique doit
cesser sa coopération militaire avec le Rwanda en raison de la situation dans
l’Est de la Rd Congo. Dans un communiqué dont une copie nous est parvenue, elle
indique que la violence a repris son cours ces dernières semaines dans cette
région à la suite d’une mutinerie des soldats tutsis de l’armée congolaise,
rassemblés au sein du mouvement du 23 mars (M23), des éléments qui, selon
l’ONU,seraient soutenus par le Rwanda. Naturellement, ces affirmations pourtant
vérifiables sont rejetées en bloc par Kigali.
Elle rappelle qu’à la suite
du déclenchement de ces violences, les Pays-Bas ont suspendu une partie de leur
aide au développement au Rwanda, tandis que les Etats-Unis ont suspendu leur
aide militaire. L’Allemagne a également annoncé la suspension de son aide à
Kigali. « Je ne peux que constater que la situation ne fait que s’aggraver jour
après jour et que notre diplomatie se tait dans toutes les langues à propos de
cette ingérence du Rwanda dans l’Est du Congo », dit-elle, avant d’ajouter que «
notre pays commence à se retrouver isolé sur le plan diplomatique, pendant que
plusieurs autres pays dont l’Allemagne et les Pays-Bas ont décidé de sanctions à
l’égard du Rwanda. Cela doit changer », a-t-elle ajouté.
De simples
inquiétudes de Reynders
Pendant que certains pays manifestent clairement
leur position envers le Rwanda en suspendant la coopération militaire, la
Belgique qui pourtant partage la même histoire avec la Rd Congo se caractérise
par son silence, un silence inquiétant à la limite de la complicité. Didier
Reynders, Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères en visite en ce
moment à Kinshasa, s’est contenté d’exprimer son « extrême inquiétude », pendant
que les Congolais veulent des actions concrètes. C’est pourquoi les membres de
la Coalition « Tous ensemble pour les femmes en Rdc » et la Plate-forme Afrique
centrale du CNCD-11.11.11 demandent aux autorités belges de condamner cette
agression contre la Rdc et de s’impliquer davantage dans la recherche d’une
solution définitive à cette crise sans fin.
Sabine Kakunga, chargée de
l’Afrique Centrale du CNCD-11.11.111 insiste : « Pour nos organisations, réunies
ce 09 août, il faut agir vite. La Belgique et l’UE doivent plaider pour que le
Conseil de sécurité adopte une résolution condamnant clairement le Rwanda. Cette
résolution doit exiger l’arrêt immédiat de la guerre menée par le M23 et
dénoncer l’appui, tant logistique que politique du Rwanda à ce mouvement
».
Pour les organisations réunies au sein de ces deux collectifs, une
telle résolution devrait de plus élargir le mandat de la Mission de l’ONU pour
la Stabilisation en Rd Congo (MONUSCO), en vue de lui permettre d’utiliser ses
moyens non seulement pour la protection des civils, mais aussi pour imposer la
paix et désarmer les groupes armés. La Belgique et l’UE devraient par ailleurs
s’impliquer pleinement dans la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies
sur l’embargo dans la région des Grands Lacs, ainsi que dans l’exécution des
mandats lancés par la CPI, à commencer par l’arrestation du général Bosco
Ntaganda, qui fait l’objet d’un second mandat d’arrêt depuis le 13 juillet
dernier.
Pendant que la visite de Didier Reynders devait commencer hier
le 20 août, déjà le 17 août la consœur Colette Braeckman écrivait dans son
carnet : « vers Goma dans l’étau de la guerre ». Pour elle, si Reynders doit
connaître au Kivu quelques heures de répit, ce sera lors de l’escale qu’il fera
sur l’île d’Idjui, entre Goma et Bukavu où il visitera un hôpital géré par
l’Ordre de Malte. Car au Nord comme au Sud Kivu, il sera confronté à la réalité
de la guerre, qu’elle soit ouverte dans le cas de la mutinerie du M23 ou cachée
dans le cas des nombreux mouvements qui ont repris les armes, semant la terreur
dans les campagnes et sapant chaque jour un peu plus l’autorité de Kinshasa dans
l’Est du pays.
Elle a rappelé à l’intention de Didier Reynders qu’au Sud
Kivu en effet, où l’armée a dégarni ses effectifs pour se concentrer autour de
Goma, les massacres de civils se multiplient et la population craint un coup de
force inattendu. Dans le Nord Kivu, l’étau se resserre autour de Goma : les
rebelles sont à 20 Km de la ville et contrôlent les voies d’accès depuis
l’Ouganda et les centres d’approvisionnement agricoles, tandis que le
porte-parole du Gouverneur, M. Kyaviro, a dénoncé de nouveaux renforts rwandais
mais aussi ougandais qui continuent à venir prêter main forte aux mutins qui
poursuivent les recrutements forcés. Et même si le front n’a pas bougé depuis
plusieurs jours, les rebelles montent en puissance, ils arborent de nouveaux
équipements, des radios Motorola, des voitures 4x4 et se vantent recevoir des
salaires supérieurs à ceux des soldats gouvernementaux !
Le problème,
c’est Paul Kagame et son entourage
Depuis un certain temps, une certaine
presse ne cesse de dire que la résurgence de rebellions en Rd Congo était un
fait des Congolais eux-mêmes. Si cette affirmation s’avérait vraie, ce serait
non seulement une injure à toutes les victimes de cette sale guerre mais aussi à
la Communauté internationale qui a dépêché des observateurs de l’ONU et qui a
constaté que réellement, c’est le Rwanda qui a recruté, armé et financé la bande
à Bosco Ntaganda.
En réalité, le conflit entre le Rwanda et la Rd Congo
n’est pas une affaire des peuples de la Région des Grands Lacs mais un problème
de Kagame seul et quelques officiers de l’armée de son entourage qui veulent
profiter de la situation pour s’enrichir. Les deux peuples (congolais et
rwandais) sont pourtant condamnés à vivre ensemble, d’autant que la
discrimination liée à l’ethnie, à la tribu, au clan, à l’origine de provenance a
été bannie par les lois de la République. Pour preuve, on a actuellement des
joueurs d’origine congolaise alignés dans l’équipe nationale rwandaise de
football, les « Amavubi » tout comme l’on retrouve à ce jour des joueurs
congolais dans les clubs rwandais tel que l’APR Fc et vice-versa. Au moment où
nous écrivons ces lignes, il y a des Congolais d’origine rwandaise tout comme il
y a des Rwandais d’origine congolaise. Tous vivent dans l’harmonie en dépit des
ambitions guerrières et mercantiles de Paul Kagame et de ses proches
lieutenants.
Ceci pour dire de manière formelle que tout ce que les
Congolais demandent à la Communauté internationale, que leur pays jouisse de son
intégrité territoriale. Rien de plus. Parce que laissée en paix pendant
plusieurs années, la Rd Congo peut surprendre et étonner tout le monde en
devenant un pays émergent au cœur de l’Afrique centrale. Pour freiner cette
ambition noble, des groupes armés sont créés et entretenus par le Rwanda (dont
le M 23), en complicité avec ses relais. C’est clair comme l’eau de
roche.
Quel champion de la bonne gouvernance ?
Depuis un certain
temps, la presse internationale acquise à la cause de Paul Kagame ne cesse
d’insister sur le fait que Kagame serait le champion de la bonne gouvernance en
Afrique. Certaines études, comme le Doing Business de la Banque mondiale, ont
noté une certaine évolution dans l’attrait des investisseurs étrangers. Mais
vite, cette presse internationale oublie consciemment ou inconsciemment que le
Rwanda, pays aux mille collines, ne vit que de l’aide internationale, voire des
appuis budgétaires obtenus des pays étrangers. Etant donné que le Rwanda se
finance totalement grâce à l’exploitation des ressources naturelles de la Rd
Congo, c’est tout à fait normal que les appuis budgétaires reçus des partenaires
extérieurs soient bien utilisés. D’autant que le reste des dépenses sont
financées par l’exploitation illicite des ressources de la Rd
Congo.
Comme pour dire que Kagame se sert de cette coopération militaire
qui vient sous forme d’appuis budgétaires pour violer, piller et tuer en Rd
Congo. La prolifération des groupes armés est le signe visible de ce soutien,
surtout que depuis plusieurs années, les milices et autres groupes rebelles
n’ont posé aucun acte répréhensible au Rwanda. Au contraire, c’est en Rd Congo
qu’ils tuent, volent et violenttout en pillant ses ressources naturelles. C’est
un préjudice matériel et moral incommensurable d’autant que ces milliers de
Congolais tués auraient pu apporter leur contribution pour la reconstruction de
leur pays.
Dans tout cela, l’objectif du Rwanda est simple : maintenir
les troubles dans les Kivu afin de les mettre sous pression. C’est une
opportunité pour exploiter en toute quiétude les richesses naturelles de la Rd
Congo. Car avec l’argent généré par cette exploitation illicite, Kagame peut
facilement équilibrer son budget, payer les militaires, corrompre certains
d’entre eux, créer de toutes pièces d’autres groupes rebelles qu’il congolise
ensuite grâce à la complicité de certains pays de la sous-région pour clamer
haut et fort qu’il s’agit d’un conflit congolo-congolais qui doit finir par des
négociations.
Voilà pourquoi on l’appelle affectueusement « champion de
la bonne gouvernance », parce qu’il gère bien les appuis budgétaires dont il
bénéficie des partenaires extérieurs et utilise l’argent issu de la vente des
minerais de la Rd Congo pour déstabiliser son voisin. Ceci empêcherait à ce pays
de s’organiser et de concevoir de programme de développement
ambitieux.
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