(L'Avenir Quotidien 10/08/2012)
Après Hillary Clinton, Stephen Rapp réitère l’injonction
faite au Rwanda de cesser tout soutien au M 23.
• Hier jeudi devant la presse
nationale, l’ambassadeur itinérant américain chargé des crimes de guerre, M.
Stephen Rapp a déclaré que si le Rwanda n’obéit pas à l’injonction de cesser
toute aide au M 23, d’autres sanctions plus sévères seront envisagées contre
lui, sans cependant préciser la nature de ces sanctions • Ce vendredi 10 août,
il prend l’avion pour l’Est de la République où il va prendre contact avec
diverses personnalités tant du pouvoir d’Etat, de la Société civile que des
Organisations non gouvernementales et autres • Entre-temps, le ministre
congolais des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la
Francophonie, M. Raymond Tshibanda affirme que le gouvernement congolais ne
négociera pas avec le M 23, démentant ainsi les rumeurs qui ont couru à ce
sujet
Le Sommet des Chefs d’Etat de la CIRGL à Kampala s’est terminé
mercredi dernier. L’opinion congolaise a été tout simplement déçue de son issue.
Car, de l’avis de tous, ledit Sommet a essuyé un échec dans la mesure où les
chefs d’Etat ne sont pas arrivés à définir les contours de la fameuse « Force
internationale neutre » qui doit être déployée le long de la frontière entre le
Rwanda et la République Démocratique du Congo. Ces manœuvres dilatoires du
Rwanda vont permettre aux forces négatives de continuer leurs exactions à
l’endroit des populations meurtries. Car, comme il fallait bien s’y attendre, le
Rwanda s’est opposé énergiquement à la présence de la Monusco dans la
composition de la force neutre, la traitant tout simplement de partisane. Et
pourtant, personne n’ignore qu’il a fallu qu’une enquête de l’ONU soit
diligentée en Rd Congo et au Rwanda pour mettre à nu l’implication de ce dernier
pays dans l’appui et le soutien à la bande à Bosco Ntaganda.
Les Usa
durcissent le ton
Le rapport des experts des Nations Unies sur la
situation sécuritaire dans l’Est a été on ne peut plus explicite. Il est clair
comme l’eau de roche là où il confirme l’aide rwandaise au mouvement rebelle M
23 et aux autres groupes rebelles. Suite à ce rapport, le gouvernement américain
avait pris la décision de geler l’aide militaire évaluée à peine 200.000 dollars
qu’il accorde au gouvernement rwandais.
Pas plus tard que le mardi 7 août
dernier, la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton (qui est en périple en
Afrique) dans une conférence de presse donnée à Pretoria, en Afrique du Sud a
solennellement enjoint le Rwanda à ne pas accorder la moindre aide ni le moindre
soutien au mouvement rebelle du M 23. En même temps a-t-elle exhorté toutes les
nations de la Région à soutenir les efforts du gouvernement congolais dans le
processus de ramener la paix dans la partie orientale de la République
démocratique du Con L’ambassadeur itinérant des Usa chargé des crimes de guerre,
M. Stephen Rapp est arrivé en République Démocratique du Congo pour la 7è
fois.
Hier jeudi 9 août, il a entretenu la presse nationale au Centre
culturel américain. Parlant de la situation sécuritaire dans l’Est de la Rdc, il
a enfoncé le clou en réitérant l’injonction faite au Rwanda de ne plus aider le
mouvement rebelle M 23. En réponse à une question, il a affirmé que si le Rwanda
continue à ne pas obéir à l’injonction lui faite, d’autres sanctions plus
sévères seront prises à son endroit sans cependant préciser la nature de ces
sanctions. Voici ce qu’il a déclaré : « Nous sommes fort préoccupés, et nous
continuons d’observer, la détérioration des situations sécuritaire et
humanitaire dans l’Est du Congo, y compris l’augmentation, relevée par diverses
organisations humanitaires internationales et congolaises, des cas de violences
sexuelles basées sur le genre, d’enlèvement et de recrutement forcé d’enfants
par certains groupes armés.
Nous condamnons fermement ces actes de
violence. Le gouvernement des Etats-Unis fera tout son possible pour aider le
gouvernement de la RDC à traduire en justice les auteurs de ces actes, afin de
faire respecter la primauté du droit et d’assurer qu’ils répondent promptement
de leurs actes. Le Conseil de Sécurité et le Haut Commissaire des Nations Unies
aux Droits de l’Homme Navi Pillay ont récemment cité, nommément, cinq
commandants qui ont participé à des atrocités par le passé, qui constituent un
risque sérieux pour la sécurité de la population civile et qui devraient être
traduits en justice : Bosco Ntaganda (inculpé par le Cour Pénale
Internationale), Sultani Makenga, Baudouin Ngaruye, Innocent Zimurinda et
Innocent Kaina.
Les troubles croissants dans l’est de la RDC sont la
conséquence directe de la mutinerie issue de l’armée congolaise initiée par le
groupe armé qui se fait appeler « M23 ». Cela a contraint l’armée congolaise et
la mission de maintien de la paix onusienne à détourner des ressources destinées
à d’autres régions en proie à l’insécurité. Nous soutenons les efforts de la RDC
visant à mettre fin à la mutinerie du M23 et à traduire en justice Bosco
Ntaganda, lequel fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale
Internationale, ainsi que tout autre auteur présumé de violations des droits de
l’homme parmi les leaders de la mutinerie, qui, selon divers rapports, auraient
recruté de force des enfants soldats.
Les Etats-Unis sont fort préoccupés
par l’appui du Rwanda au M23. Nous avons demandé au Rwanda de cesser et
d’empêcher un tel soutien à partir de son territoire, étant donné que cet appui
a miné la stabilité de la région. Il faut mettre un terme à la violence et
trouver une solution pacifique à long terme qui respecte la souveraineté de
l’Etat congolais et qui permette au gouvernement de la RDC de contrôler
pleinement son territoire et ses forces de sécurité. »
Dès ce vendredi 10
août, il mettra le cap vers l’Est de la République où il va rencontrer
différentes personnalités émanant du pouvoir d’Etat, de la Société civile, des
Organisations non gouvernementales, des chefs coutumiers et autres organisations
locales. Durant son séjour à la partie orientale de la République, Stephen Rapp
se fera rapporter certainement comment le mouvement rebelle M 23 procède à un
recrutement massif des jeunes et enfants en vue d’un entraînement
militaire.
On ne fait que tourner autour du pot
Huit résolutions
importantes ont été prises à l’issue des débats et discussions chaudes de
Kampala. Les participants ont décidé de mettre sur pied un sous-comité des
ministres de la Défense de sept pays qui, sous la présence de l’Ouganda, a pour
mandat d’arrêter des actions urgentes à mener afin que les combats cessent
définitivement dans l’Est de la RDC, et aussi d’arriver à la consolidation de la
paix, de la stabilité et de la sécurité. Le même sous-comité devra proposer des
éléments précis sur l’opérationnalisation de la Force internationale neutre.
Dans le contexte de ramener la paix à l’Est de la République, les Chefs d’Etat
n’ont pas exclu l’éventualité de sanctionner ceux qui tenteraient d’obstruer ces
efforts de paix.
Les Congolais n’ont vu aucune décision précise et
concrète qui les satisfasse. Ils ont la nette impression que tout tourne au
ralenti. Les ministres de la Défense qui forment le sous-comité ont un mois pour
présenter leur rapport.
Entre-temps, les populations congolaises
sinistrées ne font que broyer du noir. C’est ce qui a mis la délégation
angolaise dans tous ses états. Bref, on ne fait que tourner autour du pot. Et en
septembre prochain, on pourrait assister au même scénario : prendre d’autres
décisions tout en reportant les assises à une autre échéance.
Raymond
Tshibanda au Ghana : « Le gouvernement ne négociera pas avec le M 23
»
Avant que ne se tiennent les assises de Kampala, d’aucuns avaient fait
courir les rumeurs selon lesquelles le gouvernement congolais allait négocier
avec le M 23. Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération
Internationale et de la Francophonie, M. Raymond Tshibanda N’Tungamilongo a tenu
à éclairer la religion de l’opinion internationale en déclarant au Ghana que le
gouvernement congolais ne négociera pas avec le M 23. Il confirme ainsi ce
qu’avait dit le porte-parole du gouvernement lors d’un point de presse, en
réponse à une question s’y rapportant.
Le ministre était au Ghana pour
représenter le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange aux funérailles du président
John Atta Mills décédé la semaine dernière.
L’Avenir
© Copyright L'Avenir
Quotidien
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire