(L'Avenir Quotidien 10/08/2012)
Le gouvernement congolais et le groupe armé M23 combattant
dans la province du Nord-Kivu doivent veiller à ce qu’il soit mis fin aux
menaces dont font l’objet les défenseurs des droits humains et les journalistes,
a déclaré Amnesty International en réaction à l’augmentation des cas de
harcèlement au cours des trois dernières semaines.
L’organisation a
également appelé le gouvernement congolais à honorer l’engagement qu’il a pris
d’assurer la sécurité des défenseurs des droits humains travaillant en plein
cœur du conflit. « Alors que la violence augmente dans l’est de la RDC, les
défenseurs des droits humains et les journalistes jouent un rôle essentiel en
documentant les atteintes aux droits humains commises par les deux parties au
conflit et en tenant la communauté internationale informée de l’impact des
combats sur la population civile », a déclaré Paule Rigaud, directrice adjointe
du programme Afrique d’Amnesty International.
« Les menaces et les
intimidations doivent cesser. Les deux parties doivent respecter le travail des
défenseurs des droits humains et des journalistes. » « Nous demandons également
aux autorités congolaises de mettre en œuvre leur plan d’action national pour
les droits humains et de respecter l’engagement qu’elles ont pris - en mars,
devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies - de créer une cellule
de protection des défenseurs des droits humains dotée de ressources adéquates.
»
Depuis le mois dernier, Amnesty International a documenté plusieurs cas
de défenseurs des droits humains du Nord-Kivu ayant été directement menacés par
des membres du M23 après avoir critiqué le groupe ou dénoncé les atteintes aux
droits humains commises par eux - recrutement forcé et exécutions sommaires
notamment. Certains d’entre eux ont reçu des menaces de mort à plusieurs
reprises en juillet, par le biais de sms, d’appels téléphoniques anonymes ou de
visites nocturnes d’hommes armés soupçonnés d’être liés au M23.
Des
journalistes ont également fait l’objet de menaces et d’intimidations au cours
des trois derniers mois, de la part du M23 ou des autorités congolaises. Le 4
août, à Butembo (province du Nord-Kivu), une radio locale a été fermée par le
maire de la ville après avoir diffusé un entretien avec un porte-parole du
M23.
Les menaces font suite à l’intensification du conflit
Le
groupe armé M23 a récemment repoussé l’armée du gouvernement congolais suite au
lancement d’une offensive majeure et contrôlerait désormais une zone allant
jusqu’à 30 kilomètres au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu. Craignant le
lancement d’une attaque sur Goma par le M23, l’armée congolaise a accru sa
présence dans la ville et le long des principaux axes routiers, avec le soutien
de la force de maintien de la paix des Nations unies.
Le nom du groupe
armé M23 fait référence au fait que le gouvernement de la RDC n’aurait pas
respecté un accord de paix signé le 23 mars 2009. Le groupe armé est composé
principalement de soldats ayant déserté l’armée congolaise en avril alors que
des pressions étaient exercées sur le gouvernement pour le convaincre d’arrêter
le général Bosco Ntaganda, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt, pour crimes de
guerre présumés, émis par la Cour pénale internationale. Nombre d’entre eux
appartenaient précédemment au Congrès national pour la défense du peuple (CNDP),
intégré aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en
2009.
JMNK
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