mardi 21 août 2012

Alors que le Rwanda et de l’Ouganda renforcent le M23 - Réunion de la CIRGL à Goma : une distraction

 (Le Potentiel 17/08/2012)

Y a-t-il encore des raisons de croire en tout ce qui se négocie au sein de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) ? Comment continuer à faire confiance à la CIRGL lorsqu’en marge des échanges de Goma, censés baliser la voie à la mise en place de la Force internationale neutre, le Rwanda et l’Ouganda intensifient, à partir de Rutshuru, leur soutien au M23 pour donner l’assaut final sur Goma, chef-lieu du Nord-Kivu ? Comme exprimé par le caucus des députés nationaux du Nord-Kivu, l’option militaire se révèle la seule alternative pour en finir avec la guerre du Nord-Kivu.

Pendant que les ministres de la Défense des Etats membres de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) se retrouvent depuis quelques jours à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, pour l’opérationnalisation de la Force internationale neutre à déployer dans la région, c’est le moment qu’ont choisi le Rwanda et l’Ouganda pour renforcer, à partir de Rutshuru, les positions des rebelles du M23.

En effet, pour narguer Kinshasa qui continue à croire en une issue diplomatique à la crise qui sévit dans sa partie Est, Kigali et Kampala ont décidé de voguer à contre-courant des conclusions de la dernière conférence de la CIRGL tenue du 7 au 9 août 2012 à Kampala.

Présence confirmée à Rutshuru


A Rutshuru, territoire occupé par les rebelles du M23, le Rwanda et l’Ouganda multiplient leur soutien au M23. La confirmation est d’Ernest Kyaviro, porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu.

Contacté par Radio Okapi, ce dernier a dénoncé, sans détours, le renfort des troupes rwandaises et ougandaises aux côtés des rebelles du M23 au pied des collines de Mbuzi, Runyonyi et Ntamugenga dans le groupement de Bweza, en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). «Nous dénonçons la continuation de l’agression par le Rwanda. Nous informons les Nations unies, l’Union africaine. Ce pays est en train de s’entêter comme pour narguer la communauté internationale et de se moquer des Congolais», a déclaré Ernest Kyaviro.

Selon la source, il a précisé, hier jeudi 16 aout, que ces militaires étrangers sont dotés de nouveaux matériels et équipements, tels que des radios de marque Motorola et des voitures 4X4. Selon lui, cet appui est observé depuis une semaine.

Des sources dans la région, rapporte Radio Okapi, affirment également que des troupes ougandaises seraient en train d’entrer en RDC via le poste frontalier de Bunagana qu’occupent les rebelles du M23 tandis que celles du Rwanda seraient concentrées dans quelques localités du territoire de Rutshuru.

Des voix se sont alors élevées pour dénoncer ce que certains qualifient de «menaces graves» contre les efforts diplomatiques déjà entrepris par les pays de la CIRGL pour résorber la crise qui déchire l’Est de la RDC.

Kigali et Kampala parachèvent la mise en place
L’on rappelle qu’à défaut d’un compromis sur la composition de la Force internationale neutre, les pays de la CIRGL ont convenu de mettre sur pied un sous-comité des ministres de la Défense des Etats membres suivants : la République d'Angola, de la République du Burundi, de la République du Congo, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de la République d'Ouganda et de la République Unie de Tanzanie. Le sous-comité avait reçu mandat «d'arrêter des actions urgentes à mener afin que les combats cessent définitivement dans l’Est de la République démocratique du Congo, ainsi que d'arriver à la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité».

Dans son cahier des charges, le sous-comité devrait également «proposer des éléments précis sur l'opérationnalisation de la force internationale neutre». Il avait, à cet effet, deux semaines, à compter de la date de clôture de la réunion de Kampala, pour «soumettre un rapport intérimaire au président en exercice de la CIRGL, et une période de quatre semaines pour soumettre son rapport final au sommet des chefs d'Etat de la CIRGL».

C’est dans ce cadre que se sont retrouvés à Goma les ministres de la Défense des Etats membres de la CIRGL. Sans doute, il était essentiellement question de dégager les grandes options à soumettre prochainement aux chefs d’Etat de la CIRGL pour rendre opérationnelle la Force internationale neutre.

Pendant que les experts de la défense se concertaient à Goma, Kigali et Kampala ont profité de la trêve pour renforcer davantage les positions du M23. Tout est mis en place pour lancer l’assaut final sur le chef-lieu du Nord-Kivu, à l’occurrence la ville de Goma. Autant se poser des questions sur la raison d’être de la rencontre de Goma. N’est-ce pas un stratagème supplémentaire pour distraire Kinshasa afin de laisser le champ libre aux troupes du M23 ?

Une fois de plus, le Rwanda et l’Ouganda viennent de prouver leur culpabilité en lien à tout ce qui se passe dans la partie Est de la RDC. De tout temps, ces deux pays n’ont jamais été favorables à un retour rapide de la paix dans la partie Est de la RDC. Car, avec l’Est de la RDC pacifié, c’est les régimes de Kigali et de Kampala qui se retrouveront en difficulté. Autant entretenir le chaos dans l’Est de la RDC pour garantir la survie de ces deux régimes non démocratiques.

C’est la stratégie que mettent en œuvre depuis des années Kigali et Kampala avec des complices en RDC, disposés à jouer ce jeu malsain. Même si cela se fait au détriment des intérêts de la RDC ! Sinon, comment adhérer à un schéma qui s’avère, à tout point de vue, totalement défavorable aux intérêts de Kinshasa ?

Tout compte fait, la rencontre des ministres de la Défense de la CIRGL n’a d’objectif que de berner Kinshasa, pendant que les rebelles du M23 occuperont du terrain. Tout est fait pour se présenter en position de force lors des négociations.

Si à Kinshasa, on continue à exclure l’idée d’une quelconque négociation avec le M23, à Kigali ou à Kampala, base arrière de ce mouvement, l’on pense que les négociations restent inéluctables. Autant renforcer les positions du M23 en prenant Kinshasa de court.

C’est le modus operandi qu’ont choisi de mettre en place Kigali et Kampala pour faire plier Kinshasa.

Guerre d’usure
Le Rwanda et l’Ouganda sont inscrits dans un schéma. Tout est mis en place pour amener Kinshasa à abdiquer. C’est, entre autres, ce qui aurait justifié l’échec de dernières négociations de Kampala.

C’est vrai que Kinshasa reste sceptique à d’éventuelles négociations directes avec le M23. Ce qui n’est du gout de Kigali, appuyé subtilement par Kampala. C’est le décor d’une guerre d’usure.

En effet, tout est fait pour faire plier Kinshasa. La sincérité de ces deux capitales est mise en doute dans leurs rapports avec la RDC. Leurs engagements sur la table des négociations ne doivent être pris pour des espèces sonnantes et trébuchantes. Malheureusement, certains à Kinshasa s’obstinent encore à croire en la bonne foi de ces deux Etats voisins, membres de la CIRGL.

L’option militaire
Comme l’a si bien rappelé le caucus des députés du Nord-Kivu, seule une offensive militaire de grande envergure pourra rétablir la paix dans l’Est de la RDC. Une solution autre que militaire ne fera que raffermir l’emprise du Rwanda et de l’Ouganda, ouvertement engagés aux cotés du M23. Les prétentions des voisins sur le territoire congolais peuvent se justifier en géostratégie. Elles peuvent même constituer une politique de voisinage. Dans ces conditions, il ne reste plus que de se prémunir des moyens appropriés pour contrer les velléités des voisins bellicistes et prédateurs au service des puissances extra-africaines.

Mise en pareille position, une seule option s’offre à la RDC : celle de se défendre et de les mettre hors de portée des richesses et des frontières nationales. Les discussions diplomatiques ne devront pas constituer une démission ou une distraction sur l’essentiel : la défense de l’intégrité du pays par une armée.

Publié le vendredi 17 août 2012 07:36
Écrit par Le Potentiel

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